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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 09:22
Un des terroristes les plus notoires de l’Occident, protégé par l’administration étatsunienne.
Chuck STROUSE
Illustration : affiche cubaine "Nous avons posé la bombe. Et alors ?" (propos prononcés par Posada Carriles)

Dans un clubhouse à Westchester, un bel homme de 82 ans dans un costume sombre sourit pointe son index vers le ciel. La lumière est tamisée mais on distingue ses yeux bleus, ses sourcils gris épais et un ventre proéminent. S’exprimant à voix basse à quelques admirateurs, il a tout l’air d’un guajiro sénescent, avec une exception : ses bras, sa poitrine et sa mâchoire sont couverts de cicatrices, provoqués par des balles d’assassins.


Il s’agit de Luis Posada Carriles, héros de l’exil cubain, ex-agent de la CIA et terroriste légendaire.


Le meurtrier présumé d’au moins 74 innocents sera bientôt jugé au Texas, bien que le juge ait repoussé la date du procès la semaine dernière. Ne ratez pas ce procès. S’il est acquitté, cela prouvera le degré d’ineptie, d’hypocrisie et de corruption du gouvernement. Et s’il est condamné, la peine prononcée sera probablement le minimum et aura un impact significatif sur les procès à venir des assassins du 11 septembre.


« Le fond de l’histoire est que le Ministère de la Justice tente de le poursuivre pour d’horribles actes de terrorisme, » dit Peter Kornbluh, porte-parole de National Security Archive de Washington DC. « Mais toute cette affaire est, comme on dit en espagnol, una vergüenza – une honte. »

Il existe de nombreux éléments qui prouvent que Posada a tenté d’assassiner le dirigeant d’un pays, qu’il a ourdi des complots qui ont provoqué la mort de plusieurs dizaines de personnes et tué un touriste dans un attentat contre un hôtel. Pourtant, il n’est poursuivi pour aucun de ces crimes, parce que le gouvernement (US) a entaché la procédure et fait disparaître de nombreux documents cruciaux. Au final, Posada sera accusé d’avoir menti aux autorités, soit une simple petite tape sur les doigts, chose qui aurait soulevé un tollé si Posada avait été, par exemple, un Arabe. Mais Posada est Cubain, et toute la différence est là.


Posada est né à Cienfuegos. Il a étudié la chimie et a travaillé à Akron, Ohio, avant la révolution cubaine de 1959. Il est retourné sur l’île mais, comme de nombreux autres exilés cubains, a rapidement déchanté devant la politique de Fidel Castro. Il est donc reparti aux Etats-Unis. Sa soeur, colonel de l’armée Cubaine, est restée.


Ensuite, avec l’aide de millions de dollars des contribuables étatsuniens, Posada s’est lancé dans une campagne sanglante de 50 ans contre le gouvernement de Castro. Il a fait exploser des bombes dans la capitale de l’île et a coordonné l’attaque de 1961 de la Baie des Cochons à partir de l’Amérique centrale. Après l’échec de l’invasion, il a rejoint un groupe d’exilés qui ont suivi une formation d’élite à l’Académie militaire de Géorgie ; il en est sorti deux ans plus tard comme espion et lieutenant.


Il a ensuite tenté de tuer Castro avec une arme à feu dissimulée dans une caméra et des explosifs cachés dans un flacon de shampoing. En 1976, il a organisé l’explosion en plein vol d’un avion de ligne cubain, le vol 455 de la compagnie Cubana, qui transportait 73 passagers. Six ans plus tard, sous la pression des Etats-Unis, il fut acquitté par un tribunal vénézuélien qui a ensuite bizarrement changé d’avis et a décidé de refaire un procès. Mais entre-temps, l’espion avait corrompu ses gardiens et avait réussit à s’échapper. Vingt ans plus tard, il organisait des attentats dans des hôtels à la Havane, provoquant des millions de dollars de dégâts et la mort d’un touriste italien.


« C’est une guerre » a-t-il déclaré à Ann Louise Bardach dans une interview de 2006 qu’elle relate dans son livre Without Fidel : A Death Foretold in Miami, Washington, and Havana, « une sale guerre ».

Bien sûr, Posada a de fervents supporters aussi bien au sien du gouvernement qu’à l’extérieur. En quelques jours, ses partisans ont récolté des milliers de dollars pour assurer sa défense en organisant ce qu’ils ont appelé un « radio marathon » sur Radio Mambi (radio de Miami virulemment et violemment anti-cubain – NdT). « Luis Posada est un type super, » a déclaré un des dizaines de vieux exilés qui se sont exprimés en sa faveur. « Sa guerre va libérer Cuba ».


Incroyablement, ces sentiments ont fait basculer les procureurs et le Congrès. Même le FBI, qui a dépensé des millions de dollars sur plusieurs dizaines d’années à enquêter sur Posada, s’est débarrassé de manière inexplicable des preuves qu’il avait accumulé. De plus, l’administration Reagan a embauché Posada dans le scandale Iran-Contra.

 

Les pressions exercées par le gouvernement des Etats-Unis ont même eu des effets à l’étranger. Un tribunal panaméen a condamné Posada pour complot en vue d’assassiner Fidel Castro lors d’un sommet Ibero-Américain. Puis, en 2004, la Présidente du Panama Mireya Moscoso a gracié Posada. Il a quitté le pays juste avant l’invalidation de la grâce par la Cour Suprême du Panama. (Mireya Moscoso a gracié Posada la veille de la fin de son mandat suite à des élections qu’elle a perdues. Elle s’est ensuite réfugiée à Miami en traînant toute une série de casseroles. De mémoire, elle est « recherchée » par la justice panaméenne – NdT)


Tout a commencé lorsque Posada est entré illégalement aux Etats-Unis par la mer et demandé l’asile politique. Au mois de mars 2005, probablement après avoir été averti qu’il risquait d’avoir des ennuis, il a annoncé qu’il allait quitter le pays. Mais lorsque toute l’attention médiatique est retombée, il fut arrêté. Le crime dont on l’accuse n’est pas celui d’avoir tué les 73 passagers du vol Cubain ou le touriste à la Havane ; le crime dont on l’accuse est d’avoir menti aux officiers des services d’immigration sur son voyage aux Etats-Unis et son entrée illégale sur le territoire.


Il était arrivé à bord d’un voilier appelé Santrina, et non par le bus comme il l’avait déclaré lors de son interrogatoire. Selon les procureurs, il a menti aussi sur son passeport.


En 2006 et 2007, une sous-commission du Congrès et un grand jury de Newark ont examiné le passé meurtrier de Posada. Le reportage de Bardach fut un élément clé présenté au dossier. Il avait virtuellement avoué sa culpabilité, en déclarant que le meurtre du touriste italien « était un accident déplorable, mais je dors comme un bébé. » Le gouvernement a voulu saisir les notes et les enregistrements de l’auteure. Soutenue par le New York Times, qui avait publié son article (co-écrit avec Larry Rohter), Bardach a refusé et un long procés a suivi. (Bardach n’a pas voulu commenter cette affaire).


Ensuite, le dossier contre Posada est pratiquement tombé à l’eau. Sous les pressions du Président George W. Bush et d’un Congrès Républicain fanatiquement anticommuniste, la sous-commission et le ministre de la Justice des Etats-Unis n’ont rien fait. Puis le 8 mai 2007, un juge de district, Kathleen Cardone a fini par libérer Posada, en accusant les procureurs de « fraude, tromperie et manipulation ».


« les tactiques du gouvernement dans cette affaire sont si honteuses et scandaleuses qu’elles sont en violation avec la notion la plus élémentaire de justice », a-t-elle écrit.


L’année suivante, une Cour d’Appel a invalidé la décision de Cardone et a ordonné un nouveau procès. Mais cette fois-ci Posada n’allait pas être accusé d’entrée illégale sur le territoire mais d’avoir menti à des agents fédéraux. Une petite couche fut rajoutée lorsque les notes de Bardach réapparurent et on a rajouté l’accusation d’avoir menti aussi au sujet des attentats à la Havane.


Pire : lors de la préparation du procès, la Cour a cédé aux pressions des procureurs et a mis sous scellés la quasi totalité des documents relatifs à Posada. Le 10 juillet (2009), le Miami Herald et Associated Press ont tenté d’intervenir. Leur raisonnement était le suivant : le gouvernement ne peut pas sceller arbitrairement des documents s’il ne sont pas classifiés « secret ». Mais la Cour a repoussé leur demande et a placé sous scellés plus de 300 documents cette année.


« C’est mauvais, » dit Adolfo Jimenez, avocat du Miami Herald et d’Associated Press. « Tout est fait pour tenir le public dans l’ignorance ».

La juge Cardone a récemment annoncé que le procès durerait probablement deux mois.


Un groupe de gauchistes agités, le Comité National Pour la Libération des Cinq Cubains, a annoncé des manifestations pendant toute la durée du procès. Et au mois d’Octobre dernier, le National Security Archive de Kornbluh a publié un document gouvernemental déclassifié qui révèle que Posada a même trahi sa propre communauté en exil. Sous le nom de code de Pete, il informait la CIA sur les activités de dirigeants dont le feu Jorge Mas Canosa (CANF – Cuban American National Foundation – fondée par Rondald Reagan et avec mucho dinero - NdT).


Voilà où nous en sommes. Le gouvernement a détruit une bonne partie des preuves. Une juge fédérale respectée a déclaré que les procureurs étaient coupables de fraude. Et tout en laissant pourrir un procès important, le gouvernement préfère se battre contre la presse (Bardach, le Herald et Associated Press)


Les procureurs pourraient même perdre les quelques miettes de charges qui leur restent contre un de plus dangereux idéologues du monde occidental. Mais Kornbluh garde espoir. « Ce procès pourrait confirmer ce que tout le monde sait. » dit-il. « Luis Posada est une source majeure de terrorisme ».


Chuck Strouse


Traduction VD pour le Grand Soir


ARTICLE ORIGINAL
http://www.miaminewtimes.com/2010-0...

EN COMPLEMENT
Luis Posada Carriles : un poseur de bombes au soleil. premier interview de Posada Carriles dans le New York Times, par Ann Louise Bardach, 1998 http://viktor.dedaj.perso.neuf.fr/s... )

Le terroriste qui (devrait) embarrasser l’Amérique, de Viktor Dedaj
http://www.legrandsoir.info/Le-terroriste-qui-devrait-embarrasser-l-Amerique.html

Interview d’Ann Louise Bardach sur son livre (audio et texte en anglais), Oct. 2009
http://www.democracynow.org/2009/10/16/journalist_ann_louise_bardach_on_how

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