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5 janvier 2011 3 05 /01 /janvier /2011 11:26
On éprouve quelque peine à savoir ce qui se passe actuellement en Tunisie si on se contente des médias de masse usuels ; certes il en est un peu question, comme en passant, et puis il y a des morts et les morts ça attire toujours un peu les caméras.
Mais quand on compare aux unes fracassantes et aux heures de débats acharnés lors des révoltes contre le pouvoir iranien en 2009, ça fait un peu maigre. Le mort iranien serait-il plus côté que le mort tunisien ? Ou exprimé différemment : le cadavre qui pisse le sang dans une rue de Téhéran, est-il plus sexy parce qu'il est mort à cause d'un pouvoir honni par l'Occident que le cadavre qui pisse tout autant le sang dans une rue de Tunis, mais qui lui a été tué par un grand ami de la France ?

Tout de même, ce deux poids deux mesures dans la considération des évènement interroge quelque peu. Mais cependant pas bien longtemps puisque si on veut un éclairage édifiant sur les pudeurs de jouvencelles qui saisissent journalistes et politiques français devant les émeutes du peuple tunisien, nul besoin de fouiller bien longtemps. Même pas en fouillant les recoins subversifs du Net ou en lisant un fanzine gauchiste maquetté à l'arrache, point du tout : c'est rien moins que le site officiel de l'Ambassade de France en Tunisie qui claironne fièrement : 
"La France est historiquement l’un des tout premiers investisseurs étrangers en Tunisie. Elle se place au 1er rang du point de vue du nombre d’entreprises établies en Tunisie et du nombre d’emplois créés. L’implantation de nouvelles entreprises se poursuit à un rythme élevé"
Ah, on commence donc d'apercevoir une piste...
"Un flux record d’investissements français a été enregistré en 2008, avec 504 millions de dinars au cours des 11 premiers mois de l’année, soit 280 millions d’euros environ (contre une moyenne de 90 millions d’euros les années précédentes).
Ce résultat s’explique notamment par le succès d’entreprises françaises dans le cadre des privatisations : 
 150 MDT à l’occasion de la privatisation de la BTK, avec l’acquisition par le Groupe Caisse d’épargne de la part du capital qui appartenait à la Tunisie ; 
 130 millions pour l’augmentation de capital de la STAR, 1er assureur tunisien, dont Groupama détient désormais 35% du capital.
(...) Après s’être concentrés dans le secteur du textile et de l’habillement, les investissements français se sont développés au cours des dernières années dans les industries mécaniques, électriques et électroniques, plus récemment encore dans la plasturgie et le secteur aéronautique qui bénéficiera prochainement de l’implantation d’Airbus.
Sur l’ensemble de la période 1997-2008, la France apparaît au 3ème rang (en valeur) des pays investisseurs en Tunisie".
Ah oui, on dirait que ça se confirme. Allez, une dernière louche : 

 

"La France est le premier pays par le nombre d’entreprises établies en Tunisie (environ 1200 dont les trois quarts sous le régime off shore) et par le nombre d’emplois directs induits (environ 106 000). En 2007, 91 entreprises françaises se sont établies en Tunisie.
Le secteur de l’industrie est dominé par les PME totalement exportatrices, notamment dans l’habillement où l’on note toutefois quelques grands noms (Lacoste-Devanlay, Rouleau-Guichard…). Dans la sous-traitance automobile, Valeo et Sagem sont présents. Quelques entreprises visent plutôt le marché tunisien (Danone, Sanofi-Aventis).
Dans les services, la présence française, traditionnellement limitée au tourisme (Fram, Accor, Club med) et aux établissements bancaires (BNP-Paribas, Société générale, Groupe Caisse d’épargne) s’est développée sur la période récente dans l’assurance (Groupama), les centres d’appels (Téléperformance) ou les SSI à vocation exportatrice. Dans la grande distribution, les enseignes Carrefour et Casino sont présentes avec des partenaires locaux majoritaires"
Pauvres morts tunisiens qui n'ont pas eu le bon goût de défunter dans un pays où les investisseurs occidentaux et particulièrement français n'étaient pas sur-représentés...
Mais quand même, qu'attend donc notre Président pour se dresser contre ces odieux évènement, lui qui est si prompt à s'émouvoir au moindre chien écrasé au fin fond de la Creuse, merde alors ? Lui qui n'a pas de mots assez durs pour le plus anodin kidnappeur de Carambars, ne doit-il point montrer l'exemple en tançant le régime tunisien du haut de l'exemplarité morale du pays des droits de l'homme ? Ou bien quoi ?
Bon, en même temps, il faudrait pour ça mettre deux-trois trucs gênants sous le tapis.
"Soigneusement préparée avec le concours de la FIPA, de la chambre franco-tunisienne du commerce et de l’industrie, et le Cercle Franco-Tunisien, cette rencontre a bénéficié de la présence de ministres de l’Industrie des deux pays, MM. Christian Estrosi et Afif Chelbi ainsi que de l’Ambassadeur de Tunisie M. Mohamed Raouf Najjar. A leurs côtés étaient également présents les présidents des deux Chambres de Commerce et d’Industrie, Pierre Simon et Fouad Lakhoua ainsi que leurs collaborateurs"

"Dans la salle, on reconnaît plusieurs personnalités. D’abord, parmi les acteurs significatifs de l’amitié et de la coopération franco-tunisiennes, MM. Serge Degallaix, ancien Ambassadeur à Tunis, Eric Hayet, M. Tunisie au Medef, Joseph Besnaïnou, Directeur général de l’ARPP, Christian De Boissieu, président du Conseil d’Analyse Economique et du Cercle Franco-Tunisien et Jean-François Limantour, Président du Cercle euro-méditerranéen des dirigeants du textile, de l’habillement et des industries de la mode (Cedith)"
Enfin bon, avec toute cette actualité déprimante, ça fait plaisir de voir autant de gens qui s'aiment.
"Ministre de l’Industrie (mais aussi Maire de Nice ce qui lui confère une sensibilité méditerranéenne supplémentaire et plus grande proximité riveraine avec la Tunisie), Christian Estrosi a réitéré l’engagement de la France à promouvoir davantage le partenariat bilatéral"
On regretterait presque de n'avoir pas été présents tant ça avait l'air d'être émouvant, allez. On ira toutefois par jusqu'à exprimer le soupçon que la Tunisie arrose généreusement un parti politique de droite : ce ne serait pas des manières. C'est juste qu'on comprend un peu mieux un certain silence de la part de gens d'habitude plus prompts que cela à s'enflammer : BHL et Finkielkraut n'ont-il donc eux aussi rien à dire sur cette révolte contre un pouvoir oppressif ? Mais on ne saurait non plus soupçonner nos deux brillants phares de la pensée d'être des lâches aux indignations à géométrie variable et qui sont publiés par des maisons d'édition détenues par des entreprises ayant des intérêts en Tunisie...
Ce qui se passe en Tunisie n'est pas seulement la saine révolte d'un peuple : c'est aussi le miroir de toutes les corruptions, économiques, politiques et intellectuelles qui pourrissent la France.
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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 13:38

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L'avocate engagée Bochra Beljaj Hamida détaille pour Rue89 les caractéristiques de cette mobilisation « sans précédent ».

(De Tunis) Me Bochra Beljaj Hamida était dans le cortège d'avocats malmenés par la police le 30 décembre devant le tribunal de Tunis. La veille, elle faisait sa première apparition télévisée sur la chaîne tunisienne privée Nessma TV, qui a brisé le verrouillage médiatique en diffusant une émission spéciale sur le mouvement de protestation.

Mais surtout, Bochra Beljaj Hamida est une figure des revendications démocratiques, du fait d'avoir obtenu la grâce de plusieurs condamnés à mort du temps de Habib Bourguiba. Elle considère le mouvement né à Sidi Bouzid comme sans précédent et défend plus que jamais un processus démocratique pour la Tunisie.

Je suis entré en contact avec elle la veille de notre entretien. Des policiers en civils avaient cependant été tenus au courant de ma visite chez elle à Tunis. Ils m'ont suivi quelques heures, sans intervenir.


Rue89 : Le mouvement social continue à prendre de l'ampleur avec des manifestations dans l'ensemble du pays. Va-t-il se poursuivre ?


Bochra Beljaj Hamida : Sans aucun doute ! C'est un mouvement sans précédent en Tunisie. Les gens se retrouvent dans les revendications sociales portées à Sidi Bouzid. Ils en ont assez de la corruption, de la précarité et de ce pouvoir qui n'est pas élu démocratiquement.

Dans les cortèges, certains manifestants traitent le Président de « lâche », de « voleur », comme un délinquant de droit commun en somme. Cela ne s'était jamais produit auparavant. Car l'Etat ne parvient pas à aborder les Tunisiens comme des citoyens, nous sommes infantilisés par des technocrates qui sont loin de la vraie société.


Revenons au cas des jeunes diplômés, en Tunisie. Il n'est pas possible de valider un certificat d'aptitude au travail sans soudoyer un fonctionnaire. Aussi, il ne faut pas confondre : les manifestants ne demandent pas à l'Etat de leur trouver un travail mais dénoncent le fait que, sur le marché de l'emploi, les choses ne se font jamais dans la transparence et avec justice.

On ne peut pas reprocher au gouvernement de n'avoir rien fait en matière d'emploi, des programmes ont été lancés depuis plusieurs années, mais à cause d'une corruption systématique, on perd tout ce qui a été fait. Le blocage économique est là !

Nous voulons un dialogue avec les citoyens, que les gens puissent investir et travailler librement et que cela soit une réelle volonté politique.


Finalement, le mouvement social est né à Sidi Bouzid mais il aurait très bien pu voir le jour ailleurs…


Ce n'était pas le premier suicide d'un jeune dans une situation de précarité sociale comparable. Sidi Bouzid a été l'étincelle et la contestation s'est propagée dans tout le pays.

Paradoxalement, le calme est actuellement revenu à Sidi Bouzid car la présence policière y est très forte, mais aussi parce que le gouvernement a acheté les bonnes personnes, tout en donnant l'illusion d'une écoute en limogeant les responsables locaux.

Sauf que la grogne n'est pas propre à Sidi Bouzid et que c'est tout une masse de Tunisiens qui souhaitent exprimer leur ras-le-bol de la politique menée par le gouvernement. Ils sont fatigués de la propagande, de la corruption et du fait que le pays soit tenu par quelques familles.

Vous remarquerez que je parle du gouvernement, je ne veux pas personnaliser la lutte car, plus qu'une personne, nous voulons changer tout un système.


Pourquoi les avocats sont-ils si mobilisés ?


Nous nous sommes sentis solidaires. L'Ordre des avocats est engagé pour les droits humains. Mais, surtout en Tunisie, nous sommes l'un des rares corps élus, et de manière libre et démocratique.

Le bâtonnier n'est pas nommé par le gouvernement, nos décisions sont précédées de débats et de campagnes libres.


Le mouvement des avocats suit-il l'arrestation brutale de Me Abderraouf Ayali et Me Equité et Choukri Belaïd ?


Oui, certains avocats avaient manifesté spontanément, en début de semaine, en soutien au mouvement social de Sidi Bouzid. Me Ayali et Me Belaïd ont pris la parole et la police les a considérés comme les chefs de file du mouvement des avocats.

Le lendemain, la police politique, directement commandée par le palais présidentiel, a enlevé brutalement Me Ayali et Me Belaïd. Abderraouf Ayali a été menacé et gravement maltraité. Puis, le lendemain, il a été relâché.

Deux cents avocats ont alors décidé collectivement de dénoncer cette répression devant le palais de justice, avec le port du foulard rouge en signe de ralliement. Vous connaissez la suite : nous avons été sauvagement réprimés, les avocats comme les avocates !

Ce qui m'a choquée, c'est que ce sont des policiers en civil qui sont intervenus et que tout a été fait pour que les choses ne se passent pas dans le calme, pour que cela dégénère. (Voir cette vidéo agitée postée sur YouTube par un participant à la manifestation)


Lors de son intervention télévisée vendredi, le président Ben Ali paraissait mis en difficulté…


Je crois que le gouvernement réagit brutalement car il est fragile. Contrairement au discours officiel, le mouvement de contestation n'est pas manipulé à la base, il s'agit de manifestations quasi spontanées de gens qui appellent à en finir avec ce système politique. C'est un signal d'alarme fort pour le gouvernement !

Le Président est désormais devant un choix. Si sa réponse est un simple remaniement ministériel, il n'a rien compris aux attentes des Tunisiens. On a changé de ministre de la Communication, mais moi je dis « liberté, pas de ministère de la Communication » tout court !

Nous sommes dans un mouvement important, décisif, le gouvernement doit faire le choix d'un processus démocratique et non celui de la répression.


Vous avez participé à l'émission de Nessma TV consacrée à la situation à Sidi Bouzid, qui n'a pas été censurée. C'est un autre précédent porteur d'espoir ?


Peut-être un précédent sans suite ? L'émission n'a pas été rediffusée.

Disons qu'il ne faut pas voir le gouvernement comme un seul bloc. Il y a une complexité interne, certains tirent vers l'avant alors que d'autres maintiennent une position qui défend une logique de contre-information et de répression. Le gouvernement est bousculé en son sein. Ben Ali est tiraillé entre plusieurs tendances, voire plusieurs clans.


En Europe, nous restons prudents face à ce type d'évènements, en raison de la récupération éventuelle des islamistes. Qu'en pensez-vous ?


C'est le statu quo qui renforce les extrémistes. Plus on avance, plus il y a un processus démocratique fort, plus il y a des forces de dialogue et moins la société s'islamise. C'est une bataille culturelle, une question de société. Mais il faut bien rappeler que les islamistes n'aiment pas la démocratie.

Les Européens se trompent complètement : en Tunisie, ce sont les syndicats et les militants des droits de l'homme qui portent le mouvement, pas les religieux.

En France l'UMP agite aussi la menace islamiste. Pourquoi ? Parce que Chirac et Sarkozy n'ont jamais considéré les Tunisiens sur un pied d'égalité. Ils nous ont toujours perçus comme des colonisés.


Internet est-il une interface majeure dans la construction du mouvement social ?


Le mouvement revêt un autre caractère sans précédent : il y a de plus en plus de jeunes cherchant à s'engager. On a pu penser qu'un certain confort pourrait dissuader les nouvelles générations mais les gens qui ne sont pas nés avec Bourguiba se mobilisent fortement.

Un dynamisme d'autant plus fort que tous les nouveaux réseaux sociaux type Facebook, Twitter… sont des moyens très efficaces d'organisation contournant la censure.

En Tunisie, tous le monde connaît ce qu'est un proxy [système de contournement de la censure sur le Web, ndlr]. La plupart sont téléchargés depuis la Chine où la technologie a été très développée.

Pour les mobilisations à venir, Facebook est la première source d'information.

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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 13:28



de : Actualutte
lundi 3 janvier 2011 (11h46)


La Tunisie traverse une période de turbulence sociale depuis la mi-décembre. Plusieurs manifestations se sont tenues à travers le pays, et après les avocats, les journalistes et les diplômés chômeurs, c’est au tour des lycéens de rentrer dans le mouvement. Un appel à la grève a été lancé pour ce lundi 3 janvier via Facebook.


 

 


Page Facebook appelant à la grève les lycéens tunisiens, le 3 janvier 2011


Le mot d’ordre pour cette grève des lycéens a circulé à travers la Tunisie via Facebook Selon des proches du mouvement, en quelques jours plus de 11 000 jeunes Tunisiens ont reçu le message pour l’appel à la grève de ce lundi.


Le réseau social est devenu un support militant dans le pays, après la censure par le pouvoir d’autres sites électroniques comme Youtube ou Dailymotion. Car le climat de tension sociale liée dans un premier temps au chômage et à la cherté de la vie est en train de prendre un tour beaucoup plus politique dans un pays qualifié par des opposants de « véritable cocotte minute ».

« Pendant des années, les Tunisiens se sont tus mais aujourd’hui ils en ont ras-le-bol », confirme l’avocate Radia Nasraoui. Les slogans dans les manifestations de Sidi Bouzid mais aussi dans d’autres villes en disent long. En quelques jours, « le travail est un droit » a laissé la place à des « Ben Ali ça suffit» ou des « ministère de l’Intérieur, ministère du terrorisme ».

Selon des témoignages sur place, la répression policière a été violente. Trois manifestants ont trouvé la mort dans la région de Sidi Bouzid. Plusieurs blessés seraient encore dans un état grave.


De leur côté, les avocats qui ont choisi de mettre un brassard rouge sur leur robe noire vendredi dernier ont été physiquement pris à partie dans plusieurs palais de justice tunisiens, et on est toujours sans nouvelle d’un activiste politique Ammar Amroussia arrêté le 29 décembre dernier à Gafsa.


http://www.rfi.fr/afrique/20110103-tunisie-greve-lyceens-partir-aujourd-hui

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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 13:21

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2 janvier 2011

 

Dans les médias européens, l’absence quasi totale d’information sur ce qui se passe en Tunisie est révoltante, quoi qu’elle soit prévisible.

 

Des discussions avec des contacts fiables en Tunisie me permettent de faire le résumé suivant des évènements, pour les camarades qui n’ont pas tout suivi :


Mohamed Bouazizi, jeune diplômé, chômeur, était contraint à travailler comme marchand ambulant de fruits et légumes à Sidi Bouzid ; orphelin, il avait 8 frères et soeurs à charge. Les agents de la municipalité ont refusé de lui accorder l’autorisation de vendre au souk et il vend donc sa marchandise de manière illégale. Sa marchandise lui a été confiquée plusieurs fois et il a fini par se retrouver sur-endetté. La dernière fois qu’il a essayé de négocier pour récupérer sa marchandise, les agents de la municipalité l’ont frappé et humilié devant les passants. Son cas est représentatif d’une jeunesse humiliée et sans avenir.


Par désespoir, suite aux humiliation qu’il a subies, il s’est immolé le 17 décembre devant le gouvernorat (équivalent d’un conseil régional), et la révolte à Sidi Bouzid s’est déclenchée.

Le premier jour, les habitants ont manifesté leur soutien à Mohamed dans une manif où ils criaient : birrouh biddam nifdik ya mouhammed ! (par notre âme et notre sang, nous te vengerons, Mohamed !).


Dès le lendemain, c’était carrément une révolte contre la pauvreté et le chômage dans la région !


Confrontations avec la police, vraie rébellion, elle s’est ensuite propagée à tous les villages voisins, avec des postes de police brûlés, des statues du 7 novembre (symboles du coup d’état de Ben Ali, qui a eu lieu le 7 novembre 1987) brûlées, et la police a ouvert le feu le troisième jour, tuant deux personnes avec un grand nombre de blessés.

On rapporte que des suicides en public auraient eu lieu depuis, il y en aurait 10, à Gafsa, Nabeul, Monastir...


En quelques jours la rébellion a atteint toutes les régions du pays et la police a ouvert le feu un peu partout, avec un couvre feu général. Les slogans des manifestants ont grimpé d’un échelon, c’est devenu une protestation contre la corruption, puis contre les Trabelsi (belle-famille de Ben Ali, et véritables détenteurs du pouvoir économique dans le pays), pour toucher la tête du pouvoir.


Quelques exemples de slogans (désolée pour les traductions approximatives) :


التشغيل استحقاق يا عصابة السراق Un travail est un droit, bande de voleurs !
التشغيل موش مزيّة يا عصابة الطرابلسية Trabelsi ! Bandits ! Un travail n’est pas une aumône !
يا بوليس فيق فيق Policier, réveille-toi ! Et rejoins la lutte.
حريات حريات لا رئاسة مدى الحياة Liberté !

 

Liberté ! Pas de présidence à vie ! et le fameux : Au pain et à l’eau, mais sans les Trabelsi (slogan symbolique de la révolte du 26 janvier 1978 contre Hédi Nouira, Premier Ministre de l’époque).


La peur serait entrain de changer de camp ! Tout le monde se met à insulter le pouvoir et les Trabelsi en public (dans un Etat policier où tout le monde était sensé fliquer tout le monde, c’est une nouveauté), il n’y a pas une région qui n’a pas manifesté, malgré le couvre feu ; Ben Ali a été contraint de faire un discours sur la situation pour calmer le jeu. Une première depuis 23 ans de BenAlisme, et peut-être une « deuxième » depuis les émeutes du pain de 82 (sous Bourguiba). « Nous comprenons la situation, le chômage » mais « nous serons sans merci avec les perturbateurs de l’ordre » Il a jeté de l’huile sur le feu avec cette intervention télévisée. Les gens se sont mis à l’insulter et il a ravivé les protestations ! Et il y a eu un remaniement ministériel comme réponse à la situation, en plus des violences policières !


La direction de l’UGTT (Union Générale des Travailleurs Tunisiens), avec Jrad à la tête, a été d’une traîtrise prévisible. Elle a dispersé les dates des grèves au possible ; les syndicalistes sont sortis manifester sans couverture du bureau exécutif partout dans le pays, et là, le conseil de l’ordre des avocats a décidé de prendre la relève pour conduire les manifs dans tout le pays. Du coup, depuis le 29/12/2010, les avocats sont arrêtés en masse, tous les tribunaux du pays sont assiégés.


Il y a eu, enfin, une brèche dans la censure, puisque ces évènements ont fait l’objet d’une émission télévisée sur une chaîne tunisienne privée.


Mais la situation s’aggrave. L’état de siège imposé à plusieurs villages donne des situations dramatiques. Les épiceries se vident, les populations commenceront bientôt à manquer de nourriture si le siège se poursuit.


Le jeune Mohamed Bouazizi qui s’est immolé vient de décéder. Lundi sera une journée de deuil.


Lundi aura aussi lieu la rentrée des étudiants et lycéens. Une rumeur de prolongation des vacances a circulé et le gouvernement a dû la démentir dans un communiqué. On s’attend à de grands mouvements.


Correspondant(es)

 

 

 

http://www.europe-solidaire.org/

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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 13:15
La situation s’enlise en Tunisie
Les affrontements gagnent d’autres villes 
 
La situation semble se corser en Tunisie. Les émeutes se sont poursuivies ce week-end dans plusieurs villages de la région de Sidi Bouzid.
 
Le décès d’un manifestant, Chawki Hidri, 43 ans, vendredi matin, des suites de blessures par balle reçue au cours des affrontements violents du 24 décembre à Menzel  Bouzayane, une localité à 60 km de Sidi Bouzid, a provoqué une nouvelle onde de choc et attisé la colère de la population qui a réinvesti la rue pour protester contre la répression. Des manifestations de soutien à la population de cette région ont également été organisées durant le week-end à Tunis et dans d’autres villes du pays. Des manifestations violemment réprimées, notamment à Grombalia, Sousse, Monastir, Mahdia, Gafsa et Jendouba.
 
Vendredi, des avocats ont été malmenés par la police à Tunis et dans d’autres villes, alors qu’ils tentaient d’exprimer leur appui à la population de Sidi Bouzid. Les avocats répondaient à l’appel du conseil de l’Ordre d’appuyer le mouvement de protestation sociale de Sidi Bouzid en portant des brassards rouges devant tous les tribunaux de Tunisie. Selon un communiqué signé par le bâtonnier Abderrazak Kilani, de «nombreux avocats ont été frappés, pourchassés et insultés» par des policiers. «Certains d’entre eux ont vu leurs robes déchirées et leurs brassards arrachés par des policiers déployés en très grand nombre autour des tribunaux et jusque dans les salles d’audience», ajoute-on dans le même communiqué. Le conseil de l’Ordre dénonce ainsi «un usage sans précédent» de la force et une sauvage agression visant à faire taire les avocats.
 
Contacté hier par nos soins, Jalal Zoghlami, militant des droits de l’Homme, prédit le pire pour les jours à venir : «La situation risque de s’aggraver. La protestation sociale prend de plus en plus de l’ampleur. Les gens en ont marre et ne semblent plus avoir peur de la machine répressive déployée par le régime de Ben Ali. Le mouvement de contestation va continuer tant qu’il n’y a pas d’actions concrètes et palpables au profit des populations déshéritées.» Pour M. Zoghlami, le réaménagement du gouvernement qui s’est produit dans la foulée des troubles sociaux ne change rien à la donne sociale des plus explosives, avec un chômage endémique et un sentiment d’abandon généralisé.
 
Pas de réponse concrète
 
«Le discours du président Ben Ali, très attendu, n’a rien apporté de concret. La population n’a plus peur et ne compte plus se laisser faire», ajoute-t-il. Ce militant des droits de l’Homme estime que «le point fort de ce mouvement de contestation, c’est qu’il est porté essentiellement par les jeunes issus des régions défavorisées». Ces jeunes, rongés par le chômage et la misère sociale, n’ont rien à perdre. Au contraire, ils sont en train d’ébranler le régime de Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans. M. Zoghlami estime que le régime tunisien a toujours vécu dans la peur. Selon lui, «c’est un pouvoir policier qui gouverne par la répression et la corruption». Ce vent de contestation a commencé de la région de Sidi Bouzid le 17 décembre 2010, avant de s’étendre à d’autres régions. À l’origine de ce soulèvement populaire d’ordre social, une tentative de suicide d’un jeune diplômé de 26 ans, vendeur ambulant de fruits et légumes, qui s’était fait confisquer sa marchandise et humilier par la police municipale. Le climat reste ainsi tendu, comme le confirme M. Zoghlami, à Sidi Bouzid comme à Tunis, qui risque d’être le théâtre d’affrontements dans les prochains jours.
 
Mokrane Ait Ouarabi
El Watan, 2 janvier 2010.
 
 
Tunisie : un troisième décès après les troubles de Sidi Bouzid
 
Le bilan des troubles sociaux qui ont secoué la région de Sidi Bouzid, dans le centre-ouest tunisien, s'est alourdi à trois morts à la suite du décès d'un manifestant qui a succombé à ses blessures vendredi à l'hôpital Hédi Chaker de Sfax (sud), a-t-on appris samedi auprès de sa famille.
 
La victime, Chawki Belhoucine Hadiri, 44 ans, avait été atteint par balles à l'épaule et à la colonne vertébrale lors des affrontements qui avaient opposé manifestants et forces de l'ordre le 24 décembre dernier à Menzel Bouzyane, à 60km de Sidi Bouzid, a rapporté à l'Associated Press son frère Bachir.
 
Au cours de ces accrochages, un jeune Mohamed Amri, 18 ans, avait été tué par balles. Avant lui, un jeune chômeur, Houcine Néji, avait péri électrocuté après avoir escaladé un pylône haute tension.
 
Les troubles avaient éclaté le 17 décembre dernier à la suite de la tentative de suicide d'un jeune vendeur ambulant.
 
Mohamed Bouazizi, 26 ans, s'était immolé par le feu en s'aspergeant d'essence après la saisie de sa marchandise, des fruits et légumes, par des agents municipaux. Les manifestations s'étaient propagées par la suite dans plusieurs régions du pays.
 
 
Des rassemblements d'avocats en signe de solidarité avec la population de Sidi Bouzid, auxquels a appelé vendredi leur conseil de l'ordre, ont été «brutalement empêchés» par les forces de l'ordre devant les tribunaux de nombreuses villes dont Tunis, selon un communiqué signé par le bâtonnier Abderrazak Kilani. «Plusieurs avocats ont été agressés et blessés dont certains ont dû être hospitalisés», ajoute le communiqué.
 
En réaction à cette «répression», les avocats envisagent de déclencher une grève dont la date doit être fixée lors d'une «réunion urgente» prévue lundi.
 
De leur côté, des journalistes ont tenté vendredi, en vain, de rencontrer le ministre de l'Intérieur Rafik Belhaj Kacem, pour protester contre «les entraves et les agressions» dont ont été l'objet plusieurs de leurs confrères, dans le sillage des troubles de Sidi Bouzid, a-t-on appris auprès d'un membre du groupe des protestataires Zied El Héni.
 
Le syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) avait précédemment dénoncé ces entraves en exprimant son «indignation» face au verrouillage médiatique.
 
AP, 1er janvier.

 
 

Tunisie : arrestation d’un militant politique en rapport avec les évènements de Sidi Bouzid
 
En Tunisie, Ammar Amroussia, porte-parole du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (parti illégal ) et correspondant du journal Al-Badil (L’Alternative), a été arrêté dans la ville de Gafsa le 29 décembre par les autorités tunisiennes. On est sans nouvelle de lui. Sa famille et à ses avocats craignent le pire. La veille, le militant tunisien avait pris la parole au cours d’une manifestation au centre de Gafsa, suite aux troubles sociaux qui ont secoué la région de Sidi Bouzid, dans le centre-ouest du pays au mois de décembre, faisant trois morts.
 
 
Ammar Amroussia a été interpellé le 29 décembre dans sa ville de Gafsa. Ce militant politique membre du Parti communiste ouvrier tunisien, parti illégal en Tunisie, avait la veille animé un meeting interdit en soutien au mouvement social de Sidi Bouzid. Depuis sa famille et ses avocats n’ont pas eu de nouvelles, ni sur son lieu de détention ni sur les raisons de son arrestation.
 
Pour Aïda, sa fille étudiante à Paris, cela ressemble à un enlèvement politique qui fait craindre le pire. Ammar Amroussia a déjà connu la torture, la détention, la clandestinité.
 
Ce soulèvement parti de Sidi Bouzid à la mi-décembre, il tenait à l’accompagner à sa façon. Car de l’avis de nombreux Tunisiens, il se passe quelque de nouveau dans le pays. Un avis partagé par Aïda Amroussia, la fille du militant tunisien : «Ce qui change c’est que les gens n’ont plus peur de protester, de manifester. La répression n’arrive plus à les étouffer. Il y a tout un mouvement social qui touche tout le monde, les jeunes, les avocats, les diplômés, les couches sociales touchées par le régime de Ben Ali. Tout le monde proteste contre ce régime.»
 
Après les avocats, les diplômés chômeurs, c’est autour des lycéens de rentrer dans le mouvement de protestation et d’appeler via Facebook à un mouvement de grève nationale dans les lycées de Tunisie pour le 3 janvier. 
 
Christine Muratet, RFI, 2 janvier.


Tunisie : répression des mouvements sociaux

 

Les bules rouges indiquent les regions tunisiennes qui se manifestaient contre la politique réactionnaire du régime. (Voir carte sur le blog)
La Tunisie est depuis le 19 décembre le théâtre de violents affrontements entre manifestants, souvent jeunes, et forces de répression. Le mécontentement se concentre dans le centre-ouest du pays, dans la région de Sidi Bouzid. Le mouvement s’est déclenché après la tentative de suicide d’un jeune diplômé de l’université, vendeur sans permis de fruits et légumes qui s’était fait confisquer sa marchandise par la police municipale. Désespéré, le jeune homme s’était aspergé d’essence pour s’immoler par le feu. Il a survécu mais se trouve dans un état critique jusqu’à nos jours dans l’hopital.
Cinq jours plus tard un autre jeune a mis fin à ses jours en s’électrocutant au contact de câbles électriques. Depuis, les manifestations se multiplient dans le pays pour dénoncer l’absence de perspectives offertes à la jeunesse, le coût de la vie et les inégalités croissantes. Trois voitures de police ont été incendiées, des jets de pierres et des cocktails Molotov ont ciblé les locaux du parti au pouvoir et des administrations. Un jeune manifestant a été tué par balles, plusieurs autres blessés (parfois par les gros bras du parti au pouvoir, protégés par les policiers) et il y a eu de nombreuses arrestations.
Et depuis , toutes les villes et les villages tunisiens se manifestent contre la politique réactionnaire de ce régime policier. En organisant des affrontements quotidiens, même le régime utilise toute les methodes répressives contre la population et les militants progressistes des mouvements sociaux (arrestations ; repressions ; propagande contre les revendications de la jeunesse et la population …).
Plusieurs mouvements de luttes, soient dans le monde arabe ou mondial, se solidarisent avec la lutte de ces mouvements et se mobilisent pour la liberation des prisonniers progressistes et dénoncent le régime policier tunisien.

Source : Secours Rouge Arabe
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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 11:24

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COUSTAL François - 29 décembre 2010

Il y a 90 ans, s’est tenu à Tours le dix-huitième congrès du Parti socialiste. Le 
29 décembre 1920, 70 % des délégués votent l’adhésion à la Troisième Internationale – ou Internationale communiste – que viennent de fonder l’année précédente les dirigeants bolcheviques de la Révolution russe. Cette décision se traduit par une scission  : les minoritaires – ceux qui refusent l’adhésion à l’Internationale communiste – constituent la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) qui représente le courant socialiste (ou social-démocrate) français jusqu’à la création du Parti socialiste (1969). Côté majoritaire, la SFIC (Section française de l’Internationale communiste) prend rapidement le nom de Parti communiste, puis de Parti communiste français.
Cette division durable du mouvement ouvrier n’est d’ailleurs pas spécifiquement française  : sur l’ensemble de la planète, les anciens partis socialistes se scindent entre «  communistes  » et «  socialistes  », selon des proportions qui varient en fonction des pays. En France et en Europe, la scission s’opère en référence à deux événements majeurs  : l’attitude des partis socialistes face à la guerre et l’impact de la révolution russe.

Avant 1914, Jean Jaurès, fondateur et directeur de l’Humanité, est l’une des principales figures du parti socialiste (SFIO) créé en 1905 et rassemblant l’ensemble des courants socialistes. Au fur et à mesure que s’amplifient les rumeurs de guerre en Europe, notamment entre la France et l’Allemagne, Jaurès est un peu le symbole de la lutte politique contre la guerre et pour la résolution des conflits par la négociation. Sans remettre en cause le patriotisme et la nécessité de la défense nationale, il tente de définir de manière aussi restrictive que possible les conditions qui pourraient, éventuellement, conduire les socialistes à soutenir une guerre «  défensive  ». Bien que non dépourvue d’ambiguïté, cette attitude est comprise comme une hostilité à la guerre ce qui lui vaut la haine de la droite nationaliste. Il est assassiné le 31 juillet 1914.
 La faillite de la social-démocratie
L’assassinat de Jaurès ouvre symboliquement la voie à l’effondrement politique et moral du mouvement socialiste  : dès la déclaration de guerre (3 août), toutes les résolutions socialistes de la décennie précédente sont oubliées. Dans leur immense majorité, passant par pertes et profits toute idée de «  solidarité internationale des travailleurs  », les socialistes français se rangent derrière leur propre bourgeoisie et appellent la classe ouvrière à faire son «  devoir patriotique  ». Pire  : les députés socialistes votent les crédits pour la guerre. Pire encore  : face à l’Allemagne, c’est l’Union sacrée. Des dirigeants socialistes entrent au gouvernement. Dont Jules Guesde, autre dirigeant socialiste de premier plan et censé incarner la rigueur doctrinale et l’intransigeance marxiste. Cette attitude – qui rend les socialistes co-responsables de cette immense boucherie que sera la Première Guerre mondiale – va être durable  : ainsi, le socialiste Albert Thomas sera sous-secrétaire d’État aux munitions puis ministre de l’Armement et, à ce titre, l’un des rouages centraux de la machine de guerre française. Jusqu’à la fin de la guerre, la majorité des députés socialistes voteront en faveur des budgets de guerre. Mais cette faillite politique est loin de toucher uniquement la SFIO…
En France même, l’autre grande organisation du mouvement ouvrier, la CGT succombe aux mêmes sirènes. À la veille de la guerre, bien qu’ayant connu une lente évolution, la Confédération reste encore marquée par son origine «  syndicaliste-
révolutionnaire  »  : soucieuse de son indépendance par rapport aux partis politiques, très suspicieuse vis-à-vis du «  réformisme  » des socialistes français, 
antimilitariste, elle a débattu à plusieurs reprises au cours des années précédentes des moyens de s’opposer à la guerre, par la grève générale ou par la grève des «  crosses en l’air  ». Mais, à l’exception d’une petite minorité, elle rallie de fait l’union sacrée. Même si, à la différence du PS, elle ne participe pas directement au gouvernement.
Le désastre n’est pas seulement hexagonal  : dans tous les pays impliqués dans le conflit, les partis socialistes s’alignent sur les politiques bellicistes des gouvernements de leur pays. Ainsi, en Allemagne, pays phare pour le rayonnement et la force numérique de la social-démocratie, un seul député s’oppose à la guerre  : Karl Liebknecht.
Les explications de cette faillite collective par les circonstances et le bouleversement que représente la guerre ne peuvent suffire. Inévitablement surgit la question  : qu’est-ce qui dans la doctrine, le fonctionnement et la pratique des partis socialistes et de la Deuxième Internationale les a conduit, tous, à capituler  ? La nécessité d’une rupture avec cette trahison des idéaux socialistes – et ses causes – sera, quelques années plus tard, l’une des motivations les plus puissantes des mouvements vers l’Internationale communiste qui, justement, se propose de rompre avec ce passé.
Comme beaucoup, les socialistes pensaient que la guerre serait de courte durée. Il n’en est rien. Et plus la guerre dure, plus le coût exorbitant d’une telle folie pour les couches populaires apparaît. La conscience que les buts de guerre de tous les États belligérants ont peu à voir avec la défense légitime contre une agression extérieure et tout à voir avec les appétits impérialistes grandit et, avec elle, le mécontentement populaire contre la guerre et les gouvernements qui la mènent.
 Minorité de guerre
Les premières brèches dans le consensus chauvin et guerrier viennent de syndicalistes révolutionnaires regroupés autour de la Vie Ouvrière, animée par Pierre Monatte qui, dès décembre 1914, manifeste son opposition à la guerre et au soutien que lui apportent les dirigeants du mouvement ouvrier en démissionnant du Comité confédéral de la CGT. Au printemps 1915, la contestation atteint la SFIO et se constitue alors la «  minorité de guerre  ». Elle compte dans ses rangs aussi bien des révolutionnaires – socialistes ou syndicalistes – que des opposants modérés à la guerre et aux compromissions du parti socialiste, tels Jean Longuet qui en devient le principal porte-parole. La minorité de guerre va déployer une double activité, interne et externe. À l’intérieur du parti, elle s’efforce de conquérir des positions dans les sections et les fédérations au point de gagner, en octobre 1918, la majorité du parti à la faveur d’une alliance entre «  minoritaires modérés  » et «  majoritaires modérés  ». Outre Jean Longuet, cette nouvelle majorité est animée par Marcel Cachin et Louis-Oscar Frossard qui jouent un rôle important dans le processus conduisant au Congrès de Tours.
Aux marges du Parti, les opposants les plus radicaux à la guerre – qui seront ensuite les partisans les plus résolus de l’adhésion à l’Internationale communiste – se regroupent au sein du Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI), qui comprend également des syndicalistes non membres du parti socialiste.
Après l’armistice de 1918, la SFIO tente de reprendre une vie normale  ; les appels à préserver l’unité du parti sont nombreux. Mais, à l’instar de Verfeuil, beaucoup d’anciens «  minoritaires de guerre  » avaient prévenu  : «  La guerre a creusé entre nous un fossé que la paix ne comblera pas  »…
 Une grande lueur à l’Est  ?
L’autre grand déterminant de la scission à venir est évidemment constitué par la révolution d’Octobre et, surtout, ses conséquences politiques dans le mouvement ouvrier international. Au début, le débat au sein des partis socialistes n’oppose pas partisans et adversaires de la Révolution russe  : tous les socialistes saluent la Révolution russe et s’élèvent contre les interventions militaires qui menacent la jeune république soviétique. Par contre, les courants socialistes «  de droite  » considèrent que la Révolution russe qui s’est produite dans un pays arriéré, très majoritairement rural, est une expérience quelque peu exotique dont le mouvement ouvrier des pays capitalistes développés a peu à apprendre. À l’inverse, les courants de gauche considèrent que la révolution d’Octobre et, surtout, le parti qui l’a conduite – le Parti bolchevique – sont des modèles à suivre, ce qui implique de rompre non seulement avec le programme traditionnel des parti socialistes mais aussi et surtout avec leur mode d’organisation.
Après la création, en mars 1919, sous l’impulsion des dirigeants bolcheviques, de l’Internationale communiste, le débat au sein des partis socialistes prend un tour nouveau  : faut-il rester au sein 
de l’Internationale ouvrière (Deuxième Internationale) ou rejoindre l’Internationale communiste (Troisième Internationale)  ? Diverses tentatives, nationales et internationales, auront lieu pour éviter la «  grande division du mouvement ouvrier  ». Mais elles n’auront aucun résultat. Désormais, pour les partis comme pour les militants, c’est l’heure du choix. Un choix qui, au sein du parti français, va donner lieu à une intense lutte de fractions. Avec une droite, un centre et une gauche…
Immédiatement, l’appel des dirigeants russes à une nouvelle Internationale rencontre un écho favorable – mais minoritaire… – qui va s’exprimer dans diverses structures  : le groupe communiste français de Russie, les comités syndicalistes révolutionnaire (CSR), ou encore le mouvement Clarté (initié par l’écrivain Henri Barbusse), à la fois regroupent intellectuel et association d’anciens combattants hostiles à la guerre. Mais la principale structure qui va mener le combat est le Comité de la IIIe Internationale. Dans la dernière phase de préparation du congrès de Tours, il se dotera d’un moyen d’expression  : le Bulletin communiste. Ses principaux animateurs – Boris Souvarine, Fernand Loriot, Pierre Monatte et Alfred Rosmer – sont issus de la gauche de la «  minorité de guerre  » de la SFIO, du Comité pour la reprise des relations internationales ou encore du groupe de la Vie Ouvrière. Pour ce Comité, l’enjeu n’est pas seulement de gagner une majorité des socialistes à l’adhésion à l’Internationale communiste mais, surtout, de transformer radicalement et en profondeur le parti. Une démarche naturellement «  encouragée  » par les dirigeants bolcheviques et l’exécutif de l’Internationale communiste…
 Un nouveau parti
Cette volonté de transformation radicale conduit le Comité de la iiie Internationale a préconiser des principes et des mesures organisationnelles qui prennent l’exact contre-pied de ce qu’était la «  culture politique  » socialiste. La SFIO fonctionnait selon un mode tricéphale  : la direction du parti, les élus, la rédaction de l’Humanité (Jaurès)  ? L’autonomie de la presse sera supprimée et la ligne éditoriale soumise aux décisions du parti  ! Afin de combattre les déviations opportunistes qu’entraîne la situation même des élus, ils seront strictement contrôlés  ! La Deuxième Interna-tionale était une organisation fédérative, dont les résolutions n’étaient pas vraiment contraignantes  ? L’Internationale communiste est un parti  : le parti mondial de la révolution… Ses décisions s’imposent aux partis nationaux, qui n’en sont que des «  sections  » locales  ! La SFIO regroupait de nombreux courants et tendances  : les votes lors des congrès déterminaient leur représentation proportionnelle à la direction  ? Pour B. Souvarine, un constat s’impose  : «  Ce n’était pas une organisation révolutionnaire, mais un Parlement. On y discutait sans cesse, pour ne jamais se mettre d’accord, et pour ne jamais agir  ». D’où la conclusion  : «   Le parti doit en finir avec son système actuel de représentation et d’organisation basé sur la représentation proportionnelle des tendances  ». C’est donc bien un nouveau type de parti, radicalement différent de l’ancien, qu’ont en tête les premiers partisans français de l’adhésion à la 3ème Internationale.
Nouveau type de parti, nouveau type de militants aussi… C’est B. Souvarine toujours qui prophétise ce que doit être le style de comportement bolchevique  : «  N’oubliez pas que le plus difficile n’est pas de combattre ses ennemis, mais de s’en prendre à ses amis  »
Au cours de l’année 1919, le soutien à l’adhésion à la 3ème internationale progresse, mais reste minoritaire. C’est la tendance du centre – désignée aussi comme «  centre reconstructeur  » – qui tient le haut du pavé, surfant sur la thématique de l’unité du parti tant au niveau national qu’international  ; ses animateurs essaieront de promouvoir diverses tentatives de regroupement international dans le but tout à la fois de «  rénover  » le socialisme et de faire l’économie de la scission. Ainsi, lors du congrès de Strasbourg, en février 1920, les socialistes français décident de quitter la 2ème Internationale… sans pour autant adhérer à la 3ème Internationale, même si une forte minorité se prononce en faveur d’un tel choix. Néanmoins, la direction reçoit mandat pour rencontrer l’Internationale communiste.
 Le congrès de Tours
Au nom de la SFIO, Cachin et Frossard se rendent à Moscou en juin et juillet 1920. Ils assistent partiellement au congrès de l’Internationale communiste. L’une des principales décisions du Congrès est la définition des «  conditions d’admission des Partis dans l’Internationale communiste  », un document passé à la postérité sous l’appellation «  les 21 conditions  »  : contrôle de la presse du parti, des élus, élimination des réformistes et des centristes des postes de responsabilités, propagande au sein de l’armée, soutien aux luttes des colonisés, création de fractions communistes dans les syndicats, épuration périodique du parti, caractère obligatoire des décisions de l’Internationale, etc. Les conditions vont au-delà de la définition d’un programme révolutionnaire. Leur objectif est sans ambiguïté  : permettre de séparer le bon grain révolutionnaire de l’ivraie réformiste – ou «  centriste  » – car, comme l’affirme le préambule des 21 conditions, «  l’Internationale communiste est menacée de l’envahissement de groupes indécis et hésitants qui n’ont pas encore pu rompre avec l’idéologie de la iie Internationale  ».
Bien que soumis aux critiques des dirigeants russes et réticents sur certaines des conditions posées, Cachin et Frossard franchissent le pas  : ils décident d’adhérer «  à titre personnel  » à l’Internationale communiste et, dès leur retour en France, débutent une série de meetings et de réunions publiques en faveur de l’adhésion. Ce ralliement à la iiie Internationale des deux principaux responsables du parti et de sa presse modifie évidemment la configuration du débat. C’est ainsi que, pour le congrès de Tours convoqué pour fin décembre, apparaît une motion, la motion Cachin-Frossard, officiellement intitulée «  résolution présentée par le Comité de la IIIe Internationale et par la fraction Cachin-Frossard  ». À noter que les dirigeants de la gauche (Souvarine, Loriot, Monatte) sont en prison, accusés de complot à la suite de la défaite de la grève des cheminots et de l’échec de la grève générale, au printemps 1920. Ainsi, lors du congrès de Tours, les principaux orateurs pour l’adhésion sont des représentants du «  centre  ».
Deux autres courants se partagent les suffrages des militants  : celui dit de la «  résistance à l’adhésion  » animé par Léon Blum, Marcel Sembat et les anciens «  majoritaires de guerre  »  ; et celui dit de la «  reconstruction  » de Jean Longuet et Paul Faure, favorable en principe à l’adhésion mais extrêmement réservé sur «  les conditions  ». Avant, comme au cours du congrès lui-même, l’essentiel des débats porte sur ces fameuses conditions, mais aussi sur l’épuration exigée par l’Internationale et dont Jean Longuet est la principale cible. Lorsque le congrès commence – le jour de Noël 1920  ! – les résultats des votes des militants sont connus  : une large majorité s’est prononcée pour l’adhésion. La conséquence est également connue  : la scission  ; l’incertitude porte sur son ampleur. Le congrès est donc essentiellement l’occasion, pour les responsables des différentes motions, de prendre date pour l’avenir. Pour la minorité, Léon Blum dénonce avec fougue la conception de la révolution et de l’organisation révolutionnaire qu’il prête aux dirigeants bolcheviques et à leurs partisans français et qu’il oppose à la tradition socialiste française  : «  au lieu de la volonté populaire se formant à la base et remontant de degré en degré, votre régime de centralisation comporte la subordination de chaque organisme à l’organisme qui lui est hiérarchiquement supérieur […] c’est une sorte de commandement militaire formulé d’en haut et se transmettant de grade en grade  ». Il conclut  : «   nous sommes convaincus, jusqu’au fond de nous-mêmes que, pendant que vous irez courir l’aventure, il faut que quelqu’un reste garder la vieille maison  ».
Deux autres épisodes marquent le congrès  : la lecture d’un télégramme envoyé par Zinoviev au nom du Comité exécutif de l’Internationale communiste. Le «  télégramme Zinoviev  » maintient l’oukase contre Longuet et Faure désignés comme «  des agents déterminés de l’influence bourgeoise sur le prolétariat  ». Le message est clair  : il ne faut pas seulement rompre avec la droite, mais aussi avec le centre. Autre temps fort  : le discours de Clara Zetkin, au nom de l’Internationale  ; recherchée par la police, la révolutionnaire et féministe allemande est parvenue clandestinement sur le lieu du congrès et s’éclipse rapidement après avoir quitté la tribune…
 Lendemains de congrès…
Dans la soirée du 29 décembre, le vote d’adhésion matérialise la scission qui s’étend rapidement au mouvement syndical, avec la création de la CGT-U (Unitaire).
En principe, la majorité des militants socialistes a fait le choix de la Section française de l’Internationale communiste (SFIC) qui prend rapidement le nom de Parti communiste. En fait, les minoritaires SFIO ont conservé leur influence, notamment électorale. Et, dès les années suivantes, le nouveau parti communiste connaît de nombreux soubresauts, dont le départ ou l’élimination de plusieurs des figures marquantes de la bataille pour l’adhésion  : Frossard en 1923  ; Souvarine, Monatte et Rosmer en 1924  ; Loriot en 1926… Une fois élimée la «  génération de Tours  » et sous l’égide du PC d’Union soviétique – lui-même en cours de stalinisation – une nouvelle direction du PCF est mise en place qui s’emploie à transformer radicalement l’organisation à travers la «  bolchévisation  »  : création de cellules d’entreprises, sélection d’un appareil permanent sur la base de l’origine ouvrière (et de la fidélité à la direction), etc.
L’appartenance au PC et son influence se rétrécissent considérablement. Il faut, en fait, attendre le Front populaire (1936) pour que le PC réussisse son enracinement populaire, sur la base d’une toute autre orientation...
 Questions ouvertes
L’immense majorité des militants qui ont voté en faveur de l’adhésion à la Troisième Internationale étaient sûrement tout à fait convaincus de la nécessité d’une «  certaine rupture  » avec le passé. Mais, pour ces militants qui ont suivi la tendance du centre (Cachin et Frossard) – et ont ainsi rendu majoritaire le choix en faveur de la iiie Internationale – il s’agit, au fond, de continuer le vieux parti. Simplement, ils ont plébiscité le projet d’un parti débarrassé des éléments les plus compromis dans la guerre et l’expérience ministérielle, auréolé du prestige conféré par la référence à la Révolution russe et porteur d’une orientation plus radicale, plus à gauche. Sans pour autant adhérer en profondeur aux conceptions des dirigeants soviétiques… C’est tellement vrai que la direction de l’Internationale communiste n’a de cesse, tout au long de la décennie suivante, de remodeler «  pour de bon  » le jeune PCF…
Ce remodelage prend, dans un premier temps, la forme de la «  bolchevisation  ». Puis, ensuite, de la soumission du parti, de la base au sommet, au parti russe au moment même où celui-ci abandonne de fait la cause de la «  révolution mondiale  » au profit de la stricte défense des intérêts d’État de l’Union soviétique. La rupture réelle que représente l’Internationale communiste par rapport à la Deuxième Internationale ne tient pas seulement à son fonctionnement nettement plus centraliste ou au caractère obligatoire de ses décisions  : pour la première fois, un parti – le parti russe – possède une hégémonie absolue sur les autres partis. Et cette hégémonie ne repose pas uniquement sur son poids numérique ou son prestige, mais sur le fait qu’il dispose de ressources humaines et matérielles incommensurables, puisque ce sont celles d’un appareil gouvernemental et étatique…
Quant au régime intérieur du parti, bien sûr, le pire est à venir  : l’importation du système stalinien et de tous ses mécanismes. Mais, bien avant cette période, dès les années vingt, les méthodes de direction de l’Internationale communiste comme les propositions de ceux qui, à la gauche de la SFIO, militent le plus activement pour l’adhésion sont pour le moins… discutables. L’insistance mise sur la discipline, l’offensive contre la représentation proportionnelle des sensibilités dessine un fonctionnement vertical et autoritaire. En agitant l’épouvantail d’une société secrète militarisée, Léon Blum veut allumer un contre-feu par rapport à l’élan révolutionnaire. Il n’empêche  : certains aspects de sa description du fonctionnement à venir du PC ont un caractère– malheureusement  ! – prophétique.
Comment ne pas signaler, aussi, la légèreté avec laquelle est traitée alors la question des rapports avec le mouvement syndical  ? De fait, les courants de la gauche, y compris des militants issus du syndicalisme révolutionnaire, sont convaincus de l’imminence de la révolution et, donc, de la nécessité, dans ces conditions, d’une direction unifiée de la classe ouvrière. Quitte à laisser à la droite de la SFIO le soin (hypocrite) de défendre la «  tradition  » d’autonomie syndicale… Autant d’éléments qui, sans doute, expliquent les réserves des syndicalistes révolutionnaires pourtant solidaires de la révolution russe et tentés par le PC. Ceux qui comme Alfred Rosmer ou Pierre Monatte avaient franchi le pas seront, de toute façon, exclus dès 1924…
Alors, au-delà des déclarations de tribune, quelle furent, à Tours, l’ampleur et la profondeur de la rupture avec l’ancienne SFIO  ? Décembre 1920 marque-t-il vraiment la naissance d’un parti radicalement nouveau, d’un parti révolutionnaire  ? Autant de questions qui restent ouvertes, si l’on veut bien écarter la tentation de l’histoire pieuse…
François Coustal

À lire  :
Camarades  ! La naissance du Parti communiste en France, Romain Ducoulombier, éditions Perrin (2010)
Et aussi
. Le congrès de Tours (1920) Naissance du Parti communiste français, Annie Kriegel Collection Archives (1975)
. Le Comité de la iiie Internationale et les débuts du PC français, François Fernette Mémoire de maîtrise d’histoire Paris I (2005)
. La bolchevisation du PCF (1923 – 1928), Jederman, éditions François Maspero (1971)
Quelques repères chronologiques
Juillet 1914  : Assassinat de Jean Jaurès
Août 1914  : Début de la Première Guerre mondiale.
Les députés SFIO votent les crédits de guerre
Septembre 1915  : Conférence des socialistes et syndicalistes opposés à la guerre, à Zimmerwald (Suisse).
Octobre 1917  : Révolution russe.
Novembre 1918  : Armistice (fin de la Première Guerre mondiale)
Janvier 1919  : Fondation du KPD (Ligue Spartakus) en Allemagne.
Soulèvement spartakiste. Assassinat de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht
Mars 1919  : Congrès de fondation de l’Internationale communiste (iiie Internationale)
Mars 1919  : Création de la République des Conseils de Hongrie
Septembre 1919  : Premier conseil ouvrier à Turin
Février-mars 1920  : Grève des cheminots (France)
Mai 1920  : Échec de la grève générale (France)
Juillet 1920  : Second congrès de l’Internationale communiste
Août 1920  : Mouvement d’occupation des usines en Italie (Nord)
Décembre 1920  : XVIIIe congrès de la SFIO à Tours. Naissance du Parti communiste.
* Publié dans : Revue Tout est à nous ! 16 (décembre 2010).
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25-30 décembre 1920 : le Congrès de Tours : naissance du Parti Communiste (Lutte Ouvrière)

Lorsque, le 25 décembre 1920, s'ouvrit à Tours le congrès du Parti Socialiste (SFIO), l'issue en était déjà connue : il allait se conclure par une rupture entre le courant social-démocrate réformiste et chauvin et la majorité qui, soutenant avec enthousiasme la révolution d'Octobre 1917 et les Bolcheviks qui l'avaient menée, voulait rejoindre la IIIe Internationale créée en mars 1919.

Mais le Parti Communiste (Section française de l'Internationale Communiste) qui naquit au terme du Congrès de Tours, après bien des débats houleux et passionnés, était cependant bien loin du modèle bolchevik. L'élan révolutionnaire des travailleurs n'allait pas suffire à contrebalancer l'inexpérience des militants et le poids des traditions réformistes imprégnant la majeure partie de sa direction.

Dès l'ouverture, l'ordre du jour fut bousculé, la majorité des délégués présents voulant que soit traitée d'abord la question essentielle : l'affiliation à l'Internationale Communiste, l'IC, qui faisait l'objet de vifs débats dans toutes les sections du Parti Socialiste. Depuis sa fondation en mai 1919, le « Comité pour l'adhésion à la IIIe Internationale » y menait une intense propagande. Il était animé par des hommes qui allaient fournir les meilleurs éléments au jeune Parti Communiste: Rosmer et Monatte, des syndicalistes révolutionnaires qui s'étaient dès 1914 opposés à la guerre impérialiste, ainsi que Souvarine qui sera avec Rosmer un des dirigeants du PC avant d'en être exclu en 1924. De retour d'un voyage à Moscou, Cachin et Frossard défendaient eux aussi, dans une série de réunions, l'adhésion à l'IC, même si c'était plus par opportunisme que par convictions communistes.

La naissance du Parti Communiste

Dans les deux années qui suivirent la fin de la Première guerre mondiale, la SFIO avait vu grossir ses rangs. Avec un effectif de 178 000 adhérents, le parti avait plus que doublé par rapport à l'avant-guerre. Les ouvriers et aussi les paysans qui dans les tranchées avaient été au contact des idées socialistes s'enthousiasmaient pour la révolution d'Octobre pendant laquelle, derrière le Parti Bolchevik, les travailleurs russes avaient été capables de renverser le capitalisme. Pour eux, les choses étaient claires : la montée révolutionnaire en Europe pouvait permettre d'espérer qu'en France aussi, pour peu qu'existât un tel parti, le capitalisme s'effondrerait à son tour. Lors des débats dans les sections, une anecdote est révélatrice de l'état d'esprit ; un vieil ouvrier demande : « L'Internationale de Lénine, laquelle est-ce ? - La Troisième - Alors, c'est la mienne » !

Les orateurs qui, tel Cachin, relataient ce qu'ils avaient vu de la Russie soviétique furent vigoureusement applaudis. Et l'enthousiasme redoubla à la lecture d'un message de Zinoviev, un des dirigeants de l'IC, ou lorsque la militante communiste allemande Clara Zetkin prit la parole.

En face, les interventions de représentants de l'aile droite du parti étaient constamment interrompues par des huées et des remarques leur rappelant leur trahison des idéaux socialistes. Ainsi, lorsque Sembat, qui fut ministre sous l'Union sacrée, déclarait que la création d'un Parti Communiste donnerait un prétexte à la bourgeoisie française pour écraser le mouvement ouvrier, un délégué lui lança à la figure : « Vous excusez votre lâcheté ! » Et lorsque Blum, son chef de cabinet pendant la guerre, défendit la nécessité de la défense nationale, il fut interrompu par des cris proclamant : « À bas la guerre ! », les délégués entonnant ensuite L'Internationale.

Les centristes, représentés par Longuet et Pressemane, qui tentaient de ménager le réformisme du parti français tout en y amalgamant certains aspects du régime soviétique, ne furent pas mieux accueillis.

Le vote final fut sans appel : 70 % des délégués, représentant 89 fédérations sur les 96 que comptait la SFIO, votèrent pour l'adhésion à la IIIe Internationale ; le centre recueillit 20 % des voix et la droite seulement 10 %. La rupture, jugée indispensable par Lénine et l'IC - qui avaient imposé 21 conditions d'admission aux Partis Communistes occidentaux - était ainsi consommée, les réformistes quittant le nouveau Parti Communiste (SFIC-section française de l'Internationale Communiste) qui venait de naître. Avec 130 000 membres, contre 40 000 au Parti Socialiste, il devenait le principal parti des travailleurs, ouvriers et petits paysans.

Un parti à construire

La classe ouvrière française avait ainsi répondu présent à l'appel de l'IC de rejoindre les rangs des communistes révolutionnaires. Cependant, le PC tel qu'il était à la fin du Congrès de Tours, s'il « marquait la volonté des militants de devenir communistes », pour citer Trotsky qui suivit de près son évolution, était loin d'être l'arme de combat des prolétaires pour leur émancipation, comme l'avait été le Parti Bolchevik. « Un parti qui a subi une telle déviation pendant la guerre ne devient pas subitement communiste par le vote d'une motion de congrès », constatait-il un an plus tard.

À sa base, le PC était composé de « masses nouvelles et inexpérimentées » qu'il était indispensable de former, d'autant plus que la vague révolutionnaire refluait en Europe. À l'impatience d'un courant gauchiste qui n'avait pas compris que la situation avait changé et refusait la politique de front unique soutenue par l'IC et de militer dans les syndicats, répondait « la faiblesse de la direction qui n'a pas créé une conscience collective », avant tout la faiblesse idéologique de ses intellectuels formés à l'école de la IIe Internationale et imprégnés de réformisme, comme le constatait Trotsky lors du congrès de Marseille qui se tint un an plus tard.

 

« Ces survivances du passé », disait-il, se manifestent dans certains groupes par, entre autres, « une tendance à rétablir l'unité avec les réformistes », à lutter « contre une direction du parti vraiment centralisée » et « les efforts pour substituer une fédération platonique de partis nationaux à la discipline internationale d'action ». Trotsky insistait sur la nécessité « de faire un grand travail d'organisation, de purification, d'éducation, de sélection » et, pour faire contrepoids aux Cachin et autres réformistes de la direction, « de faire plus de place aux ouvriers dans le comité directeur ».

Dans les crises qui agitèrent le PC, dans les années 1923-1925, l'épuration se fit en partie sur la droite, mais surtout sur la gauche, avec l'éviction de communistes sincères en 1924 tels que Rosmer, Monatte ou Souvarine. À partir de cette époque, le PC calqua sa politique sur celle du PC soviétique et de l'Internationale aux mains de Staline, qui excluait, avant de les assassiner, les militants de la vieille garde bolchevique. En France, les militants, liés avant tout sentimentalement à l'Union soviétique et pour beaucoup dépourvus de culture marxiste, ne comprirent pas pour la plupart les enjeux de la lutte qui se menait en URSS entre les révolutionnaires et la fraction stalinienne. Le parti français suivit alors sans critique toutes les déviations de la politique stalinienne et sa trahison de toute politique révolutionnaire.

Aujourd'hui, 90 ans après le Congrès de Tours, le PCF continue de s'en revendiquer. Mais il y a bien longtemps que le parti des Cachin, Thorez, Marchais... et maintenant Pierre Laurent a tourné le dos au communisme révolutionnaire pour marcher dans les pas des réformistes que les communistes combattaient en 1920.

Marianne LAMIRAL

 

lhttp://www.lutte-ouvriere-journal.org/?act=artl&num=2213&id=32

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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 11:19
Paris a livré une guerre totale aux indépendantistes camerounais, aujourd'hui dénoncée par le livre-enquête « Kamerun ! » La suite
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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 10:49

samedi 1er janvier 2011, par rennes info

30/12/2010

PAU

Une militante basque de nationalité française est sous le coup d’une extradition imminente vers l’Espagne depuis que la cour de cassation ait validé la décision de la cour d’appel de Pau concernant le mandat d’arrêt européen délivré par la justice espagnole.

Cette ressortissante française pourrait être extradée pour sa participation à diverses manifestations publiques et politiques organisées par un parti légal en France : Batasuna.

La ligue Bretonne des Droits de l’Homme condamne le recours à cette procédure ubuesque qui conduit à ce qu’une personne soit poursuivie par les autorités d’un pays européen pour des faits que ses propres autorités nationales ne reconnaissent pas comme illégales.

Cette situation est d’autant plus inacceptable que les juridictions espagnoles qui demandent l’extradition sont des juridictions d’exception. Juridictions d’exception dénoncées par cette même Cour d’appel de Pau comme ayant cautionné des actes de torture, et, pour cette raison, se sont vues ultérieurement refusées les demandes d’extradition formulées.

Cette démarche conjointe de la justice d’exception espagnole et du parquet français relève d’une volonté manifeste de criminaliser des opposants politiques à l’initiative des gouvernements des deux pays. Une nouvelle entorse à l’état de droit qui ne pourra qu’alimenter le terrorisme plutôt que de le combattre.

LBDH


Lettre d’Aurore Martin : elle a fait de choix de la clandestinité

EXCLUSIF : AURORE MARTIN FAIT PARVENIR AU JPB UN COURRIER DANS LEQUEL ELLE EXPLIQUE LES RAISONS QUI L’ONT POUSSÉE À SE CACHER

Le coup de massue est tombé !

Me voilà amenée à vous écrire une lettre d’un genre particulier.

Je m’adresse à vous tous aujourd’hui pour vous exprimer toute mon indignation, mon inquiétude, ma peur, mais aussi toute ma détermination et ma volonté de me battre.

Il est l’heure de défendre nos droits civils et politiques avec force, ce précédent ne laisse rien présager de bon.

L’inacceptable est-il acceptable ? Bien sur que non ! Cependant l’histoire du Pays Basque nous a souvent démontré que l’inacceptable était possible : les extraditions, les multiples mandats d’arrêt européens délivrés à des dizaines de militants politiques (Segi, Askatasuna, Udalbiltza…), l’existence des législations et tribunaux d’exceptions à Paris et Madrid, la pratique de la torture dans les commissariats et casernes espagnoles, les partis politiques interdits, deux quotidiens fermés et ses journalistes torturés et incarcérés, les arrestations massives, la disparition et la mort de Jon Anza… Tout cela existe, cette répression est normalisée, c’est le lot quotidien du Pays Basque, des Basques. Cela est possible car les principales formations politiques en France et en Espagne, avec la complicité de leurs relais locaux, le permettent, le défendent et pour certains le laissent faire par leur silence coupable. Il est temps de prendre vos responsabilités !

Je n’ai pas été surprise par le verdict de la Cour de Cassation. Nous le savions depuis longtemps, dans les affaires basques, les justices espagnole et française sont là pour appliquer des décisions politiques. Depuis mon incarcération à Seysse, les dés étaient jetés, le reste n’était que de la mise en scène, une belle mascarade. Tout cela pour arriver à leur fin, l’illégalisation de fait de Batasuna par l’État français, de toute la gauche abertzale, et plus s’ils le jugent nécessaire. Une illégalisation sournoise menée main dans la main avec l’Espagne.

Une preuve de plus que l’État français est un acteur majeur et direct du conflit politique basque. En acceptant ce MAE, Paris ne fait que renforcer ses choix politiques : la répression et la négation du Pays Basque ; une négation qui est à l’origine de ce conflit. Il n’y aura pas de solution juste donc définitive tant que la France ne reconnaîtra pas l’existence politique du Pays Basque nord.

Ce nouveau saut répressif a lieu au moment où la gauche abertzale multiplie ses efforts en faveur d’un processus démocratique de résolution de ce conflit. Mon Mandat d’Arrêt Européen et le maintien dans l’illégalité de la gauche abertzale sont des obstacles à sa mise en place. Tous les acteurs du conflit doivent pouvoir participer à ce processus en toute normalité ; dans ce sens, la gauche abertzale doit être légalisée sur l’ensemble du Pays Basque et toutes les poursuites judiciaires à son encontre stoppées.

Malgré cette répression, ces provocations, Batasuna réaffirme son engagement en faveur de ce processus démocratique. Dans ce sens, nous mettrons tout en œuvre pour qu’il puisse aller jusqu’à son terme.

Je n’ai pas l’intention de me soumettre aux autorités espagnoles, ni de faciliter à la France l’exécution de mon Mandat d’Arrêt Européen. Depuis quelques jours, ma vie a quelque peu changé. En effet, mon activité politique est interdite en France, en Espagne et en Pays Basque. Je n’ai pas d’autre choix que de me cacher pour pouvoir continuer mon activité politique au sein de Batasuna. J’ai donc décidé d’arrêter mon contrôle judiciaire et de ne plus me montrer publiquement. Je suis en Pays Basque, parmi vous, grâce à vous, grâce aux nombreux amis et soutiens qui m’ont accueillie et ouvert leurs portes. En Pays Basque, il y a une valeur qu’on ne nous enlèvera jamais, c’est celle de la solidarité.

Merci à tous, proches, amis, militants, élus… pour tout le travail accompli. Sans vous tous, cela ne serait pas possible. Continuons ce travail, rassemblons-nous, créons entre tous un rempart contre la répression, créons les conditions de la résolution de ce conflit, créons les conditions de la reconnaissance politique du Pays Basque nord.

Pour terminer cette lettre je vous demande d’avoir une pensée pour les militants incarcérés ou réfugiés, et leurs familles, qui, comme moi, vont passer les fêtes de fin d’année loin de leurs proches.

Merci.



Appel unitaire : Aurore Martin ne doit pas être extradée vers l’Espagne

Militante du parti indépendantiste basque Batasuna (légal en France), Aurore Martin est sous le coup d’une extradition imminente vers l’Espagne depuis que la cours d’appel de Pau a validé le mandat d’arrêt européen délivré par la justice espagnole. Elle risque 10 à 12 ans de prison.

C’est en réalité son engagement politique qui est condamné puisque le mandat d’arrêt porte sur la participation de cette citoyenne française à des réunions et des conférences de presse de l’autre côté des Pyrénées.

Nous, signataires de cet appel, condamnons le recours à la procédure qui conduit à ce qu’un citoyen soit poursuivi par les autorités d’un Etat européen pour des faits que la France ne considère pas comme illégaux. Nous considérons que ce recours traduit une volonté non de lutter contre le terrorisme mais de criminaliser l’action politique et d’instrumentaliser la justice.

Aussi nous exigeons du gouvernement français qu’il n’exécute pas ce mandat d’arrêt à l’encontre de cette militante politique. Nous appelons également les autorités européennes à réviser profondément la procédure du mandat d’arrêt européen afin de garantir les libertés individuelles et à ne pas permettre de tels dévoiements de cette procédure.


Premiers signatairesau niveau national :


- Alternatifs,

- Alternative Libertaire,

- Europe Ecologie/les Verts,

- Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique,

- Gauche Unitaire,

- Mouvement Politique d’éducation Populaire,

- Nouveau Parti Anticapitaliste,

- Parti Communiste Français,

- Parti de Gauche,

- Union syndicale Solidaires…

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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 10:41

 

(Sihem Bensedrine)

 

Aujourd’hui 31 décembre 2010, très tôt dans la matinée, tous les tribunaux du pays ont été assiégés par la police. Les avocats étaient mobilisés pour porter un brassard rouge à l’appel du conseil national de l’Ordre en signe de soutien au mouvement de protestation de sidi Bouzid qui ont éclaté le 18 décembre dernier et qui ont été violemment réprimés, entraînant trois morts par balles et de nombreux blessés.


Les autorités ont empêché les avocats d’arriver aux sièges des tribunaux. Des centaines de policiers ont également été déployés à l’intérieur des tribunaux pour empêcher toute action de solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid et tout port du brassard. Les procureurs ont observé les violences contre les avocats à l’intérieur des salles d’audiences et dans l’enceinte des palais de justice dans plusieurs villes du pays, sans réagir.


De nombreux avocats ont ainsi été agressés, blessés et leurs robes déchirées notamment dans les tribunaux de Gafsa, Jendouba, Mahdia, Monastir, Sousse, Sfax, Bizerte et surtout Tunis.


Ainsi Maître Rabeh Kheraïfi a été kidnappé et violemment frappé à la tête par des agents de police en civil alors qu’il s’approchait du palais de justice à Jendouba; Il a été menacé de mort par les policiers qui lui ont dit qu’ils avaient pour instruction de le tuer ; l’avocat a été ensuite jeté dans un endroit désert à la sortie de la ville, son état de santé est inquiétant.

Les avocats Faouzi  Ben Mrad, Mohamed Essayadi et Amer Messaoud ont été à leur tour violement agressés. L’avocate Samia Abbou, quant à elle, a perdu connaissance suite aux coups qu’elle a subis ; elle a été évacuée à la maison des avocats suite au refus des autorités de laisser l’ambulance la transporter à l’hôpital. L’avocate Latifa El Habachi, maîtres Hichem Garfi et Nizar Essouilhi ont été évacués vers les hôpitaux, leur état n’est pas rassurant, la majorité se plaignent de fractures. Le barreau a appelé à une nouvelle Assemblée générale pour lundi prochain.


Le conseil national des libertés en Tunisie

  • Note avec inquiétude la recrudescence des exactions à l’encontre des avocats qui vont jusqu’à la menace de mort en passant par les agressions physiques ;
  • Il lance un appel à tous les militants des droits de l’homme à l’intérieur comme de l’extérieur du pays, pour exprimer leur solidarité et condamner ces agissements sauvages d’un pourvoir irrespectueux des lois.
  • Il fait assumer la responsabilité de toutes ces exactions et de toutes ces violations des droits de l’homme au président de la République, garant de l’application des lois, et à son ministre de l’Intérieur qui a donné des instructions pour atteindre à l’intégrité physique des avocats de Tunisie.
  • Il rappelle que ces exactions font suite au discours chargé de mises en garde que Ben Ali a prononcé le 28 décembre 2010, et où il a menacé le peuple tunisien de « l’application de la loi d’une façon intransigeante » ; Le CNLT se demande si, aux yeux du chef de l’Etat, l’application de la loi consiste à violer l’immunité de l’institution judiciaire et à lâcher des bandes de flics sans foi ni loi sur les citoyens ?

 


 

 

 

Dans la matinée du 31 décembre, les avocats ont subi la charge de centaines d’éléments de la police politique qui ont investi la salle du tribunal et la maison de l’avocat. Ils ont agressé et insulté les avocats, notamment Béchir Sid, l’ex bâtonnier, Maître Najet Laabidi, membre du bureau exécutif de l’Organisation Liberté et Equité et maître Samia Abbou, épouse de Maître Mohammed Abbou, militant des droits humains et militant politique. […]


Au tribunal de Tunis 2 à Sidi Houssine Sijoumi, le tribunal a été investi et les avocats ont été agressés, notamment Maître Latifa Habbachi qui a été conduite à bord d’une voiture de police où elle a dû rester une heure.


A Sidi Bouzid, une délégation venue en solidarité de Tunis, et pour s’informer dans le détail des développements de la situation faite aux citoyens, été agressée, notamment Maître Nabil Libassi qui a été frappé et à qui ont a saisi son appareil photo. La police politique a également agressé Maître Ridha Soualhi.


A Jendouba, plusieurs avocats ont été empêchés de pénétrer dans le palais de justice et Maître Rabeh Kharaïfi a été kidnappé par un groupe de personnes en civil qui l’ont abandonné dans un quartier limitrophe de la ville et ont menacé de le tuer.


A Sousse, des agents de la police politique ont agressé maître Halim Moeddeb, militant du Parti démocratique progressiste devant le tribunal, sous le regard des citoyens.


A Gafsa, les avocats ont été agressés de façon odieuse au tribunal de Première Instance et trois d’entre eux ont été interpellés : Faïçal Tlijani, Farid Rabhi et Néji Zouari. Le tribunal a été assiégé et des citoyens ont été sauvagement agressés. Tous les cafés autour du tribunal ont été vidés.


A Bizerte, le tribunal a été encerclé et les avocats ont été empêchés d’y ternir leur réunion de solidarité avec la population de Sidi Bouzid. Les opposants politiques et les défenseurs des droits de l’homme et les syndicalistes qu’y étaient rassemblés à l’URT ont été violemment agressés, et blessés gravement parfois selon des témoins.


A Mehdia, Maître Hichem Garfi a été violemment agressé et a dû être transporté en ambulance à l’hôpital dans un état critique.


Pour le Bureau exécutif de l’Organisation

Maître Mohammed Nouri

(traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 10:25
charpalisr 
 dimanche 02 janvier 2011

La mort d'une Palestinienne après avoir inhalé des gaz lacrymogènes lors d'une manifestation contre la barrière de séparation israélienne, provoquait dimanche une polémique en Israël.

Jawaher Abou Rahmah, 36 ans, est décédée dans la nuit de vendredi à samedi à l'hôpital de Ramallah (Cisjordanie) après avoir perdu connaissance durant la manifestation.


Selon des témoignages de manifestants et des médecins, elle a été prise dans un épais nuage de gaz lacrymogène, l'armée ayant utilisé une grande quantité de gaz contre les manifestants.


L'avocat israélien de la famille Abou Rahmah, Michael Sfar a accusé dimanche l'armée «d'avoir usé d'une quantité très massive de gaz» mettant ainsi en danger la vie de manifestants.


«Une fois de plus, l'armée couvre les actes de ses hommes, au lieu de présenter ses regrets et d'enquêter sérieusement», a-t-il déclaré à la radio militaire.


Plusieurs centaines manifestants israéliens dont un député du parti de gauche Meretz ont protesté samedi soir devant le siège du ministère de la Défense à Tel-Aviv contre la poursuite de l'occupation israélienne en Cisjordanie après la mort de Jawaher Abou Rahmah.


Par ailleurs, un Palestinien a été tué dimanche matin par des soldats à un barrage militaire israélien dans le nord de la Cisjordanie occupée, selon des sources médicales palestiniennes.

Mohamed Daraghme, âgé d'une vingtaine d'années et originaire de la localité de Tubas, a été tué par un tir de soldat après une dispute à un barrage militaire au nord-est de Naplouse, selon une source de sécurité palestinienne.

 

http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Polemique-autour-de-la-mort-d-une-manifestante-palestinienne_6346-1640967_actu.Htm

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