La droite conservatrice grecque, arrivée en tête des élections législatives, semblait en mesure, dimanche 17 juin, de constituer une coalition de gouvernement regroupant les partis favorables à la poursuite de la politique d'austérité. Nouvelle Démocratie obtient 29,66 % des voix sur 99 % des bulletins dépouillés. Ce score lui assurerait 130 sièges sur les 300 que compte la Vouli (le Parlement grec), compte tenu de la prime de 50 sièges accordée au parti arrivé en première position.
Le chef du parti, Antonis Samaras, a appelé à la formation d'un "gouvernement d'union nationale" qu'il ambitionne de conduire. Avec le soutien des socialistes du Pasok, qui ont remporté 12,28 % des voix (33 sièges), cette coalition pourrait prétendre à une majorité absolue de 163 sièges, ce qui lui permettrait de poursuivre les réformes nécessaires à l'obtention de l'aide internationale.
SYRIZA, "PRINCIPAL PARTI D'OPPOSITION"
Le Pasok a toutefois réitéré dimanche soir sa volonté de ne pas se trouver en tête-à-tête avec Nouvelle Démocratie. Un "gouvernement de responsabilité nationale suppose la participation de plusieurs forces de gauche", dont la gauche radicale du Syriza, a affirmé son chef, Evangelos Venizélos. Mais la position des socialistes apparaît difficilement tenable, et la forme que son soutien à la coalition prendra devrait être connue lundi.
Le leader du Syriza, Alexis Tsipras, a immédiatement décliné la proposition, indiquant que sa formation "était désormais le principal parti d'opposition". Avec 26,89 % (71 sièges), le parti anti-rigueur a poursuivi sa très forte poussée, lui qui avait remporté 16,78 % des suffrages lors du scrutin du 6 mai. Il n'a toutefois pas réussi à lever les incertitudes et les craintes des électeurs sur une éventuelle sortie de l'euro qu'aurait entraînée sa victoire.
L'attitude de Gauche démocratique, qui a remporté 6,26 % des voix (16 sièges), sera également scrutée. Son ralliement renforcerait le poids de la coalition, notamment face à l'importante capacité de mobilisation du Syriza.
PROMESSES DE CAMPAGNE
Reste surtout à savoir les concessions que seront prêts à faire les Européens : ils ont soutenu M. Samaras, lequel a fait campagne en promettant des ajustements importants aux mesures d'austérité contenues dans le mémorandum. Dimanche soir, plusieurs dirigeants ont évoqué un "délai" dans l'application des mesures d'austérité. Cet "étalement" dans le temps de la mise en œuvre du mémorandum était l'une des promesses de campagne d'Antonis Samaras. D'autres promesses électorales seront plus difficiles à satisfaire, comme l'abaissement de la tranche d'impôts sur le revenu la plus haute.
LES NÉONAZIS D'AUBE DORÉE SE MAINTIENNENT
Ce deuxième scrutin est marqué par l'émergence de deux pôles aux positions radicalement opposées sur la nature de la réponse à apporter à la crise. Le "vote utile", né de la peur d'avoir à retourner une troisième fois aux urnes et de la crainte au sein de chaque camp de voir l'autre l'emporter, a laminé les petits partis. La déconfiture du Pasok confirme toutefois l'explosion du vieux bipartisme grec constaté lors du scrutin du 6 mai, qui n'avait pas permis de dégager de majorité. Les communistes du KKE, opposés à l'euro et à l'Union européenne, enregistrent par exemple une chute de moitié, à 4,5 %, soit 12 sièges.
Parmi les petits partis, seul le parti Aube dorée se maintient, avec un score de 6,92 % (18 sièges). Nombre d'observateurs s'attendaient à voir la formation reculer après son entrée surprise au Parlement le 6 mai.