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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 10:44

Biennio rosso Ouvriers en armes

Le 29 octobre 1922, il y a 90 ans, Mussolini accédait au pouvoir au terme de la Marche sur Rome.

 

Ses troupes fascistes, les Chemises noires, avaient commencé à converger vers la capitale italienne la veille. Il voulait donner l'allure d'une révolution à ce qui ne fut à ce moment qu'un changement de gouvernement dans les règles constitutionnelles, mais qui allait installer pour plus de vingt ans la dictature fasciste.


Face à la convergence des troupes de Mussolini le 28 octobre, l'état de siège fut d'abord proclamé par le gouvernement, puis levé le jour même, le roi Victor-Emmanuel III ayant refusé de signer le décret le proclamant. Dès le lendemain, le roi proposa à Mussolini de prendre la tête du gouvernement. Les Chemises noires poursuivirent malgré tout leur marche, sans rencontrer aucune résistance, et entrèrent dans la capitale le 30 octobre, avec Mussolini à leur tête. Mais cette arrivée théâtrale au pouvoir ne faisait que confirmer les résultats d'un combat qui s'était livré bien avant dans tout le pays, au cours duquel les hommes de main de Mussolini, avec la complicité de l'appareil d'État, avaient écrasé les organisations du mouvement ouvrier.


Le mouvement révolutionnaire trahi


Au sortir de la Première Guerre mondiale, en 1919 et 1920, l'Italie, comme bien d'autres pays d'Europe, avait été touchée par une vague révolutionnaire, à l'exemple de la révolution russe de 1917. Au cours de ces deux années rouges, le Biennio Rosso, la classe ouvrière avait occupé les usines et la paysannerie les terres.

 

Le prolétariat italien était alors organisé massivement au sein du Parti socialiste italien, le PSI, et au sein de syndicats puissants. Mais les dirigeants réformistes de ce Parti socialiste et les chefs syndicaux de la Confédération générale du travail (CGL) ne voulaient pas de la révolution. « La dictature du prolétariat était une réalité, il fallait seulement l'organiser et en tirer toutes les conclusions. La social-démocratie prit peur et fit marche arrière. Après des efforts audacieux et héroïques, le prolétariat se retrouva devant le vide. L'effondrement du mouvement révolutionnaire fut la condition préalable la plus importante de la croissance du fascisme », écrivit plus tard Trotsky.

 

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Autre article du PSL:

 

http://www.socialisme.be/psl/archives/2012/01/07/occupations.html


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7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 15:04

 

 

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5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 08:49
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MERMET Elise 1er novembre 2012
  

Le 9 novembre 1932, l’armée ouvre le feu à Genève, faisant treize morts et une centaine de blessés. Jean Batou, tente d’expliquer pourquoi en partant d’archives négligées ou insuffisamment exploitées. Une démarche scientifique qui n’empêche pas de tenir le lecteur en haleine. Presque un roman noir.


Tout commence par la pose d’une affiche provocatrice de l’Union nationale, un parti d’extrême droite, dans la nuit du 5 au 6 novembre 1932, qui revendique la «  mise en accusation publique  » des deux principaux leaders du Parti socialiste genevois. L’État mobilise tous les moyens à sa disposition pour garantir la tenue de ce meeting et le protéger d’une contre-manifestation du mouvement ouvrier. Dans la soirée du 9 novembre, le chef du Département de justice et police, jugeant les gendarmes débordés, fait appel à la troupe, dont les officiers engagent leurs hommes dans la foule, avant de les faire reculer pour les regrouper et faire feu sur un public clairsemé, tuant treize personnes et en blessant une centaine, dont une majorité de curieux.

Des questions sans réponse

Qui a donné l’ordre de feu  ? Pourquoi, durant ces années de crise, aucun autre canton suisse, ni aucun autre pays démocratique européen, n’a connu une telle répression des classes populaires  ? S’il s’est agi d’une erreur d’appréciation ou d’une «  bavure  » regrettable, pourquoi cela n’a-t-il pas été reconnu rapidement, au moins en partie, comme ce fut le cas à Adalen, en Suède, un an et demi auparavant (cinq morts dans une manifestation de soutien à une grève)  ? Comment se fait-il que la justice militaire ait pu conclure à l’absence de faute du commandement, tandis que la justice civile condamnait sept organisateurs de la manifestation populaire à quelques mois de prison pour incitation à résister aux injonctions de l’autorité  ? Comment expliquer que l’abandon rapide de la thèse du complot révolutionnaire par l’instruction et les Assises fédérales n’ait pas conduit à une critique sans complaisance des moyens mis en œuvre et de la succession des décisions prises par le pouvoir civil et militaire  ?


Le livre de Jean Batou propose une relecture approfondie d’un sujet controversé, à partir de nouvelles sources d’archives et d’une grille de questions inédite  : une enquête historique sur fond de luttes sociales, qui n’a rien à envier à un roman noir. D’un côté, une caste patricienne calviniste, endogame, enrichie par la finance et l’immobilier, soudain hébétée par le krach de la Banque de Genève et les menaces du fisc français. De l’autre, des classes populaires, recomposées par l’afflux de jeunes travailleurs du reste de la Suisse, précaires et stigmatisées, qui se reconnaissent dans un quotidien, Le Travail, et dans des hommes comme le dirigeant du Parti socialiste Léon Nicole, et le militant anarcho-syndicaliste Lucien Tronchet. Entre les deux, un monde rural trop étroit et une petite bourgeoisie trop divisée pour servir d’arbitre.

La face cachée du 9 novembre

L’auteur nous fait découvrir les réseaux du «  camp de l’ordre  » à Genève. Rassemblées essentiellement autour du Parti démocratique et de la récente Union de défense économique, les élites protestantes de la haute ville ne peuvent plus se contenter d’une alliance avec le Parti radical, discrédité par les affaires. C’est pourquoi, elles font appel aux secteurs les plus conservateurs des Églises, notamment à l’aile marchante du corporatisme catholique, et prennent langue avec l’extrême droite, organisée au sein de l’Ordre politique national, puis de l’Union nationale.


En suivant à la trace le 1er lieutenant qui a commandé le feu, l’auteur nous fait découvrir la face cachée de novembre 1932. Raymond Burnat va jouer en effet un rôle de premier plan dans le développement d’une organisation secrète, Les Equipes, issue des réseaux de sociabilité de la jeunesse dorée. Au soir du 9 novembre, tandis que ce commandant de Compagnie confond le Palais des expositions de Genève avec le Palais d’hiver de Petrograd, croyant briser une révolution en marche, ses jeunes amis, Théodore de Gallatin, Robert Hentsch, Renaud Barde, etc., sont en mission d’observation dans la foule. Ensemble, au lendemain du drame, ils vont s’efforcer de former la relève d’une droite autoritaire, corporatiste et fédéraliste, qui luttera pied à pied contre l’administration socialiste au pouvoir, entre 1933 et 1936.

Vers le consensus helvétique

Au lendemain de la fusillade, tandis que les chefs de l’armée, dont le corps des officiers est travaillé par l’extrême droite, se préparent à mater les troubles sociaux, les autorités politiques de Berne et la magistrature fédérale font le choix d’une répression sélective de la gauche, ciblant tout particulièrement les communistes, l’action directe et la grève, tout en misant sur l’intégration des courants dominants du Parti socialiste et de l’Union syndicale en vue de la défense commune de l’ordre bourgeois.


De leur côté, le PSS et l’Union syndicale refusent d’appeler à la grève générale. Comme le note l’Attaché militaire français, «   Ce manque de réaction s’explique si l’on songe que (…) les municipalités socialistes des villes telles que Zurich, Bâle, Berne, tiennent à l’honneur de montrer qu’elles ne sont pas un parti de désordre ; la répression des troubles de Zurich l’a bien prouvé  ». En effet, le 15 juin de la même année, la police de la Ville sociale-démocrate de Zurich a tué un manifestant en tentant de disperser un rassemblement de solidarité avec des grévistes.

Enfin, entre le 9 novembre 1932 et le procès de Nicole et consorts, au printemps 1933, Hitler a pris le pouvoir en Allemagne. C’est dans ces conditions, que l’écrasante majorité du mouvement ouvrier suisse s’oriente vers le compromis avec la politique d’austérité de la Confédération (1934), avant de se rallier à la Défense nationale (1935) et de signer la paix du travail (1937), faisant ainsi de la fusillade de Genève une ligne de partage dans l’histoire sociale et politique du pays.


Elise Mermet


Jean Batou, «  Quand l’esprit de Genève s’embrase  », Editions d’En Bas, Lausanne, 2012.

En librairie dès le 9 novembre (34 CHF / 28 €).

MERMET Elise
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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 11:15

« Il ne viendrait à aucun responsable français l’idée de nier cette tragédie.  »

 

C’est ainsi que l’ambassadeur de France au Cameroun, Bruno Gain, commente notre livre Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (La Découverte, 2011) dans le quotidien camerounais Le Jour de ce 18 octobre. On est loin de l’aveuglement total d’un François Fillon qui, en visite à Yaoundé le 22 mai 2009, avait osé affirmer que « tout cela c’est de la pure invention » .


Après la reconnaissance avant-hier par François Hollande du massacre des Algériens du 17 octobre 1961, la France reconnaîtra-t-elle bientôt les crimes qu’elle a commis au cours de la guerre sanglante qu’elle a menée contre les nationalistes camerounais, avant et après l’indépendance de 1960 ?

 

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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 10:14

 

 

Bourhis, Marc


Né le 16 février 1907 à Lézardrieux (Côtes-du-Nord).

Instituteur. Syndicaliste enseignant. Il milite à la Fédération unitaire de l’enseignement. Adhèrent du PCF de 1930 à 1933. Sympathisant trotskyste. Il devient l’un des porte-parole du courant révolutionnaire de l’Ecole Emancipée.

Il adhère au Parti socialiste ouvrier et paysan de Marceau Pivert et milite en son sein avec le courant trotskyste.

Mobilisé en 1939, il est libéré en juin 1940. Il contact son ami Pierre Guéguin (Voir ce nom) pour agir dans la clandestinité contre l’occupant nazie.

Il est arrêté le 2 juillet 1941 et transféré à Châteaubriant. Au camp, les militants et dirigeants du PCF soumettent Bourhis et Guéguin à la quarantaine (voir lettre de Marc Bourhis à sa femme).

Il fut exécuté alors que l’administration du camp avait reçu un ordre de mise en liberté.

 


 

Gueguin Pierre


Né le 18 août 1896 à Quimerch (Finistère). Professeur de mathématiques.

Ancien combattant de 1914-1918. Il adhère au Parti socialiste, SFIO, en 1919 puis rejoint la majorité au congrès de Tours de 1920 pour fonder la SFIC. Il devient l’un des principaux dirigeants communistes de Bretagne. Il est directeur du journal La Bretagne communiste.


En 1931 il prend la défense des oppositionnels communistes exclus du PC. Elu conseiller municipal de Concarneau en 1929, il en le maire le 19 mai 1935. Elu conseiller général en octobre 1935.

Il rompit avec le Parti en septembre 1939 et dénonce le Pacte germano-soviétique mais il est déchu de ses mandats. Mobilisé, puis libéré, il reste déchu de ses fonctions. Il écrit le 11 mars 1940 pour protester contre sa déchéance au président du Conseil général. Tout en dénonçant « le pacte de la trahison » signé entre Hitler et Staline il souligne son attachement au communisme : « si le Parti communiste, sur l'ordre de Staline, a brusquement renié tous ses principes, je leur suis demeuré fidèlement attaché. »

Il est arrêté et interné au camp de Choisel à Châteaubriant le 2 juillet 1941. Il doit subir avec son camarade et ami Marc Bourhis la vive hostilité des dirigeants communistes internés.


Le 13 septembre, dix-neuf internés bien sélectionnés, dont Guéguin et Bourhis, furent transférés dans la baraque 19. On l'appela la baraque des intellectuels. Elle devient la baraque « des otages »

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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 15:45
Publié par Alencontre le 19 - octobre - 2012 Par James Illingworth

Le 22 septembre 1862, après la victoire sanglante des Nordistes à la bataille d’Antietam, le président Abraham Lincoln publia une première version de la Proclamation d’émancipation des esclaves (Emancipation Proclamation) décrétant que toutes personnes possédées comme esclaves dans un État en rébellion contre les États-Unis, seraient, «désormais, et pour toujours, libres» au 1er janvier 1863.


Cette déclaration a marqué un tournant dans la guerre que se livraient les États des États-Unis d’Amérique : il ne s’agissait plus d’une lutte au nom de l’unité nationale, mais d’une guerre révolutionnaire pour la liberté des esclaves.

Lincoln a toutefois mis un certain moment avant d’oser jouer cette carte audacieuse. En 1860, son élection à la tête de la Maison-Blanche – à laquelle il s’était présenté au nom du jeune parti républicain face à deux autres candidats démocrates esclavagistes représentant l’un, les États du Nord, l’autre, les États du Sud – entraîna la constitution des États esclavagistes du Sud en États indépendants, à savoir la Sécession. Lincoln avait pris ses fonctions depuis quelques semaines à peine que, déjà, les armées nordistes et sudistes s’affrontaient.


Le nouveau président insista sur le fait que le gouvernement fédéral se battait avant tout pour «préserver l’Union». Dans son discours d’investiture, Lincoln déclara sa volonté d’appuyer un amendement à la Constitution garantissant le maintien du droit à l’esclavage dans les États du Sud où il était en vigueur, à condition que le Sud se rallie à l’Union. Ce n’est que 18 mois après le début de la guerre que Lincoln se décida enfin à s’engager définitivement contre l’esclavage.


Bon nombre d’abolitionnistes avaient manifesté leur mécontentement devant le refus de Lincoln d’affronter la question de l’esclavage – un enjeu qui constituait justement pour eux la cause même de la guerre, et l’une des principales raisons de la force des Confédérés.


Comme le déclara Thaddeus Stevens, chef de file des radicaux au Congrès, en janvier 1862: «Comment peut-on mener une guerre pour préserver à la fois l’Union et la liberté constitutionnelle ? Au risque de battre en brèche des préjugés, d’effrayer les simples d’esprit et de faire trembler les lâches, cette Constitution doit être entendue et adoptée. Ceux qui servent de chair à canon dans le conflit mais sont les ennemis naturels des esclavagistes doivent être reconnus comme nos alliés. L’émancipation universelle doit être proclamée pour tous.»


La réticence de Lincoln était le reflet des contradictions du parti qu’il représentait.

 

Même si l’hostilité croissante des États du Nord à l’égard du Sud esclavagiste avait mené les Républicains au pouvoir, cela ne faisait pas pour autant des leaders de ce parti des abolitionnistes. Bon nombre d’entre eux espéraient, tout comme Lincoln, faire tomber l’esclavage en désuétude, et doutaient qu’il soit légalement possible de contester directement le droit de propriété des détenteurs d’esclaves.


Des enjeux politiques préoccupaient également Lincoln.

 

Voulant s’entourer de la coalition la plus large possible pour lutter contre la sécession et l’indépendance de la Confédération sudiste, Lincoln se garda de prendre des mesures trop radicales. Il tenait en particulier à ne pas perdre la «loyauté» des États esclavagistes limitrophes restés fidèles à l’Union, comme le Maryland et le Kentucky.


Les événements du Missouri, l’été 1861, montrent bien jusqu’où Lincoln était prêt à aller pour préserver une alliance anti-confédérée tolérante à l’égard de l’esclavage. Ainsi, lorsque le général John Charles Frémont, après avoir subi plusieurs défaites dans cet État, déclara unilatéralement l’émancipation de tous les esclaves rebelles ayant sympathisé avec les Nordistes, non seulement Lincoln annula cet ordre, mais il désavoua également ce général aux opinions radicales.


Pragmatique, Lincoln résuma sa position sur la question de l’esclavage dans une lettre adressée à Horace Greeley, rédacteur en chef d’un journal radical, en été 1862: «Mon objet actuel est avant tout de sauver l’Union, et non de sauver ou de détruire l’esclavage. Si je pouvais sauver l’Union sans affranchir un seul esclave, je le ferais ; si je pouvais la sauver par l’affranchissement de tous les esclaves, je le ferais ; si je pouvais la sauver par l’affrontement d’une partie des esclaves et par l’abandon de l’autre partie, je le ferais encore.» [Traduction tirée de Revue contemporaine, vol. 65, p. 738, 15 nov. 1907]


Toujours est-il qu’un mois après cette déclaration, Lincoln prononça la Proclamation d’émancipation. Deux éléments ont poussé Lincoln et son gouvernement à revoir leurs visions conservatrices de cette guerre :


1. Les troupes de l’Union essuyèrent plusieurs grandes défaites. Les victoires des Confédérés sur les champs de batailles de Bull Run, Wilson’s Creek, Ball’s Bluff etc. montrèrent que les Confédérés n’étaient pas prêts de rendre les armes tant qu’il n’y aurait pas de véritablement affrontement et que des mesures drastiques devaient être prises pour gagner cette guerre.


2. Tout aussi important, les esclaves n’allaient pas attendre Lincoln pour agir. Dans les États du Sud, dès que cette guerre fut déclarée, des milliers d’esclaves convaincus que leur avenir se jouait dans ce conflit décidèrent de lutter pour leur liberté.


Au fur et à mesure de leur avancée sur le territoire des Confédérés, les troupes nordistes rencontrèrent des esclaves qui, voyant en elles des alliées potentielles, désiraient les rejoindre. Racistes, les officiers et soldats blancs refusèrent dans un premier temps de venir en aide à ces fugitifs noirs. Des commandants nordistes allèrent même jusqu’à proposer leur aide aux Sudistes en cas d’insurrection des esclaves.


Mais la logique eut tôt fait de les faire changer d’approche.

 

En Virginie du Nord, l’été 1861, les troupes nordistes du général Benjamin Butler rencontrèrent des esclaves fugitifs forcés par l’Armée des Confédérés à construire des fortifications. Les soldats nordistes allaient-ils servir à leurs ennemis cette main-d’œuvre militaire sur un plateau d’argent?


Butler s’y refusa et déclara les esclaves «contrebande de guerre». À partir du moment où ils furent assimilés à des «propriétés pouvant être employées dans un but insurrectionnel» contre les Etats-Unis, les esclaves pouvaient être réquisitionnés par les forces de l’Union. En quelques semaines, 1000 esclaves en fuite rejoignirent le camp où siégeaient les troupes de Butler.


À Washington, le gouvernement Lincoln vota des lois reconnaissant la nouvelle réalité du terrain.

 

Les lois dites de confiscation (Confiscation Acts) de 1861 et 1862 donnèrent une justification légale à l’argument de Butler, et la loi martiale autorisa les troupes de l’Union à utiliser les esclaves fugitifs. Poussé par cette nouvelle tendance anti-esclavagiste, le Congrès proclama l’abolition de l’esclavage dans les territoires occidentaux et vota un programme d’émancipation des esclaves, assorti d’une compensation financière pour leurs anciens maîtres.


Au mois de juillet 1862, Lincoln songeait déjà à affranchir les esclaves dans le cadre d’une mesure de guerre, mais il s’était heurté aux membres de son cabinet, qui l’avaient exhorté à attendre une victoire majeure de l’Union sur le terrain avant de faire cette annonce.

 

La bataille d’Antietam, en septembre, était l’occasion rêvée.


En réalité, cette bataille n’avait rien d’une victoire écrasante des Nordistes. Robert E. Lee, de l’Armée des Confédérés de la Virginie du Nord avait entrepris d’envahir l’État de Maryland, avec à ses talons une grande armée de l’Union, portée par le général, arrogant mais peureux, George McClellan.


Le 17 septembre, les Confédérés, moins nombreux, combattirent les troupes de McClellan jusqu’à ce que le conflit s’enlise, dans ce qui fut l’une des batailles les plus meurtrières de la guerre de Sécession. Bien qu’aucun camp ne pût revendiquer un avantage décisif, Lee dut battre en retraite en Virginie – et Lincoln pouvait entrer en scène.

C’est ainsi que le 22 septembre, Lincoln déclara que, sauf si les rebelles décidaient de rejoindre l’Union avant la fin de l’année 1862, leurs esclaves étaient « désormais et pour toujours libres ». En vertu de la Proclamation d’émancipation, les hommes noirs pourraient également s’engager auprès des forces nordistes en tant que soldats.


Frederick Douglas


Les positions de Lincoln restaient bien éloignées des abolitionnistes radicaux comme Frederick Douglass [1818-1895, né esclave il écrira en 1845 un ouvrage retentissant: La vie de Frederick Douglass, esclave américain, écrite par lui-même], qui défendait une telle mesure depuis le début, mais à la fin de la guerre et durant les années qui suivirent, il défendit catégoriquement l’abolition de l’esclavage contre toute solution de compromis.


La Proclamation d’émancipation que prononça Lincoln était aussi une façon de reconnaître la transformation, déjà amorcée, de cette guerre. Lincoln n’avait d’ailleurs pas tort lorsqu’il confia, dans une lettre, qu’il ne pouvait se targuer d’avoir contrôlé les événements, et avouait avoir même été « contrôlé par eux ».

Ce sont les événements de la guerre de Sécession qui ont poussé Lincoln à prendre des mesures révolutionnaires. Et il les a prises, ce qui n’est pas négligeable : d’autres républicains, qui avaient pourtant défendu plus âprement l’abolition, hésitaient.


Évidemment, la Proclamation d’émancipation eut l’effet que Lincoln espérait. L’armée nordiste devint officiellement une armée de libération, car dans chaque État du Sud qu’elle gagnait, la promesse affranchissement des esclaves pouvait être réalisée. Les esclaves noirs fuirent en grand nombre pour rejoindre les lignes nordistes – et le rôle des soldats noirs dans le conflit devint de plus en plus capital.


C’est ainsi que, une fois l’émancipation proclamée, la guerre de Sécession devint officiellement une guerre pour la libération de 4 millions d’esclaves – et qu’un processus de révolution sociale s’amorça. (Traduction A l’Encontre)

____


Cet article a été publié en date du 10 octobre 2012 sur le site de l’ISO, socialistworker.org

____


Sur le site de la Digithèque  Digithèque des matériaux juridiques et politiques:

Texte de la première Proclamation (22 septembre 1862)

http://mjp.univ-perp.fr/textes/lincoln3.htm

Texte de la dernière Proclamation (1e janvier 1863)

http://mjp.univ-perp.fr/textes/lincoln5.htm

 

http://alencontre.org/ameriques/americnord/usa/de-la-guerre-de-secession-a-la-liberation-des-esclaves.html

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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 15:35

Par Guy Van Sinoy le Vendredi, 19 Octobre 2012

 

A la fin des années vingt, les charbonnages du Borinage, du Centre, de Charleroi, de Liège et du Limbourg occupaient 150.000 mineurs et représentaient le deuxième secteur industriel du pays, juste après la métallurgie. De 1929 à 1932, le prix du charbon chuta de 35 à 40%. Les stocks s'accumulèrent. Fin janvier 1930, il y a 500.000 tonnes de stock, six fois plus en avril 1931. En 1932, la production belge ne représentait plus qu'un tiers de celle de 1929.

 

L'après-guerre et la crise de 1929


Après la Première Guerre mondiale, la restauration de l'économie délabrée par quatre années de guerre occasionnait de nouveaux sacrifices pour les masses laborieuses. A l'époque, comme aujourd'hui d'ailleurs, les sacrifices imposés au monde du travail le sont généralement au nom de « l'intérêt général » —en fait l'intérêt des classes possédantes. En 1926, le ministre Franqui dévalua le franc belge qui passa d'une valeur de 21 centimes or (en 1914) à 14 centimes or. Cette formidable diminution du pouvoir d'achat du franc renchérit considérablement le coût de la vie.

 

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18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 11:17

François Sabado, (dir.), Daniel Bensaïd, l'intémpestif, Paris, éd. La Découverte, coll. "Cahiers libres", 2012. 


Le texte "Combattre et penser", écrit par Charles Michaloux, François Sabado, Olivier Besancenot, est à lire ou télécharger ci-dessous. 

 

La vie politique et militante de Daniel, du milieu des années 1960 au début des années 2010, recouvre près d’un demi-siècle d’histoire politique et internationale.

 

Comme pour tous ceux et celles qui veulent transformer le monde, elle est jalonnée d’espoirs, de projets, d’épreuves, de réalisations mais aussi de revers, d’illusions voire de déceptions. Retracer ce parcours, sans se perdre dans les rappels événementiels ou anecdotiques, est une tâche difficile.


Militant actif au quotidien, passeur infatigable de la pensée révolutionnaire dont il voyait la nécessité confirmée mais aussi le besoin vital de renouvellement, Daniel a tracé une route à travers les embûches politiques et personnelles.

 

L’ayant côtoyé de manière étroite à diverses étapes de cet itinéraire, nous avons choisi d’en restituer les grandes phases en veillant à ne pas trop lire le passé à la lumière du présent et en respectant son souci de rigueur toujours mêlé d’ouverture et de curiosité, son avidité à saisir les occasions pour bousculer les conformismes, ouvrir sans relâche les « carrefours du possible ».

 

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 11:12

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Par Sylvain Pattieu le Mercredi, 19 Octobre 2011

 

« La force ne se donne jamais tort: quand son usage échoue, on croit toujours qu’avec un peu plus de force on aurait réussi. Alors on recommence, plus fort, et on perd encore, avec un peu plus de dégâts. La force en comprend jamais rien, et ceux qui en ont usé contemplent leur échec avec mélancolie, ils rêvent d’y revenir».

 

Dans son roman L’art français de la guerre (Gallimard, 2011), Alexis Jenni évoque ainsi la manière dont la France a voulu faire face à la décolonisation. Le 17 octobre 1961 a été un de ces moments d’usage de la force, une irruption en métropole de la violence de l’Empire colonial.


Une démonstration contre le couvre-feu


En 1961, la guerre d’Algérie est de plus en plus impopulaire. Un an plus tôt, le procès des «porteurs de valises» du réseau Janson, soutenus par les intellectuels et artistes du Manifeste des 121, la manifestation pour la paix organisée en octobre par l’Unef, ont prouvé le rejet croissant de la guerre.

 

De Gaulle négocie avec le FLN sans cesser la répression, car il veut arriver en position de force à la table des discussions. Il craint aussi de ne pas disposer du soutien de l’armée et s’appuie sur la police en lui donnant carte blanche. En région parisienne, où vivent de nombreux Algériens, le préfet Maurice Papon, qui avait raflé les Juifs sous Vichy, applique une politique de harcèlement des Algériens. L’anticommunisme a été un critère de recrutement pour entrer dans la police parisienne et l’influence de l’extrême droite s’y fait largement sentir, avec des groupes para-policiers coupables de nombreuses exactions.


Le 5 octobre 1961, Papon impose un couvre-feu pour les «travailleurs algériens musulmans» en région parisienne entre 20h30 et 5h30. La situation devient intenable pour les Algériens: contrôles, brimades, arrestations. Poussés par leur base, excédée de ces humiliations, les responsables locaux du FLN demandent au Comité fédéral l’autorisation d’organiser une manifestation afin de défier le couvre-feu en défilant après 20h30.

 

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10 octobre 2012 3 10 /10 /octobre /2012 09:44

 

 

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