29 septembre 2012 à 10h33 -
Des associations écologistes de Laval interpellent les Bretons. Motif: marre de voir arriver en Mayenne les exportations de déchets de toute la Bretagne et singulièrement du Finistère: 5.000 camions par an!
Il fallait bien que cela arrive un jour! Après avoir vu, pendant des années, des milliers de camions débarquant chez eux pour y stocker des déchets exportés par les Bretons, des associations écologistes de la Mayenne se rebiffent. Elles ont saisi les présidents des conseils généraux des cinq départements de la Bretagne historique (Loire-Atlantique comprise) pour leur signifier que cette situation ne peut plus durer.
«Le dépotoir de l'Ouest»
Ouvert depuis douze ans, le centre, exploité à Changé (banlieue de Laval), par
la société SéchéEnvironnement, est, en effet, un vaste site d'enfouissement où la part de la Mayenne ne représente que 8% des apports.
Tout le reste provient principalement des quatre départements bretons et de la Loire-Atlantique, au point que la Chambre régionale des comptes a fini, elle aussi, par s'inquiéter du transport de
300.000 tonnes annuelles de déchets ultimes bretons qui, pour être non toxiques et sans odeur, représentent des coûts astronomiques en termes de transport: près de 3M€ pour le seul Finistère. Des dépenses auxquelles il faut ajouter des coûts écologiques moins mesurables mais tout aussi volumineux en termes d'indice
carbone. Autant d'arguments avancés par les Mayennais pour signifier qu'ils ne veulent plus que leur département soit «le dépotoir de l'Ouest».
La palme au Finistère
Avec ses 5.000 camions par an, le Finistère détient la palme du département le plus exportateur vers Laval mais aussi vers le site de Gueltas, dans le Morbihan. Le débat est ouvert depuis plusieurs années dans le
département mais l'enquête préalable pour répertorier des sites a soulevé un tel tollé que le sujet a été enveloppé d'une brume épaisse. L'élu brestois, Jean-Luc
Polard, chargé par le département de ce dossier techniquement complexe et politiquement sensible, estime que les Finistériens ont fait des progrès en termes de tri et de valorisation (-10%
de déchets en cinq ans) mais que le problème doit être maintenant saisi à bras-le-corps tant les contraintes économiques et environnementales deviennent lourdes. «On ne peut plus reculer,
dit-il.
La réglementation est de plus en plus contraignante, les taxes sur les activités polluantes aussi et en période de restrictions budgétaires et de préoccupations
environnementales, voir autant de camions-bennes circuler sur les routes de Bretagne n'est plus justifiable. Nous devons encore faire des efforts de pédagogie auprès de tous les Finistériens et
nous associons les chambres consulaires (chambres de commerce, de métiers et d'agriculture) à notre démarche car la plus grande partie de ces déchets ultimes est d'origine industrielle et
commerciale».
Des sites à l'étude dans la pointe bretonne
Des solutions, au moins partielles, commencent à poindre. Dans le Sud-Finistère, le site de Tréméoc doit être agrandi et aménagé pour devenir un centre de
valorisation et d'enfouissement mais à hauteur de 10.000 tonnes seulement, loin des volumes transportés. Au nord, c'est dans une carrière de Saint-Martin-des-Champs
(50.000 tonnes estimées) qu'une solution pourrait venir. «Maison n'en est encore qu'à la phase de préfaisabilité avant présentation aux élus, les 11 et 15octobre», avance, prudemment,
Jean-Luc Polard, en évoquant ce dossier porté par la communauté de communes de Morlaix qui exporte actuellement une grande partie de ses déchets ménagers vers le
centre d'incinération de Brest. Au mieux, tout ceci prendra cinq ou six ans et ne concernera que la moitié des déchets finistériens actuellement exportés. Autant dire que
les Mayennais n'ont pas fini de râler!
Saint-Martin-des-Champs (Nord-Finistère) pourrait accueillir dans les années à venir un centre d’enfouissement départemental pour les déchets dits ultimes (qui ne peuvent pas à l’heure actuelle être recyclés). Ces déchets, estimés à 135 000 tonnes par an, sont pour l’heure envoyés dans le Morbihan et en Mayenne.
Une étude de faisabilité pour l’installation d’un centre d’enfouissement départemental sur ce site nord-finistérien vient donc d’être terminée. Cet espace pourrait ainsi accueillir près de 50 000 tonnes de déchets par an. « Le projet a une vingtaine d’années. Mais il n’était alors pas viable économiquement. Avec les réglementations et les taxes actuelles, il redevient d’actualité », estime Jean-Luc Polard, conseiller général et président du syndicat mixte d’étude pour l’élimination des déchets (il réunit conseil général et groupements de communes).