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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 09:48

Yves Bodénez

 

Yves Bodénez
« Je suis l’élément conscient d’un processus inconscient » Yves Bodénez1
Yves François Bodénez, né le 15 novembre 1921 au Relecq-Kerhuon, près de Brest
 (Finistère) et mort en déportation en mars 1944 à Dora (NordhausenAllemagne),
est un militant trotskiste.
Yves Bodénez perd très jeune ses parents, Joseph Marie Bodénez et Andrée Berthou,
et sera élevé par ses grands parents. Ouvrier du bâtiment (électricien), travaillant à
l’Arsenal de Brest, il a acquis, avant la guerre,
une bonne formation politique. Il lit lapresse trotskiste dès 1937 et prend contact avec
les trotskistes bretons en 19392. Pendant l’occupation allemande, les trotskistes 
bretons portent le nom de « Parti communiste révolutionnaire », puis rejoignent les
Comités français pour la IVe internationale courant 1942 3. Enfin, ils établissent le
contact avec des camarades de Paris qui ont reconstitué le Parti ouvrier
internationaliste (POI) et publient chaque mois « La Vérité » clandestine4. Ils prennent
donc le nom de POI. Il y a une cellule à Brest, constituée d’environ sept personnes et
entourée d’un noyau de sympathisants plus ou moins actifs 5. Du début de 1941 à
octobre 1943, l’organisation trotskiste clandestine de Brest publie une vingtaine de
 tracts, ainsi que près de 30 numéros des journaux ronéotypés « Le Bulletin Ouvrier
et Paysan », « La Bretagne Rouge » (entre juin 1941 et juin 1942)6, « Le Front Ouvrier »
(entre deux et trois cent exemplaires)7Yves Bodénez rédige des articles
(signés Huon)2 et constitue à Kerhuon une cellule de cinq personnes5.
Travail avec les soldats allemands
Les militants du POI ont la quasi-certitude que la guerre débouchera sur la Révolution,
tout particulièrement en Allemagne. Il n’est donc pas question d’accepter le mot
d’ordre nationaliste du Parti communiste français« À chacun son Boche », mais bien
plutôt celui plus marxiste de « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous »8.
Dès octobre 1942, Yves Bodénez et son groupe se doutent qu’il y a, dans la région
de Brest, des Allemands anti-nazis, dont beaucoup sont originaires de Hambourg,
autre ville portuaire, connue pour son mouvement ouvrier 9. Mais c’est vers mars 1943,
à l’arrivée de Robert Cruau, dit Max ou Pleton, qui avait dû fuir Nantes où il était
recherché7, qu’il devient possible d’engager des contacts sérieux avec les 
soldats10Postier d'à peine vingt ans, parlant allemand et très militant, Robert Cruau
s'installe près des arsenaux, où se concentrent  ouvriers français et soldats allemands11. Par l’intermédiaire de son collègue Gérard Trévien à l’Arsenal,
Yves Bodénez rejoint le groupe de Robert Cruau. Yves Bodénez et Robert Cruau
seront responsables du POI  pour la Bretagne. Robert Cruau dirige le groupe dit
de « travail parmi les soldats allemands » : les militants du POI sont chargés de
distribuer des tracts, de recruter les « internationalistes » qui se dissimulent sous
l'uniforme de la Wehrmacht et de diffuser le journal clandestin « Arbeiter und Soldat »11, publié à Paris.
Le groupe des trotskistes brestois
Des militants de divers points de France agissent pour que ce journal parvienne à des
 soldats allemandsMais c’est seulement à Brest qu’il y aura un début d’organisation12. Robert Cruau dispose d'un groupe solide,
dont les membres ont entre dix-neuf et vingt-cinq ans (les frères nantais Georges
et Henri Berthomé, André Darley, Marguerite Métayer, Eliane Ronel, Anne Kervella,
Gérard Trévien et Yves Bodénez). Plusieurs sont réfractaires au Service du travail
obligatoire (STO). André Calvès, dit Ned, né à Brest en 1920marin puis ouvrier,
  autodidacte brillant et intelligent, milite à leurs côtés. Il se sent proche de Cruau et
de ses camarades11.
Tous sont d’accord sur quelques points :
Le nazisme signifie l’esclavage pour tous les peuples d’Europe
 y compris le peuple allemand, même s’il y a une hiérarchie parmi
  les esclaves.
 De Gaulle représente une alternative possible pour la bourgeoisie française.
Le mouvement de lutte  contre l’occupation n’a absolument pas intérêt à se lier à
ses directives.
 L’URSS demeure un État ouvrier dégénéré. Tous les pactes de
 Staline ne peuvent effacer l’antagonisme fondamental qui 
l’oppose au capitalisme. Le pacte germano-soviétique ne durera pas
longtemps13Cette guerre est une guerre impérialiste pour un nouveau partage
du monde.
Les soldats allemands antinazis
Au début de septembre 1943, le groupe aurait réussi à enrôler 27 soldats allemands7 
(notamment de la DCA ainsi que deux marins et un de l'Organisation Todt) qui
partagent avec lui l'essentiel : un attachement de principe à l'internationalisme
 prolétarien et une haine farouche du nazisme. L’un d’eux, Heinz, se sert du cachet de
l’Organisation Todt afin de truquer les cartes de travail de ceux qui doivent partir
au STO14. Des soldats allemands fournissent les militants français en Ausweis12,
préviennent les jeunes ouvriers lors de rafles ou les laissent passer lorsqu'ils sont
censés les arrêter15. Il y a même, à Brest, une feuille écrite par des soldats allemands
gagnés à la IVe Internationale : « Zeitung für Arbeiter und Soldat im Westen »16, tirée
à 150 exemplaires7. Le journal La Vérité rapporte dans son numéro du 15 octobre
194317 : « À Kerhuonle 6 août, des soldats allemands ont traversé le bourg en
chantant l'Internationale »15.
Réaction de la Gestapo
Les trotskistes du POI n'ignorent pas que la tâche est délicate, périlleuse et fatale en
cas d'erreur. Or, si l'armée allemande n'aime pas la propagande défaitiste qui sape
le moral des troupes et discrédite la hiérarchie, elle aime encore moins que ses 
soldats s'enrôlent dans des cellules trotskistes et diffusent des pamphlets
 révolutionnaires11. «Faire de la propagande à des soldats allemands est le plus
grand crime !»- phrase d’un officier de la Gestapo prononcée au cours des 
interrogatoires, rapportée par une sympathisante libérée de la prison de Rennes14.
La Gestapo intervient donc en infiltrant un informateur parmi les soldats de Brest 
(ou bien en « retournant » l'un d'entre eux sous la menace)18, Konrad Leplow19.
En octobre 1943une rafle décime le groupe11 : une quinzaine de militants sont
arrêtés au moyen de trois souricières. Robert Cruau tente de s'enfuir. Abattu par
la Feldgendarmerie, il meurt sans soins en prison. Les autres  Français sont torturés 
puis déportés. Quatre ne reviendront pas des camps: Georges Berthomé, André Le
Floch, Albert Goavec et Yves Bodénez18. Quant aux soldats allemands, une douzaine
ou une quinzaine d’entre eux (dont probablement Heinz) auraient été arrêtés et
 exécutés14. Mais, en octobre 1943, la police allemande n'a pas fait que démanteler le
« groupe breton ». Elle est remontée plus haut et a frappé au sommet du POI11.
Arrestation et déportation
Yves Bodénez est arrêté le 6 octobre 1943 à Brest. Konrad ignore son adresse à
 Kerhuon, il ne l’a vu qu’une fois mais le reconnait rue de Siam. Yves est emprisonné 
à Rennes du 7 octobre 1943 au 14 janvier 1944. Il séjourne au camp de Compiègne
(Oise) du 15 au 21 janvier 1944, d’où il partira à destination du camp de concentration
 de Buchenwald (Allemagne), par le convoi du 22 janvier 1944. Il arrive à Buchenwald
le 24 janvier 1944, puis à Dora (Allemagne) le 16 février 1944, où il porte lematricule
42.420. Affecté au Kommando Heckbau-Mittelwerk-Sawasky, il travaille comme
 électricien dans le tunnel où sont construites les armes secrètes V1 et V2. Il
contracte une pleurésie le 1er mars, après avoir passé la nuit dehors pour une
«désinfection», puis entre à l’hôpital du camp le 8 mars, où il sera tué le 11 mars
par un kapo tchèque (la date officielle de son décès est le 23 mars 1944). Ses derniers
jours seront relatés par son camarade Gérard Trévien, déporté avec lui à Dora, dont
il reviendra en 1945 20.
Souvenir
Cet épisode, absolument unique21 dans les annales de la Résistance en France,
a été largement passé sous silence21. D'une part, les militants trotskistes ont été
décimés ; d'autre part, le PCF, premier parti de France à la Libération, les qualifiait
de « hitléros-trotskystes » et il était selon lui impossible qu'ils aient fait de la
résistance21Le nom d'Yves François Bodénez a été donné à une rue de sa ville
natale, Le Relecq-Kerhuon.

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Yves_Bod%C3%A9nez

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