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Une des caractéristiques propres à la démocratie bourgeoise, mais qui s’est exacerbée comme jamais au cours des dernières décennies, c’est l’apparition d’une véritable caste de politiciens bourgeois et de fonctionnaires de la politique.
Non seulement ils parasitent, au sens propre du terme, l’Etat, en vivant à ses crochets, mais alors qu’ils sont grassement rétribués et font leurs petites affaires entre copains, ils n’hésitent pas un seul instant à exiger des classes populaires et du monde du travail des sacrifices au nom « de l’intérêt supérieur de la nation » ou du « bien commun ». Cette caste a été épinglée et commence à susciter un réel rejet de la part de la population, sans pour autant que ce phénomène s’exprime sur des axes de classe. C’est ce que l’on a pu voir notamment en Grèce et dans l’Etat espagnol, mais aussi au Portugal et en Italie.
On sait bien que les droits des exploité-e-s se sont toujours limités, en démocratie bourgeoise, à décider périodiquement, tous les cinq ou sept ans, de qui serait au pouvoir pour le plus grand profit du patronat.
Mais dernièrement cette situation a tourné à l’absurde dans ce que l’on pourrait appeler les régimes de démocratie dégradée. L’alternance au pouvoir des partis traditionnels, de gauche comme de droite, n’implique quasiment aucune variation quant aux plans d’ajustement et d’austérité qui sont appliqués.
Là encore, l’exemple de l’Europe du Sud est explicite. Les partis politiques se sont vidés de tout contenu militant et le lien avec « le citoyen » passe désormais quasi exclusivement par le biais de l’appareil médiatique bourgeois, qui n’a jamais été aussi hypertrophié et monopoliste.
Parallèlement, pour pallier tout risque de colère ou de mécontentement, ces démocraties dégradées ont renforcé tout un arsenal de mesures de contrôle, aussi bien idéologiques (par la mise en place systématique de campagnes sécuritaire ou de désignation d’un ennemi intérieur, qu’il soit l’immigré, le Rom ou le musulman), mais aussi à travers des instruments policiers et de surveillance extrêmement complexifiés, et ce alors que les inégalités sociales n’ont jamais été aussi importantes depuis la crise des années 1930 et l’après-guerre.
http://www.ccr4.org/La-verite-sur-le-regime-autoritaire-et-corrompu-de-la-Ve-Republique