29 mai 2010 à 10h00 - Le Télégramme
Dans 15 jours, le tribunal de grande instance de Brest prolongera ou non le placement sous procédure de sauvegarde de la fédération ADMR29, toujours dans le flou. La préfecture et le ministère de la Santé se sont saisi du dossier. Des enquêtes sont en cours.
Le plan social attendu de la fédération ADMR 29 (135 salariés), sous procédure de sauvegarde, ne figurait pas à l'ordre du jour du comité d'établissement (CE) hier,
à Saint-Ségal. À la sortie du tribunal de grande instance de Brest, le 10 mai, Yves Derrien, président, l'avait pourtant annoncé pour fin mai.
Une débauche de moyens
Le projet de réorganisation du réseau n'a pas, non plus, été présenté. «Contenu insipide», ont jugé les élus du CE, qui naviguent dans le flou total. «Nous ne sommes pas prêts», a indiqué Yves
Derrien. Ça patine, pourquoi? Mardi 18 mai à Quimper, puis le lendemain à Landerneau, les responsables des 92 associations locales ont été conviés à une réunion d'information.
«Nous n'avons rien appris de concret», informe l'un d'eux.
Des réunions chapeautées par l'Union nationale via Danièle Dumas, trésorière, ancienne présidente, et présidente de la holding «Les Domiciliennes». À ses côtés lors de ces rendez-vous, Philippe Rousselin, avocat d'un grand cabinet lyonnais. L'Union nationale, qui s'appuie aussi sur le cabinet marseillais Muselier d'experts-comptables, ne lésine pas sur les moyens pour s'inscrire dans la restructuration du réseau ADMR 29 (une fédération, 92 associations, 3.700 salariés).
Dans le Finistère, cette omniprésence étonne, d'autant que Pierre Maille, président du conseil général - principal financeur du réseau via l'Apa - a déjà souligné
le rôle qu'elle y tient (Le Télégramme du 12mai). Elle serait, selon lui, à l'origine du manque de transparence et d'information sur ce dossier.
«C'est du lourd»
«Ah oui, c'est du lourd», réagit Pierre Garrec, directeur départemental du pôle de cohésion social. Il confirme aussi des procédures en cours. «Mais je ne peux rien vous dire. Dès que les
expertises seront rendues, si le cabinet du préfet est d'accord, nous pourrons communiquer».
Au niveau national, le secrétariat d'État aux Aînés, rattaché au ministère de la Santé, s'est à nouveau saisi du dossier ADMR, après une première enquête commandée en 2007-2008 à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas).
«Je suis au courant», confirme Marguerite Lamour, députée de Brest-rural. «La machine est partie», indiquait, il y a quelques jours, un autre député du Finistère. Bénévolat et lien social sont le credo de l'Union nationale ADMR qui fonctionne avec l'argent public. Ces dernières années pourtant, elle a multiplié la création de sociétés privées, nouant aussi des relations commerciales avec de grands groupes, tels Casino ou La Poste.
Le 16 novembre 2009, Danièle Dumas, également membre fondateur de l'association militante et influente «Collectif fraternité», devenu «Collectif appel à la Fraternité», signait avec le groupe La Poste, pour l'ADMR, une convention nationale. Les facteurs installeront des boîtiers de téléassistance au domicile de personnes fragilisées.
À quel coût pour le particulier? Avec quelle part reversée à l'ADMR? «Ce partenariat étant aussi une relation commerciale, elle relève du secret des affaires», a répondu La Poste. On s'éloigne, ici, des valeurs du bénévolat chères à l'ADMR, dont plus d'une dizaine d'associations du réseau finistérien se trouveraient aujourd'hui sans président.
- Karine Joncqueur