blog du Npa 29, Finistère
19 décembre 2012
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Le foyer Mozaïk, destiné à l'accueil des jeunes de moins de 25 ans, fermera définitivement à lafin de l'année. Unedécision dictée par le régime de rigueur budgétaire imposé par l'État à la Sauvegarde 56.
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C'est un immeuble bleu situé rue Jean-Lagarde. Un repère, depuis plus de dix ans, pour les jeunes en rupture de ban. Mais les jours
du foyer Mozaïk sont comptés. Ses portes fermeront à la fin de l'année. La nouvelle est tombée le 11septembre. Pourtant, les salariés espéraient un nouveau sursis. Leur mobilisation en juillet
2011 avait repoussé l'échéance initialement envisagée dès janvier 2012. Cette fois, la cure d'austérité imposée par l'État à la Sauvegarde 56 a condamné la structure dédiée aux hommes âgés de
18 à 25 ans. «C'est un retour en arrière. En 1997, lors de sa création, on avait su trouver les fonds nécessaires au financement d'un foyer spécifique à l'accompagnement des 18-25ans. Une
population fragile, sans ressource car ces jeunes ne bénéficient pas du RSA», déplore l'un des travailleurs sociaux.
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Plus de 1.000 jeunes accueillis en quinze ans
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En quinze ans, le centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) de 27 places (installé depuis 2001 rue Lagarde) a accueilli plus de 1.000 hommes, dont 80%
issus du pays de Lorient. À partir de l'année prochaine, ces places seront attribuées aux deux autres CHRS de la ville (1). «La politique nationale de cohésion sociale privilégie le logement.
Le foyer collectif est un outil qui tend à disparaître. Pourtant, c'est une étape nécessaire dans le processus de réinsertion. C'est aussi une valeur, celle de l'entraide, déplore
l'intersyndicale CFDT-Sud santé sociaux. La population fragilisée est de plus en plus nombreuse mais le nombre de structures baisse. Résultat, la liste d'attente s'allonge. Et on risque de
bloquer un peu plus le système. Faute d'un suivi suffisant, certaines personnes souhaiteront rester plus longtemps dans les appartements», ajoutent les représentants syndicaux. La
réorganisation globale dictée par des impératifs comptables sonne le glas du foyer Mozaïk.
7,5 postes supprimés
Elle se traduit aussi par la fin de l'hébergement collectif au foyer Robelin. Depuis septembre, les locaux ont été réaffectés à l'accueil d'urgence; c'est-à-dire
des lits uniquement pour la nuit. Les hommes suivis par le centre ont été orientés vers des appartements en ville. «Certains d'entre-eux n'étaient pas prêts. Résultat, faute de suivi régulier
des éducateurs, ils multiplient les allers-retours avec l'hôpital psychiatrique», observe un travailleur social. Justement, les professionnels s'interrogent sur la qualité du service puisque
7,5 postes de travailleurs sociaux sur 29 seront supprimés dans le département alors que le nombre de places reste identique (144).
420.000€ en moins
«On a cherché à conserver des activités collectives dans un premier temps. Mais nous avons appris en juin que les baisses de subvention se poursuivraient en 2013.
En trois ans, nous aurons perdu 420.000€ (2). Le pays de Lorient, qui avait développé des outils originaux et de qualité, paie au prix fort la méthode de convergence tarifaire qui ne tient pas
compte des spécificités locales. Cela affecte la qualité du service», admet Jean Lavoué, le directeur général de la Sauvegarde 56. «Nous avons dû faire des choix. Nous avons décidé de
privilégier l'accueil des mères en souffrance et de leurs enfants», ajoute-t-il. Le foyer Mozaïk disparaîtra du paysage d'insertion dans quelques jours. Mais le bâtiment sera réaffecté au
centre d'accueil des demandeurs d'asile (Cada).
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(1)Foyer Safran (accueil des femmes et des mères battues avec enfants): 31 places en CHRS et 60 places en urgence. Foyer Robelin (accueil des hommes de plus de
25 ans): 23 places en urgence et 60 places en CHRS (appartements en ville).
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(2)100.000€ en 2011, 200.000€ en 2012 et 130.000€ en 2013. Leprix moyen est passé de 18.500€ à 15.500€.
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Commentaire: Leçon de chose: un Noël d'austérité, des économies sur le dos des plus fragiles et bien sûr habiller les uns (demandeurs d'asile) en
déshabillant les autres (jeunes en difficulté).