9 octobre 2012 à 09h09 -
Une vingtaine de militants CFDT, FO et un délégué CGT ont fait le déplacement ce matin à Quimper où se tient, depuis 9h, une audience du tribunal de commerce. Charles Doux est également présent à ce point d'étape au lendemain d'un CCE, réuni hier lundi, à Châteaulin. Un comité central d'entreprise qui n'a pas permis de lever le voile sur toutes les interrogations des salariés.
Que reste-t-il du groupe Doux ?
En août, la société mère s'est séparée de la branche volaille fraîche pour ne plus conserver que les activités de poulets surgelés
destinés à l'exportation vers le Moyen-Orient et de produits élaborés (saucisses de volaille,etc.). Dans l'opération de liquidation et de cession des sites du
pôle frais, un millier de personnes ont perdu leur emploi. 700 l'ont conservé. Aujourd'hui, le groupe Doux réduit à ses pôles «export» et «élaboré» compte encore
2.100 salariés. Cet effectif est réparti sur douze sites industriels et le siège social de Châteaulin. 300 éleveurs intégrés continuent à fournir de la volaille
aux abattoirs du groupe.
Le groupe volailler est-il sauvé d'affaire ?
Il est bien trop tôt pour le dire. Charles Doux et son principal créancier, la banque Barclays, ont demandé du temps pour mettre sur
pied un plan de continuation qui devrait à la fois permettre de relancer l'activité, de faire des profits et de rembourser les créanciers. Ils se sont engagés à boucler leur plan de relance fin
novembre. Mais les administrateurs judiciaires envisagent déjà de devoir repousser cette échéance. Actuellement, la gestion du groupe se fait sous contrôle de la Justice. Et c'est justement, dans
ce cadre que le tribunal de commerce de Quimper a invité Doux à faire un point d'étape aujourd'hui. En attendant, le groupe a annoncé, hier, un «plan
d'investissement totalement autofinancé de 30 millions d'euros sur trois ans».
Vendre une usine pour renflouer la trésorerie.
Hier, le comité central d'entreprise a pris connaissance des comptes du groupe. La trésorerie est insuffisante malgré un prêt de Barclays. La société saoudienne
Almunajem, principale cliente du poulet surgelé export et future co-actionnaire de Doux, n'a pas versé l'intégralité de l'avance promise. La vente de l'unité de
transformation des déchets de volaille en farine animale (Châteaulin) est donc envisagée en urgence pour 15 M€. Mais les observateurs sont sceptiques sur cette
évaluation.
La dette brésilienne, les éleveurs et les transporteurs...
Dans quelques jours, tous les créanciers du groupe Doux auront déclaré le montant de leurs créances. La dette brésilienne (liée à la
filiale Frangosul) est pour l'instant évaluée à près de 70 M€, dont 35 M€ exigibles. D'ores et déjà, les éleveurs ont été indemnisés à hauteur de 50 % de leurs créances. Les transporteurs, eux,
le seront partiellement cette semaine sous forme d'avance (3,2 M€).
Beaucoup de questions en suspens.
Combien de salariés vont être licenciés au siège social ? Que va devenir l'usine Père Dodu de Quimper (230 salariés) qui tourne actuellement au ralenti, faute d'un approvisionnement jusqu'à présent assuré par le pôle frais ? Pourquoi la holding Turenne-Lafayette (jambon Madrange) a-t-elle effectué une visite de ce site quimpérois, il y a une dizaine de jours ? Pourquoi l'usine de Pleucadeuc (56) perd-elle encore de l'argent ? Autant de questions auxquels les salariés aimeraient avoir des réponses aujourd'hui.
- Flore Limantour
Le groupe Doux a présenté son plan de continuation cet après-midi aux syndicats lors d’un comité central d’entreprise à Châteaulin. Selon la direction, le groupe prévoit un plan d’investissement « totalement autofinancé de 30 millions d’euros sur trois ans, et dont la mise au point est en cours ».
« La profitabilité du nouveau groupe permettra de financer les investissements et de rembourser les dettes de la société dans le cadre du plan de redressement qui sera soumis au tribunal de commerce », explique un communiqué de la direction à l’issue du comité central.
Audition au tribunal de Quimper demain mardi
Après la liquidation de son pôle frais qui a laissé quelque 1 000 salariés sur le carreau, le tribunal de commerce de Quimper tiendra mardi une audience d’étape pour faire le point sur la situation du groupe volailler.
La dette de Doux, propriétaire de la marque Père Dodu est estimée à 430 millions d’euros. Le groupe a été placé en redressement judiciaire début juin et la fin de sa période d’observation a été fixée au 30 novembre. Son pôle frais, déficitaire, a été mis en liquidation et seulement cinq de ses huit sites ont trouvé repreneur.
Commentaire: Dette? Quelle dette? Et les subventions européennes destinées à Doux? Et son immense fortune?