Cinq syndicats prévoient une centaine de manifestations et rassemblements le mardi 14 novembre, dans le cadre de la mobilisation européenne contre l’austérité lancée par la Confédération européenne des syndicats (CES).
Pour la première fois depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir, la CGT et la CFDT vont défiler ensemble.
Mais si Bernard Thibault cible la politique menée en France, François Chérèque, lui, ne descend pas dans la rue « contre » le gouvernement. L’enjeu est de « revendiquer une politique qui permette une croissance dans l’ensemble de l’Union européenne », a rappelé Marcel Grignard, de la direction de la CFDT.
« Pour l’emploi, la solidarité en Europe et contre l’austérité »
A l’appel de l’intersyndicale - CGT, CFDT, FSU, Solidaires, Unsa - des manifestations unitaires sont prévues dans toute la France, en écho au mot d’ordre de la Confédération européenne des syndicats (CES) « pour l’emploi, la solidarité en Europe et contre l’austérité ».
Il s’agit avant tout de soutenir les salariés des pays les plus en difficulté, Grèce, Portugal, Espagne, Italie où des grèves sont prévues ce jour. « C’est la première fois dans l’histoire de l’Europe qu’on va avoir une mobilisation d’une telle ampleur simultanément dans nombre de pays », se réjouit Philippe Lattaud, membre de la direction de la CGT.
Une centaine de manifestations en France
Les organisations CGT, CFDT, FSU, Unsa et Solidaires ont également appelé à des grèves sectorielles, en particulier dans les services publics, pour cette mobilisation de l’automne social. En France, une centaine de manifestations et de rassemblements sont prévus dans 77 départements, selon un premier décompte de la CGT.
Sans évoquer pour le moment une grève, quatre fédérations de cheminots ont appelé les agents de la SNCF à maintenir un « haut niveau de mobilisation » dans la foulée des arrêts de travail du 25 octobre dernier.
Dans leur déclaration, les syndicats expriment « leur ferme opposition aux mesures d’austérité qui font plonger l’Europe dans la stagnation économique, voire la récession ».
Première action commune CFDT-CGT depuis le 1er mai
À Paris, le défilé partira en début d’après-midi de Montparnasse vers l’Ecole militaire. Derrière la banderole de tête défileront les leaders des cinq centrales, dont ceux de la CFDT et de la CGT qui vont prochainement passer le témoin à leurs dauphins désignés, François Chérèque fin novembre, Bernard Thibault en mars.
Il s’agit de leur première action commune depuis le 1er mai. Le 9 octobre, la CGT avait organisé seule des manifestations dans plusieurs villes. Mais chaque organisation ira avec ses propres objectifs.
« Faire entendre la voix des salariés »
Pour la CGT, cette « euromobilisation » est « le moment de faire entendre la voix des salariés. L’enjeu est d’infléchir les choix du gouvernement de façon à ce qu’il réoriente sa politique en faveur des salariés », alors qu’« aujourd’hui il va dans le sens de ce qu’a exigé le patronat », souligne Philippe Lattaud.
Très remonté contre le pacte de compétitivité de 20 milliards d’euros d’aides aux entreprises, M. Thibault estimait cette semaine que la politique du gouvernement socialiste n’est « pas suffisamment en rupture » avec celle de Nicolas Sarkozy.
La journée d’action a lieu au lendemain de la première conférence de presse du président François Hollande et à la veille d’une nouvelle séance de négociation tendue entre patronat et syndicats sur l’emploi, occasion de « faire pression » sur le Medef, affirme M. Lattaud.
« Pour une croissance dans l’ensemble de l’Union européenne »
Mais, « pour la CFDT il ne s’agit pas de faire du 14 novembre une manifestation contre le gouvernement français ou sur la question de la compétitivité en France, ce n’est pas l’enjeu », a souligné Marcel Grignard, membre de la direction de la CFDT. L’enjeu pour la centrale cédétiste est de « revendiquer une politique qui permette une croissance dans l’ensemble de l’Union européenne » et « des réformes qui réduisent les concurrences sociales ».
« Une partie des problèmes que connaît la France réside dans le fait que l’ensemble de l’Europe est dans une atonie économique importante », rappelle-t-il. « On demande au gouvernement français d’être porteur de ces enjeux-là » au sein du Conseil européen, ajoute M. Grignard.
Pour Luc Bérille, secrétaire général de l’Unsa, la journée d’action est « d’abord européenne » pour réclamer un « contrat social pour l’Europe, revendication phare de la CES ».
De son côté, Jean-Claude Mailly, numéro un de FO, qui habituellement ne participe pas aux défilés unitaires, manifestera à Madrid avec les syndicats espagnols « pour résister à ces rouleaux compresseurs de l’austérité ».
Commentaire: "Pour la CFDT il ne s’agit pas de faire du 14 novembre une manifestation contre le gouvernement
français". Ouf, on respire! On a vraiment cru que Chérèque allait frapper du poing sur le bureau de Hollande, si si!