Des logements en dur? Et puis quoi encore! Sous la tente et sous la flotte, ouais, ouais !
Vous vous croyez p'têt en régime socialiste? Ici on Valls!
20 juillet 2012 -
À Pacé, près de Rennes, 200 personnes s'entassent dans une ancienne maison de retraite, réquisitionnée début juin par les bénévoles du Dal35 ( Droit au logement). Le tribunal de Rennes décidera aujourd'hui quand ils devront rendre le bâtiment à son propriétaire.
Dans la cour, des enfants font du roller et s'occupent comme ils peuvent pendant les vacances. Les mamans, elles, prennent soin des
tout-petits ou regardent la télé. «Les occupants sont très inquiets, explique Armelle Bounya, bénévole à l'association Droit au logement (Dal). C'est la première fois qu'un de nos squats leur
permet de connaître un peu de confort».
Un confort relatif
En terme de confort, tout est relatif. La maison de retraite, vide depuis un an, est composée de 50 petits studios avec une pièce principale d'environ 12 m² et une
salle de bain. Chaque famille occupe un studio, quel que soit le nombre d'enfants. Les habitants ont su aménager au mieux leur petit chez-eux, avec des objets récupérés à la déchèterie. «Certains
en sont à leur quatrième expulsion de nos différents squats, poursuit Armelle Bounya.
Repartir dans la rue serait très dur psychologiquement».
Armelle est une ancienne institutrice, sensibilisée aux problèmes des sans-papiers pour en avoir elle-même accueilli dans sa classe. «Je me suis vite rendu compte que le logement était le problème prioritaire des familles de migrants, explique celle qui a rejoint le Dal en 2010. C'est très déstructurant pour les enfants de ne pas avoir de maison à soi». C'est pourtant le sort réservé à tous ceux qui vivent clandestinement en France.
Certains ont fait une demande d'asile politique, d'autres essaient de se faire oublier. Ils se retrouvent à la rue, errent de squat en squat ou dorment dans les
foyers du 115, quand il y a de la place. Mongols, Arméniens, Géorgiens et Congolais sont les principales communautés qui occupent le squat de Pacé. «Il y a parfois quelques tensions entre les
communautés, expliquent les bénévoles mais c'est inévitable quand on vit comme ça, les uns sur les autres».
Les autres squats pleins à craquer
Au rez-de-chaussée, c'est une autre histoire. «Quand il n'y a plus eu de place dans les studios, les gens se sont entassés dans les pièces du bas, constate Armelle.
On est proche du bidonville». De grandes couvertures accrochées à des fils servent de séparation pour chaque famille. Les matelas sont posés au sol et les maigres affaires de chacun sont empilées
dans des coins.
«C'est toujours mieux que de dormir dans la rue ou d'appeler le 115», poursuivent les bénévoles. Le tribunal de grande instance de Rennes doit décider aujourd'hui de l'expulsion plus ou moins rapide des migrants de Pacé. «Nous souhaitons que ce soit leplus tard possible, ajoute Armelle, pleine d'espoir. Sinon, je ne sais pas où vont loger ces personnes. Nos autres squats sont déjà pleins à craquer».
- Carole André