Chômage des jeunes à 27 %
Mais le phénomène est difficile à chiffrer précisément. Les seules données dont on dispose sont celles du « prêt étudiant Oseo » (1), lancé en 2008 par le gouvernement Fillon. Depuis leur création, 37 378 prêts Oseo d'un montant moyen de 8 000 € ont été souscrits, dont 1 968 en Bretagne, 1 783 en Pays de la Loire et 736 en Basse-Normandie.
A vrai dire, le dispositif n'a jamais vraiment décollé.
Pour les uns, les banques ne joueraient pas le jeu, exigeant caution et conditions de ressources. D'autres expliquent cet échec par la frilosité des étudiants. Pour Emmanuel Zemmour, président de l'Unef, si ce prêt ne marche pas, c'est « parce que les étudiants ne sont pas disposés à s'endetter sans savoir s'ils seront capables de rembourser ensuite. Avec un taux de chômage des jeunes de 27 %, ce n'est pas comme si l'on pouvait compter sur un marché de plein-emploi ». Or le remboursement des prêts démarre souvent dans les six mois suivant la fin des études... que l'on ait trouvé un emploi ou non.
Désormais diplômée, Camille, fille de médecin, a trouvé un job dans son domaine, le marché de l'Art. Mais, payée au Smic, elle ne s'en « sort pas ». Les 270 € de mensualités de son prêt réglés, ses 400 € de loyer débités, ses 300 € de frais de la vie courante défalqués (électricité, assurance, entretien de sa voiture, carte de transport...), il lui reste 230 € pour se nourrir, payer son forfait téléphonique, et s'accorder de petits plaisirs. Alors ses parents, qui avaient déjà pris en charge la première année de remboursement de son prêt, l'aident.
L'essentiel des ressources des étudiants provient, comme pour Camille, de la famille.
« Pour un foyer de classe moyenne, cela peut représenter jusqu'au tiers du budget mensuel », relève l'Unef. Les bourses et aides publiques étant déjà « insuffisantes », avec la crise et l'augmentation du coût de la vie, le syndicat craint que les familles soient de moins en moins en mesure de les financer. Et que le nombre d'étudiants emprunteurs n'augmente.
Xavier Niel, fondateur de free, y croit. L'entrepreneur vient d'investir dans le site financetesetudes.com, qui propose aux étudiants de négocier pour eux un prêt au meilleur taux, en faisant jouer la concurrence entre les banques. Seul précaution à prendre, pour Christian Kamayou, créateur du site : « que l'étudiant ne s'endette pas pour une charge disproportionnée par rapport au rendement probable de ses études ».
Si c'était à refaire, Camille n'est pas certaine qu'elle ferait les mêmes choix. « Même si j'aime mon métier et que l'école m'a beaucoup appris, je me demande parfois si ça vaut le coup d'investir dans ses études : quitte à commencer au Smic, autant le faire le plus tôt possible. »
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