mercredi 2 septembre 2009
Ainsi, l’Université d’été du PS marquerait le début de sa rénovation… Le ralliement de la direction socialiste - à commencer par Martine Aubry - au principe des « primaires ouvertes » pour désigner le candidat à la présidentielle de 2012 serait le point de départ de la reconquête… Est-ce si sûr ?
Cette affaire des primaires constitue une nouvelle étape dans l’adaptation du Parti socialiste au présidentialisme et à la logique des institutions de la Vè République. C’est désormais chose entendue : l’élection présidentielle serait l’alpha et l’oméga de la vie politique et les partis condamnés à n’être que des « écuries » présidentielles.
Ainsi, la rentrée du PS ne se fait évidemment pas sur la riposte politique et sociale à Sarkozy. Mais, malgré toutes les déclarations vertueuses de sa direction, elle ne se fait pas non plus sur l’élaboration du « projet » socialiste censé redynamiser la gauche.
Cette tâche, périodiquement annoncée, est à nouveau sacrifiée : la discussion sur le mécanisme de désignation du candidat (ou de la candidate) prend le pas sur toute autre considération.
Autre sujet central pour les socialistes : la question des alliances. En clair : l’ouverture à François Bayrou et au Modem. Vincent Peillon a ouvert le bal, rassemblant en une touchante photo de famille Daniel Cohn-Bendit, Marielle de Sarnez et Robert Hue.
Bien sûr, quelques éminences socialistes ont protesté. Et Martine Aubry a renâclé. Mais, à la mairie de Lille, elle-même a fait alliance… avec le Modem ! La
tentation est chaque jour plus forte.
Assez logiquement : le PS ayant renoncé à combattre les institutions antidémocratiques et ayant renoncé à proposer un projet politique s’opposant sur le fond à la gestion sarkozienne du capitalisme et de sa crise, pour revenir aux affaires, il tente de rassembler une hypothétique majorité électorale sur la base d’un contenu ne fâchant pas les centristes.
Disons-le franchement : une telle perspective, par ailleurs aléatoire, est totalement étrangère à la défense des intérêts du monde du travail.
François Coustal
Après l'université d'été du PS : une unanimité de façade
(LO)
À l'issue de son université d'été à La Rochelle, l'euphorie serait de retour au sein de la direction du PS. Mieux même, des dirigeants qui n'arrêtaient pas de s'égratigner à qui mieux mieux
seraient désormais d'accord entre eux.
D'accord pour proposer la fin du cumul des mandats. D'accord pour contester et combattre plus vigoureusement la politique du gouvernement, en particulier sur la taxe carbone. D'accord enfin pour
recourir à des primaires pour la désignation d'un candidat à la prochaine élection présidentielle.
Ils sont donc apparus presque unis, alignés derrière Martine Aubry. Mais derrière la façade qu'on veut montrer bien lisse, il y a fort à parier que chacun reste sur le pied de guerre.
Ainsi si on n'entend personne regimber aujourd'hui pour contester la fin du cumul des mandats, alors que bon nombre de notables du PS occupent simultanément plusieurs mandats et cela depuis fort
longtemps, il est fort probable que cette décision aura du mal à voir le jour. D'ailleurs, prudente, Martine Aubry a décidé de reporter son application au lendemain des élections régionales. À
Pâques donc ou à la Trinité ?
Les murs de La Rochelle ont tremblé sous les vigoureuses colères des dirigeants socialistes contre la taxe carbone. Ces diatribes, au demeurant justifiées, ont d'autant plus été remarquées
qu'elles font suite à des prises de positions diamétralement opposées des mêmes. Ainsi Ségolène Royal avait signé le pacte écologique de Nicolas Hulot dans lequel la taxe carbone figurait en
bonne place, et le PS avait approuvé le 28 juillet dernier le rapport Rocard proposant cette taxe, se limitant à déclarer à cette occasion qu'il veillerait « à ce que le gouvernement n'en dévoie
pas les principes ». Ceux qui se féliciteraient d'un tel retournement, auraient intérêt à se méfier de ces responsables politiques capables de telles pirouettes du jour au lendemain !
Quant au ralliement de tous les dirigeants du PS à l'idée d'organiser des primaires, loin de signifier la fin des affrontements internes, il n'est à l'évidence qu'une trêve armée. Derrière ce
gadget mal défini, les ambitions, les calculs politiciens n'ont pas disparu. Reste encore à débattre des modalités de ces primaires. Seront-elles ouvertes à tous les candidats quelle que soit
leur appartenance politique, ou limitées aux seuls candidats issus du PS ? Permettront-elles à n'importe quel électeur de venir voter pour participer au choix du candidat, ou cette possibilité
sera-t-elle réservée aux seuls membres du PS ou d'une coalition qui se constituerait autour du PS ? Des interrogations sans réponse, mais qui, quelle que soit la formule choisie, ne clarifient
pas le choix d'une politique et d'un individu pour les électeurs.
Chacun des dirigeants du PS se pose donc aujourd'hui comme un champion de la rénovation de son parti, et du même coup de la politique qui incarnerait la modernité, tout en se gardant de préciser
ce qu'on entend par là. Et pour cause. Faire moderne, cela se réduit en fait à vouloir habiller les pratiques et les politiques anciennes avec des habits différents, mais ni nouveaux, ni
neufs.
Mais ils auront du mal à convaincre que se présenter derrière, ou aux côtés d'un Bayrou, ce serait faire du neuf, que le recyclage d'anciennes ministres - comme Martine Aubry, Ségolène Royal -
amènerait une politique inédite favorable à la population laborieuse, pas plus que le remplacement de vieux politiciens, par de jeunes loups autoproclamés comme Valls, Peillon ou Montebourg
offrirait une politique enfin destinée à répondre aux exigences du monde du travail.