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21 octobre 2009 3 21 /10 /octobre /2009 14:18

lundi 19 octobre 2009 

Marek Edelman était notre frère...

de Bader Lejmi


«Marek Edelman est notre frère. Marek Edelman, c’est l’un des chefs de la résistance du ghetto juif de Varsovie pendant la seconde guerre mondiale, qui a toujours refusé de cautionner le sionisme et l’Etat d’Israël », déclarait Houria Bouteldja le 10 décembre 2009 à l’occasion du Meeting-Concert organisé par le MIR pour célébrer le 25ème anniversaire de la Marche pour l’égalité de 1983.[1]


Aujourd’hui nous l’écrivons au passé, car à notre grand regret Marek Edelman est décédé ce vendredi 2 octobre. En avril 1943, les Allemands décident de liquider le ghetto de Varsovie où il ne reste plus que 60.000 Juifs sur le demi-million au début de la guerre, la majorité ayant déjà été déportée vers le camp d’extermination de Treblinka.


C’est alors que survient l’insurrection du ghetto contre les nazis dont Marek Edelman fut l’un des dirigeants. Il était le dernier survivant parmi ceux qui s’étaient retrouvés à la tête de cette lutte héroïque, désespérée mais exemplaire. Il déclara par la suite : «On savait parfaitement qu’on ne pouvait en aucun cas gagner. Face à deux cent vingt garçons mal armés, il y avait une armée puissante.»


«Nous, nous n’avions pour nous tous qu’une seule mitrailleuse, des pistolets, des grenades, des bouteilles avec de l’essence et tout juste deux mines dont l’une n’a même pas explosé». Ils se sont opposés pendant trois semaines dans un combat inégal et désespéré, à la machine de guerre des Waffen SS. Pour venir à bout de l’insurrection, les Allemands ont décidé de brûler tout le ghetto, maison par maison.


«Ce sont les flammes qui l’ont emporté sur nous, pas les Allemands», soulignait Marek Edelman. Il a réussi avec quelques derniers combattants à sortir du ghetto le 10 mai par des égouts. Il a rejoint la Résistance polonaise. Plus d’un an après, il a participé en 1944 à l’Insurrection de Varsovie, dont la répression par les nazis coûta la vie à 200.000 Varsoviens, insurgés et civils, et se solda par la démolition quasi-totale de la ville.[2]


Après la guerre, il fait des études de médecine et devient un cardiologue connu. Bien que la majorité des survivants juifs aient émigré en Israël, lui a décidé de rester en Pologne. «Il fallait bien que quelqu’un reste ici pour s’occuper de tous ceux qui y ont péri», répondait-il. Il s’est engagé du côté de l’opposition ce qui lui a valu d’être interné lorsque le général Jaruzelski imposa la loi martiale en Pologne le 13 décembre 1981. A la chute du système soviétique en 1989, il est élu sénateur sur les listes de Solidarité puis de l’Union démocratique. Il n’a cessé jusqu’à sa mort de dénoncer le racisme dont l’antisémitisme en Pologne et dans le monde.


De nombreuses commémorations ont été organisées où été invitées les représentants d’Israël. Mais Marek Edelman a refusé d’y participer. Lorsqu’une journaliste israélienne lui a demandé s’il ne craint pas que sa mort ne fasse tomber dans l’oubli l’insurrection du ghetto de Varsovie, il répond, sûr de lui : «Non. Cet événement a laissé trop de traces dans l’histoire, la musique, la littérature et l’art. C’est en Israël qu’on risque d’effacer notre souvenir.»


«Pour vous, Israéliens, la guerre des Six-Jours [1967] a été l’événement le plus important de l’histoire juive contemporaine. Vous pouvez vous appuyer sur un Etat, des chars et un puissant allié américain. Nous, nous n’étions que 200 jeunes avec 6 revolvers pour tout armement, mais nous avions la supériorité morale.»


Lorsque la journaliste tente de minorer le rôle des collaborateurs juifs dans le génocide des leurs, il rétorque cinglant : «Ça, c’est votre philosophie d’Israélienne, celle qui consiste à penser qu’on peut tuer vingt Arabes pourvu qu’un Juif reste en vie. Chez moi, il n’y a de place, ni pour un peuple élu, ni pour une Terre promise.»


Dénonçant les manipulateurs de l’histoire du génocide des juifs, il les qualifie de «professionnels de la mémoire» ayant une «éthique trop israélienne". Car il n’a pas oublié la lâcheté des sionistes durant la seconde guerre mondiale. «Le Mossad savait aussi ce qui se passait ici. Ses agents se sont pourtant contentés d’évacuer les gens disposant d’argent, et encore, jamais pendant la guerre et uniquement vers la Palestine.


Le fondement de l’idéologie de Ben Gourion et des siens, c’était la rupture avec la diaspora [juive]. Il en était arrivé à refuser de s’exprimer dans sa langue maternelle, le yiddish [langue juive d’Europe de l’Est], la langue des 11 millions de Juifs d’Europe et d’Amérique.» Ben Gourion avait en effet déclaré le 8 décembre 1942 : «Le désastre qu’affronte le judaïsme européen n’est pas mon affaire».


Evidemment Marek Edelman ne ménage pas le fondateur de l’entité coloniale sioniste : «Il n’aurait évidemment pas pu sauver des millions d’entre nous, mais certainement des milliers. Il n’a pas bougé. Ici, personne n’aimait Ben Gourion, pas même les plus fervents sionistes.”


Pour lui c’est évident si les juifs voulaient un Etat «Il eût mieux valu créer un Etat juif en Bavière !». Pour de telles déclarations, le président de l’Iran, Mahmoud Ahmadinejad a été qualifié d’antisémite. Marek Edelman de répondre en s’esclaffant : «Il a raison, le climat y est excellent !». Lucide alors que tous autour de lui sont aveugles, pour lui, Israël n’est pas le havre de paix des juifs persécutés qu’ont voulu nous vendre les impérialistes occidentaux mais bien une enclave coloniale en terre arabomusulmane : «Si Israël a été créé, c’est grâce à un accord passé entre la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et l’URSS. Pas pour expier les 6 millions de Juifs assassinés en Europe, mais pour se partager des comptoirs au Moyen-Orient.»


Refutant une solidarité sectaire avec les juifs d’Israel : «La culture israélienne, ce n’est pas la culture juive. Quand on a voulu vivre au milieu de millions d’Arabes, on doit se mêler à eux et laisser l’assimilation, le métissage, faire son œuvre.» et «Israël ne pourra survivre dans une mer de 100 millions d’Arabes» [3]car «chez [lui], il n’y a de place ni pour un peuple élu, ni pour une terre promise».[4]


Le grand homme accusait l’Etat d’Israël d’avoir donné le coup fatal à l’existence des Juifs d’Europe de l’Est : «Les Israéliens, si forts et si puissants, les Israéliens qui ont gagné toutes leurs guerres, ont honte des victimes de la Shoah et méprisent les survivants. Israël n’a rien fait pour la renaissance de la culture juive, pour l’héritage de millions d’êtres humains qui ont créé un monde juif entre le Dniepr et la Vistule. Même leur langue a été enterrée. Comme si Israël avait honte de l’histoire du peuple juif d’Europe de l’Est et voulait gommer son passé.»[5]


Il était même intervenu, durant l’été 2002, en faveur de Marwan Barghouti dans le procès de ce dirigeant de la résistance palestinienne condamné à une peine de prison à perpétuité[6].


Son militantisme, il l’a construit dans une société et une époque de racisme débridée où l’on exigeait l’assimilation aux juifs en tant que minorité nationale, mais aussi une époque où les sionistes prêchaient dans le désert puisque la majorité des immigrants choisissaient l’Amérique comme terre promise. Réfutant sionisme et assimilationisme, tous deux racistes, Marek Edelman a choisit la voie du Bund comme ses parents avant lui.


Parti socialiste juif anti-sioniste d’Europe de l’Est, le Bund[7], était partisan d’une autonomie culturelle juive au sein des nations qui permettait aux Juifs de jouir de la totalité de leurs droits nationaux sur le plan linguistique, culturel et cultuel dans les pays où ils résidaient, sans discrimination et sans revendiquer de territoire spécifique.


«En prenant les armes contre ceux qui voulaient nous anéantir, nous nous sommes raccrochés à la vie et nous sommes devenus des hommes libres» déclarait Marek Edelman. Ses paroles doivent rester gravées dans nos crânes pour que l’exemplarité d’une vie serve de modèle à tous ceux qui luttent pour la reconnaissance de leur existence.[8]


Allah yarhmou. Bader Lejmi, membre du *MIR (Mouvement des Indigènes de la République)

 

[1] http://www.indigenes-republique.fr/posthouria?id_article=284

[2] http://www.lemonde.fr/europe/article/2009/10/02/marek-edelman-commandant-de-l-insurrection-du-ghetto-de-varsovie-est-mort_1248692_3214.html

[3] http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=5567

[4] http://www.slate.fr/story/11131/mark-edelman-heros-juif-oublie-et-perdu

[5] http://www.alterinter.org/article1148.html

[6] http://www.socialistworker.co.uk/art.php?id=8032

[7] http://mx.geocities.com/mayo_37/bund.html

[8] http://www.courrierinternational.com/article/2006/04/13/l-insurge-perpetuel

 

D’un ghetto à l’autre. (Marek Edelman est mort)

Il était l’un des grands témoins connus d’un monde disparu : le Yiddishland presque totalement anéanti par les Nazis. Il était aussi un des derniers survivants d’un parti de masse, le Bund, dont les positions politiques sont plus que jamais d’actualité.


Marek Edelman a été en 1943 le commandant en second de l’insurrection du ghetto de Varsovie. Au moment de l’assaut final, il a pu fuir par les égouts et continuer la lutte dans la résistance polonaise. Combattant héroïque face au nazisme, il a gardé la même intransigeance après guerre. Il est resté en Pologne. Il était et s’affirmait polonais. Opposant résolu au sionisme, il a régulièrement dénoncé la politique israélienne. Et il a courageusement combattu le stalinisme.


Sa mort nous rappelle quelques vérités historiques.


En Europe de l’Est où vivaient des millions de Juifs, le sionisme a été minoritaire jusqu’à la guerre face aux différents courants socialistes dont le Bund. Le Bund était un parti ouvrier révolutionnaire qui liait l’émancipation des Juifs face à la ségrégation raciale, antijuive, à celle du prolétariat. Le Bund était laïque et prônait la liberté et l’égalité des droits pour les Juifs là où ils vivaient, sans territoire spécifique. Les Bundistes étaient farouchement antisionistes : refuser la lutte et partir coloniser un autre pays était pour eux une trahison et une utopie messianique dangereuse.


Le souvenir de Marek Edelman nous rappelle que la résistance juive au nazisme a été essentiellement bundiste ou communiste. Et pourtant, absurdité de l’histoire, en Israël, l’instrumentalisation du souvenir de l’antisémitisme européen et du génocide nazi est devenue le principal moyen pour faire accepter par l’opinion les crimes de guerre à Gaza ou la destruction de la Palestine.


Edelman n’a jamais reçu aucune décoration ou aucune marque d’honneur de la part d’Israël. Il était banni de facto.


Après la guerre, il y a eu un consensus mondial pour faire partir en masse les survivants du génocide en Israël et pour faire en sorte que le crime européen soit payé par les Palestiniens. Marek Edelman a été un des rares à refuser. Il y a eu la résurgence de l’antisémitisme en Pologne, marquée par le massacre de Kielce (1946) et l’épuration organisée en 1968 par le général Moczar. Marek Edelman est resté en Pologne et a continué de se battre pour la liberté et la démocratie.


Enfin Marek Edelman n’a jamais cessé de dénoncer la politique des gouvernements israéliens. Il a été solidaire des Palestiniens. Lui qui a lutté contre la destruction de son pays les considérait comme des « partisans » face à l’occupation.


Pour toutes ces raisons, sa disparition est une perte immense, au-delà de l’Union Juive Française pour la Paix, pour les internationalistes du monde entier.


L’UJFP salue sa mémoire et continuera à promouvoir son combat internationaliste contre l’oppression et pour l’émancipation des peuples.

Bureau national de l’UJFP le 5 octobre 2009

 

 

 

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21 octobre 2009 3 21 /10 /octobre /2009 08:49

20 octobre 2009 à 18h03 - Le Télégramme


C'est un rapport sans commune mesure avec les discours habituels de la préfecture. Un rapport (hormis sa conclusion) qu'on croirait signé des associations écologiques. Un rapport qui n'aurait jamais dû être rendu public. Un rapport qui résonne, aussi, comme un aveu d'impuissance.


 

A voir également


> Le rapport confidentiel de la préfecture

 
Le 4 septembre dernier, le préfet des Côtes-d'Armor, Jean-Louis Fargeas, a envoyé un courrier de 14 pages aux cabinets du Premier ministre, du ministre de l'Intérieur, du secrétariat d'Etat à l'Ecologie et au préfet de région.

Dans cette lettre, Jean-Louis Fargeas détaille le phénomène des marées vertes en indiquant, tout d'abord,  que, "dans le contexte breton, il s'avère que le facteur limitant de la prolifération algale est en fait l'azote (...). L'azote qui permet le développement algal est apporté par les cours d'eau. Il est principalement d'origine agricole par l'intermédiaire des effluents (lisier et autres) et engrais minéraux (...).

Actions de surface

Le haut fonctionnaire détaille ensuite les conséquences des marées vertes (nuisances, effets sur la santé, mise en cause de l'Etat, coût du ramassage...), avant d'énumérer les actions entreprises par l'Etat pour lutter contre les algues vertes.
 
"La profession agricole n'est pas prête à accepter"


Mais, c'est surtout la conclusion du préfet qui détonne : "La diminution visible et notable de ce phénomène (les marées vertes, NDLR) ne pourra passer que par un changement profond des pratiques agricoles sur les secteurs concernés, ce que la profession agricole n'est pas prête à accepter pour le moment. Il s'agit de révolutionner sur ces secteurs, qui représentent 2190 exploitations (soit 25 % des exploitations agricoles dans les Côtes-d'Armor), les pratiques agricoles et changer complètement le modèle économique existant".

"Le phénomène des algues vertes ne peut que perdurer"


Et le préfet de poursuivre : "cette évolution n'est pas envisageable pour le moment, le phénomène des algues vertes ne peut donc que perdurer. Afin d'éviter que l'Etat soit de nouveau mis en cause et pour obtenir des résultats en la matière, il importe néanmoins d'afficher une politique volontariste pérenne visant à la stabilisation voir à la limitation raisonnée de ce phénomène des marées vertes. Ces actions ne pourront viser à supprimer totalement ce phénomène mais à en limiter les principales nuisances".

En attendant le rapport de décembre


La publication de ce courrier intervient alors que cet après-midi, la mission interministérielle voulue par François Fillon, est en déplacement à Saint-Brieuc pour auditionner les acteurs locaux du monde agricole et associatif mais également des élus. 
C
ette mission interministérielle (mise en place après la mort d'un cheval sur la plage de Saint-Michel-en-Grèves le 28 juillet) doit rendre son rapport début décembre.


Dans un rapport confidentiel adressé au cabinet du Premier ministre, le préfet des Côtes-d'Armor indique clairement que les marées vertes sont dues aux rejets azotés des agriculteurs.


C'est un rapport sans commune mesure avec les discours «politiquement corrects» de la préfecture. Un rapport - hormis sa conclusion - qu'on croirait signé des associations écologistes. Un rapport qui sonne, aussi, comme un aveu d'impuissance. Mais un rapport qui n'aurait jamais dû être rendu public. Le 4septembre dernier, le préfet des Côtes-d'Armor, Jean-Louis Fargeas, a envoyé une note de 11pages, «sur le phénomène des algues vertes dans les Côtes-d'Armor», à plusieurs cabinets ministériels, dont celui de François Fillon. Et la conclusion du haut fonctionnaire est on ne peut plus claire:«La diminution visible et notable de ce phénomène (les marées vertes, NDLR) ne pourra passer que par un changement profond des pratiques agricoles sur les secteurs concernés, ce que la profession agricole n'est pas prête à accepter pour le moment. Il s'agit de révolutionner sur ces secteurs, qui représentent 2.190 exploitations (soit 25% des exploitations agricoles dans les Côtes-d'Armor), les pratiques agricoles et de changer complètement le modèle économique existant».

«Le phénomène ne peut que perdurer»

Et le préfet de poursuivre: «Cette évolution n'est pas envisageable pour le moment, le phénomène des algues vertes ne peut donc que perdurer. Afin d'éviter que l'État soit de nouveau mis en cause et pour obtenir des résultats en la matière, il importe néanmoins d'afficher une politique volontariste pérenne visant à la stabilisation voire à la limitation raisonnée de ce phénomène des marées vertes. Ces actions ne pourront viser à supprimer totalement ce phénomène mais à en limiter les principales nuisances».

Arrêt total de l'agriculture

Mais la note du préfet ne s'arrête pas à ces quelques lignes pessimistes. Car avant d'arriver à cette conclusion, les services de l'État énoncent ces fameuses solutions «révolutionnaires» dont les agriculteurs ne veulent pas. Ainsi, pour une «limitation mesurée du phénomène», il faudrait, selon la préfecture des Côtes-d'Armor, abandonner les systèmes maïs, fourrage et soja et revenir à une production fourragère à base d'herbe. Et pour avoir un «impact marquant» sur la prolifération des algues vertes, c'est «l'arrêt total de l'agriculture, avec conversion totale des terres en prairies fauchées mais non fertilisées» qui est préconisé. Autrement dit, une cessation d'activité pour 25% des agriculteurs costarmoricains. Une mesure que même les militants écologistes les plus virulents ne réclament pas.

Que dira la mission?

Reste qu'au-delà de son contenu, ce rapport pose une question supplémentaire: la mission interministérielle qui doit proposer des solutions pour lutter contre les algues vertes - et dont les membres étaient hier à Saint-Brieuc - a-t-elle les coudées franches pour élaborer ses propositions?

 

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20 octobre 2009 2 20 /10 /octobre /2009 08:35


 
     


Cet appel général est lancé par quinze personnalités du monde académique dans l’Union européenne. Il vise à interpeller, à la suite des élections européennes de juin 2009, les nouveaux élus au Parlement européen. Cet appel sera suivi par une conférence de presse qui se tiendra à Bruxelles fin 2009.


L’appel est ouvert à la signature de toutes les personnes ou toutes les organisations et associations, soucieuses de la promotion, de la protection du droit du travail, du droit social et des droits syndicaux dans l’Union européenne.


Il s’adresse donc à des syndicalistes, des universitaires travaillant sur les matières sociales, des fonctionnaires et salariés des administrations et institutions des secteurs sociaux, des avocats, des juges, des inspecteurs sociaux,… mais aussi à toutes celles et ceux pour lesquels le droit du travail et le droit syndical restent des éléments essentiels du bon fonctionnement de la démocratie. Ces droits doivent s’améliorer sans cesse et ne jamais régresser.

Appel européen pour la restauration et le renforcement du droit du travail et des droits syndicaux au sein de l’Union européenne

Alors que depuis plus de trente ans maintenant l’imposition de la flexibilité dans l’organisation du travail a conduit à une forte dégradation du statut des travailleurs de la fonction publique et du statut des travailleurs salariés du secteur privé, ainsi que de leurs conditions de rémunération, une offensive encore plus profonde contre le droit du travail s’est mise récemment en place et s’amplifie d’année en année depuis que la Commission européenne en 2005 a décrété qu’il était nécessaire de « moderniser le droit du travail ». Depuis lors, tant à travers des mesures nationales (comme les diverses réformes en France qui ont déstabilisé le code du travail en profondeur) que par le biais d’interventions de l’Union européenne, les droits les plus centraux constituant le cœur même du droit du travail et du droit syndical ont subi des attaques puissantes, indignes de systèmes politiques qui se réfèrent à la démocratie.


La grande majorité de la classe politique composant l’Union européenne et celle des Etats-membres aide le monde patronal dans ses ambitions de régressions sociales ; le bilan qui en résulte sur la situation des droits du travailleur aujourd’hui partout en Europe est dès lors déplorable :


- le contrat de travail à durée indéterminée est présenté comme obsolète et à faire disparaître au plus tôt ;

- le statut de fonctionnaire garantissant un emploi stable et une rémunération liée à des évolutions barémiques régulières est en train de devenir une « espèce en voie de disparition ». Or elle permet l’indépendance des agents et la garantie de l’égalité de traitement des citoyens ;

- les protections contre le licenciement sont fortement revues à la baisse ;

- le droit au départ à la retraite et au financement collectif d’une pension de retraite permettant une vie digne ont été sérieusement réduits ;

- la garantie de pouvoir bénéficier dans la durée d’un revenu de remplacement décent par rapport au dernier salaire via l’allocation de chômage lors de la perte de son emploi a été considérablement diminuée.

Cent millions de personnes au sein de l’Union européenne vivent dans la pauvreté dont 48% sont situés dans l’Europe des 15, et le nombre de travailleurs pauvres s’accroît d’année en année : ils sont plus de 10% par exemple en Italie ou en Espagne. Comme si cela ne suffisait pas, les Autorités de l’Union européenne ont pris récemment des décisions intolérables :


- La Cour de Justice de l’Union européenne, par ses arrêts récents (Viking, Laval, Rüffert, Luxembourg) réduit violemment les droits sociaux fondamentaux : elle confirme la suprématie de la liberté d’établissement et de la liberté de prestation de services sur le droit de grève, elle attribue un pouvoir d’appréciation au juge national sur la légitimité d’une grève, elle dévalorise les conventions collectives qui ne sont pas d’application générale, enfin elle impose aux États les libertés commerciales comme éléments indiscutables de l’ordre public et limite l’ordre public social à un socle minimal décrit dans une directive dont cela n’était pas l’objet (détachement des travailleurs, 1996).


- La Commission, le Conseil et le Parlement ont adopté un règlement qui sera d’application partout en Europe en décembre 2009 (Règlement CE n°593/2008) et qui assimile le contrat de travail à un simple contrat civil entre parties considérées comme égales.


Ces nouveaux éléments indiquent clairement l’intention des Autorités européennes d’abolir peu à peu le droit du travail comme domaine juridique spécifique et non assimilable à des relations civiles privées. Ce faisant, elles nous font replonger au 19ème siècle, époque au cours de laquelle le droit civil régnait en maître dans les relations de travail et où c’est la voix de l’employeur qui prime toujours sur celle du travailleur, celle du fort sur celle du faible.


L’ensemble des signataires s’élèvent fermement contre ce processus rétrograde. Ils lancent un appel pour que les nouveaux élus après les votes européens de juin 2009 s’engagent à faire intégrer le plus rapidement possible les normes internationales du travail (les 188 conventions de l’OIT et l’ensemble des articles de la Charte sociale du Conseil de l’Europe) dans le droit communautaire. Inventons l’ordre public social européen ! En effet, pour qu’il y ait une Union démocratique entre les peuples européens, il est indispensable de constituer un socle de dispositions impératives, le droit social international et européen, qui fasse primer les droits sociaux démocratiques sur le droit de la finance et du commerce. Ceci devrait aussi aboutir au plus tôt à la création d’une chambre spécialisée en droit du travail au sein de la Cour de Justice des Communautés européennes et à une refonte des pouvoirs intégrant enfin le principe démocratique d’indépendance et de séparation des pouvoirs, faisant notamment du parlement européen un vrai législateur.


Pour signer l'Appel:


http://www.labour-union-rights.eu/


Premiers signataires :


Mateo Alaluf (Belgique), professeur de sociologie du travail, Université libre de Bruxelles.

Paul Bouffartigue (France), directeur de recherches CNRS du Laboratoire d’Économie et de Sociologie du travail, CNRS-Universités d’Aix-Marseille I et II.

Christina Deliyanni-Dimitrakou (Grèce), professeur en droit, Université Aristote de Thessalonique.

Gilbert Demez, (Belgique) professeur émérite en droit social à l’Université catholique de Louvain.

Bernard Friot, (France), économiste et professeur de sociologie de l’Université de Paris-10.

Corinne Gobin (Belgique), professeure de sc. politique, maître de recherche du Fonds national de la recherche scientifique à l’Université libre de Bruxelles.

Claude Javeau (Belgique), professeur émérite de sociologie, Université Libre de Bruxelles.

Steve Jefferys, (Royaume-Uni), Directeur du Working Lives Research Institute de Londres.

Francis Kessler (France), maître de conférence en droit privé à Paris 1, chroniqueur en droit social dans le supplément hebdomadaire économique du Monde.

Yannis Kouzis, (Grèce) professeur à l’Université Panteios d’Athènes et conseiller scientifique à l’Institut de Travail de la GSEE (Confédération Générale des Travailleurs Grecs).

Jurgen Kädtler, (Allemagne), directeur de l’Institut de recherche sociologique à l’Université de Göttingen.

Robert Lafore, (France), professeur agrégé de droit public, directeur honoraire de l’IEP de Bordeaux.

Evelyne Serverin, (France), juriste et sociologue, directrice de recherche au CNRS en sociologie du droit, membre de l’IRERP, laboratoire de droit social et des relations professionnelles.

Georges Spyropoulos, (Suisse), docteur en droit, ancien directeur au BIT (Bureau International du Travail) à Genève, Suisse.

Giovanna Procacci, (Italie), professeur de sociologie, Université de Milan.

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20 octobre 2009 2 20 /10 /octobre /2009 08:29



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20 octobre 2009 2 20 /10 /octobre /2009 08:25
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Le sommet international de Copenhague qui se tiendra en décembre prochain sera d’une importance capitale quant à l’avenir de la lutte contre les dérèglements climatiques et leurs conséquences sur les populations du globe.


La dernière phase de discussion qui s’est déroulée à Bangkok montre les blocages opérés par les principaux pollueurs de la planète. 


Alors que le dernier rapport des Nations unies analyse une aggravation des dérèglements supérieure à celle diagnostiquée par le Groupe international d’étudessur le climat (Giec) et qu’un récent rapport britannique montre que la température globale pourrait augmenter de 4°C d’ici 2060, les grandes puissances font tout pour ne pas être contraintes à opérer les changements nécessaires.


Ainsi, l’alliance entre les États-Unis et l’Union européenne vise à ficeler un accord sans objectifs contraignants, paré uniquement de belles promesses. D’un côté, ces puissances se fixent des objectifs inférieurs aux plus basses recommandations du Giec (l’Union européenne, par exemple), ou refusent tout engagement, comme les États-Unis, la Russie, le Canada ou la Nouvelle-Zélande. De l’autre côté, les grands pays en développement se disent prêts à s’engager sur des objectifs précis.


De fait, il s’agit là de revenir sur un des principes positifs du protocole de Kyoto, celui de la « responsabilité commune mais différenciée » qui enjoignait aux pays industriels de baisser leurs émissions de gaz à effet de serre en priorité, avant ceux du Sud.


Désormais, il s’agit pour les pays industriels d’imposer un accord impliquant à parts égales tous les États, sans tenir compte ni de leur responsabilité historiques ni des niveaux différents de richesses. Jean-Louis Borloo a beau jeu de parler d’un destin du monde qui se jouerait à Copenhague. Laisser le destin du monde dans les mains des industriels, des multinationales et des gouvernements à leur service ne pourra engendrer que de nouvelles catastrophes.


Qui va payer ?


Au-delà des engagements chiffrés et des moyens pour y parvenir, l’opposition se cristallise entre grandes puissances et pays les plus pauvres, dans lesquels les populations seront les premières menacées, sur la question des financements des fonds d’adaptation nécessaires aux pays pauvres, pour faire face au dérèglement climatique. Là encore, les pays industrialisés refusent d’acquitter leur dette. L’Union européenne propose par exemple que les financements de tels fonds proviennent pour 40 % de l’argent tirés des marchés du carbone, et que le restant des budgets soit à la charge à même hauteur des pays déveleloppés et des pays du Sud.


Autrement dit, les États, quelle que soit leur responsabilité, devront payer la même chose, et surtout la majeure partie de ces fonds reviendra à des mécanismes non seulement inefficaces mais qui de surcroît sont un nouvel outil pour l’impérialisme et permettent aux pays industrialisés de se défausser sur ceux du Sud. Les peuples de ces pays sont ainsi doublement piégés : par l’argent qu’ils devront verser et par la délocalisation des réductions de gaz à effet de serre qui seront à leur charge.


Les propositions des pays africains s’orientent vers une autre logique, puisqu’ils proposent de prélever 5 % du PIB des pays développés pour alimenter les fonds d’adaptation.


De plus, les puissances impérialistes souhaitent que ce soient les institutions à leur service et dans lesquelles elles sont majoritaires qui gèrent ces fonds, en particulier la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Quand on connaît les plans d’ajustements structurels imposés par de telles institutions, on ne peut que refuser fermement une telle perspective.


Droits des peuples ou droit du plus fort ?


Ne soyons pas naïfs sur les velléités de nombreux gouvernements du Sud de lutter radicalement contre les changements climatiques. Cependant, il est certain que l’unité des pays industrialisés est une arme de guerre contre leurs peuples et qu’ils ne peuvent accepter passivement ce qu’on veut leur imposer.


Mais désormais, c’est d’abord sur l’alliance des peuples, des indigènes, des mouvements sociaux et environnementaux qu’il faut s’appuyer, en toute indépendance vis-à-vis des États. Une manifestation a eu lieu à Bangkok le 5 octobre qui a rassemblé les populations thaïes menacées par de gros projets industriels (barrages, centrales…), la coalition Climate Justice Now, le réseau Via Campesina et des délégations internationales.



Il est urgent de donner le plus d’ampleur possible à ce type de mouvements pour dénoncer les premiers responsables et pour défendre un plan d’urgence de sauvetage du climat à l’échelle internationale.

D’ici à décembre, informer sans relâche et mobiliser sur ces enjeux primordiaux sera une tâche prioritaire pour les militants du NPA, et pour bien d’autres, afin, tout simplement, de faire de ce monde un monde vivable, égalitaire et démocratique.

Vincent Gay

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19 octobre 2009 1 19 /10 /octobre /2009 10:06


Vous avez dû entendre le "slogan journalistique" du week end:
"Madrid attend un million d'anti-avortement".
D'après la "droite dure" d'Aznar, ils auraient même été 2 millions.
Selon un programme informatique, 55 000, et en attribuant à la surface occupée 4 militants au mètre carré, pas plus de 150 mille.

Est-ce parce que tous les médias français seraient devenus catholiques militants? Il n'est pas exclu qu'ils soient aussi bien infiltrés par l'Opus Dei dont c'est précisément le job que de placer ses membres  !

Bon les médias sont très souvent du côté du manche! Dans ce cas çà fait un peu peur non? Le manche, les cathos intégistes, çà serait devenu "tendance"?

Ou, et je penche plutôt pour cette interprétation limite xénophobe: les "espingouins" sont tellement retardataires que c'est pas étonnants que les évêques arrivent encore à les mettre dans la rue  pour un oui ou pour un non ! Ce qui dénoterait une ignorance crasse de la "modernité" de l'Espagne: drogue, internet, portables, nouvelles technologies, ils nous dépassent largement! Quoiqu'on peut être cosmonaute et porter un gri-gri porte bonheur!

En fait la pratique religieuse atteint à peine les 30% en Espagne.
Bien tassés, ou étirés, les manifestants ne pouvaient être plus de 250 000!
Or selon les plus récents sondages, les gens soutiennent la loi à 80% environ.

79% sont pour le droit des femmes à décider librement pendant les premières semaines comme le prévoit la nouvelle loi. La précédente ne prévoyait que le viol, le danger pour la mère ou l'enfant.

18% sont contre.

les 16 /29 ans sont pour à 83%

80% sont pour la légalisation,  58 % avec des limitations .
22% sans limitations.
7% sont contre l'avortement , il ne devrait jamais avoir lieu.
12% avec aménagement dans certains cas (voir loi antérieure).

Par contre la population ne connaît pas la loi.
49% des 16/29 ans et 51% des plus de 30 ans connaît la  loi actuelle  "superficiellement" et
14% des jeunes et 21 % des adultes connaissent la loi actuelle.
21% des jeunes et 10% des adultes n'ont pas la moidre idée de la nouvelle loi
La loi actuelle permet l'avortement dans les 22 premières semaines dans trois cas seulement. Par conte il est dépénalisé sans limite si cela met en danger la santé physique ou mentale de la mère, ce qui est admi par 89% des gens, comme dans le cas de viol à 90%
85% des gens sont d'accord dans le cas de graves malformations du foetus.87% des gens sont contre la condamnation des femmes qui avortent en marge de la loi actuelle et 80% pour les personnels de santé qui les aident.
(Info Publico.es)

 

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19 octobre 2009 1 19 /10 /octobre /2009 09:03

 


En effet, au moment où les profits boursiers repartent à la hausse, sans aucune leçon tirée de la crise...

 

Pas un jour ne passe sans que l'on voit dans les médias nationaux les conséquences de la crise.


Sur le pays de Fougères : annonce de licenciements chez JB Martin, chez Simmons, aux meubles Morel, à la briçoise des meubles, à la scierie Grouazel et combien d’autres encore qui se font par petites touches dans de petites sociétés.


La liste des suppressions d’emploi s’annonce encore avec une demande de 55 départs volontaires chez Carl Zeiss Vision avant la fin de l'année. De plus, les offres d’intérim sont de plus en plus rares (les grandes entreprises fougeraises Carl Zeiss Vision et la Sagem n'en prennent plus).


Soit disant cela est dû à la crise. Mais elle a le dos large. La section NPA de Fougères-Liffré-Thorigné apporte son soutien aux salariés de JB Martin et aux autres.


En effet, il est anormal qu’une société supprime des emplois pour délocaliser sa production dans des pays à faible coût de main d’œuvre pour faire plus de bénéfice. Cela est vrai pour JB Martin mais aussi pour Carl Zeiss Vision qui envoie une partie de sa production en Chine.


Avec la fin de la production chez JB Martin, c'est la mort des chaussonniers et d'un savoir faire qui a fait les grandes heures de Fougères.

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19 octobre 2009 1 19 /10 /octobre /2009 08:54
Poursuite des discussions sur une alliance NPA-PCF-PG

PARIS, 16 oct 2009 (AFP) -

 

NPA, PCF et Parti de Gauche (PG) ont poursuivi vendredi leurs discussions sur une éventuelle alliance aux régionales de mars, convenant de deux nouvelles réunions après le Conseil national du PCF des 24-25 octobre où les communistes proposeront une "offre politique nationale".


"Deux nouvelles réunions sont prévues", on est "toujours en course", a annoncé Guillaume Liégard du comité exécutif du NPA, à l'issue de la troisième rencontre entre les formations de la gauche radicale qui se tenait au siège des Alternatifs à Paris. Ainsi, le 28 octobre, il s'agira de "discuter des éléments liés au premier tour" alors que le PCF doit proposer son "offre politique nationale" lors de son Conseil national (parlement) du 24-25 octobre.

Le 2 novembre, les partenaires devront "discuter des éléments de programme de rupture", a précisé ce responsable du parti d'Olivier Besancenot.


Mais le PCF "renvoie à ses négociations avec le PS" dans une "bonne moitié" des régions, déplore-t-il, le NPA étant opposé à des accords de gestion avec les socialistes dans les exécutifs. Pour Patrice Bessac, porte-parole du PCF, le principal "point d'achoppement" concerne "la question de la construction de majorités alternatives" avec un "débat qui se poursuit avec le NPA sur la gestion ou pas avec le PS". "Le NPA dit +pas de majorité possible avec le PS+" mais "à moins d'être en tête dans toutes les régions, il faut quand même se placer dans la possibilité où on n'est pas majoritaire partout", ironise M. Bessac. "A partir de l'offre nationale, chacun sera amené à se positionner", assure le responsable communiste. Mais selon les statuts du PCF, cette offre sera discutée dans les régions par les militants, ce qui signifie que des accords locaux différents de l'offre nationale pourraient se dégager.


"On peut signer avec le PCF et le NPA un accord national (...) et si des régions font autre chose, on verra bien comment on réagit", fait valoir Eric Coquerel, secrétaire national PG, pour qui cette troisième réunion "unitaire" était "la plus constructive des trois". On a pu "vérifier qu'il y a plus d'accords que de désaccords", a-t-il dit, se félicitant que "tous ont eu la sagesse de dire on attend la réunion du 28".

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19 octobre 2009 1 19 /10 /octobre /2009 08:50



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19 octobre 2009 1 19 /10 /octobre /2009 08:41
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Daniel Bensaïd vient de publier en espagnol "Éloge de la politique profane", une œuvre dense et complexe avec laquelle il espère contribuer à une contre-attaque de la gauche radicale capable de sortir les gens modestes du marasme de la crise que nous connaissons.


Dans cet éloge, ce penseur éminemment politique, est déconcertant. Dans un contexte d' « autoritarisme libéral »,  sans occulter son appartenance au NPA, Daniel Bensaïd recherche où se trouvent les pôles de résistances fertiles. Et parmi eux, il essaye de séparer la paille du grain, critiquant parfois avec virulence certains théoriciens qui, sous prétexte de découvrir la « société civile », le « mouvement altermondialiste » ou le « nouveau radicalisme » inventent des théories qui les condamnent à l'impuissance.


« Éloge de la politique profane » est un titre au sens assez mystérieux, de quoi s'agit-il ?


Ah! ça paraît mystérieux ?


En tout cas pour moi.


Bon, donc procédons par ordre. Ce livre est d'abord un éloge, tout simplement, de la politique, de la vraie politique face à la situation actuelle, celle, comme l'a dit Anna Arendt, d'un mécanisme de marché administré par un pouvoir politique gestionnaire sans véritable pluralisme. Le livre fait aussi  l'éloge de la politique profane, face à l'avènement de toutes parts de la religiosité dans la politique. Cette renaissance du religieux saute aux yeux dans la croisade du bien contre le mal menée par les États-Unis. Également en Europe où la tentation est forte, avec Nicolas Sarkozy en tête, de redéfinir l'Europe par son origine chrétienne en expulsant la Turquie. Il y a un troisième exemple. Je ne sais pas si c'est le cas en Espagne mais, en France, le vocabulaire religieux pénètre de plus en plus le vocabulaire juridique. Le condamné doit non seulement accomplir sa peine mais aussi dire qu'il est revenu dans le droit chemin. C'est quelque chose qui ne vient pas du droit mais de la religion.


Vous faites également allusion à l'invasion religieuse du champ de la critique.


Oui, la dimension religieuse est claire chez des intellectuels comme Toni Negri avec ses références à Saint François. Badiou a quelque chose de religieux dans sa théorie sur l'évènement et de l'irruption d'un possible à partir de rien... Le religieux s'étend surtout au « sein du peuple », comme vous  dites, par la disparition de l'esprit de classe. L'offensive libérale a réussi à détruire de nombreuses solidarités de classe. C'est un recul auquel nous n'avons pas encore su répondre. On voit donc fleurir des solidarités religieuses et communautaires. En France, on parle beaucoup sur la question du voile islamique mais, en réalité, ce repli communautaire, existe aussi au sein de la communauté juive.


Avec l'aide de Benjamin, d'Arendt et de Schmitt, vous faites une radiographie de la domination actuelle. Vous examinez ensuite les pôles de résistance pour remettre l'Histoire dans le sens de l'émancipation.  Êtes-vous pessimiste ou optimiste ? 


Je  cherche à essayer d'analyser clairement la période politique. Tout ce que qu'on vit aujourd'hui fait suite à la défaite subie dans les années 1980, où l'idée d'émancipation a disparu. Mais il y a eu un point d'inflexion des idées à la fin des années 1990 avec le mouvement altermondialiste qui réunit des centaines de milliers de personnes et fait des forums. Mais je crois que tous ces évènements clés nous ont amené un moment utopique, c'est à dire des idées d'émancipation qui ne se confrontent pas à l'application pratique du possible. C'est pour cela que l'on use et abuse des termes « alter », « autre »... « un autre monde est possible », « l'autre gauche », « l'autre campagne »... Cela évite d'avoir à définir, c'est un signe de manque de maturité. Je ne suis ni pessimiste, ni optimiste. Je crois qu'il faut en passer par cette étape et définir une stratégie.


Que va-t-il se passer ?


Il faut introduire une nouvelle idée, qui fut formulée par Marcuse dans les années 1960 : est-il possible de rompre avec le cercle vicieux de la domination ? Avec un société de consommation toujours plus obsessive et inquiétante, avec une société du spectacle qui ne s'est pas encore convertie en société du simulacre... je suis inquiet et je pense qu'il faut commencer à chercher des formules pour en sortir. Les résistances ne suffisent pas à elles seules, il faut les mettre en relation avec une ou plusieurs forces politiques.

 

Oui, et pour cela vous faites partie du NPA, le parti d'Olivier Besancenot


Je le répète, une ou plusieurs forces politiques, car la nouveauté aujourd'hui c'est l'émergence de gauches radicales reformulées, capables de prendre le pouvoir, comme on l'a vu en Amérique latine. Quand on réfléchit aux défaites historiques qu'on subi, au vingtième siècle, les gauches sclérosées et bureaucratisées, une des causes qui ont permis l'offensive de l'autoritarisme libéral, ce qui se passe aujourd'hui est important. En France, le NPA et le Front de gauche. En Allemagne, Die Linke. Au Portugal et en Grèce également, monte une gauche radicale pendant que les social-démocraties sont en pleine décadence et les gauches d'appareil en danger. En Asie, nous avons moins d'informations, mais le déclin du maoïsme militant libèrent des forces pour une nouvelle alternative.


Oui mais on a pu voir dernièrement aux élections que la montée du Front de gauche, du NPA ou de Die Linke ne compense pas la chute de la gauche traditionnelle.


C'est parce que domine toujours  la défaite historique des années 1980. Nous n'en sommes pas encore sortis. C'est une course contre la montre qui n'est pas gagnée. Il est clair que pour le moment la renaissance de la gauche radicale ne compense par le déclin de la gauche traditionnelle. Mais ce que je vois, c'est une nouvelle génération militante dans le NPA et un courant de jeunes qui voit les choses d'une manière différente de nous. Nous connaissons l'idéal de la révolution. Eux, ils ont une vision plus pratique et directe de la confrontation dans laquelle ils mettent beaucoup d'énergie. En France, Sarkozy poursuit sa contre-réforme libérale. Les gens savent que, s'il parvient à son objectif, nous ne vivrons plus dans le même pays, on aura abandonné le principe de solidarité et d'égalité. Quelque chose de fondamental depuis 1789.


Les sondages montrent que Sarkozy s'en sort bien malgré la crise.


Oui, mais n'oubliez pas qu'une crise en cache une autre, beaucoup plus fondamentale dont on ne sortira pas car, dans le fond, c'est une crise des valeurs. L'autoritarisme libéral étend les zones de marché à toutes les relations humaines. Il réduit tout échange à sa valeur accumulable, et, dans un monde des réseaux et de savoir, ceci est absurde. Cette volonté de quantifier, de mesurer l'incommensurable, pour s'approprier de la valeur est ridicule.


Quelles sont les raisons de se battre ?


Avant, nous avions une religion de l'Histoire qui nous disait : il y aura une lutte finale et nous la gagnerons nécessairement. Aujourd'hui, il faut nous débarrasser des fétiches de cette religion de l'Histoire, accepter l'incertitude et adopter une politique profane comme art stratégique.


Tous les discours de Sarkozy ne vous donnent-ils pas envie de l'appeler camarade ?


Il se maintient par son libéralisme autoritaire. Pour une raison de fond : le chômage s'est installé de façon durable. Personne ne sait comment vont réagir les sociétés modernes alors qu'il n'y a plus de réserve d'emplois ruraux, ni de structures de solidarité familiale. Si on remonte à la crise des années 1930, la France avait alors 35% de population  rurale. Il y avait des amortisseurs. Aujourd'hui, nos sociétés sont salariées à 90%. Comment vont réagir ces sociétés en terme de délinquance, d'urbanisme ?

Ils ne vont rien pouvoir faire de plus que de persister dans leur autoritarisme libéral. La grande invention de recourir à Keynes pour parler de relance keynésienne ne peut fonctionner. Je viens de finir de relire attentivement Keynes. Il dit que pour que la relance fonctionne, il faut qu'il y ait un espace économique homogène, pour que les capitaux publics puissent rentrer rapidement en circulation.


Pourquoi la propagande morale du capitalisme sauvage fonctionne-t-elle ?


La gauche traditionnelle a contribué activement à la mise en marche de l'autoritarisme libéral. Par exemple, avec le démantèlement des services publics et de l'État social. Il s'agit d'une crise des valeurs et d'une crise des solutions, car les gens ne voient pas de solution de rechange, pas d'alternative. Ainsi, si vous acceptez que l'on ne peut sortir de cette crise en conservant le système, il faut accepter également l'idée que les gens, actuellement, ne se rendent pas compte que l'on est entrain de détruire l'État social. La conscience ne vient pas du jour au lendemain. Aujourd'hui, les gens sont entre la peur et la colère. La peur de ce qui va arriver demain et la colère de l'injustice. 


Peut-on remplacer la réalité par des discours ?


Il y a eu une telle dégradation de la vie démocratique que nous en sommes arrivés à l'époque du storytelling (communication narrative) en politique. Alistair Campbell, conseiller de Tony Bmair, l'a écrit : l'objectif est de gagner les élections et, pour gagner les élections, il fait dire aux gens ce qu'ils veulent entendre et il faut chercher ceux qui sont capables de bien le dire. Le programme ? On verra plus tard. Il en résulte qu'il n'y a pas de débat, pas de convictions, pas de propositions ni d'arguments. Nous ne sommes plus en démocratie, nous sommes dans la démagogie. Nous somme en plébiscite permanent. 


Quelles sont les formes de ce qu'on appelle le biopouvoir ?


Le biopouvoir  de Foucault est la généralisation d'une société de contrôle diffus de la personne. Des caméras de vidéo-surveillance jusqu'aux tickets de métro, du fait que les gens acceptent et intériorisent l'obligation de se payer des heures d'embouteillage pour aller au travail, jusqu'à l'acceptation qu'on rentabilise notre temps mental libre en nous bombardant de publicités que nous payons... Tout cela sont des formes de biopouvoir, c'est une tyrannie diffuse, peut-être plus pénétrante que la discipline à l'ancienne.


Tu veux dire que les collectifs qui se constituent pour échapper à la vidéo-surveillance ne servent à rien ?


Non, non, au contraire. Je respecte toutes les pratiques de résistance. Elles sont à la base de cette fermentation de l'utopie et du projet, elles sont la condition de tout. Le problème vient des auteurs qui théorisent ces expérimentations dans le sens inverse de ce qui est nécessaire. Je ne dis pas, il faut le NPA ou rien. Le NPA n'est qu'un étape. Je dis que si la crise est profonde, comme je le crois, tout le paysage politique, syndical et social va subir une secousse . Dans dix ans, nous ne serons plus dans le même paysage.

 

Interview publiée sur le site en langue espagnole www.publico.es  (1).

Traduit de l'espagnol par Jack Radcliff.

 

(1) http://www.publico.es/culturas/257028/llegado/momento/definir/estrategia

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