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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 11:28

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Martin Luther King et Malcom X

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Ataulfo Riera Le 4 avril 1968, Martin Luther King, leader du mouvement pour l’émancipation des Noirs aux Etats-Unis, était assassiné à Memphis. 45 ans plus tard il reste, tout comme Malcolm X, l’un des principaux symboles d’une lutte toujours actuelle.


Le 1er décembre 1955, dans l’Alabama, une femme noire refuse, comme le règlement l’y oblige, de céder sa place à un Blanc dans un autobus bondé. Elle est immédiatement arrêtée. Le 5 décembre, un dirigeant syndical noir décide d’organiser le boycott des transports en commun : un long combat s’engage qui, malgré la terreur exercée par le Ku-Klux-Klan, se soldera par la victoire.

 

Au cours de ce combat, une personnalité se dégage : le pasteur Martin Luther King, alors âgé de 26 ans. C’est lui qui imprimera désormais sa marque au mouvement pour les droits civiques.


D’origine bourgeoise, brillant intellectuel ayant lu Gandhi, Hegel et Marx ainsi que des auteurs libertaires, doté d’un charisme, d’une force oratoire et d’un caractère qui en font bien vite un leader des masses, il généralisera l’expérience de l’Alabama : la résistance active non-violente. Un vaste mouvement de lutte contre toutes les formes de ségrégation s’étend dans tout le pays : boycott de magasins et de restaurants refusant de servir les Noirs, sit-in dans les écoles, universités, bibliothèques, parcs et piscines non-mixtes, marches de masse, pétitions, etc. L’écho de King ne cesse de croître dans une communauté où il s’oppose au courant petit-bourgeois (aux méthodes strictement légalistes et aux objectifs gradualistes).

Victoires

Loin de l’image d’Epinal traditionnellement véhiculée, King n’était pas pour autant un pacifiste : « Sa non-violence n’est pas une méthode de lâcheté, mais de militantisme. Elle est au plus haut degré active et non passive (...). Ce qui le détermine à être ’non-violent’, c’est, avant tout, un mobile d’ordre tactique. (...) » [1]. Pour lui, la lutte violente est non rentable car la minorité noire (19 millions) est désarmée face à la violence officielle et privée. De plus, la violence risque de retourner une grande partie de l’opinion publique blanche indignée par la violence raciste. En mobilisant de larges masses, en prônant l’action collective et immédiate et en obtenant le soutien d’une part de plus en plus large de l’opinion publique blanche, King obtient des résultats, notamment après la Marche des Noirs sur Washington avec 250.000 participants. En 1964, le Congrès supprime toute forme de ségrégation dans les lieux publics et protège le droit de vote des Noirs. Les discriminations à l’embauche sont abolies. En 1965, de nouvelles lois abrogent les derniers vestiges de la ségrégation raciale légale : 100 ans après l’abolition de l’esclavage !

Oppression et exploitation

C’est la fin d’une étape dans la lutte pour l’émancipation. Car, si dans la loi l’inégalité est supprimée, dans la réalité sociale, les Noirs, majoritairement prolétaires, sont la catégorie nationale la plus opprimée et exploitée du capitalisme américain. En 1963, 5 fois plus de Noirs que de Blancs logent dans des taudis. En moyenne, leur espérance de vie est inférieure de 7 ans à celle des Blancs. Les écarts de revenus s’accroissent : si, en 1952, le salaire moyen d’un travailleur noir était de 62% par rapport à celui d’un blanc, 10 ans plus tard, il est de 55% ! Le chômage fait des ravages : l’accélération du progrès technique a massivement éliminé les emplois manuels peu qualifiés dans l’industrie et l’agriculture et ce alors que les travailleurs noirs sont à 80% des ouvriers non spécialisés. Le chômage touche ainsi 14% des Noirs alors qu’il n’atteint pas 6% chez les Blancs. [2]


Face à une situation sociale désastreuse et qui empire, la tactique de King et son aura perdent alors de leur force attraction, surtout dans la jeunesse noire des ghettos urbains. S’il est conscient des bases sociales et économiques de l’oppression des Noirs, il ne saura pas apporter de nouvelles réponses, de nouvelles formes de lutte, plus radicales, à la jeune génération. Cette dernière n’attend d’ailleurs pas et se révolte à partir de 1965. Cette année-là, une véritable insurrection éclate dans le quartier de Watt à Los Angeles : incendies, barricades... Bilan : 34 morts, 1.071 blessés, 400 arrestations. En 1966 40 villes sont touchées par ces révoltes et le chiffre passe à 164 en 1967. A Détroit, il aura fallu l’intervention de 4.700 parachutistes pour rétablir « l’ordre ». [3]

Malcolm X

L’année 1965 est également celle de l’assassinat du leader Malcolm X. Issu du mouvement séparatiste noir des Black Muslims, il avait rompu avec ces derniers et s’orientait de plus en plus vers une ligne de classe anticapitaliste et internationaliste. X s’opposait sur de nombreux points à King, notamment sur la violence, qu’il jugeait légitime en tant qu’acte de nécessaire défense. Il devenait ainsi rapidement, au détriment de King, la nouvelle figure emblématique de la communauté noire radicalisée. Ce qui explique sans aucun doute son élimination. [4]


Dans ce contexte, Luther King va alors réorienter son discours sur la contestation sociale. Il dénonce publiquement la coûteuse et sanglante guerre du Vietnam, où les jeunes conscrits noirs sont en nombre proportionnellement plus élevé que les Blancs. Avant sa mort, il projette une nouvelle marche sur Washington sur le thème de la pauvreté. Le 28 mars 1968, il défile à la tête d’une manifestation d’éboueurs noirs en grève.


Le 4 avril, à l’âge de 39 ans, il est assassiné. Sa mort provoque une nouvelle vague de révolte qui touche 150 villes dans tout le pays. Comme l’écrit l’historien Michael Honey : « Partout les Afro-américains considérèrent la mort de King comme un moment critique qui exigeait une réponse massive. Les émeutes détruisirent avant tout les communautés noires, mais les émeutes frappèrent également les propriétaires blancs de capital bien plus que n’importe quel boycott ou manifestation non-violente. La mort de King fit éclater le barrage de tout ce qui retenait la rage de l’Amérique noire à des niveaux de chômage semblables à ceux de la Grande dépression ; travail, logement et discrimination scolaire ; brutalité policière omniprésente ; morts sans signification de soldats noirs au Vietnam ; et la pléthore de maux qui régnait dans les ghettos. » [5]


Pour tenter de calmer la situation, le gouvernement décrète un deuil national le 9 avril pour l’enterrement du pasteur : plus de 100.000 personnes y participent. Tout comme pour Malcolm X, son assassinat n’a jamais été élucidé. Rapidement arrêté, le meurtrier passe aux aveux et plaide coupable ce qui empêche, selon la procédure nord américaine, la tenue d’un procès. Les autorités ne chercheront donc pas à connaître les motivations du criminel, ni s’il s’agissait d’un complot ou d’un acte isolé. Aujourd’hui, le meurtrier clame son innocence. Le rôle du FBI, tout comme dans le meurtre de Malcolm X, est pourtant plus que suspect. De 1963 à 1968, King est sous surveillance constante, des pressions s’exercent, dont une lettre « anonyme », fabriquée par le FBI, et qui tente de le pousser au suicide [6]. Une fois de plus, la question est : à qui profite le crime ?


Aujourd’hui, la situation des Noirs américains reste désastreuse : 30% des familles noires vivent sous le seuil de pauvreté, l’espérance de vie est inférieure de 6 ans à celle des Blancs [7]. Le taux de mortalité infantile, qui n’est que de 8 pour 1000 chez les Blancs, atteint les 19 pour mille chez les Noirs. Le taux de chômage des jeunes noirs s’élève au double (28%) de celui des jeunes blancs ! [8]


Comme le soulignait le marxiste libertaire Daniel Guérin en 1963, l’auto-organisation des Noirs est une condition clé de leur émancipation, mais « Ni l’intégrationnisme, ni le séparatisme (...) ne détiennent la solution définitive du problème noir américain. Il y faudrait rien moins qu’une mutation révolutionnaire totale de la société américaine, c’est-à-dire tout à la fois raciale, sociale, économique, politique et internationale. Cette mutation, les hommes de couleur, livrés à leurs seules forces, pourraient, sans aucun doute, l’amorcer. Mais pour la mener à terme, il leur faudrait réussir à entraîner les travailleurs blancs » [9].

 

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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 13:16

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Par Jean-Michel Krivine Publié par Alencontre le 14 - avril - 2013

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Le souvenir de la révolte du ghetto de Varsovie en avril 1943 ne doit pas s’estomper.

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Rappelons d’abord (pour la jeune génération…) ce qu’était un ghetto. Le terme est d’origine italienne probable et désigne le quartier où les juifs étaient obligés de vivre. Son institution est médiévale et a survécu, en Europe, jusqu’à la révolution française. L’émancipation des juifs a été proposée par l’abbé Grégoire et votée en 1791 par l’Assemblée nationale.


L’occupation d’une partie de la Pologne par l’Allemagne nazie, aussitôt après la signature du pacte germano-soviétique (23 août) entraîne, en 1939, la reconstitution du ghetto. Alors que la plupart des 450 000 juifs de Varsovie avaient déjà été déportés et gazés dans les camps d’extermination de Treblinka et Maïdanek, une poignée de quelques centaines de combattants sont parvenus à défier l’occupant nazi et à l’affronter pendant sept semaines.

 

Il lui faudra des tanks et de l’artillerie pour en venir à bout.

 

Les combattants juifs n’avaient aucun espoir de gagner, leur seul objectif était de «témoigner», de clamer au monde que la population juive de Varsovie ne se laisserait pas passivement mener à l’abattoir et d’inciter d’autres opprimés à agir de même, ce qui eut lieu dans d’autres ghettos polonais.

 

Très rapidement, après l’occupation, des mesures avaient été prises contre la population juive qui comptait alors plus de 3 millions d’habitants en Pologne: confiscation de biens, interdiction de travailler dans les institutions publiques et les organismes de l’État, interdiction de voyager, rémunérations limitées, interdiction pour les médecins de soigner des non-juifs, port de l’étoile jaune à partir de 12 ans etc.

 

En novembre 1939 les nazis recréent le ghetto de Varsovie où doit se rendre toute la population juive de la ville avec interdiction d’en sortir.

 

Une ceinture de 18 km de mur et de barbelés l’entoure. L’isolement est total. La misère devient telle que des gens meurent de faim en pleine rue ; sans parler des épidémies de typhus. Un Conseil juif de 24 membres (Judenrat), aux ordres de l’occupant, gouverne le ghetto et dispose d’une police juive en uniforme. Malgré la brutalité de la répression, la majorité de la population essaie de survivre et au début, ne croit pas aux informations alarmistes qui surviennent de temps à autre.

 

Dès février 1941 pourtant, quelques rescapés avaient raconté comment les nazis avaient gazé des juifs à Chelmno après en avoir gazé 40 000 à Lodz.

 

Seules les organisations ouvrières y accordent du crédit et commencent un travail de propagande et d’organisation. Elles comprennent essentiellement le Bund, créé en 1897, (majoritaire, socialiste et non sioniste), l’Hashomer Hatzaïr (socialiste et sioniste), les syndicats et des organisations de jeunesse. Quant au Parti communiste polonais qui avait été liquidé par Staline en 1938, il commence lentement à se reconstituer et réapparaîtra en janvier 1942 sous un autre nom : Parti Ouvrier Polonais (PPR). À partir de la mi-1942, suite aux nombreuses exécutions de résistants et aux fusillades nocturnes, la population commence à comprendre que son avenir est des plus incertain.


C’est le 20 juillet 1942 que le Judenrat sera mis en demeure (et acceptera) de signer un Appel avertissant la population juive que, sauf exceptions, elle devra quitter la ville. Bien entendu la destination n’est pas précisée. C’est la première vague de déportation : les rafles commencent aussitôt et au deuxième jour le président du Judenrat, l’ingénieur Adam Czerniakow, se suicide. Lui savait parfaitement ce que signifiait le prétendu «départ à l’Est» et ne pouvait amoindrir sa responsabilité qu’en disparaissant.

 

C’est alors que les rafles se succèdent, opérées par les gendarmes, les Ukrainiens et la police juive, au rythme de plusieurs milliers par jour (de 1600 à 13 000 selon les auteurs…). Les partants sont rassemblés sur l’Umschlagplatz (devant la gare) et pendant un moment on leur distribuera 3 kg de pain et 1 kg de confiture, de telle sorte qu’il y aura des milliers de volontaires affamés, persuadés qu’on ne leur donnerait pas ça si on voulait les massacrer.

 

Pourtant la vérité commençait à se savoir : un envoyé avait été expédié du côté «aryen» et avait contacté un cheminot. Avec lui il se rend sur la ligne ferroviaire qu’empruntent les convois de déportés se rendant à Treblinka. Les cheminots de l’endroit leur apprennent que «tous les jours un train de marchandises, rempli de gens en provenance de Varsovie, emprunte cet embranchement et revient vide. Aucun convoi alimentaire ne passe par là et la gare de Treblinka est interdite à la population civile. Preuves tangibles que les gens qui y sont conduits sont exécutés».


Au mois de septembre 1942 il reste moins de 60 000 habitants dans le ghetto et en juillet les organisations résistantes se réunissent (sauf les sionistes de droite) et créent l’Organisation Juive de Combat (OJC) avec un commandant de la Hachomer [mouvement de jeunesse juive, créé en 1913, en Pologne], Mordechaï Anielewicz, et un adjoint du Bund, Marek Edelman.

 

L’OJC ne comprend que quelques centaines de combattants (de 500 à 2000 selon les auteurs). Elle a très peu d’armes: quelques dizaines de revolvers en mauvais état, des grenades et des cocktails Molotov fabriqués sur place, quelques fusils et un seul pistolet-mitrailleur. Des groupes de combat sont formés qui pratiquent des attentats, attaquent les SS et libèrent des prisonniers. L’OJC règne dans le ghetto qu’elle couvre d ‘affiches, avec le soutien de la population restante. C’est alors que les nazis décident d’en finir et va commencer la deuxième vague de déportations.

 

Le 19 avril 1943, à 4 heures du matin, 2000 à 3000 Waffen SS, auxiliaires ukrainiens, lettons et policiers polonais commencent à pénétrer dans la place. Ils seront rejoints par des troupes motorisées, des blindés et de l’artillerie. A leur grande surprise ils seront accueillis par un déluge de feu venant des quatre coins des rues. Il y aura d’assez nombreux morts et deux chars seront incendiés. Après quelques heures de combat acharné, les assaillants s’enfuient et à 14 h il n’en reste plus un. Ils referont une tentative le lendemain mais sans plus de succès. Ce n’est qu’au troisième essai qu’ils parviendront jusqu’au ghetto central qui sera incendié et littéralement rasé. La moitié des combattants juifs périra pendant les combats.

 

De nombreux survivants décideront de se suicider collectivement et parmi eux Mordechaï Anielewicz qui était à la tête de l’OJC, après avoir tué son amie, répétant ainsi le geste des Hébreux, en lutte conte les Romains, à Massada, au premier siècle après J-C. Quelques combattants parviendront à s’enfuir par les égouts, rejoindront la Résistance polonaise et participeront à l’autre insurrection de Varsovie en août 1944.


Parmi eux Marek Edelman qui a rapporté ultérieurement de façon émouvante et vivante l’histoire de l’insurrection du ghetto. En conclusion, nombre d’auteurs font remarquer que cet événement unique jusque-là dans l’Europe occupée a été pratiquement passé sous silence par les futurs vainqueurs occidentaux. La radio et la presse anglo-saxonnes en parlèrent très peu, après quelques jours de tractation entre le Foreign Office et le gouvernement polonais en exil à Londres.

 

Les Britanniques voulaient « vérifier l’exactitude des faits » et souhaitaient ménager leur allié polonais pas particulièrement philosémite. Il fut également ignoré par la majorité des Polonais dont l’antisémitisme traditionnel leur permit de supporter gaillardement l’assassinat de 3 millions de juifs de chez eux. Il ne s’agissait pas de Polonais «collabos», car ceux qui auraient pu les aider, les résistants de l’Armia Krajowa (Armée de l’intérieur), dépendant du gouvernement en exil à Londres, disposaient de dizaines de milliers de fusils, de grenades, et de milliers de pistolets dont ils eurent la générosité d’en offrir 9 aux combattants du ghetto…

 

Quant aux Soviétiques, ils étaient encore à mille km de Varsovie, mais un an plus tard, en août 1944, alors qu’ils s’y trouvaient à deux pas, au bord de la Vistule, et que les résistants avaient déclenché l’insurrection, ils ne bougèrent pas et laissèrent les nazis l’écraser au bout de 63 jours. Les communistes français ont alors raconté que l’insurrection avait été déclenchée sans contact avec l’armée rouge, qu’il s’agissait d’une décision criminelle des dirigeants polonais de Londres, que les nazis y avaient poussé et que les Russes, heureusement, ne sont pas tombés dans le piège. On imagine ainsi ce qui se serait passé si les Soviétiques avaient atteint Varsovie un an auparavant…

 

En ce qui concerne l’insurrection du ghetto et la discrétion des futurs libérateurs, un autre suicide eut lieu mais à Londres: le 17 décembre 1943, pour protester contre l’indifférence des puissances occidentales au massacre des juifs polonais, Artur Zygelboïm mettait fin à ses jours. Il représentait le Bund auprès du gouvernement polonais en exil.

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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 09:34
Frigide Barjot était déjà au premier rang!
Modifié le 13-04-2013 à 16h43 Par Nicolas Lebourghistorien/spé. extrêmes droites, Édité par Henri Rouillier  Auteur parrainé par Mael Thierry
Ils en appellent au "printemps français". Ils sont de droite et leur ennemi désigné est le "laxisme de gauche". Quel spectre plane au dessus de la mobilisation de Barjot et Boutin ?
À quel épisode de l'histoire ces manifestations nous ramènent-elles ? Pourquoi ? Autant de questions auxquelles répond Nicolas Lebourg, historien de l'extrême droite

L'analogie revient en boucle : entre les scandales et les manifestations radicalisées des anti mariage pour tous, nous serions le 6 février 1934. L'analogie historique est toujours d'un maniement délicat. Mais il est vrai qu'un retour sur la subversion de droite n'est pas inutile pour comprendre la tension présente.


Qu'est ce que le "6 février 1934" ?


Depuis 1931, la France connaît la crise économique. Les scandales politico-financiers prennent une dimension insupportable en ce contexte. Autour du slogan "à bas les voleurs !", on appelle à une grande manifestation unitaire  pour le 6 février 1934. Sont là les ligues nationalistes : l’Action Française, les Jeunesses Patriotes, la Fédération nationale des contribuables, Solidarité Française et les Croix de Feu. Sont aussi présents les anciens combattants, ceux de l’Union Nationale des Combattants mais également les communistes de l’Association Républicaine des Anciens Combattants."L’Humanité" appelle à mettre "à bas le gouvernement voleur des mutilés de guerre et complice des escrocs", tandis que "L'Action française" titre contre "la dictature des voleurs". 

 

Le défilé se fait émeute : 15 morts et 1.435 blessés. Les manifestants veulent prendre l'Assemblée, leurs chefs s'y refusent. À gauche, la journée est interprétée comme une tentative ratée de coup d’État des fascistes. Il s’agit en fait d’une tentative réussie de déstabilisation du gouvernement par les droites autoritaires. Dans les jours suivants des contre-manifestations voient les militants socialistes et communistes fraterniser à la base. L’un des leaders communistes, Jacques Doriot, fonde un Comité d’Action Antifasciste. Trahison de la ligne "classe contre classe" : il est exclu en juin. Le même mois, le PCF reçoit la consigne de changer totalement de stratégie. Il se doit désormais d’appeler à l’union des gauches contre le fascisme. En octobre, le parti en appelle à un gouvernement de Front Populaire. Celui-ci prendra le pouvoir en 1936. Quant à Jacques Doriot, il évolue vers une droite ultra mâtinée de fascisme...

 

Conséquences du 6 février : Front National et Front Populaire


À droite aussi, le 6 février pousse à une dynamique unitaire. Il est vrai que l’État s'est doté de la possibilité juridique de dissoudre les mouvements politiques et que les ligues d'extrême droite sont frappées d'interdiction. Elles doivent donc travailler à leur reformation sous une nouvelle forme. Le théoricien de l’Action française Charles Maurras se propose non de fusionner les groupes mais de les rassembler dans un "Front national" sur la base d’un "compromis nationaliste".

 

De 1934 à 1972, lorsqu'est fondé le FN lepéniste, concept et étiquette ont perduré : le compromis nationaliste est l’union de toutes les extrêmes droites malgré leurs projets inconciliables, dans le but premier de faire tomber l’ordre établi, avant que d’envisager de régler leurs querelles. Mais, l’extrême droite est un champ rétif à la discipline et les radicaux rejettent la proposition de Maurras, estimant, non sans raison, que ce FN n’est qu’un rassemblement de modérés ayant trahi la dimension révolutionnaire du 6 février. Le modèle va être sans cesse réemployé en vain, jusqu’à ce que, quarante ans plus tard, les circonstances et la personnalité de Jean-Marie Le Pen lui permettent enfin de s’avérer opératoire.

 

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La subversion de droite : un échec permanent


Échec dans la rue, échec dans la stratégie consécutive, et pourtant le 6 février rentre dans la mythologie des extrêmes droites. En affrontant physiquement les forces de l'ordre, en ayant des morts, elles se sont donné un parfum subversif enivrant. Cela explique que les extrêmes droites radicales investissent massivement le populiste poujadisme dans les années 1950, dans l'espoir d'un "6 février qui réussisse". Ils ont en tête le rôle joué par la Fédération des contribuables dans le déclenchement du 6 février. C'est là que le jeune Jean-Marie le Pen est formé à la politique par d'anciens communistes passés au collaborationnisme.

 

On s'agite, on rêve d'un 6 février qui fonctionne. Les extrêmes droites sont des heures insurrectionnelles de mai 1958 qui mettent à bas la IVe République. Mais elles sont dissoutes, et c'est le général de Gaulle qui accède aux responsabilités. Voulant profiter de la demande sociale de répression de l'agitation gauchiste après 1968, les néofascistes d'Ordre nouveau pratiquent à la fois la violence contre-subversive anti-gauchiste dans la rue, habillée d'une esthétique subversive, et lancent le FN. Ils sont manœuvrés par le ministère de l'Intérieur jusqu'à ce que ce dernier en 1973 puisse dissoudre conjointement ON et Ligue communiste suite à une nuit d'émeute et d'affrontements avec les forces de l'ordre.

 

D'hier à demain...


L'échec est patent : la subversion de droite n'a jamais fait tomber "le régime" mais, bien au contraire, a servi systématiquement le raffermissement de l’État. Pourtant, en voulant investir le Sénat, ce vendredi 12 avril 2012, les manifestants anti-mariage pour tous se situaient clairement dans la fantasmagorie du 6 février. Il est vrai qu'ils bénéficient de trois points positifs.

 

Tout d'abord, les déclarations radicalisées de personnalités politico-médiatique : Frigide Barjot s'exclamant que le sang va couler, Christine Boutin agitant le spectre de la guerre civile, Hervé Mariton dénonçant un coup d'État dans le processus législatif.

 

Ensuite, ils ont face à eux un gouvernement certes affaibli, mais dont on doute qu'il soit tenu comme jadis par des personnalités en capacité morale d'utiliser tous les processus répressifs à leur disposition (tant physiques que juridiques). Enfin, la droite française cherche une recomposition idéologique depuis que la crise de 2008 a liquidé l'étendard libéral. La question est pour elle vitale si elle veut parvenir à coaguler les électorats frontiste et UMP pour assurer sa prochaine victoire. La radicalisation de l'opposition au mariage pour tous a valeur de banc d'essai de construction d'une socle conservateur commun s'opposant au libéralisme culturel de la gauche.

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http://leplus.nouvelobs.com/contribution/818888-mariage-pour-tous-boutin-barjot-et-le-spectre-fantasme-du-6-fevrier-1934.html

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12 avril 2013 5 12 /04 /avril /2013 13:41

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L’émeute aux portes de l’assemblée nationale contre la république parlementaire dans la nuit du 6 février 1934 marque un tournant de l’histoire française de l’entre deux guerres. Ce jour-là, toute la droite fait bloc dans la rue contre le gouvernement du radical Daladier.


Quittant la stabilité relative existant depuis la fin de la première guerre mondiale, le pays s’avance vers des affrontements majeurs. De fait, de 34 à 37, une nouvelle vague révolutionnaire surgit, après celle de 17-23, dont l’issue décidera de l’entrée ou non dans une nouvelle guerre mondiale. Derrière les forces qui s’affrontent ce 6 février, se profilent les ombres d’Hitler, des tenants du régime de Vichy, et le combat antifasciste, le Front Populaire, la grève générale de juin 1936 et la résistance.


Les effets de la crise de 1929


La France n’est touchée par la crise économique mondiale de 1929 qu’à partir de 1930, et surtout 1931, essentiellement en raison décollage économique survenu entre 1913 et1929 : l’indice de production industrielle a progressé de 40%. Le pays a rejoint le peloton de tête des pays développés, même si un tiers de la population active reste paysanne.


Les gouvernements de droite (« bloc national ») ou dirigés par les radicaux socialistes (soutenus par le PS dans le cadre du « cartel des gauches ») tentent de remédier à la crise par la diminution des dépenses publiques.

La crise provoque entre 1929 et 1935 un effondrement de la production industrielle (moins 25% et plus encore dans le textile, la métallurgie, le bâtiment) et du commerce extérieur (moins 60%). Le pouvoir d'achat moyen diminue de 20%, le chômage double, des renvois massifs d’immigrés sont organisés.


La montée du fascisme


Partout en Europe prospèrent sur la crise des organisations fascistes, nationalistes, racistes, pratiquant volontiers une certaine démagogie anticapitaliste, mobilisant des masses de petits bourgeois en voie d’être ruinés, d’ouvriers déclassés, de lumpen-prolétaires et d’étudiants qui font des démonstrations de force et s’attaquent aux organisations ouvrières. Soutenues, financées par une partie des capitalistes, elles servent de masse de manœuvre à la bourgeoisie dans ses projets d’instauration d’Etats forts mieux à même que le régime parlementaire classique à répondre à la situation, en attendant d’être l’ultime recours.

 

Mussolini prend le pouvoir en 1922, Salazar en 1926. Mais la victoire d’Hitler en 1933 a une autre signification, dans un pays où 6 millions de travailleurs sont organisés dans les syndicats et les partis ouvriers (PS et PC). En réponse à la crise économique aussi bien que devant ce danger autoritaire voire fasciste, et en particulier après la victoire emblématique en Allemagne, une réaction va s’opérer dans les profondeurs des classes ouvrières de différents pays et des luttes, parfois désespérées, vont s’engager avec ou sans l’aval des directions traditionnelles. L’URSS elle-même, qui avait sous-estimé le danger fasciste, craint maintenant pour elle.

 

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Service d'ordre de la CGT à la manif du 12 février


Les forces en présence en France


C’est la période de division acharnée entre le Parti Communiste (30 000 adhérents : la politique de division a provoqué une diminution par quatre du nombre des adhérents de 1921) et les socialistes appelés « sociaux-fascistes » par les communistes (120 000 militants, ils viennent de perdre un courant sur leur droite, les « néo-socialistes »). La même division existe entre la CGT (dirigée par les socialistes) et la CGTU (dirigée par les communistes).


L’extrême-droite est forte de 100 à 150 000 militants dont une partie est militarisée.

 

De multiples ligues nationalistes, groupuscules fascisants réclament le renversement de la république, un état autoritaire ou corporatiste. Des groupements de combat des jeunesses patriotes, des chemises bleues de Coty défilent dans Paris au pas militaire, sous les ordres de chefs. L’organisation pour la restauration de la monarchie, l’Action française regroupe des dizaines de milliers de militants et des groupes d’action, les camelots du roi. Les Croix de Feu, l’association fondée en 1927 au départ composée d’anciens combattants décorés au feu, dirigée par de La Rocque depuis 1930, est devenue une ligue d’extrême droite, avec un programme peu défini, mais contre les métèques, profiteurs, politicards. C’est rapidement l’organisation la plus massive et la mieux organisée, avec une association soutenant son action regroupant, en 1934, 130 000 militants, des groupes de « combat » et de « défense », les « dispo» organisant de 1200 à 1500 militants. Les milieux d’affaires leur apportent un soutien financier.

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11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 10:47

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L'origine des paradis fiscaux peut être datée de la fin du XIXe siècle et au début du XXe, liée à la fois à la volonté d'échapper aux impôts et à l'importance croissante des mouvements internationaux de capitaux.


Un scandale... en 1932


Après le krach de 1929 à Wall Street, quand la crise se répandit en Europe, les États cherchèrent à récupérer de l'argent en limitant quelque peu l'évasion fiscale. En 1932, lors d'une perquisition à la succursale parisienne de la Banque commerciale de Bâle, la police française découvrit des carnets contenant deux milliers de noms de fraudeurs ayant évité la taxe de 20 % sur les placements à l'étranger. Bien que le ministre de l'Intérieur ait refusé de communiquer la liste, celle-ci fut rendue publique.

 

Y figuraient notamment trois sénateurs, dont deux anciens ministres, et un membre de la commission des douanes, une douzaine de généraux, des magistrats, deux évêques, plusieurs patrons de presse, dont la famille Coty, propriétaire du Figaro, le fabricant de meubles Levitan et les frères Peugeot. La Suisse allait réagir par une nouvelle loi bancaire, adoptée en 1934, qui place le secret bancaire sous la protection du droit pénal. Aujourd'hui encore, en Suisse, si un employé révèle des informations concernant des comptes de clients, y compris à son propre gouvernement, il encourt des peines allant jusqu'à trois ans de prison et 250 000 francs suisses (205 000 euros) d'amende.


Le terrain était donc préparé pour que, dans les années 1960, quand les capitaux purent circuler librement, quelques grosses sociétés et grosses fortunes trouvent refuge dans des paradis fiscaux. Mais la crise du dollar du début des années 1970 allait encore amplifier le phénomène.


De la prolifération des eurodollars...


Les liquidités des entreprises, notamment celles des compagnies pétrolières qui bénéficièrent du doublement du prix du pétrole en 1973, furent placées dans les banques de différents pays. Ces dollars démultiplièrent quand les banques accordèrent des prêts bien au-delà des sommes qu'elles avaient en dépôt. La nouveauté est qu'elles purent le faire en dehors de tout contrôle des autorités monétaires américaines et des autorités locales. Cela donna une nouvelle impulsion aux paradis fiscaux.


...à l'inflation financière actuelle


En 2008, la crise dite des subprimes bloqua les transactions financières. Pour débloquer le système, les États sont intervenus à coups de milliards de dollars et d'euros. Mais les liquidités supplémentaires ainsi créées ne se sont pas investies dans la production. Une partie a donc été, comme de règle, placée sur des comptes ouverts dans un paradis fiscal. Par exemple, la BNP fut la banque française qui bénéficia le plus du plan de sauvetage. Elle eut l'embarras du choix pour les placer : avec 21 filiales dans les îles Caïmans, 27 au Luxembourg, 17 à Hong-Kong, 77 au Royaume-Uni, trois à Jersey, elle disposait au total de 189 endroits où placer à bon compte l'argent que lui avait généreusement versé l'État.


Et ce n'est évidemment pas fini, car qui pourrait dire où vont se retrouver, par exemple, les vingt milliards d'euros que le gouvernement Hollande a accordés au patronat ?

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J.S.

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http://www.lutte-ouvriere-journal.org/?act=artl&num=2332&id=4

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10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 11:18

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« Thatcher est morte, vive le thatchérisme ! », semblent s'écrier les élites néolibérales, au pouvoir ici et ailleurs, de droite comme de "gauche".

 

Evidemment, nous ne pleurerons pas pour notre compte celle qui – outre son soutien sans faille au général Pinochet et sa responsabilité dans la mort de Bobby Sands et de ses camarades – fut « le premier ministre le plus diviseur et destructeur des temps modernes » (Ken Loach). Mais il importe avant tout d’analyser le thatchérisme et son emprise contemporaine, pour en tirer des leçons politiques ; c’est à cela que s’emploie Fred Falzon dans la longue étude que nous publions ici.


Initialement parue en 2009 dans la version imprimée de Contretemps, elle porte sur les graves défaites subies par la gauche britannique, toutes tendances confondues, sous les gouvernements de Thatcher puis Blair. Il y développe notamment ce constat d'échec, ainsi que le renouvellement qu'ont alors apporté, dans ce contexte, les analyses du « thatcherisme » produites par Stuart Hall. Il revient plus loin sur les limites de ces analyses et, surtout, de leurs déclinaisons pratiques.

 

De manière rétrospective, le thatchérisme apparaît comme la première vague d’une déferlante néolibérale qui s’est abattue, depuis, sur l’Europe et le monde.

 

Si le mouvement altermondialiste a semblé représenter un défi sérieux à la mondialisation néolibérale, son essoufflement depuis 2004 remet en question la viabilité d’une alternative au modèle économique dominant.


Dans le contexte actuel, la notion gramscienne d’hégémonie a semblé retrouver de sa pertinence analytique précisément parce que le rôle historique du juggernaut1 néolibéral est de rendre irréversibles les transformations que son passage engendre sur le terrain.

 

La stratégie néolibérale sort des cadres traditionnels du consensus et de l’alternance démocratiques en ce qu’elle tente de rayer de manière historique toute possibilité d’opposition globale.


Stuart Hall a été l’un des premiers à avoir saisi la portée hégémonique du néolibéralisme à travers l’analyse de son précurseur thatchérien. Hall a rencontré alors une féroce opposition à gauche2. Pourtant, trente ans plus tard, et alors qu’en Grande-Bretagne onze ans de social-libéralisme ont succédé à dix-huit ans de néolibéralisme conservateur, le retour au pouvoir des conservateurs semble acquis, sous le regard impuissant de la gauche antilibérale.


Originaire de Kingston, Jamaïque, Stuart Hall est l’une des figures emblématiques du marxisme britannique. Il fut parmi les fondateurs de la New Left Review en 1960, qui contribuera à renouveler la pensée de gauche en Grande-Bretagne en adoptant une approche multicausale des questions sociales et une vision novatrice de l’intégration de la culture populaire et des questions ethniques dans le champ marxiste. Sa contribution sociologique n’est pas moins remarquable. Dans la droite ligne de ses analyses politiques, il est l’un des principaux animateurs du mouvement des Cultural Studies dans les années 1960 et 1970, contribuant au renouveau de la sociologie par une vision novatrice des relations entre pouvoir, identité et culture, exprimée notamment à travers la réception des nouveaux médias de masse.


Au fil de ses articles politiques écrits de 1979 à 2003, Stuart Hall apparaît comme le pronostiqueur avisé d’une possible reconquête, puis comme le spectateur impuissant de sa propre défaite.


Alors que le gouvernement Thatcher enchaîne, mandat après mandat, les victoires sociales et électorales, Stuart Hall adresse son diagnostic à une gauche en plein «traumatisme», selon l’expression de Ralph Miliband3, tiraillée entre accès de panique et excès de confiance. En ravivant le concept gramscien d’hégémonie, le sociologue avait pour ambition de renouveler la pensée à gauche dans ce qu’il percevait comme une crise historique de perspective. Il cherchait à replacer les stratégies antithatchériennes à l’intérieur d’une compréhension englobante des processus politiques et étatiques en cours dans la phase néolibérale et post-fordiste du capitalisme.


A l’heure où se développe un «thatchérisme à la française »4 et où la gauche s’interroge sur les moyens de contrer le sarkozisme, la publication en français des articles politiques de Stuart Hall a suscité un certain intérêt. La gauche française entend-elle tirer des leçons de la Grande-Bretagne ?

 

Si les récents commentateurs français ont vanté avec raison la fertilité et l’actualité des conceptions théoriques de Stuart Hall, une critique plus politique de leurs implications pratiques est rarement entreprise. La plus frappante de ces traductions pratiques est l’influence, mal assumée de part et d’autre, que les théories néogramsciennes ont exercée sur l’idéologie du New Labour blairiste.


Faut-il pour autant rejeter l’ensemble du concept d’hégémonie comme justification et fixation d’un état de domination que seules des forces institutionnelles déjà constituées pourraient faire fructifier ? La viabilité d’une stratégie hégémonique antilibérale fondée sur les théories néogramsciennes reste à déterminer. La publication française des articles politiques de Stuart Hall donne en tout cas l’occasion d’un retour critique sur une période charnière de l’histoire politique européenne, sur l’analyse de Stuart Hall et sur les réactions qu’elle a suscitées à gauche.

 

Face au bulldozer libéral, la gauche en panne


Les défaites successives de la gauche face au thatchérisme depuis 1979, puis la prise du pouvoir par le New Labour ont appuyé là où la gauche refuse aujourd’hui encore d’avoir mal. A la gauche réformiste, l’avancée inexorable du thatchérisme dévoila l’étroitesse de sa marge de manœuvre dans un monde post-keynésien et le caractère finalement éphémère du consensus social-démocrate d’après-guerre.

 

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9 avril 2013 2 09 /04 /avril /2013 08:38

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Par Alan Thornett le Vendredi, 16 Juillet 2004

 

La grève des mineurs en Grande Bretagne de 1984 a été la plus grande confrontation du mouvement ouvrier britannique avec l'Etat depuis la grève générale de 1926.

 

Pourquoi s'est-elle achevée par un échec et que peut-elle nous enseigner encore aujourd'hui pour contrebalancer le "réalisme" de la bureaucratie syndicale?


Vingt ans après la grande grève des mineurs, le mouvement syndical britannique panse toujours ses blessures.

 

La défaite de la grève de 1984/5 a représenté un coup terrible pour le mouvement ouvrier dans son ensemble. Au cours de ces 20 dernières années, le nombre de syndiqués a diminué de 50% et une partie significative du secteur productif britannique a été démantelée.


Les lois anti-grèves, créées à l'occasion de cette grève sont toujours de vigueur.

 

L'émergence dans le mouvement syndical de l'époque d'une couche de jeunes militants qui s'opposaient au "réalisme" et à la cogestion des directions bureaucratiques n'a pas pu empêcher les dégâts. Pour pouvoir avancer, aujourd'hui, il nous faut poser la question de la responsabilité de l'échec de 1985.


La grève des mineurs imprègne toujours les mémoires: la haine sans borne du Parti Conservateur de Thatcher contre les mineurs qui l'avaient battu lors des luttes de 1974; la détermination des 160.000 mineurs qui ont fait grève pendant un an; les heurts violents avec la police; les nombreux piquets de grèves et les barricades en flammes de Orgreave... La répression fut féroce: quelques 7.500 mineurs ont été arrêtés et 40 parmi eux ont été emprisonnés, dont deux à perpétuité. Deux grévistes ont perdu la vie.


La direction de la lutte, assumée par les leaders Arthur Scargill et Peter Heartfield du syndicat des mineurs NUM, ainsi que le travail du WAPC qui mobilisait 10.000 femmes dans les régions minières qui ont manifesté à Londres en 1984, ont marqué les esprits.


La grève a démarré avec l'annonce de la fermeture des puits de Corton Wood dans le Yorkshire et elle s'est vite étendue dans toutes les régions minières à l'exception notable de la région de Nottingham, aux mains des "jaunes". La droite du syndicat NUM a voulu organiser des élections pour décider de la grève, mais, vu l'hostilité des médias, cela aurait entraîné la fin de ce mouvement hautement spontané. Les mineurs votaient avec les pieds et c'était efficace. Corton Wood fut un conflit-test pour tout le secteur, ce qu'Arthur Scargill n'arrêtait pas de souligner à juste titre.


Le NUM comptait à cette époque 210.000 membres dans 170 mines. Avec la privatisation du secteur de l'électricité et du gaz, le NUM avait perdu beaucoup de membres, le pire recul jamais connu par un syndicat britannique. Le NUM était considéré comme la garde prétorienne du mouvement ouvrier, un syndicat qui a profondément ébranlé le capitalisme britannique au cours deux grandes grèves pour des augmentation de salaires en 1972 et en 1974.


Quand les mineurs ont commencé leur action en 1972, les mines n'étaient plus du tout des bastions militants, mais grâce à une solidarité exemplaire, le gouvernement a été obligé de céder. La grève de 1974 n'était pas moins spectaculaire. Pendant que le pays était paralysé le Premier ministre Edward Heath organisait des élections avec comme slogan: "Qui doit gouverner la Grande Bretagne?". Les travailleurs lui ont fort bien répondu. Ces grèves ont eu une forte influence sur la combativité du mouvement ouvrier britannique dans les années 1970.


L'année 1980 a démarré avec une grève nationale de 100.000 sidérurgistes qui allait durer 15 semaines.

 

Les piquets ont fait figure d'exemple pour les mineurs. Mais, malgré l'obtention d'augmentations de salaire, les sidérurgistes n'ont pu empêcher certaines fermetures d'usines.


Entre-temps, les Conservateurs ont lancé leur plan baptisé "Ridley": des sommes illimitées ont été dégagées pour briser les grèves et la police a été entraînée et mise à disposition en tant que force paramilitaire. Lorsque la grève des mineurs a éclaté, la directive était d'abord de ne pas attaquer frontalement mais d'isoler les grévistes en s'attaquant en premier lieu à d'autres secteurs.


Ainsi, l'offensive répressive contre les mineurs a été précédée par une attaque contre les imprimeurs et leur syndicat, le NGA. La bataille fut rude. Mais le NGA a été trahi par la coupole syndicale TUC (Trade Union Cuncil) qui avait renoncé à se battre contre les lois anti-grève. D'autres défaites ont suivi. Mais la principale victoire des Conservateurs dans les années 80 a été celle remportée sur les mineurs.


Arthur Scargill a été le dirigeant syndical le plus déterminé dans l'histoire du mouvement ouvrier britannique. Il fut le meneur et l'âme de la grève et a lutté jusqu'à la fin amère. Quand les médias le harcelaient en évoquant les grèvistes "violents", il prenait leur défense en déclarant: "Je ne condamnerai jamais des jeunes mineurs courageux qui luttent pour défendre leur emploi". Mais il n'entretenait que de faibles liens avec les dirigeants du TUC et d'autres syndicats. Il n'a pas réalisé grand chose pour obtenir leur soutien.


La grève des mineurs a été menacée dès le début par le danger de son isolement par rapport au reste du mouvement syndical. La plupart des dirigeants syndicaux ont en effet connu une évolution droitière depuis 1979 et le concept de "nouveau réalisme" gagnait de plus en plus de terrain. Selon les principes de ce "nouveau réalisme", les grèves étaient considérées comme une mauvaise option car elles réduisaient les chances du Labour Party de remporter les élections. Les dirigeants du NUM n'ont jamais été bien conscients du danger représenté par cette droitisation.


La stratégie de Scargill consistait avant tout à suivre les même modèles d'action qu'en 1972 et 1974.

 

Mais, à cette époque-là, les mineurs étaient suffisamment forts pour ne compter que sur leurs propres forces. Après quelques semaines de grève, le gouvernement a été obligé de s'asseoir à la table de négociation. Ce n'étaient donc pas la détermination et la solidarité qui ont manqué à la grève de 1984, mais elle a souffert des circonstances beaucoup plus difficiles dans laquelle elle s'est déroulée. Le gouvernement s'était bien mieux préparé et s'était doté de grandes quantités de réserves de charbon.


Cette fois-ci, la question clé était celle de la solidarité du reste du mouvement ouvrier, pour briser l'isolement. Un deuxième front était nécessaire. D'autres syndicats devaient se mettre en grève, non pas simplement en solidarité avec les mineurs, mais pour défendre leurs propres emplois. Le gouvernement a tout fait pour empêcher qu'une telle solidarité se concrétise.


Au début de la lutte, il y avait de nombreuses opportunités pour d'autres syndicats de se joindre à la grève des mineurs. Mais le gouvernement concluait des compromis l'un à la suite de l'autre avec les différents syndicats concernés. Ainsi, un accord de paix sociale a été conclu avec le syndicats des chemins de fer. Certains dirigeants syndicaux ont même déclaré que faire la grève en solidarité avec les mineurs était  une tactique nuisible.


Par la suite, deux grèves ont toutefois éclaté parmi les dockers qui refusaient de décharger le charbon importé de l'étranger par le gouvernement. Cette lutte aurait pu briser l'isolement des mineurs car les dockers luttaient eux aussi pour leur emploi. Mais leur grève s'est arrêtée sans aucun résultat juste au moment où le gouvernement commençait à montrer des signes de panique. Peu après les mineurs, les dockers étaient d'ailleurs à leur tour battus.


Au cours du cinquième mois de grève, grâce à la nouvelle législation anti-grève, les autorités ont saisi les avoirs du NUM dans le sud du Pays de Galles et ce à la veille du congrès du TUC, juste au moment où la nécessité de la solidarité se faisait le plus clairement ressentir, et alors que les syndicats réagissaient contre les lois anti-grève.


Le NUM avait préparé une motion de solidarité avec les mineurs mais, la veille du congrès, Scargill s'est accordé avec la direction pour retirer la motion et la remplacer par un appel au boycott des transports de charbon aux centrales de Nottinghamshire. Même s'il y avait une volonté de boycott, l'action était difficile à mettre en pratique. Le retrait de la motion privait les mineurs du soutien du reste mouvement ouvrier.


La défaite finale du mouvement ouvrier britannique fut très lourde de conséquences et elle a déterminé la situation politique et industrielle du pays pour les vingt années suivantes. La grève a été brisée grâce à l'émergence du "nouveau réalisme" au sein des syndicats, une évolution entretenue par le Parti Travailliste sous la direction de Neil Kinnock, qui a condamné la grève des mineurs entre autres " raisons " parce que "les travailleurs n'avaient pas formellement voté en faveur de la grève"...


Les Conservateurs ont quant à eux immédiatement compris que la défaite des mineurs ouvrait la voie à d'autres lois anti-grève. Celles-ci ont vu le jour sans que la direction de la TUC ne lève le petit doigt. Ces lois anti-grèves sont parmi les plus réactionnaires de tous les Etats membres de l'Union européenne.


Une victoire de la NUM aurait impulsé un renforcement d'une aile de gauche dans les syndicats et aurait consolidé la gauche dans le Parti Travailliste autour de Scargill et Tony Benn. La défaite a par contre été la base de la percée du "New Labour" blairiste au milieu des années 90 et la pratique du "partenariat social" dans les syndicats. Aujourd'hui, le défi pour la gauche et le syndicalisme de combat britannique est grand pour reconquérir tout le terrain perdu. n

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Alan Thornett est rédacteur de la revue “Socialist Resistance”, membre de l’ISG, la section britannique de la IVe International et animateur de la coalition pluraliste de la gauche radicale “Respect”.

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http://www.lcr-lagauche.be/cm/index.php?option=com_content&view=article&id=599:1984-la-grande-greve-des-mineurs-britanniques&catid=99:Luttes%20sociales&Itemid=53

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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 12:05

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Une fois n’est pas coutume, Avanti reproduit la traduction d’un article venant d’un fleuron de la presse conservatrice capitaliste.

 

Mais cette réflexion sur l’état du monde actuel, parue dans la rubrique « Business & Money » de la revue nord-américaine « Time » et signée par son correspondant à Pékin, Michael Schuman, vaut le détour. Car il s’agit d’une évaluation relativement honnête, mais surtout angoissée et révélatrice des craintes qui peuvent inquiéter aujourd’hui certains secteurs des classes dominantes. Et qui prouve, une fois de plus, que les spectres de Marx et du communisme continuent à hanter leur (mauvaise) conscience… (Avanti4.be)


Karl Marx semblait mort et enterré. Avec le naufrage de l’Union soviétique et le grand bond chinois vers le capitalisme, le communisme s’était évanoui vers les mondes pittoresques des films de James Bond ou de la Corée du Nord de Kim Jong Un. Le conflit de classes, que Marx considérait comme déterminant dans le cours de l’histoire, semblait se dissoudre dans une ère prospère de libre marché et de libre entreprise.


La puissance imparable de la globalisation a connecté entre eux les recoins les plus perdus de la planète en permettant de générer de juteux profits pour la finance et pour les industries délocalisées et sans frontières. Elle semblait offrir à tout le monde, des gourous technologiques de la Sillicon Valley aux paysannes chinoises, de vastes opportunités de devenir riches. Au cours des dernières décennies du XXe siècle, l’Asie a sans doute battu le record le plus notable de réduction de la pauvreté dans l’histoire de l’humanité, et tout cela grâce aux très capitalistes instruments du commerce, de l’initiative patronale et de l’investissement étranger. Le capitalisme semblait remplir ses promesses d’élever le monde entier vers de nouveaux sommets de richesse et de bien-être. Du moins, c’est ce que nous pensions…

Les riches plus riches…

Avec l’économie globale plongée dans une longue crise et, dans le monde entier, des travailleurs victimes du chômage, de la dette et de la stagnation de leurs revenus, la critique aigüe faite par Marx du capitalisme (ce système est intrinsèquement injuste et autodestructeur) ne peut plus être aussi facilement écartée.

 

Marx a théorisé que le système capitaliste appauvrissait inévitablement les masses à mesure que la richesse se concentrait dans les mains avares de quelques uns, provoquant des crises économiques et renforçant le conflit entre les riches et la classe travailleuse. Marx a écrit que « L’accumulation de richesse à un pôle signifie donc en même temps à l’autre pôle une accumulation de misère, de torture à la tâche, d’esclavage, d’ignorance, de brutalité et de dégradation morale ».


Un ensemble sans cesse plus important de faits probants suggère qu’il a vu juste.

 

Les statistiques qui démontrent que les riches sont sans cesse plus riches tandis que la classe moyenne et les pauvres sont sans cesse plus pauvres sont malheureusement limpides. Une étude réalisée en septembre dernier par l’Economic Policy Institute (EPI) de Washington souligne que le revenu annuel moyen réel d’un homme travaillant à plein temps aux Etats-Unis en 2011 est de 48.202 dollars, autrement dit une valeur inférieure à celle de 1973.

 

Entre 1983 et 2010, 74% de l’augmentation de la richesse aux Etats-Unis a été accaparée par les 1% les plus riches, tandis que 60% des plus pauvres ont vu leurs richesses décliner. On ne peut donc pas s’étonner que certains se replongent dans ce qu’à écrit le philosophe allemand au XIXe siècle.


En Chine, le pays marxiste qui a tourné le dos à Marx, Yu Rongjun s’est inspiré des événements actuels pour écrire une comédie musicale basée sur « Le Capital » de Karl Marx. « On se rend compte que la réalité correspond parfaitement avec ce qu’il a écrit dans son livre » affirme ainsi le dramaturge.

 

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6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 14:02

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C'est sans aucun réel motif, autre que leur engagement communiste, que les époux Rosenberg ont été exécutés en juin 1953...


Le 19 juin 1953, l'opinion mondiale était traumatisée par l'annonce de l'exécution des époux Rosenberg. La nouvelle "Affaire Dreyfus", comme on l'appelait alors, était abondamment commentée dans tous les pays.
De quoi s'agissait-il ? Ethel et Julius Rosenberg avaient été condamnés à la chaise électrique le 5 avril 1951. Motif : vol du secret de la bombe atomique en 1945 au profit de l'URSS. Tous leurs pourvois furent rejetés et les présidents Truman puis Eisenhower refusèrent la grâce.


L'accusation reposait sur un unique témoignage, celui du frère d'Ethel, David Greenglass, arrêté le 15 juin 1950. Celui-ci avait travaillé de 1944 à 1946 comme mécanicien dans l'un des ateliers de Los Alamos, où se fabriquait la bombe A. D'après sa déposition, lui, qui n'avait aucune formation scientifique, aurait dessiné de mémoire "une coupe de la bombe atomique" et "rédigé un texte de douze pages pour en expliquer le fonctionnement". Le tout aurait été remis aux Rosenberg et Ethel aurait tapé le texte à la machine.


C'est donc uniquement au hasard de quelques conversations, sans jamais avoir pu disposer de documents, ni pris aucune note, que Greenglass se dit en possession d'une "assez bonne description de la bombe atomique" et qu'il a pu en dessiner le schéma pour le remettre à Julius Rosenberg.


Un dossier vide


En dehors de cette affirmation abracadabrante, le dossier était vide. L'accusation avait cité 118 témoins, comprenant les savants et les militaires qui avaient dirigé les travaux de fabrication de la première bombe atomique étasunienne. Aucun d'entre eux ne figurera parmi les 23 témoins qui comparaissent à la barre et dont cinq seulement connaissent les Rosenberg. Ils ne seront que deux, David Greenglass et son épouse, à les accuser directement. On comprend pourquoi l'accusation a préféré ne pas faire venir les savants, cités au départ, tels qu'Oppenheimer ou Urey, ce même Urey qui avait déclaré en 1946 au New York Times : "Des données détaillées sur la bombe atomique [...] demanderaient 80 à 90 volumes imprimés serrés, et que seul un scientifique ou un ingénieur serait capable de lire."

 

Ce n'était pas le cas de Greenglass qui n'avait fait que des études secondaires moyennes et avait reconnu, au cours du procès, avoir quelques difficultés avec l'orthographe... Mais on est en pleine guerre froide, le sénateur Mac Carthy anime une violente campagne anticommuniste et il est essentiel que la "chasse aux sorcières" soit rentable. Les Rosenberg se présentaient comme "progressistes" et pouvaient être catalogués comme communistes, donc espions au service du Kremlin. Les deux seules "pièces à conviction" produites lors du procès ont été un tronc pour la collecte de fonds au profit des enfants des républicains espagnols, trouvé dans leur appartement, et une liste de pétition en faveur d'un candidat communiste (d'ailleurs élu) au conseil municipal de New York : cette liste comprenait 50 000 signatures, dont celle d'Ethel Rosenberg. Elle datait de 1941...


L'Affaire devait faire grand bruit en dehors des USA. Le PCF hésita un peu avant de s'en emparer : ce n'est qu'après les prises de position de Jean-Paul Sartre, du Monde et de quelques autres que l'Huma en parla pour stigmatiser "l'impérialisme américain".

 

Ensuite, ce fut un véritable déferlement : François Mauriac, le Pape, l'Eglise réformée, etc. Des "comités pour la défense des Rosenberg" furent créés et de nombreux pays furent touchés (Italie, Belgique Grande-Bretagne, etc). Seules deux grandes nations restèrent discrètes : les Etats-Unis, où le mouvement ouvrier demeura singulièrement indifférent, et l'URSS, où l'on n'en parla qu'au moment de l'exécution des condamnés.


Les Rosenberg refusèrent toujours de reconnaître aucun des faits qui leur étaient reprochés et déclarèrent préférer la mort à des confessions mensongères. Cette attitude courageuse leur valut l'admiration des milieux les plus divers.

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http://orta.dynalias.org/archivesrouge/article-rouge?id=4243

 

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6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 13:49

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Le 5 avril 1951, deux citoyens américains, Julius et Ethel Rosenberg, étaient condamnés à la peine capitale au terme d’un procès à charge et inéquitable. Malgré une très large protestation mondiale, ils ont été exécutés par électrocution le 19 avril 1953.

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Aux Etats-Unis, la peine de mort reste toujours pratiquée ou au moins légale. Dans les couloirs de la mort, des hommes, au terme de procès uniquement à charge, sont condamnés à cette inacceptable négation des droits, tels Mumia Abu Jamal, Hank Skinner… Pourtant, l’espoir existe puisque tout récemment, un dix-septième Etat américain, le Maryland, a décidé d’un processus législatif qui aboutira à l’abolition sur son territoire.


La Ligue des droits de l’Homme rappelle son attachement à ce que toute justice soit rendue dans des circonstances où les droits des personnes, leur présomption d’innocence, la présentation publique de preuves et leur étude contradictoire soient respectées, et son refus de tout secret dû à un supposé « intérêt supérieur ».

 

Or, dans le cas de l’ « affaire » Rosenberg − euphémisme qui atténue les responsabilités politiques du gouvernement américain de l’époque −, Ethel et Julius Rosenberg ont subi les méfaits d’une justice aux ordres et d’une conception archaïque de la punition.


La Ligue des droits de l’Homme rappelle son opposition totale à tout traitement inhumain, et singulièrement à la peine de mort. C’est l’un de ses engagements majeurs, car aucune cause, aucune politique, aucune situation internationale ne justifient le recours à l’exécution capitale.


Conformément aux décisions prises avec l’ex-Association pour le réexamen de l’affaire Rosenberg, la LDH a pris l’initiative d’une rencontre de débat et de mémoire le 15 juin 2013 pour que l’on se souvienne du soixantième anniversaire de l’exécution des Rosenberg, pour une justice équitable, pour l’abolition universelle de la peine de mort.

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http://www.ldh-france.org/2013-soixante-ans-apres-l.html

Ethel et Julius Rosenberg : un assassinat politique(Mrap)

Les 6 et 9 août 1945, alors que la guerre est presque terminée, les Etats-Unis lancent sur Hiroshima et Nagasaki 2 bombes atomiques juste pour tester cette arme nouvelle. Le résultat : 200 000 morts. Le gouvernement US est certain d’avoir la maîtrise du monde pour les 20 ans à venir. Or, en 1949, l’Union Soviétique fait exploser sa première bombe atomique expérimentale. Panique et fureur aux Etats-Unis, il faut trouver et punir les traîtres qui ont livré le secret aux russes et il faut que ces espions soient américains.


Le FBI a constitué une liste de 100 «suspects» possibles : des progressistes, des communistes, des juifs, des partisans de la paix…

 

On a trouvé dans la liste de « suspects » l’espion idéal : Julius Rosenberg est un ingénieur électricien, un scientifique ; de plus il est juif et communiste. Le FBI lui demande des noms de collègues ou connaissances qui auraient été des «complices» ; s’il le fait il aura droit à l’indulgence des tribunaux.. Julius refuse ce chantage : il est innocent, il ne sait rien. On arrête même sa femme Ethel. Il continue à refuser d’inventer des « complices ».


Le procès se déroule du 6 mars au 5 avril dans un climat d’hystérie entretenu par les juges et le par le gouvernement. Ce procès est truqué de A à Z : témoins téléguidés par le FBI. Aucune preuve. Il se terminera par deux condamnations à mort. Admirables de courage et de dignité jusqu’à la fin, Julius et Ethel subiront le supplice de la chaise électrique le 19 juin 1953, malgré une protestation mondiale d’une ampleur rarement égalée.


Depuis cette date des faits nouveaux ont démontré le trucage de ce procès. C’est le MRAP qui a pris l’initiative de créer en France un Comité de défense pour convaincre l’opinion de l’innocence de ce jeune couple sacrifié sur l’autel de la guerre froide pour avoir refusé de «confesser son crime ». Les activités du comité étaient multiples : pétitions, délégations de protestations à l’ambassade des Etats-Unis, meetings, manifestations, y compris un rassemblement de plus de 200 000 personnes à la Nation, le 17 juin 1953. L’exécution eut lieu le 19 juin.


En 1975, l’affaire refait surface sur les écrans de télévision avec une émouvante dramatique : Les Rosenberg ne doivent pas mourir, de Stellio Lorenzi et Alain Decaux. Les Etats-Unis n’ont pas cessé de faire la sourde oreille à tous les appels de révision. Mais la lutte continue encore aujourd’hui ; le mouvement d’opinion pour le réexamen et la révision du procès de 1953 est encore vivant en France. Il a été relancé en 1993 par un «groupe d’initiative», devenu, en 1995, «Association pour le réexamen de l’affaire Rosenberg ». Cette association déploie depuis sa création une activité incessante.

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http://www.mrap.fr/international/peine-de-mort/ethel-et-julius-rosenberg-un-assassinat-politique

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