9 avril 2010
À eux deux, ils pèsent 35 ans à la direction de Kendalc'h Bretagne. Deux Morbihannais, Jean Guého l'ancien et Mathieu Lamour
l'actuel, qui s'investissent pour tirer la danse bretonne vers le haut. Symbole de cette vitalité : dimanche, à Vannes, ils seront 1.200 en costume traditionnel, pour fêter les 60 ans de la
confédération.
Kendalc'h, War'l leur: pourquoi y a-t-il deux confédérations de danseurs en Bretagne?
Au départ, Kendalc'h regroupait tout le monde, y compris les musiciens (bagadoù). Au fil des ans, le mouvement s'est développé et il y a eu des conflits que l'on peut trouver dans tous les
milieux. Il y a eu une première scission: les musiciens sont partis, et ont volé de leurs propres ailes. Quelques groupes de danseurs, une petite dizaine, en ont fait de même et, dans les années
65, se sont fédérés dans une nouvelle association (War'l leur). Il n'y a pas de concurrence entre les deux, chacune travaille de son côté. Aujourd'hui, c'est un héritage qu'on assume. Ça a été la
guéguerre un temps, ça ne l'est plus: les relations se sont apaisées.
Par rapport aux cercles celtiques, à quoi la confédérationsert-elle?
On est là pour danser, faire le spectacle. Mais aussi pour transmettre des valeurs bretonnes. Aujourd'hui, c'est plus facile de faire des choses car la culture bretonne est soutenue par les
collectivités. Les élus la reconnaissent comme étant vivante et populaire, mais seulement depuis 1976 et la charte culturelle de Bretagne. On a des moyens pour travailler et tirer vers le haut.
Cela passe par la formation et par les concours. Si le niveau a monté, c'est grâce à cela. On ne danse pas n'importe quoi, n'importe comment: il y a tout un travail sur les mises en scène.
Deux Morbihannais successivement pour diriger Kendalc'h. N'est-ce pas paradoxal?
La tendance à mettre en avant la Bigoudène est un cliché. La culture bretonne est aussi implantée à Rennes et au sud de la Loire que dans le Finistère. En Bretagne, il y a plusieurs dialectes
mais la langue est aussi pure à Brignogan (29) qu'à Theix (56). C'est vrai qu'il y a plus de groupes dans le Finistère, que leurs costumes sont plus chatoyants, mais ce département n'a pas le
monopole: l'année dernière, le champion était Guérande. Un groupe de Loire-Atlantique, tout un symbole.
Quels sont les enjeux pour demain?
Il reste des choses à construire. Une culture qui se fige, se meurt. On doit pousser les portes des scènes nationales: nous avons des spectacles qui n'ont pas grand-chose à envier à Riverdance
par exemple. Mais nos groupes ne sont pas professionnels et il faut du temps pour pouvoir faire des tournées.
Comment combattre l'image désuète que certains ont de la culture bretonne?
Il faut casser la procession-costumes. Nous avons des groupes qui sont excellents sur scène. Mais ils ont du travail à faire pour les arts de rue, avec des costumes contemporains. Il faut
s'ouvrir aussi: tous les ans, une vingtaine de groupes Kendalc'h partent à l'étranger. Prochainement, cinq vont faire une tournée de trois semaines au Mexique. On essaye d'envoyer les meilleurs
du moment. La culture bretonne s'exporte bien.
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Propos recueillispar Emmanuel Nen
Note: Voici ce que dit Wikipédia de Kendalc'h
La fédération Kendalc'h (« Maintenir ») est constituée fin 1950 à Quimper. Elle est présidée par le résistant Pierre Mocaër jusqu'à sa mort en 1961. Elle regroupe tous ceux qu'intéresse la
culture bretonne. Polig Montjarret en fut le secrétaire général.
Elle ne prend quelque importance qu'à partir de 1956 du fait de l'appoint de la Jeunesse Étudiante Bretonne et
de la Fondation Culturelle Bretonne, venues renforcer ses éléments initiaux (le Bleun Brug, Ar Falz, Bleimor et la Bodadeg ar Sonerion)
Re Note: On peut comprendre aussi "continuer", "prolonger". On peut apprécier l'eucuménisme, puisqu'il y a à la fois le Bleun
Brug qui a eu comme chef l'Abbé Perrot, intégriste, mais qui va être une pépinière de militants et notables socialistes, Ar Falz, dominé par le PCF (chipé par l'Udb dans les années 70), la
Fondation connue comme "Emgleo Breiz": PC et surtout PS, la JEB proche de l'UDB (crée en 1964) et le " nationalisme breton modéré ".
Wiki sur War 'l leur (sur l'aire - la cour de la ferme):
Histoire
Elle a été créée en 1965-1967 à partir
d'une scission de Kendalc'h : les Bodadeg ar Sonerien (BAS), menée par
Polig Montjarret, ayant quitté la fédération Kendalc'h en 1965, certains cercles
celtiques les suivirent.
Les musiciens ne sachant comment gérer ces groupes de danse, War 'l leur fut créé en 1967 afin de les organiser. Elle fut alors présidée par
Paul Morin.
Pour approfondir:
Le troisième Emsav (1945 à nos
jours)
Fin des années 1940 et années 1950 : la culture
Suite à la collaboration de la plupart des mouvements autonomistes bretons , le militantisme politique est
condamné par l'opinion : L'expression « Breiz Atao » servait à désigner indistinctement les militants
nationalistes bretons. L'expression « breiz atao mat da lao » (en français : « Breiz Atao, bon à tuer ») ne date pas de cette période (il s'agit d'une formule
imaginée par le curé de Gouézec, à la fin des années 1920, qu'il faisait répéter à ses ouailles pour les pousser à s'en
prendre aux « autonomistes » ), mais cette expression sera reprise durant la guerre pour qualifier les collabos bretons .
L'engagement des militants bretons se fera donc sur le terrain de l’action culturelle :
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La musique avec la mise en place de Bodadeg ar Sonerion de Polig Montjarret (1943) qui regroupe
les musiciens traditionnels, notamment de cornemuse, sert de base pour la création des premiers bagadoù à la fin des
années 40. Les bagads sont des ensembles de musique traditionnelle s’inspirant des pipe bands écossais,
et regroupant des cornemuses, des bombardes et des percussions). Il y a un réel essor dans les années 50, marque du renouveau culturel breton.
Jorj Cochevelou (père d'Alan Stivell) recrée la harpe celtique.
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La danse : à ces bagadoù sont souvent liés aussi des cercles celtiques,
qui sont des groupes de danse traditionnelle. Les créations de bagadoù sont très nombreuses au cours des années 50. La Bagad Bleimor est associée à l'organisation scoute bretonne Bleimor. On y retrouvera le
creuset de nombreux militants bretons (Alan Stivell, Pierre Denis, Donatien Laurent, Gwenc'hlan Le Scouëzec, etc.
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L'ésotérisme, le symbolisme celtique et le mouvement druidique, avec Morvan Marchal, Rafig Tullou, Georges Pinault, etc.
Ce sont les lieux de rencontre, de réflexion, de recrutement pour les nationalistes. C'est par ce biais que vont être maintenus et transmis le nationalisme breton à
une nouvelle génération au cours des années 1940 et 50. C'est aussi grâce à plusieurs dizaines d'anciens résistants que des mouvements culturels puis politiques bretons (régionalistes
notamment) sont lancés ou relancés en Bretagne et à Paris[. On note la création d'un mouvement politique en 1945, An Avel autour de Youen Olier
Parallèlement, le mouvement breton continue le travail entamé avant-guerre dans le domaine de la langue et de la littérature et crée de nombreuses revues
bretonnantes, dont la revue littéraire Al Liamm, continuateur de Gwalarn.
Á l'initiative de l'État, Pierre-Jakez
Hélias, Pierre Trépos, et Charles Le Gall recréent des émissions de radio, puis de télévision à partir de 1964, en breton populaire. D'abord de quelques minutes hebdomadaires, ils mènent une véritable « guerre d'usure » contre l'ORTF pour obtenir
l'allongement minute par minute de la durée de ces émissions.
Note du blogueur : Il faut pourtant nier cette belle unanimité. Les affrontements idéologiques ( avec comme prétexte ou
instrumentalisation l'orthographe, sont violents -verbalement ). Le camp résistant, pro-résistance, progressiste, pro-unité nationale française, avec y compris des religieux, s'oppose
d'abord et surtout aux tenants de l'orthographe "ZH" (issue d'un ordre nazi de 1941) , et au-delà aux religieux intégristes, ésotéristes, nationalistes politiques, qui, fachos ou pas défendent
"indéfectiblement" (comme aujourd'hui) la mémoire de leurs "militants" de 1940 45.
et une contribution de lecteur du Télégramme :
DWRDAN
réflexions d'un ancien Penn Soner!
ouais! ouais ! tout çà finit par la normatisation de la culture spécifique au terroir armoricain dans le monde celtique - le stéréotype et le cliché, calqués sur l'approche mondialisée
musicalement et chorégraphiquement correcte ! la compétition INCONTOURNABLE inter-groupes, va vite déboucher sur la compétitivité à but de virtuosité à tout craint, à l'instar du monde économique
globalisé dont on subit les ravages!
Bref ! pas de fédé, c'est aussi bien pour de petits cercles et bagadoù amateurs et libres, mais qui contentent régulièrement leur public aimant la musique ou la danse -bretonne ou autre- mais non
formatée, VRAIE, sincère," tradi" et venant du coeur plus que du cérébral nivelé; - "L'ennui naquit un jour de l'uniformité!"- dit le poète ! ... à méditer !...