« Je suis l’élément conscient d’un processus inconscient » Yves Bodénez
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Yves François Bodénez, né le 15 novembre 1921 au Relecq-Kerhuon, près de Brest
Yves Bodénez perd très jeune ses parents, Joseph Marie
Bodénez et Andrée Berthou,
et sera élevé par
ses grands parents. Ouvrier du bâtiment (électricien), travaillant à
bretons portent le nom de « Parti communiste révolutionnaire », puis rejoignent les
Comités français pour la IVe internationale courant 1942 3. Enfin,
ils établissent le
donc le nom de POI. Il y a une cellule à Brest, constituée d’environ sept personnes et
entourée d’un noyau de sympathisants plus ou moins actifs 5. Du
début de 1941 à
octobre 1943, l’organisation trotskiste clandestine de Brest publie une vingtaine de
et Paysan », « La Bretagne Rouge » (entre juin 1941 et juin 1942)6, « Le Front Ouvrier »
(entre deux et trois cent exemplaires)7. Yves Bodénez rédige des articles
(signés Huon)2 et constitue à Kerhuon une cellule de cinq personnes5.
Travail avec les soldats allemands
Les militants du POI ont la
quasi-certitude que la guerre débouchera sur la Révolution,
tout
particulièrement en Allemagne. Il n’est donc pas question
d’accepter le mot
Dès octobre 1942, Yves Bodénez et son groupe se doutent qu’il y a, dans la région
à l’arrivée de Robert Cruau, dit Max ou Pleton, qui avait dû fuir Nantes où il était
recherché7, qu’il devient possible d’engager des contacts sérieux avec
les
Yves Bodénez rejoint le groupe de
Robert Cruau. Yves Bodénez et Robert Cruau
seront responsables
du POI pour la Bretagne. Robert Cruau dirige le groupe dit
de « travail parmi les soldats
allemands » : les militants du POI sont chargés
de
Le groupe des trotskistes brestois
dont les membres ont entre dix-neuf
et vingt-cinq ans (les frères nantais Georges
et Henri Berthomé,
André Darley, Marguerite Métayer, Eliane Ronel, Anne Kervella,
autodidacte brillant et intelligent, milite à leurs côtés. Il se sent
proche de Cruau et
Tous sont d’accord sur quelques points :
les esclaves.
Le mouvement de lutte
contre l’occupation n’a absolument pas intérêt à se lier à
ses directives.
du monde.
Les soldats allemands antinazis
au STO14. Des
soldats allemands fournissent les militants français en Ausweis12,
préviennent les jeunes ouvriers
lors de rafles ou les laissent passer lorsqu'ils sont
censés les arrêter15. Il y a même, à Brest, une feuille écrite par des soldats allemands
194317 : « À Kerhuon, le 6 août, des soldats allemands ont traversé le
bourg en
Réaction de la Gestapo
Les trotskistes du POI n'ignorent pas que la tâche est
délicate, périlleuse et fatale en
le moral des troupes et discrédite la hiérarchie, elle aime encore moins que ses
La Gestapo intervient donc en infiltrant un informateur parmi les
soldats de Brest
(ou bien en « retournant » l'un d'entre eux sous la menace)18, Konrad Leplow19.
arrêtés au moyen de trois souricières. Robert Cruau tente de s'enfuir. Abattu par
puis déportés. Quatre ne reviendront pas des camps: Georges Berthomé, André Le
Floch, Albert Goavec et Yves Bodénez18. Quant aux soldats
allemands, une douzaine
ou une quinzaine d’entre eux (dont probablement Heinz) auraient été arrêtés et
exécutés14. Mais, en octobre 1943, la police allemande n'a pas fait que démanteler le
« groupe breton ». Elle est remontée plus haut et a frappé au sommet du POI11.
Arrestation et déportation
Yves Bodénez est arrêté le 6 octobre 1943 à Brest. Konrad ignore son adresse à
le 24 janvier 1944, puis à Dora (Allemagne) le 16 février 1944, où il porte lematricule
42.420. Affecté au Kommando Heckbau-Mittelwerk-Sawasky, il travaille comme
contracte une pleurésie le 1er mars, après avoir passé la
nuit dehors pour une
«désinfection», puis entre à l’hôpital du camp le 8 mars, où il sera tué le 11 mars
par un kapo tchèque (la
date officielle de son décès est le 23 mars 1944). Ses derniers
jours seront relatés
par son camarade Gérard Trévien, déporté avec lui à Dora, dont
Souvenir
a été largement
passé sous silence21. D'une part, les
militants trotskistes ont été
décimés ; d'autre part, le PCF, premier parti de France à la Libération, les qualifiait
de « hitléros-trotskystes » et il était selon lui impossible qu'ils aient fait de la
résistance21. Le nom d'Yves
François Bodénez a été donné à une rue de sa ville
http://fr.wikipedia.org/wiki/Yves_Bod%C3%A9nez