Ils ne cessent de manifester leur colère dans la rue, comme les militaires, samedi. Ce qui n'empêche pas le gouvernement
d'annoncer un « choc fiscal » l'an prochain. Alors que le chômage augmente...
Lisbonne. De notre correspondante
Il défile un oeillet rouge à la boutonnière, et mène un cortège de milliers de militaires. « C'est un symbole de notre révolution de 1974, lorsque nous, militaires, nous avons renversé la dictature. Aujourd'hui nous vivons en démocratie, mais elle est menacée. Et nous nous devons de la défendre », explique calmement Luis Reis, l'un des représentants des forces armées qui ont défilé dans le centre de Lisbonne, samedi.
Avant eux, mardi, ce sont les policiers qui ont protesté contre les mesures, jugées injustes, du prochain budget de l'État. Et lorsque ce ne sont pas les forces de l'ordre qui protestent, c'est la population. Comme ce fut le cas fin octobre, lors de l'adoption du budget 2013. « Ils nous asphyxient. On est obligés de choisir entre s'alimenter et aller chez le médecin, explique Sonia, employée de mairie. Moi j'ai deux gosses et je m'inquiète pour eux. Tous nos droits et nos avantages sont bafoués. »
« Notre-Dame de l'austérité »
Le gouvernement prévoit pour l'an prochain, d'après les propres mots du ministre des Finances Vitor Gaspar, un « énorme choc fiscal ». Il doit trouver 5 milliards d'euros de recettes supplémentaires. Ce sera plus d'impôts. Et les Portugais vont perdre, en moyenne, un mois salaire supplémentaire.
Le gouvernement veut ramener le déficit public à 4,5 % en 2013. C'est le prix à payer en échange du prêt de 78 millions que lui ont octroyé le Fonds monétaire international (FMI) et l'Union européenne. Mais le vaste plan d'austérité mis en place depuis un an (suppression des avantages familiaux, augmentations importantes du prix de l'énergie et des transports, TVA relevée, primes des fonctionnaires supprimées, salaires gelés...) a des conséquences très lourdes sur la consommation. Et le chômage s'aggrave : il est estimé à 16,4 % de la population active.
Les Portugais jugent ces mesures inefficaces. Ils ont l'intention de le dire dans la rue, aujourd'hui, au moment de la visite de la chancelière allemande, Angela Merkel, surnommée ironiquement « Notre-Dame de l'austérité ».