EDUCATION - “En matière d’enseignement du breton, il y a un hiatus entre l’offre et la demande. C’est la fracture bretonne”, juge Fanch Broudic, auteur d’un rapport “l’Enseignement du et en breton”, pour le Rectorat d’académie de Rennes. Ou comment le manque d’enseignants du breton pénalise d’autant la survie d’une langue qui pourrait perdre d’ici 2017 plus de 13 000 locuteurs par an (1).
Le comble c’est que les postes existent mais il n’y a pas suffisamment de candidats. “Les moyens sont là, c’est la ressource humaine qui fait défaut”, a constaté le recteur d’académie Alain Miossec. Depuis 2006, dix postes d’enseignants en moyenne par an n’ont pas été pourvus. En 2011, sur 38 postes de professeurs des écoles à pourvoir pour le breton, 11 n’ont pu être attribués. Les effectifs des établissements n’en continuent pas moins de progresser, pour atteindre quelque 13 500 élèves aujourd’hui, toutes filières confondues (+ 3,83% par rapport à 2009). Ce sont surtout des élèves en écoles primaires, car, dès le secondaire, les effectifs fondent, notamment dans les écoles publiques et les écoles privés qui perdent la moitié de leurs effectifs en breton à l'entrée de la sixième. Même si la filière des écoles associatives Diwan s’en sort mieux, la boucle est bouclée. Car une telle déperdition à l’entrée de la sixième signifie encore moins d’élèves en seconde et donc un nombre toujours plus faible de candidats susceptibles de poursuivre jusqu'au bac puis d'engager des études pour passer les concours et devenir enseignant. D’où l’une des principales préconisations de Fanch Broudic pour redresser la barre (2): consolider l’enseignement du breton dans le secondaire. Le chercheur insiste aussi sur la nécessité de favoriser un “environnement favorable”, une “empathie du public en faveur du breton", de le “valoriser” pour lui faire perdre l’image de ringardise qui lui reste accrochée aux basques. "Il y a des gens en Bretagne qui ne savent pas que d'autres parlent breton", souligne t-il. Drôle de situation: alors qu’à la première moitié du 20è siècle, la langue bretonne, langue du quotidien, était interdite à l'école, aujourd'hui, depuis son abandon massif comme langue maternelle dans les années 1950, c'est seulement l'école qui peut la perpétuer, explique encore Fanch Broudic, qui appelle de ses voeux des “efforts conséquents de promotion du breton dans la société” pour rajeunir son image et lui donner "une meilleure visibilité.
PHA
(1) On estime à 206 000 le nombre de locuteurs en breton aujourd’hui. Ils pourraient n’être plus que 120 000 en 2017.
(2) Une synthèse du rapport "L'Enseignement du et en breton" où figurent "60 mesures concrètes" pour favoriser l'enseignement du breton est téléchargeable sur le site du rectorat d'académie: www.ac-rennes.fr
Note du blog:
Je ne fais pas de politique, mais... Quand on apprend le breton, on apprend que "manger" se dit "debriñ "et jamais on ne mentionne autre chose. Pire, si vous avez baigné dans autre chose, on vous fait vous conformer "à la loi" qui dit qu'il faut bien prononcer "debri" qui serait une moyenne qui reconcilie les différentes variantes. Or sur la carte on ne le trouve nulle part ou alors dans un coin du Morbihan. La majorité dit (ou disait) autre chose. Ce n'est pas politique, mais bon...
La ville de Quimper souhaite ouvrir une nouvelle classe bilingue français-breton à l’école Paul-Langevin, située en zone d’éducation prioritaire.
Ce projet est élaboré en partenariat avec l’inspection académique, l’office de la langue bretonne et l’association Div-Yezh. « Il faut un minimum de 15 inscriptions pour pouvoir ouvrir », précise Thierry Seznec, conseiller pédagogique en langue bretonne à l’inspection académique.
L’ouverture de cette classe bilingue s’adresse aux enfants nés en 2006, 2 007, 2 008 et 2 009. Les pré-inscriptions seront prises directement auprès des services de la mairie. Tél. 02 98 98 88 39. Une réunion d’information est organisée le lundi 7 février à 17 h 30 à la salle polyvalente de l’école élémentaire.
Aujourd’hui, il y a 310 enfants inscrits au sein d’une filière bilingue à Quimper dans le public, le privé et à Diwan.
Le budget de 2,5 M€ consacré à la culture bretonne (dont 500 000 € pour l'initiation dans les écoles publiques) est voté à l'unanimité depuis 11 ans ! On arrive donc aujourd'hui à un partage du financement de 50 % pour le conseil général, 18,3 % de la Région et 31,7 % à la commune.
« Le soutien financier demandé aux communes diminue de façon importante. Ce qui devrait inciter de nouvelles communes à rejoindre le dispositif et pour celles qui y participent déjà à accepter de cofinancer un nombre d'heures plus important » analyse Yannig Menguy directeur de l'association Mervent.
En 2010-2011, 8 000 élèves finistériens dans 331 classes de 118 écoles ont bénéficié de cette sensibilisation, soit 14,3 % des effectifs totaux de l'enseignement public. Objectif à moyen terme, en faire bénéficier 18 000. Quatre prestataires associatifs y travaillent : Mervent en sud Finistère, KLT pour la région de Morlaix, SKed pour la région brestoise et An Oaled pour le reste du Léon.