22 octobre 2010 à 16h49 - Le Télégramme
La réforme des retraites en cours de discussion au Sénat va-t-elle favoriser les intérêts de Guillaume Sarkozy, le frère du président de la République ? C'est ce que croit savoir le site Médiapart, qui publie un article faisant le lien entre les conséquences de la réforme sur l'épargne retraite et les positions de Guillaume Sarkozy qui dirige la société Malakoff-Médéric, spécialisée dans la protection sociale privée.
Vers "l'asphyxie" de la retraite par répartition
D'après le site, la réforme telle qu'elle a été conçue "va conduire à l'asphyxie financière des grands régimes par répartition" et sera donc "propice à l'éclosion de ces grands fonds de pension qui n'étaient pas encore parvenus à s'acclimater en France, à quelques rares exceptions près". En effet, si te texte en discussion au Sénat ne remet pas en cause l'existence même du système par répartition, il contient des dispositions qui pourraient faciliter le développement de la retraite complémentaire par capitalisation, comme le souligne un article de la revue Politis.
Profiter de la manne
Selon Médiapart, le groupe dirigé par Guillaume Sarkozy entend bien profiter de cette future manne. Le site y voit "plus qu'une coïncidence", "une stratégie concertée en famille". A voir. Toujours est-il que Malakoff-Médéric s'apprête à créer une filiale destinée à capter ce marché en devenir. Une filiale également détenue par la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), bras financier de l'Etat, et la Caisse nationale de prévoyance (CNP), elle-même filiale de la CDC, des Caisses d'épargne et de la Banque postale.
Avec l'appui de l'Elysée ?
"Cette société n'aurait jamais vu le jour sans l'appui de l'Elysée", écrit Médiapart. "Pourquoi la Caisse des Dépôts et Consignations se lance-t-elle dans pareille aventure pour faire le jeu du système adverse, celui par capitalisation?", s'interroge le site. "Et pourquoi, de surcroît, le faire avec une entreprise dont le patron est le frère du chef de l'Etat?".
Cette société dénommée Sevriena "a déjà prévu une forte croissance de ses résultats", note la revue Politis qui s'appuie sur un document confidentiel au travers duquel le potentiel de création de valeur de cette entreprise est estimé "à 634 millions d’euros dans 10 ans et à 1,2 milliards dans 20 ans".
"Tactique de l'opposition", répond Malakoff-Médéric
"Si notre délégué général ne s'appelait pas Guillaume Sarkozy, il n'y aurait pas eu cette polémique", a réagi le groupe Malakoff-Médéric sur le site du Nouvel Obs. La société, qui met en avant son fonctionnement mutualiste à but non lucratif, ne conteste pas les faits mis en évidence par Médiapart, mais se dit victime d'une "tactique de l'opposition" dans son combat contre la réforme des retraites.