31 mai 2012 -
Il travaille pour la Défense, mais excelle aussi dans l'attaque. L'anticapitalisme chevillé au corps, le Crozonnais André Menesguen, du NPA, parle aussi de sa priorité, qui va à la petite agriculture paysanne, «la vraie».
Vous répétez sans cesse que vous n'êtes pas un parti électoraliste. Pourquoi vous présenter, alors?
Parce que l'anticapitalisme est un programme politique. On n'est pas là pour aller à la pêche aux voix, mais pour dire qu'il faut
encore lutter, que le capitalisme n'est pas une fatalité.
Vu le faible score de Philippe Poutou à la présidentielle, n'aurait-il pas été plus simple de faire alliance avec Noëlle Péoc'h, du Front de gauche, pour
ces législatives?
Le Front de gauche est antilibéral, nous, nous sommes anticapitalistes, c'est une grosse différence. Le Front de gauche n'est pas un parti, mais un groupement de
tendances, qui sert de leurre pour les staliniens. Le Front de gauche a bénéficié d'une exposition médiatique grâce à Mélenchon, qui est très fort pour paraître. Pendant ce temps, Poutou était
marginalisé dans les médias. Ce n'est seulement lorsque l'on est entré dans la régulation des temps d'antenne qu'il a enfin crevé l'écran.
Quelle vision avez-vous des forces en présence dans la circonscription et, notamment, des trois favoris ?
Dominique Cap, je ne le connais pas, mais quoi qu'il en dise, c'est un sarkozyste, donc aussi réactionnaire que les autres.
Richard Ferrand incarne le PS, mais on peut discuter. En tout cas, il est remonté dans mon estime depuis qu'il a pris des positions très claires face au Front national, lors de la venue de
Jean-Marie Le Pen à Port-Launay. Je n'ai d'ailleurs pas compris l'attitude de Christian Troadec à ce sujet. Alors, lui, comme girouette, on n'a pas fait mieux. Vous avez vu? C'est bizarre: il
allume tout le monde dans ses tracts, sauf nous. Mais on peut dire pourquoi. Qui était à ses côtés dans le combat pour la défense de l'hôpital de Carhaix, si ce n'est le NPA?
Par rapport à votre combat politique, dans quel domaine estimez-vous qu'il y a le plus de grain à moudre dans la
circonscription?
Dans l'agriculture. C'est le productivisme à tous crins, mais le système est à bout de souffle. Il y a un malaise chez ceux qui, souvent bien malgré eux, ont mis
le doigt dans l'engrenage. Il faut soutenir la vraie paysannerie, défendre les circuits courts, dont le bio. C'est pourquoi nous souhaitons la pérennité de l'abattoir intercommunal du Faou.
Nous sommes là pour montrer qu'avec quelques truies et vaches, on peut vivre bien, alors que des jeunes qui s'installent sur de grosses structures sont écrasés par leurs crédits. Nous sommes
contre cette agriculture constituée d'une minorité de riches qui bénéficient d'un maximum de subventions pour produire une bouffe de piètre qualité.
Justement, ça va mal chez Doux. Comment analysez-vous cette situation?
Le groupe Doux, c'est la caricature du modèle productiviste. Une entreprise qui n'a pas hésité à aller produire au Brésil, en précipitant la fermeture des
abattoirs locaux, avec les conséquences sociales que l'on connaît. Malheureusement, une fois de plus, ce sont les salariés qui vont payer. Il va falloir se battre à leurs côtés, et on sera
là!
- Propos recueillis parJean-Luc Padellec