La production stoppe aujourd'hui. Amers, les salariés rentrent chez eux. À la mi-novembre, ils recevront leur lettre de licenciement économique.
Reportage
L'usine va fermer. « La production doit stopper demain (aujourd'hui : NDLR), à midi », souffle Sylvie Péron, déléguée CFDT de l'unité brestoise de transformation de veau Socopa (groupe Bigard basé à Quimperlé). Trente-six personnes travaillent dans l'établissement de la zone de Kergaradec.
« On était entré là en mars 1993, se souvient, souriante, Christine, 57 ans, secrétaire commerciale. Le bâtiment était tout neuf. » L'aspect est aujourd'hui désuet, daté. À côté, dans cette même rue Becquerel, des panneaux « À vendre ».
À quelques heures de stopper l'activité, des salariés ont du mal à se projeter, à voir clair dans l'avenir. L'après Socopa ? « Je ne sais pas », répond Marie-Christine, 54 ans, assistante marketing. Elle veut d'abord « tourner la page », « sortir de cette histoire, fermer une porte pour en ouvrir une autre ». Elle en a marre d'être « ballottée » d'un employeur à un autre. « On a l'impression qu'on est toujours tout seul dans cette boîte », embraye Yann, 30 ans. Christine, elle, se demande comment retrouver du travail à son âge.
Tanguy, 34 ans, quatre enfants, n'y voit pas plus clair. Un peu perdu, lui non plus ne sait pas. Cela fait onze ans qu'il travaille à Brest. Aller à Quimperlé ? « C'est une hypothèse. Dans tous les cas, « bouger » pourrait signifier perte d'emploi pour ma femme, et vente de la maison. » Une autre employée a commencé un bilan de compétences.
« On va rentrer chez nous »
Bref, c'est l'amertume qui gagne les salariés. « On fait les frais d'une restructuration. On demande aux employés de faire des efforts. Nous, on fait mieux, on donne notre emploi ! » lâche l'une d'elles. « C'est un grand gâchis », conclut une autre, visiblement émue.
« On va rentrer chez nous. Nos salaires sont garantis. Puis, à la mi-novembre, on recevra une lettre de licenciement économique avec au moins deux propositions de reclassement au sein de Charal, Bigard, Socopa. » Le ton est à la résignation. Il faut dire que la menace de fermeture pesait depuis plusieurs mois.
Quelques-uns vont rester encore un peu. Pour gérer l'administratif, répondre aux appels téléphoniques. « On va tourner deux par deux le matin pendant au moins un mois, je pense », explique Christine. « On a prévu de se réunir une fois par semaine après la fermeture pour garder contact », indique Sylvie Péron. Elle est un peu devenue la grande soeur.
Celle qui rassure.
De Kerguelen à Socopa
En 2007, Even avait cédé Kerguelen à Socopa qui a été rachetée par Bigard en mars 2009. Sur le site brestois travaillent des bouchers, du personnel de conditionnement, des piéceurs, des personnes affectées à l'administratif, la comptabilité et à des activités commerciales.
On y faisait des plats cuisinés jusque début juillet. L'activité a été transférée à Quimperlé. Celle de Promocash (piéçage) est partie à Coutances. Restait l'activité casher qui faisait travailler jusqu'à ce midi les trente-six personnes.
« Elle rejoint Guingamp », déplore Sylvie Péron devant la signalétique qui indique encore Kerguelen et Socopa.
Sollicitée, la direction n'a pas donné suite à nos appels.