La lutte autour de la centrale nucléaire de Brennilis, dans le Finistère, continue. Sept associations de protection de l'environnement ont saisi le Conseil d'Etat, mercredi 16 janvier, pour réclamer la suspension du démantèlement partiel par EDF du site, à l'arrêt depuis 1985.
"EDF s'apprête à démanteler les seize échangeurs de chaleur situés dans l'enceinte du réacteur nucléaire de Brennilis, aussi sept associations du Finistère viennent de déposer un référé en suspension", annonce dans un communiqué Sortir du nucléaire Cornouaille.
Les échangeurs de chaleur "représentent quand même 600 tonnes de ferraille contaminée, ils sont directement en lien avec la cuve, a expliqué à l'AFP Chantal Cuisnier, porte-parole de l'association antinucléaire. Au minimum, on doit respecter la participation du public quand il y a de tels dangers."
DÉBAT PUBLIC
Le chantier de démantèlement partiel de la centrale, qui concerne la station des effluents et les échangeurs thermiques, a été relancé à la fin de juillet 2011 par décret, après une suspension de quatre ans, obtenue sur recours par les militants antinucléaires.
Lire notre reportage : A la centrale de Brennilis, un démantèlement sans fin
"Cette reprise de démantèlement partiel aurait dû strictement se limiter aux opérations inachevées autorisées par le premier décret de 1996, notamment le démantèlement de la station de traitement des effluents, toujours pas terminé en raison des difficultés rencontrées", estime Sortir du nucléaire Cornouaille.
En octobre, l'Agence de sûreté nucléaire (ASN) a par ailleurs refusé le dossier déposé l'an dernier par EDF en vue du démantèlement total de Brennilis. La décision de l'ASN est liée à l'arrêt de la construction d'un site d'entreposage de déchets nucléaires, Icéda, prévu par EDF sur le site du Bugey, dans l'Ain. Le permis de construire de ce site a été annulé par la justice.
Lire : L'ASN rejette le dossier de démantèlement de la centrale de Brennilis
Les sept associations demandent "qu'enfin soit organisé en 2013 un débat public sur la question du démantèlement". "Mais on n'ouvre pas ce débat parce qu'on ne veut pas que les citoyens prennent conscience de ce que c'est que le démantèlement des centrales nucléaires !" a estimé Mme Cuisnier.
Doyenne des centrales françaises, Brennilis doit servir de test pour les futures autres déconstructions de centrale. Prototype mis en service en 1967 et arrêté en 1985, la centrale est l'unique exemple industriel français de la filière nucléaire à eau lourde, ensuite abandonnée au profit des centrales à eau pressurisée.