10 juin 2010 à 20h28 -Le Télégramme
Le congrès de la CFDT a donné aujourd'hui son feu vert, malgré de vives résistances internes, à un éventuel allongement de la
durée de cotisation pour la retraite, tout en rejetant le projet gouvernemental bâti autour de la fin de la retraite à 60 ans.
François Chérèque, dont le bilan à la tête de la CFDT avait été massivement approuvé la veille, est parvenu à dégager une nette majorité (59%) en faveur de ce choix
qui vient confirmer celui fait dès 2003 au prix d'une grave crise interne. Il n'en a pas moins jugé que, "aujourd'hui, les conditions de l'allongement de la durée de cotisation ne sont pas
réunies", le dialogue avec le gouvernement étant dans l'impasse.
La référence à un allongement de la durée de cotisation s'inscrit dans le "projet alternatif" de réforme des retraites défendu par la direction de la centrale
syndicale, a souligné le secrétaire général. Moins d'une heure après une visite de son homologue cégétiste Bernard Thibault, très bien accueilli, le résultat a été salué par des applaudissements
nourris des délégués, dont une partie s'est levée.
La direction "soulagée"
Au sein de la direction, on se disait "soulagé". Les jeux ne semblaient pas faits, tant la pression sur la direction du syndicat avait été forte au congrès contre
tout recul de l'âge de la retraite. En outre, depuis mercredi soir, les dirigeants cédétistes avaient été désavoués par deux fois, sur des propositions jugées trop conciliantes concernant les
effectifs des services publics et les contrats précaires.
A la tribune, une déléguée syndicale de Seine-Maritime a appelé en vain ses camarades à ne pas "donner un chèque en blanc" au gouvernement, avec l'approbation d'une
partie de la salle. "C'est une autoroute qu'ils ont" au gouvernement grâce à ce vote, pestait en aparté un métallo du sud de la France. Elle avait ravivé le douloureux souvenir de 2003, lorsque
François Chérèque avait finalement souscrit à une réforme posant comme principe que la durée de cotisation continuerait de s'allonger au fur et à mesure que l'espérance de vie
progresserait.
"Un syndicat qui propose des alternatives"
En vertu de cette réforme, la durée de cotisation pour une retraite à taux plein a été alignée entre public et privé et sera passée à 41 ans en 2012, régimes
spéciaux exceptés. "Aujourd'hui, on a fait la démonstration que la CFDT est restée elle-même : un syndicat qui s'oppose aux injustices, mais un syndicat qui propose des alternatives", a commenté
M. Chérèque. Le "monsieur retraites" de la centrale, Jean-Louis Malys, a posé des conditions à la prolongation de la vie active: partage des gains d'espérance de vie entre travail et retraite,
possibilité de choix renforcée au moment du départ, et possibilités accrues pour les travailleurs qui ont exercé un métier pénible de partir plus tôt que les autres.
Pour financer une partie des retraites, la CFDT veut aussi faire contribuer "l'ensemble des revenus, y compris ceux des capitaux". Mais elle reste inflexible sur le
maintien de l'âge légal à 60 ans, qui "n'est ni négociable, ni amendable", selon M. Malys. Pour MM. Chérèque et Thibault, cette position a le mérite de servir de ciment à l'unité intersyndicale,
FO et CFE-CGC mis à part. Les soixante ans, "ce n'est pas le plus petit des dénominateurs communs, c'est un élément central", fait valoir M. Chérèque.
Cette inflexibilité a elle-même suscité des remous dans l'appareil dirigeant de la CFDT. "François Chérèque a radicalisé le congrès", s'inquiétait avant le vote sur
les retraites un membre du Bureau national, relevant aussi que jusqu'ici, la CFDT a été impuissante à peser sur le gouvernement dans le dossier retraites.
Pourquoi cette vidéo ? Ben c'est un peu grâce aux Chérèques du monde entier que c'est possible!