Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 11:39

  humour_001-small.jpg

Par Yoko Akimoto (16 mars 2011)


D’heure en heure, la situation se détériore au Japon. Les réacteurs nucléaires de la centrale de Fukushima semblent hors contrôle. Pour Yoko Akimoto, membre d’Attac Japon, ce que redoutaient ceux qui se sont battus, il y a 40 ans, contre la construction de ces centrales nucléaires, est en train de se produire. Témoignage.


Au fil des heures qui passent, la réalité s’impose à nous. De nouveaux chiffres, toujours plus élevés, s’affichent sur l’écran, et je me dis que cela devait être la même terrible expérience pour nos amis au Pakistan et en Haïti, qui souffrent encore aujourd’hui du désastre naturel dont ils ont été victimes. Hier, le gouverneur de Miyagi annonçait que le nombre de morts allaient dépasser les 10.000. Et aujourd’hui le réacteur n° 3 de la centrale nucléaire de Fukushima a explosé, et voilà que le cœur du réacteur n° 2 est en fusion (à 2 heures du matin le 15 mars, heure locale). Il est évident que les réacteurs nucléaires de Fukushima sont hors contrôle.

 

Il y a quarante ans, nos aînés se sont battus contre la construction de centrales nucléaires : ils avaient compris le danger de telles centrales dans un pays sujet aux tremblements de terre. Malheureusement, ce qu’ils redoutaient vient de devenir réalité ! À l’époque, le gouvernement a exproprié les coopératives de pêcheurs et les communautés locales pour construire les centrales nucléaires. Il a détruit la source de subsistance de ces gens pour ces centrales, en affirmant que l’énergie nucléaire était sans danger.

 

Aujourd’hui, le gouvernement et la société d’électricité de Tokyo, TEPCO, répètent à l’envi qu’un tremblement de terre d’une amplitude inhabituelle a frappé le nord du Japon. Pourtant, Hiroaki Koide, professeur associé en recherches sur le nucléaire à l’université de Kyoto a déclaré : « Puisque le Japon est un des pays où les tremblements de terre sont les plus fréquents, il ne devrait jamais y avoir tremblement de terre imprévu si le gouvernement soutient le nucléaire. » Beaucoup de citoyens ordinaires verront bien qui est responsable de l’accident.

 

Hier, la TEPCO a commencé à opérer des coupures programmées à Tokyo et d’autres municipalités, elles continueront jusqu’à la fin avril, avec comme explication que l’accident nucléaire a provoqué une pénurie d’électricité. Beaucoup de trains vont être mis hors service. Hier moins de la moitié des lignes roulaient normalement. Les magasins et les supermarchés de la zone métropolitaine n’ont pas suffisamment de nourriture pour les consommateurs. Le lait, l’eau, le poisson, le pain, le riz se font rares. Certains rayonnages sont vides. Les problèmes de distribution sont une explication. Des voies rapides sont bloquées et les camions ne peuvent arriver.

 

Les habitants de Tokyo ont pris l’habitude d’un certain confort. Nous pouvions facilement trouver n’importe quoi comme nourriture sans nous rendre compte des centaines de kilomètres parcourus. Nous ne nous souciions pas de qui l’avait produit et comment. Le tremblement de terre et la fusion au cœur des réacteurs nous rappellent combien la distribution est aléatoire et qu’il y a d’autres façons de vivre.

 

Comme la surproduction, la surconsommation et le gaspillage produisent des failles dans la planète, accompagnés d’émissions de gaz à effet de serre et de destruction de la Terre Mère. Notre plus grande tâche aujourd’hui pourrait être de redéfinir une façon de vivre sans détruire l’environnement.

 

Quatre jours ont passé depuis la tragédie. Des informations alarmantes se suivent et se ressemblent. Nous n’avons pas encore de nouvelles de certains de nos proches dans des zones sinistrées. La contamination par radiation se répand. Il paraîtrait qu’elle atteint déjà Tokyo. Nous sommes enveloppés d’une angoisse invisible.

En solidarité, avec espoir et amour,

 

Yoko Akimoto, Attac Japon, le 15 mars 2011

Traduction : Christine Pagnoule

Partager cet article
Repost0
17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 11:23
Partager cet article
Repost0
17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 11:13

 


 

Par Daniel Tanuro le Jeudi, 17 Mars 2011

 

La gravité de la situation empire d’heure en heure sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima, au Japon. Les gestionnaires des installations n’ont apparemment plus de prise sur le cours des événements. Le risque grandit d’une catastrophe aussi grave, voire plus grave que celle de Tchernobyl.

 

Le complexe de Fukushima Daichi compte six réacteurs nucléaires à eau bouillante, de conception General Electric. Les puissances de ces réacteurs varient de 439 MW (réacteur 1) à 1067 MW (réacteur 6). Le combustible du réacteur 3 est le MOX (mélange d’oxydes d’uranium appauvri et de plutonium), les autres fonctionnent à l’uranium.

 

Les dates de mise en service s’échelonnent entre mars 1971 et octobre 1979. Il s’agit donc de machines anciennes, dépassant largement les vingt ans d’âge à partir desquels ces équipements présentent de plus en plus de phénomènes d’usure entraînant des incidents. Outre les réacteurs, le site comporte des silos de stockage des déchets solides. L’exploitant de la centrale, le groupe Tepco, est connu pour ne pas diffuser une information complète et fiable sur ceux-ci.

 

Les réacteurs 5 et 6 étaient à l’arrêt avant le séisme. Les risques y semblent limités, mais une hausse légère de température a été signalée le mardi 15 mars. Par contre, divers accidents graves ont affecté  les quatre autres réacteurs : quatre explosions d’hydrogène, un incendie, trois fusions partielles de cœur. 

 

Les problèmes ont commencé au réacteur N°1 (cf. notre article précédent). Mardi 16 mars, il semble que le cœur de ce réacteur ait fusionné à 70%, et celui du réacteur N°2 à 33%, selon l’exploitant de la centrale (New York Times, March 15). Les informations sur la fusion du cœur du réacteur N°3 sont contradictoires mais, selon le gouvernement japonais, la cuve de cette installation serait endommagée (Kyodo News, March 15). Selon l’ASN française, « il n’y a pas de doute qu’il y a eu un début de fusion du cœur sur les réacteurs 1 et 3, et c’est  sans doute aussi le cas sur le réacteur N°2 » (Le Monde, 16 mars). La cuve de ce réacteur 2 ne serait plus étanche non plus (Le Monde, 15 mars). Selon l’AIEA, une explosion d’hydrogène a été suivie d’un violent incendie dans le réacteur 4. Ici aussi la cuve serait endommagée, mais ce réacteur était à l’arrêt lors du tsunami, le risque de fuite radioactive y serait donc moindre.  

 

Un accident affecte également les piscines de stockage du combustible usé. Dans ces installations, comme dans les cuves de la centrale, les barres de combustible doivent être constamment refroidies par un courant d’eau. Comme il n’y a plus assez d’eau, la température des barres a monté au point de faire bouillir le reste  du liquide, et la surpression a ouvert une brèche dans l’enceinte de confinement  (BBC News, 15 mars).

La situation échappe à tout contrôle

Les héroïques travailleurs de la centrale sont en train de sacrifier leur vie (comme les « liquidateurs » de Tchernobyl avant eux), mais ils ne contrôlent plus la situation. Ils ont tenté de refroidir les réacteurs en employant de l’eau de mer. Une opération désespérée, sans précédent, et dont on ignore les conséquences possibles (découlant du fait que l’eau de mer contient toute une série de composés susceptibles d’entrer en réaction avec ceux des installations). Echec. La température est telle dans certaines installations (les piscines notamment) que les travailleurs ne peuvent plus s’en approcher. Les tentatives de déverser de l’eau sur les réacteurs, par hélicoptère, ont dû être abandonnées : la radioactivité est trop forte. Selon l’agence de sûreté japonaise, le débit de dose (mesure de la radioactivité) à l’entrée du site est de 10 millisievert par heure (10 mSv/h), dix fois le niveau acceptable en une année.

 

La catastrophe de Tchernobyl semble en train de se reproduire sous nos yeux. Le résultat pourrait même  être pire qu’en Ukraine il y a vingt-cinq ans. En effet, en cas de fonte totale du réacteur N°3, la cuve se romprait plus que probablement et le combustible en fusion se répandrait dans l’enceinte de confinement qui ne résisterait pas. Dans cette hypothèse cauchemardesque, ce ne sont plus des isotopes d’Iode, de Césium ou même de l’Uranium qui seraient relâchés dans l’environnement, mais bien du Plutonium 239, qui est le plus dangereux de tous les éléments radioactifs. On entrerait ainsi dans un scénario apocalyptique de mort dans toute les zones irradiées, l’étendue de celles-ci étant fonction de la force et de l’altitude avec laquelle les particules seraient éjectées dans l’environnement…

Mobilisons-nous en masse pour sortir du nucléaire !

Espérons que cela nous sera épargné, le bilan sera déjà assez horrible sans ça. Mais soyons bien conscients du fait que cela pourrait se produire. Et tirons-en la conclusion : il faut sortir du nucléaire, totalement et au plus vite. Sortir non seulement du nucléaire civil mais aussi du nucléaire militaire (les deux secteurs sont inextricablement liés). Mobilisons-nous en masse pour cela, partout, dans le monde entier. Descendons dans la rue, occupons des lieux symboliques, signons des pétitions. Le nucléaire est une technologie d’apprentis sorciers. Manifestons notre refus catégorique par tous les moyens possibles, individuellement et collectivement. Créons une vague d’indignation et d’horreur telle que les pouvoirs en place seront obligés de suivre notre volonté. Il en, va de notre vie, de la vie de nos enfants, de la vie tout court. 

 

Il ne faut accorder aucun crédit aux gouvernements. Au pire, ils prétendent que la cause de la catastrophe de Fukushima – le tsunami les plus violent depuis un millénaire environ - est « exceptionnelle », donc unique, que des séismes de cette magnitude ne menacent pas d’autres régions du monde, etc. C’est la petite chanson que fredonnent les partisans français et britanniques de l’atome, relayés par leurs amis politiques. Comme si d’autres causes exceptionnelles, donc uniques (la chute d’un avion, une attaque terroriste…), ne pouvaient pas provoquer d’autres catastrophes, dans d’autres régions! 

 

Au mieux, les gouvernements lâchent du lest, annoncent une vérification des normes de sécurité, ou un gel des investissements, ou un moratoire sur les décisions de prolongement des centrales existantes, voire même la fermeture des installations les plus vétustes. C’est la ligne adoptée de la façon la plus spectaculaire par Angela Merkel, qui vient de tourner à 180° sur la question. Le risque est grand que, dans la plupart des cas, cette ligne vise avant tout à endormir les populations, sans renoncer radicalement au nucléaire.  

 

Car le capitalisme ne peut tout simplement pas renoncer à court terme à l’énergie atomique. Système congénitalement productiviste, il ne peut se passer de croissance de la production matérielle, donc de ponctions accrues sur les ressources naturelles. Les progrès relatifs de l’efficience dans l’utilisation de ces ressources sont réels, mais plus que compensés par l’augmentation absolue de la production. Vu l’autre menace qui pèse –celle des changements climatiques, vu les tensions physiques et politiques (les révolutions dans le monde arabo-musulman !) qui pèsent sur l’approvisionnement en combustibles fossiles, la question de l’énergie est vraiment la quadrature du cercle pour ce système boulimique. 

Osons l’impossible, osons une autre société !

En définitive, la seule solution réaliste est d’oser l’impossible : avancer la perspective d’une société qui ne produit pas pour le profit mais pour la satisfaction des besoins humains réels (non aliénés par la marchandise), démocratiquement déterminés, dans le respect prudent des limites naturelles et du fonctionnement des écosystèmes. Une société où, les besoins fondamentaux étant satisfaits, le bonheur humain se mesurera à l’aune de ce qui en fait la substance : le temps libre. Le temps pour aimer, jouer, jouir, rêver, collaborer, créer, apprendre.

 

Le chemin vers cette alternative indispensable ne passe pas avant tout par le repli sur soi individuel dans des comportements écologiquement responsables (indispensables par ailleurs), mais par la lutte collective et politique pour des revendications ambitieuses, certes, mais parfaitement réalisables, telles que : 

  • la réduction radicale et collective du temps de travail, sans perte de salaire, avec embauche compensatoire et réduction drastique des cadences. Il faut travailler moins, travailler tous et   produire moins ;
  • la suppression de cette masse incroyable de productions inutiles ou nuisibles, visant soit à gonfler artificiellement les marchés (obsolescence des produits), soit à compenser la misère humaine de nos existences, soit à réprimer celles et ceux d’entre nous qui se révoltent contre celle-ci (fabrication d’armes). Avec reconversion des travailleuses et travailleurs occupés dans ces secteurs ;
  • la nationalisation sans indemnité des secteurs de l’énergie et de la finance. L’énergie est un bien commun de l’humanité. Sa réappropriation collective en rupture avec les impératifs du profit est la condition indispensable d’une transition énergétique juste, rationnelle et rapide vers les sources renouvelables. Cette transition demandera par ailleurs des moyens considérables, qui justifient amplement la confiscation des avoirs des banquiers, assureurs, et autres parasites capitalistes ;
  • l’extension radicale du secteur public (transports publics gratuits et de qualité, entreprise publique d’isolation des logements, etc.) et le recul tout aussi radical de la marchandise ainsi que de l’argent : gratuité des biens de base tels que l’eau, l’énergie, le pain, jusqu’à un niveau correspondant à une consommation raisonnable.  

Le capitalisme est un système de mort. Puisse Fukushima fouetter notre désir d’une société écosocialiste, la société des producteurs et des productrices  librement associé(e)s dans la gestion prudente  et respectueuse de notre belle planète, la Terre. Il n’y en a qu’une.

Partager cet article
Repost0
17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 09:34
Partager cet article
Repost0
16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 13:23
Partager cet article
Repost0
16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 13:17


15883.jpg

Le séisme qui a frappé le Japon s’est transformé en catastrophe nucléaire aux retombées mondiales. Il est plus que temps de sortir du nucléaire afin d’éviter que ce drame se reproduise.

La population japonaise affronte actuellement une catastrophe sans précédent : un séisme de très grande amplitude qui a provoqué un tsunami dévastateur, avec des conséquences humaines, sanitaires et économiques énormes, auquel s’ajoute une catastrophe nucléaire majeure.


Une première explosion d’hydrogène a détruit un premier réacteur de la centrale Fukushima Daiichi samedi 12 mars. Lundi, une deuxième explosion a détruit le bâtiment d’un autre réacteur contenant du combustible MOX qui peut provoquer des rejets encore plus dangereux. Le troisième réacteur a explosé dans la nuit de lundi à mardi, son cœur risquant lui aussi de fusionner. Trois autres réacteurs ne sont plus refroidis et pourraient connaître le même sort, comme ceux d’une autre centrale située à 11 km de la première.


Les conséquences exactes de ces accidents en chaîne ne sont pas encore connues, l’exploitant Tokyo Electric Power n’étant pas réputé pour sa transparence. L’accident a d’abord été classé au niveau 4 sur l’échelle Ines, il a été réévalué au niveau 6 (la catastrophe de Tchernobyl avait été classée au niveau 7).


Les premières mesures indépendantes indiquent que la radio-activité reçue en une heure sur le site de la centrale correspond à la limite de radioactivité à ne pas dépasser annuellement. Et la présence d’un nuage radioactif a été confirmée par des mesures faites à 100 km de la centrale accidentée. C’est donc une vaste région qui subit à l’heure actuelle une contamination. Il est à craindre que cette contamination se propage à tout le pays, voire au-delà.
La situation est d’ores et déjà alarmante et s’aggrave d’heure en heure. Elle nous rappelle que la production d’énergie nucléaire n’est ni propre ni sûre et qu’elle soumet les populations et les travailleurs tout au long de la filière à des risques insensés. Des centaines de travailleurs japonais sacrifient actuellement leur vie pour tenter d’éviter que le pire se produise.


Le Japon est, après les États-unis et la France, le troisième pays le plus nucléarisé au monde : 36 % de sa production électrique est actuellement issue du nucléaire, avec un objectif de 50 % pour 2030.
L’attitude du gouvernement japonais, celle du gouvernement français, VRP de l’entreprise Areva et du nucléaire, sont insupportables. De même que les déclarations du PS dont le porte-parole Hamon a déclaré que les socialistes n’étaient « pas favorables aujourd’hui à un abandon du nucléaire ». Quant au PCF, il propose de « créer les conditions pour dépasser la fission nucléaire par un investissement public massif dans la recherche » dans un contexte d’épuisement de l’uranium d’ici 50 ans !


Les promesses de transparence de Nathalie Kosciusko-Morizet font sourire quand on sait que EDF a produit en 2003 des rapports sous-estimant la fréquence et l’intensité des tremblements de terre pour s’éviter des frais de mise au normes des installations de 34 des 58 réacteurs français.


Bien que les tremblements de terre soient moins fréquents et moins forts en France, un accident pourrait se produire même avec un séisme d’une intensité plus faible. Les dix-huit installations nucléaires du CEA à Cadarache sont installés sur la faille de la moyenne Durance, où s’est produit le plus gros tremblement de terre connu en France, il y a 102 ans. Et ce site a été choisi pour l’implantation du projet Iter !
À l’approche du 25e anniversaire de l’accident de Tchernobyl qui a causé la mort directe ou indirecte d’au moins 600 000 personnes, cette tragédie nous apprend que le Japon, troisième puissance mondiale, pays industrialisé à la pointe des innovations technologiques, ne sait pas plus que la France maîtriser les conséquences liées à la production nucléaire.


En France, la politique énergétique a toujours échappé au débat démocratique. Les citoyens n’ont jamais eu l’occasion de se prononcer démocratiquement sur le recours au nucléaire.
Puisque Sarkozy a annoncé que la France devait tirer les conséquences de cet accident, manifestons partout dans le pays pour réclamer la fermeture immédiate de tous les réacteurs ayant atteint ou dépassé les 30 ans de fonctionnement, l’arrêt complet de tous les projets portés à l’étranger par l’industrie nucléaire française, l’arrêt de tous les projets en cours (EPR, Iter, Bure et centres de stockage des déchets nucléaires) dans le cadre d’un plan global de sortie du nucléaire.


Le NPA revendique la création d’un grand service public de l’énergie sans nucléaire géré par les usagers et les travailleurs, qui favoriserait les économies d’énergie et les énergies renouvelables qui, à investissement égal, produit deux fois plus d’électricité que l’EPR et créent quinze fois plus d’emplois.


Catherine Faivre d’Arcier

Partager cet article
Repost0
16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 12:20

Par Nolwenn Weiler (16 mars 2011)


Plusieurs milliers d’ouvriers construisent actuellement le nouveau réacteur nucléaire EPR de Flamanville, en Normandie. Dont plus de 1000 salariés étrangers. Présenté comme le fleuron de l’industrie nucléaire française, supervisé par EDF et piloté notamment par Bouygues, ce chantier s’avère beaucoup plus long et coûteux que prévu. Salariés insuffisamment formés, répression syndicale, hébergement inadapté, accidents… les conditions de travail et de sécurité y sont déplorables. Au risque de compromettre la sureté des installations ? Reportage.

 

Photos : Philippe Noisette

 

Fin de journée aux Pieux, commune de 4.000 habitants située à flanc de mer, dans le Cotentin. Dans le froid hivernal, les lumières s’allument. Coincée entre un lotissement et le centre de loisirs : la « base vie », lieu d’hébergement des ouvriers étrangers qui construisent l’EPR (Réacteur pressurisé européen) de la centrale nucléaire de Flamanville. Près de 200 mobil-homes y sont alignés. Pour un peu moins de 400 travailleurs. L’endroit est (très) calme. Des portes qui s’ouvrent timidement s’échappent d’agréables odeurs de bons petits plats. « Je suis maçon en France depuis 40 ans, glisse un Portugais proche de la soixantaine. Sourire aux lèvres et regard fatigué. Je dîne rapidement et je pars au travail. »

 

Le chantier EPR fonctionne en « trois x huit ». Il faut bien avancer, et combler le retard pris depuis le lancement du chantier en 2007. Plusieurs pauses ont dû être observées : pour non conformité des soudures, défauts d’armatures du béton ou encore obstacles imprévus pour le creusement de la galerie de rejet des eaux usées ! Annoncée pour juin 2012, la livraison de l’EPR a été repoussée à 2014, pour le moment. Et le coût est passé de 4 à 5 milliards d’euros ! D’ici à décembre 2011 devrait se terminer la phase de génie civil pour laquelle se sont déplacés plus de 1.000 étrangers de 26 nationalités différentes.

 

Ici, tout se paie !


150 entreprises travaillent sur place. La principale, c’est Bouygues. Le nom de leur employeur est à peu près la seule information que les habitants de la « base vie » donnent volontiers. Beaucoup esquissent un sourire et préfèrent ne pas parler de leurs conditions de vie et de travail. Il règne sur les lieux comme un silence forcé. Le gardien, qui gère seul, et pour un Smic, les 400 gars, leur courrier, leurs poubelles et leurs soucis de réparations diverses, refuse carrément de dire quoi que ce soit. Idem pour sa supérieure hiérarchique. Elle aussi est salariée de l’Association inter entreprises (AIE), dont la création est obligatoire pour assurer le logement, la restauration et le transport du personnel lors d’un Grand chantier d’aménagement du territoire, comme c’est le cas ici.

 

 

« On ressent beaucoup de mépris, ose l’un des salariés. Simplement parce qu’on est étrangers. Ici, on n’a rien à faire, à part travailler. On n’a pas de salle commune pour se retrouver. On est restés plusieurs semaines avec les gouttières cassées par la neige. Les chemins sont vite défoncés. » Les locataires doivent, en plus des 500 euros mensuels de loyer, payer tout ce qui se casse ou s’abîme dans les mobil-homes. Une fiche annonce des tarifs surréalistes : un impact sur la table coûte 10 euros, une brûlure de cigarette 15 euros, une marque sur le sol 20 euros ! Pour les portes, vitres et marchepieds, on avoisine les 100 euros pièce.

 

Isolement des salariés


Ces montants sont versée à l’AIE, dont le budget est alimenté par les cotisations des entreprises participant au chantier. « Ils affirment être déficitaires, » explique Jacques Tord. Chargé de mission CGT sur le chantier de Flamanville, il dénonce depuis plusieurs années les conditions d’accueil des salariés étrangers. « Selon l’AIE, l’entretien de la base vie coûte trop cher. Mais nous n’avons jamais pu voir leur budget. Il règne une grande opacité, rapporte le syndicaliste. Nous aimerions aussi savoir qui cotise. Toutes les entreprises sont censées le faire, mais nous soupçonnons que ce n’est pas le cas. »

 

 

Les accords de 1978 relatifs aux chantiers de centrales nucléaires, signés par EDF et les syndicats, précisent que les lieux d’hébergement doivent comprendre « des installations collectives destinées à permettre le débit de boisson non alcoolisées, les réunions, l’alphabétisation, les distractions ». Ainsi que des « installations de sport légères ». Rien de tout ça n’existe aux Pieux. L’oisiveté pèse très fort sur les travailleurs étrangers, éloignés de leurs familles et amis pendant de nombreux mois.

 

Une vie privée sous contrôle


La télévision est la seule activité autorisée pour les jours de repos, avec l’alcool et la cigarette, dont on fait ici force consommation. Partout dans la « base vie » courent des fils électriques qui relient les antennes paraboliques achetées par les ouvriers, avec leurs deniers personnels. De même que les télévisions. Le wifi leur a été concédé, après plusieurs demandes. « Les infrastructures mises en place devront permettre aux occupants d’y vivre librement », précisent aussi les accords de 1978. Pourtant, à la « base vie », les visites après 22h sont interdites !

On semble avoir oublié l’intérêt d’associer le personnel des chantiers à la vie locale, également mentionné dans les accords de 1978, qui soulignent que « les résidents auront accès au même titre que les autres résidents de la commune aux équipements culturels et sportifs ». Dans les années 1980, ceux qui construisaient les deux premières tranches de la centrale de Flamanville, à côté desquelles s’installe aujourd’hui l’EPR, venaient boire des coups en ville. Ils discutaient avec les habitants. Aujourd’hui, ils semblent se terrer. Se contentant de sorties

régulières dans les grandes surfaces du coin.

 

Pas de transports collectifs et des parkings saturés


« Quand on sort de la base vie, on voit parfois des affiches du FN, évidemment ça nous fait pas plaisir », rapporte un travailleur tunisien. « Tout ce dont parlent les accords de 1978 a été balayé pour l’EPR » , dénonce Jacques Tord. « On a ouvert le chantier en éludant complètement la question sociale. » La question des transports a aussi été esquivée. Les accords mentionnent la mise sur pied d’un réseau de transports réguliers pour assurer une desserte du chantier. La réalité est évidemment tout autre. La plupart des salariés vont au boulot avec leur voiture. Ceux qui n’en n’ont pas font du covoiturage.

 

Comme le nombre de salariés a été sous-estimé, les parkings aux abords de l’EPR sont saturés. Les bas côtés des routes sont envahis. On se gare partout où l’on peut. Souvent n’importe où. « Certains salariés perdent ¾ d’heure matin et soir pour aller à pied de l’endroit où ils posent leur voiture à leur poste de travail », note Jacques Tord. Ce temps leur est payé depuis peu. On peine à croire que des personnes chargées d’organiser un chantier aussi pointu aient été incapables de prévoir le nombre de salariés. Et une desserte intelligente du site. Prévu pour durer 5 ans avec 2.200 salariés, le chantier EPR devrait finalement durer 7 ans avec près de 4.000 salariés !

 

Des conditions de sécurité déplorables


Sur place, le travail est rude. Il faut manier de la ferraille et du béton, par tous les temps. Dans un endroit souvent exposé au vent, à la pluie et au froid. Une vingtaine de grues strient le chantier de leurs immenses bras. Les manier sans qu’elles se touchent est un travail minutieux. Qui nécessite beaucoup de concentration. Pas facile quand les heures de travail et de fatigue s’accumulent, et qu’il faut faire vite. Au printemps 2010, un grutier avait fait valoir son droit de retrait, estimant que la façon dont était effectué son chargement mettait les hommes au sol en danger. Il a été mis à la porte.

 

 

Le 27 janvier dernier, un ouvrier soudeur de 37 ans, père de trois enfants, est mort, après une chute de plus de 10 mètres suite à la collision entre la passerelle où il se trouvait et le chargement d’une grue. L’enquête suit son cours. Mais selon la CGT, la responsabilité de Bouygues est clairement engagée. « Nous dénonçons des dysfonctionnements depuis longtemps, rapporte Jacques Tord. Certains personnes conduisent des engins sans autorisation, il n’y a pas de contrôles d’alcoolémie – alors que la consommation d’alcool est un vrai problème –, les journées de travail sont parfois beaucoup trop longues, le nombre d’accidents est sous-estimé. »

 

Une inspection du travail qui laisse à désirer


Un grutier confie être «  flippé » quand il voit arriver les casques jaunes vers lui. « Les casque jaunes, explique-t-il, ce sont les Roumains. Ils ne sont pas méchants. Ce n’est pas de leur faute. Simplement, ils ne sont pas bien formés. Ils ne savent pas vraiment ce qui est dangereux. C’est un problème. » Les conditions d’embauche et de paiement des salariés étrangers sont par ailleurs totalement opaques. Les syndicats n’ont jamais réussi à se procurer des contrats de travail ou des fiches de paies.

 

Sur un chantier nucléaire, c’est l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) qui est compétente en matière d’inspection du travail. Les syndicats estiment que son expertise est pour le moins insuffisante, du moins pour le secteur du BTP. « Nous n’avons pas de bilan social, tempête Jacques Tord. L’ASN ne communique pas du tout sur le sujet. Nous avons demandé une dérogation à François Fillon pour que l’inspecteur du travail de droit commun puisse enquêter sur ces chantiers. Mais nous n’avons pas de nouvelles. » Sur le site internet de l’ASN, les compte-rendus d’inspection évoquent beaucoup d’aspects techniques. Mais jamais des conditions de travail.

 

Répression syndicale


Aux déplorables conditions de sécurité s’ajoutent une répression syndicale féroce. CGT et CFDT, qui disposent chacune d’un bureau dans des locaux près du chantier, expliquent que les ouvriers n’ont pas intérêt à venir les voir. Surtout ceux de chez Bouygues. « Celui qui ose venir est au mieux rappelé à l’ordre. Au pire simplement viré. » C’est ainsi que la direction de Bouygues a sabordé dès le début du chantier, en 2007, une section CGT qui tentait d’émerger.

L’arrivée d’un nouveau directeur EDF sur le chantier, et le démarrage effectif de l’association inter-loisirs pour les travailleurs étrangers (qui a déjà programmé plusieurs sorties pour ce début d’année) annoncent peut-être une amélioration. Les syndicats estiment, en tout cas, aborder une période au cours de laquelle il sera plus facile de dialoguer. Au moins avec EDF. Qui a le privilège, en tant que grand-maître-d’ouvrage-donneur-d’ordres de rappeler aux entreprises maîtres d’œuvres, telles que Bouygues, qu’il existe encore un droit du travail. Et que nul ne peut, normalement, s’y soustraire. D’autant que pour de tels chantiers, les négligences et autres violations du droit mettent clairement en cause la sureté nucléaire du réacteur à venir.

 

Nolwenn Weiler

 

 

 

http://www.bastamag.net/


Partager cet article
Repost0
16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 08:23

viewer1.jpg

viewer2.jpg

viewer3-copie-1.jpg

Partager cet article
Repost0
16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 08:10

iter-robot.jpg

 

Rassemblement devant la mairie jeudi prochain 17 mars à 18 heures.

 

Les signataires de l'appel sont :

 

les Verts, l'UDB, KEG, ATTAC et le NPA

Partager cet article
Repost0
15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 14:35

iter-robot.jpg

Par Sophie Chapelle (11 mars 2011)


La plus vieille centrale nucléaire française ne fermera pas. Le tribunal administratif de Strasbourg a rejeté le 9 mars la demande de fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim dans le Bas-Rhin. À l’initiative de cette demande, un collectif d’associations et de collectivités locales suisses, allemandes et françaises. Ces dernières avaient saisi en décembre 2008 la justice administrative, après le rejet par le ministère de l’Écologie de sa demande d’un arrêt immédiat et définitif de l’installation. Mise en service en 1977, la centrale de Fessenheim est depuis exposée à des risques sismiques et d’inondations. Elle subit également plus d’incidents que la moyenne des autres centrales, et rejette dans les rivières des émissions radioactives.


Mercredi, le tribunal a rejeté ces arguments en se référant aux avis de l’Autorité de sûreté nucléaire, chargée de contrôler les installations nucléaires en France. Il souligne qu’un certain nombre d’incidents survenus récemment n’ont « aucune pertinence ou aucune importance du point de vue de la sûreté  ». Me Corinne Lepage, avocate du collectif et députée européenne, conserve une once d’espoir, concernant « l’irrégularité de la situation de la centrale ». Le tribunal a en effet reconnu que Fessenheim n’est pas en règle avec les prescriptions de la loi sur l’eau de 1992. Il a néanmoins estimé que les requérants n’avançaient aucun élément relatif aux pollutions et aux risques qui pourraient en résulter.


Cette décision survient alors que les alertes du réseau Sortir du nucléaire se sont multipliées ces dernières semaines, après la découverte d’« anomalies de série » s’accumulant sur 34 réacteurs en service depuis plus de 25 ans. « Sur tous les réacteurs de 900 MW, en cas de fuite importante du circuit primaire, le circuit d’injection d’eau de sécurité pourrait s’avérer incapable d’empêcher la fusion du cœur », dénonce le réseau. La mise en sommeil de la centrale nucléaire de Fessenheim devra néanmoins attendre. Alors que Corinne Lepage envisage de faire appel, sous réserve de l’accord de ses clients, une semaine de mobilisations est prévue du 2 au 26 avril pour les 25 ans de la catastrophe de Tchernobyl.


Sophie Chapelle

 

/http://www.bastamag.net/

Partager cet article
Repost0

Contactez le NPA du Finistère

 

faou

 

UNE-190.JPG

 

cgt-gg.jpg

 

affiche_Peillon_Fioraso_BAT_0_0.preview.jpg

 

encart npa taille normale

 

 

nukleel-nam-bo-ket.jpg

accueil
*

Brest

06 42 22 96 37

brest.npa@gmail.com

 

Quimper

06 59 71 42 21

quimper.npa@gmail.com
 

Le blog sur les

questions maritimes

L'autre grenelle de la mer

 

Le blog de solidarité avec

les camarades arabes

Revolution arabe 

 

fermoez-fesse.jpg

Recherche

Actions !

Pour plus de détails voir les liens: 

 

diapo prisonnier palestine

Soirée prisonniers palestiniens

AFPS Brest

mardi 16 avril

20H30

Maison des syndicats

 

sortir-copie-1.jpg


manifestants-hopital-SUD-copie-1


Quimper Gourmelen

Rassemblement

vendredi 19 avril

8 h 45


foto2-205-ebf3f

 

Fermez Cofrents

(pays Valencian)

 

 

laniion.jpg

  Concert à Lannion

 

no nuk

 

Dimanche 28 avril

Brennilis

anti-r-1-r-copie-1.jpg

 


robertbelle5mai13DZ

 

 

Mardi 7 mai

 Yves-Marie Le Lay,

Président de

Sauvegarde du Trégor

  Douarnenez

Librairie l'Ivraie à 20h00

 

nddk.jpg

 

yy.jpg

 

st nnonon

 

grece.jpg