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20 octobre 2011 4 20 /10 /octobre /2011 09:56


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jeudi 20 octobre 2011

C'est l'histoire de Naïda et El'Dak, un couple venu du Daghestan jusqu'à Quimper. L'histoire de milliers de réfugiés qui fuient la mort pour trouver la vie. Et se heurtent à une administration de fer.

Témoignage

 

 

Les larmes de Naïda révoltent. Elle a craqué quand on lui a demandé si sa famille ne lui manquait pas. « C'est ce qui manque le plus », s'est effondrée la jeune femme, qui n'a même pas pu rentrer dans son pays pour assister à l'enterrement de son père. Sa petite fille, Amina, est venue lui caresser le bras. Son mari, El'Dak a détourné le regard pour ne pas pleurer lui aussi. Un ange est passé autour de la table, dans ce deux pièces au rez-de-chaussée d'une petite maison de la rue de Pont-l'Abbé. Un ange furieux contre la folie des hommes, la bêtise des administrations, l'égoïsme du monde.

 

Naïda et El'Dak, 27 et 28 ans, viennent d'un tout petit pays, le Daghestan, niché dans le Nord-Caucase, le long de la mer caspienne. Une république - « un département », rigole El'Dak - de la puissante fédération de Russie, secoué par une « guerre cachée » au nom du fondamentalisme islamique armé. C'était un jeune couple heureux, lui ingénieur du son, elle chanteuse. Mais, en 2007, ils ont dû fuir. Sans retour.

 

« J'ai toujours eu du mal à parler de ça, chuchote El'Dak. Disons que quand vous voyez un voisin et sa femme enceinte assassinés. Puis d'autres encore. Vous comprenez que ça va mal finir pour vous aussi. » Un jour triste, ils ont embarqué clandestinement, moyennant 1 000 € et munis de faux papier, sous la bâche d'un poids lourd. Un voyage de quatre jours, sans voir la lumière, jusqu'à Marseille. Naïda était enceinte de 8 mois. Pourquoi la France ? « Pour nous, c'était le pays le plus ouvert d'Europe. »


« Une kalachnikov pour dix »


À Marseille, « au début, ça allait ». La Cimade, le comité intermouvements auprès des évacués, leur a trouvé un logement. S'est assuré que Naïda accouche à l'hôpital. Mais très vite, le couple a déchanté. « L'office français de protection des réfugiés et apatrides a rejeté notre demande de réfugiés politiques. »


L'administration a nié qu'ils soient en danger de mort. « Ils disaient « vous racontez des histoires, soupire El'Dak. Moi, je pensais à ces jours où, pendant la seconde guerre de Tchétchénie, on avait dû défendre nos maisons avec des sacs de sable, faire des rondes la nuit avec une kalachnikov pour dix. »


Le couple a tenté un recours. En vain. « En octobre 2008, on s'est retrouvé expulsables, sans papier, sans ressources, sans rien, à craindre les contrôles de police, à survivre grâce à la soupe populaire et les Restos du coeur. » El'Dak s'est mis à travailler au noir sur des chantiers. Artur, leur fils, est né. « On a tenu comme ça jusqu'en juin 2010. Puis on a décidé de partir en Bretagne. »


« Tout oublier »


Ici, a commencé une nouvelle errance. Jusqu'à ce que le collectif Droit d'asile intervienne, les loge chez des Quimpérois, puis dans un studio « froid et humide »faute de mieux. Naïda et El'Dak ont souvent résisté à l'envie de « tout laisser tomber »et de retourner au Daghestan, même pour le pire.

Ils ont tenu « pour les enfants. L'essentiel, c'est qu'eux ne vivent pas un destin pareil ». Depuis quelque temps, le beau temps semble être revenu. « Lundi, on a obtenu un titre de séjour renouvelable en juillet 2012. On est en règle... et surtout on peut travailler ! » Ils sont prêts à tout : « Faire des ménages, des chantiers, tout ce qu'on trouvera. »

Amina va à l'école comme n'importe quelle petite fille. Et ses parents rouvrent les yeux, tout étonnés de redécouvrir qu'ils n'ont même pas 30 ans. « Ici, on a trouvé de vrais amis, des gens magnifiques. » Naïda s'est remise à chanter, El'Dak à jouer de la guitare. « Maintenant, le but, c'est de tout oublier. » Oui. Un des petits secrets de la vie, c'est l'oubli. Bienvenu(e)s au bout du monde, ami(e)s du Daghestan.

 

Yann-Armel HUET
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