L'histoire
En 2011, en France, des enfants de 4 ans peuvent dormir dans la rue ! La scène se passe au port de commerce, rue de Madagascar. Depuis environ deux semaines pour certaines, des
familles installent un campement pour la nuit : une bâche pour isoler du sol et des couvertures. Elles sont installées sur le trottoir, devant le foyer d'hébergement Aftam.
Il y a désormais cinq familles : trois d'Albanie, soit douze personnes dont six enfants ; une couple d'Arméniens avec une fillette de 4 ans et un garçon de 7 ans ; une
mère seule avec trois enfants, dont une fillette de 4 ou 5 ans, venue de la Corne de l'Afrique. Somalie, Éthiopie, Djibouti ? Difficile à dire : seuls les enfants parlent le
français, laissant penser qu'ils sont effectivement passés par Djibouti.
« Déni de droit »
Gevorg et son épouse Gohar ont fui l'Arménie, mais ne veulent pas dire pourquoi. Ils craignent beaucoup d'être pris en photo. Par l'intermédiaire d'un bénévole russe, ils acceptent d'expliquer
leur parcours. Ils disent être arrivés en France le 30 août en provenance de Moscou, « après trois jours en autobus ». Pourquoi ont-ils poussé jusqu'à
Brest ? Impossible de le savoir. Ils disent être arrivés « par l'autobus ». Depuis deux semaines, le couple affirme n'avoir bénéficié que de « trois
nuits à l'hôtel ». Ils ont l'intention de faire une demande d'asile.
« C'est un déni de droit, dénonce Olivier Cuzon de Cass'Papiers, collectif de soutien aux sans-papiers. Le préfet a l'obligation d'assurer l'hébergement d'urgence
des demandeurs d'asile. Et surtout, laisser des enfants dormir dans la rue ! C'est contraire à la convention internationale des droits de l'enfant. »
Hier après-midi, deux militants ont demandé une entrevue à la sous-préfecture. La grille ne s'ouvrant pas, ils ont profité de la sortie du personnel pour se glisser dans l'enceinte de la
sous-préfecture. Ils ont été finalement reçus par le secrétaire général. « Ils suivent la situation de près et ont promis une réponse le plus rapidement possible »,
indiquait Olivier Cuzon, à l'issue de l'entrevue.
« Forte tension »
Hier soir, le sous-préfet de Brest souhaitait replacer cette affaire dans « un contexte de forte tension sur l'hébergement des demandeurs d'asile. Depuis le début de l'année, les
demandes ont augmenté de 30 % au niveau national. Ça se répercute aussi dans le Finistère. » Selon Jean-Pierre Condemine, le Finistère dispose de 421 places
d'hébergement d'urgence. « Nous sommes saturés. »
Ne contestant pas l'urgence pour les enfants, le sous-préfet assure que « les décisions les plus adaptées seront prises pour les familles les plus en détresse ». Mais
il prévient : « Nous ne pourrons pas héberger tout le monde. »
Hier soir, les familles africaine et arménienne ont été hébergées à Keraudren. Les familles albanaises sont restées sur le trottoir.