Hier, direction et employés du centre de formation aux apprentis du bâtiment étaient de retour au tribunal, sans avoir trouvé de solution. Retour sur les raisons d'une impasse sociale.
Soit dedans, soit dehors. Le mouvement social qui ébranle le centre de formation des apprentis aux métiers du bâtiment n'offre pas vraiment d'alternative. Les salariés demandent principalement la réintégration de Nicolas Gallais-Duval, l'animateur licencié, selon eux, à tort. La direction s'y oppose.
Les quelques revendications annexes n'existent que pour éviter de tomber dans l'illégalité. La grève de solidarité, dont l'unique revendication est la réintégration d'un salarié licencié pour faute, est effectivement interdite.
Du coup, toutes les tentatives d'accord ont achoppé. Que ce soit la conciliation aux prud'hommes, la médiation à l'initiative de la direction ou celle imposée par
le tribunal.
Cette dernière s'est conclue, hier, comme les autres : « La direction estime que la médiation ne doit pas porter sur le licenciement ».
Positions de principe
Arrivé à ce stade, le noeud du problème est aussi une affaire d'ego. Récemment, Charles Fiel, le président du conseil d'administration de l'association Afobat, expliquait ainsi : « Ici, les employés veulent prendre la place des patrons ». Difficile à admettre pour ce gérant et fondateur d'une société de peinture et de ravalement, à Plouguin, près de Brest. Après plus d'un mois de bras de fer, les positions de la direction et des employés se sont fortifiées au gré des « provocations » et incompréhensions. Aujourd'hui, personne ne veut donner la satisfaction à l'autre d'abandonner.
Contexte économique tendu
L'Afobat se trouve aussi dans une situation économique très tendue. En juin dernier, la direction du centre avait préparé un plan de licenciement comprenant cinq salariés, dont Nicolas Gallais-Duval. Ce plan social a finalement été annulé. La direction a embauché un animateur en CDD pour remplacer Nicolas Gallais-Duval, mais la suppression d'un poste soulagerait certainement les finances du centre.
Gestion associative
Hier, avant l'audience du tribunal (lire ci-dessous), l'avocate de la CGT, Maître Lautridou, soulignait aussi que cette situation était symptomatique du fonctionnement des structures associatives. « Les administrateurs n'hésitent pas, ce n'est pas leur argent qui est en jeu », notait-elle. De plus, les centres de formation des apprentis aux métiers du bâtiment sont actuellement en train de préparer leur regroupement régional. Dans quelques mois, les instances locales de direction pourraient être supprimées.
Élections régionales
Finalement, les seuls capables d'influer sur la gouvernance du centre de formation pourraient être les financeurs ; conseil régional en tête. Mais naturellement, dans un contexte d'élections, le principal contributeur au fonctionnement de l'Afobat rechigne à prendre position. Le 28 février, Annaïg Le Gars, la conseillère régionale, avait participé à un rassemblement des employés. Mais depuis, pas un mot. Hier, nous n'avons pas été en mesure de joindre Michel Morin, le vice président du conseil régional en charge de la formation.