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À quelques jours du sommet de l’ONU à Copenhague, voilà qu'on apprend par la presse la sortie d'un rapport du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) selon lequel les négociations « auraient une meilleure chance de réussir » si elles prenaient en considération « la dynamique de la population, les relations entre les sexes et le bien-être des femmes ».
Ce rapport n’est rien d’autre qu’une tentative écœurante de détourner nos regards des vraies causes de l’incapacité des gouvernements à relever le défi climatique.
En effet, l’augmentation de la population mondiale découle surtout du taux de fécondité plus élevé des femmes dans les pays du Sud. C’est donc bien vers celles-ci que le FNUAP pointe son index accusateur. Réactionnaires de tous les pays, unissez vous : Malthus est de retour ! Contre l’épuisement des ressources, contre la crise sociale et contre le changement climatique, certains de ses nouveaux adeptes auraient trouvé la solution miracle: le contrôle de la natalité des pauvres (du Sud…pour l'instant).
Par contre, si les émissions par habitant des pays du pays du Nord avaient été égales aux émissions par habitant des pays du Sud, le réchauffement serait nettement moins grave que ce que nous connaissons, même en l’absence de toute politique de contrôle démographique.
Elle peut être favorisée en développant de bons systèmes de sécurité sociale et le droit des femmes à contrôler (elles-mêmes et librement) leur propre fécondité, mais ces politiques de long terme ne sauraient en aucun cas répondre à l’urgence climatique. En feignant de croire le contraire, le FNUAP ouvre la boîte de Pandore.
Certains vont déjà plus loin et proposent d’attribuer des droits de procréer échangeables, sur le modèle des droits de polluer. Le Nord devrait acheter les seconds, le Sud les premiers. On voit bien ainsi que toute cette réflexion sur la population revient à inverser complètement les responsabilités historiques dans le phénomène du réchauffement.
Les torchères des compagnies pétrolières exportatrices du Nigéria ont produit plus de GES que toutes les autres sources de l’Afrique sub-saharienne réunies. La déforestation dans les pays pauvres est principalement causée par l’exploitation commerciale du bois, de la viande et des aliments pour animaux destinés à la consommation des pays riches.
Tandis qu'obtenir le même résultat grâce aux technologies vertes coûterait 32$. En mai, le Sunday Times révélait que « plusieurs milliardaires américains s’étaient rencontrés secrètement » afin de décider quelle bonne œuvre ils allaient défendre. « Un consensus a émergé : il fallait s’attaquer à la croissance démographique, dénoncée en tant que menace environnementale, sociale et industrielle potentiellement désastreuse. »
Et cela risque de n’être qu’un début. Car, à tout prendre, le moyen le moins cher de réduire les émissions, c’est de laisser les catastrophes climatiques et les guerres qui pourraient en découler supprimer quelques centaines de millions d’êtres humains. C’est ce que suggérait il y a quelque temps un rapport pour le Pentagone…
Nous disposons de ressources énergétiques renouvelables et de savoirs qui permettent de satisfaire les besoins fondamentaux de toutes et tous, aujourd’hui et demain. S’il a été possible de trouver plus de 3000 milliards de dollars pour sauver le système bancaire, il doit être possible de trouver les 1300 milliards annuels nécessaires pour entamer une transition écologique sous contrôle démocratique afin de sauver notre climat et d’aider celles et ceux qui subissent les premiers dégâts.
Pour répondre au défi du dérèglement climatique et des graves inégalités sociales, nous devons donc redistribuer les richesses et partager les biens communs de l’humanité que sont les ressources naturelles (l’eau, l’air, la terre) et les savoirs. Sous peine de subir un recul démocratique et humain sans précédent.