19 juin 2010 à 07h58 - Le Télégramme
Comme de nombreuses communes du département, la ville de Douarnenez a signé, il y a trois ans, une convention avec le conseil général pour un co-financement de séances d'initiation au breton dans les écoles publiques de la ville. 340 écoliers de la ville sont concernés, répartis sur trois écoles publiques, sur les cinq que compte Douarnenez. Cette convention arrivant à terme, l'actuelle municipalité (UMP), n'a pas souhaité la reconduire.
Trois arguments ont été évoqués : le coût (13.400 euros par an pour la ville), le fait que seule une partie des enfants des écoles
bénéficient de cette initiation (elle doit faire partie du projet d'école, être actée par les parents et l'équipe pédagogique) et enfin, qu'il existe des classes bilingues dans la ville.
Cette décision a provoqué un tollé, chaque jour grandissant. Parents d'élèves "abasourdis", directeurs d'écoles "étonnés de n'avoir pas été consultés", parents des classes bilingues dénonçant
l'amalgame, vite rejoints par les différents clans de l'opposition municipale et des associations bretonnantes et/ou culturelles locales. Au fil des jours, les uns et les autres ont demandé à
être reçus par le premier magistrat de la ville, le sénateur-maire Philippe Paul. En vain. Celui-ci campe sur ses positions et fait la sourde oreille.
Stratégie ou manque de courage politique, la question reste posée. Toujours est-il que cette fin de non recevoir a fait monter la grogne chaque jour un peu plus, au point que mercredi, un
collectif s'est constitué. Hier matin, une quarantaine de membres de ce collectif et une joyeuse ribambelle d'enfants sont venus à l'hôtel de ville, pour demander à rencontrer le maire. Ce
dernier a fait savoir qu'il était à Plogoff (pour un rallye moto organisé par la gendarmerie nationale, NDLR). Le premier adjoint était injoignable (il était en Préfecture pour une réunion sur
les algues vertes, ndlr) et l'adjointe à la culture a fait savoir qu'elle ne s'estimait pas compétente sur le dossier.
Le groupe a alors improvisé, dans la bonne humeur, un cours d'initiation au breton dans le hall de l'hôtel de ville, sous l'oeil amusé de deux gendarmes. Les enfants ont chanté, montré comment se
déroulait une initiation et un texte a été lu par un parent d'élève, interpellant les élus absents sur la devise de la ville inscrite dans le hall, "Dalc'h mad", qui veut dire "Tiens bon". Le
collectif est ensuite descendu se mêler à la foule du marché, place des halles, pour refaire la même démonstration. Télévision et radio régionales étaient présentes.
L'argument autour duquel tous ceux qui dénoncent cette décision se retrouvent, c'est qu'une initiation au breton, dans une ville bretonne, cela permet à ses jeunes habitants d'en comprendre
l'histoire. "C'est tout de même la moindre des choses que dans l'école de la commune soit expliqué à nos enfants le sens du nom Douarnenez, des lieux dits des ruisseaux ou de leur propre nom de
famille", résumait ce matin un parent. "Je voudrais bien pouvoir continuer, ça me plaisait, je commençait à connaître beaucoup de mots", ajoutait de son côté Rosa, une fillette de huit ans qui a
commencé cette initiation il y a trois ans. Les parents d'élèves ont fait signer une pétition, qui est également en ligne (*).
En fin de matinée, deux conseillères régionales, Naïg Le Gars (UDB) et Janick Moriceau (Les Verts), ont adressé une lettre ouverte au maire lui demandant de revenir sur sa décision ou alors de
dénoncer la charte Y'a d'ar brezhoneg signée par la Ville.
http://www.petitionenligne.fr/petition/pour-le-maintien-des-cours-dinitiation-au-breton-dans-les-ecoles-de-douarnenez/95