Ce mercredi matin, une centaine de personnes, parents et enfants confondus, ont manifesté devant l'hôtel de ville quimpérois. Ils entendaient protester contre la fermeture annoncée de l'école maternelle du Petit Parc, établissement qui compte deux classes. Une délégation a été reçue par Bernard Poignant, maire, et son adjointe aux affaires scolaires, Denise Cariou, qui ne sont pas revenus sur leur décision. Mais cela ne devrait pas en rester là, car les parents d'élèves sont déterminés à défendre "leur école".
Fermetures d'écoles à Quimper (29). Poignant ne passe pas
Réunion tendue, hier soir, à la mairie, où Bernard Poignant recevait les parents d'élèves des écoles des Pommiers et Jules-Ferry pour tenter de désamorcer leur colère. Sans succès.
Le tableau blanc avait été déroulé. Il n'a pas servi. Les parents ont coupé court au bel ordonnancement préparé par la municipalité.
Dès l'entame de la soirée, alors que le maire proposait un débat jusque 21h30, il a été renvoyé dans ses buts par un père de famille: «21h! On a des enfants à coucher!».
Bernard Poignant n'a pas cillé: «Vous avez été heurtés par l'annonce. Je n'en disconviens pas. Il n'y a pas de bonne méthode. Sur cela, je veux bien faire amende
honorable». Mais sur le fond, il reste inflexible: «Notre objectif concerne la ville tout entière.
Nous avons l'obligation de penser, maintenant et pour l'avenir, des groupes scolaires consolidés, pour que l'enseignement public ne soit pas petit à petit
écorné». Il évoque pêle-mêle les enseignants, le devenir des locaux, l'accompagnement scolaire «qui sera le même». Il parle aussi des deux «accompagnateurs» désignés pour aider les parents dans
la réinscription future de leurs enfants. La salle souffle ostensiblement. «Ouais, c'est déjà fait, quoi!», gronde une dame.
«Ne me parlez pas de 500m à vol d'oiseau»
C'est ensuite M.Sillard, de l'inspection académique, qui récite d'une voix atone des cas semblables à Brest, Morlaix, Concarneau, Plouzané... Il n'ira guère plus loin: «Le problème est
politique!, tempête un père de famille. La question est si oui ou non cette ville a besoin d'écoles dans son hyper-centre. Dans beaucoup de bourgs, des combats ont été menés par des maires et
des parents pour maintenir des écoles. Ici, ce n'est pas un bourg, mais un centre, un centre sans enfants!».
S'adressant à Bernard Poignant: «Vous avez été élu pour réveiller la belle endormie! Le risque est qu'on se souvienne de vous comme de celui qui a fermé les
écoles du centre-ville, qui a signé des deux mains pour qu'il n'y en ait plus!». Dans le fond de la salle, des enfants babillent. M.Sillard veut reprendre. «Pédagogiquement plus solide? Ça veut
dire quoi?», l'interrompt une mère. Un papa enchaîne: «C'est quoi l'ambition? Quimper une ville musée?». Une autre lance: «Vous faites un cadeau à l'école privée!». Son voisin: «Et ne me parlez
pas de 500m à vol d'oiseau entre les établissements. J'ai fait le choix de ne pas avoir de permis de conduire. Vous allez me faire perdre une heure aux côtés de mes enfants tous les
jours!».
«80 enfants, c'est 160 bulletins de vote!»
L'assistance manque de partir puis se ravise. Deuxième salve de reproches: «Le 20novembre, il y a eu une réunion avec Denise Cariou. On nous dit que rien ne se tramait. On fait confiance. Et 15
jours après, on apprend que notre école ferme et que les locaux sont déjà fléchés! Soit elle n'était au courant de rien, soit elle a menti. On méprise les électeurs. La mairie, ce n'est pas une
entreprise, pourtant!».
Denise Cariou fait valoir qu'elle avait fait part de sa profonde inquiétude. Rien à faire: «Il y avait peut-être moyen de demander l'avis de l'association de parents d'élèves, pour explorer des pistes avant de signer l'arrêt de mort!». Réponse maladroite de Denise Cariou: «Est-ce que 80 élèves en centre-ville le font vivre?». Nouvelle bronca: «80 enfants, c'est 160 bulletins de vote, c'est pas grand-chose!».
Bernard Poignant explique qu'il englobe dans le coeur de ville Ferdinand-Buisson et Stang Ar Choat. «Avec des enfants à la main, ce n'est pas la même vision en effet!», le tance une maman. Un dernier round et les deux parties prennent acte du dialogue de sourds. 20h50. La réunion s'achève. Fort à parier qu'elle sera aussi agitée, ce soir, avec l'école du Petit-Parc.
Avant le Petit-parc, ce soir, les parents des Pommiers et Jules-Ferry se sont expliqués avec le maire.
« Monsieur Poignant, vous resterez celui qui a signé des deux mains la fermeture des écoles de centre-ville ! » Mercredi soir, salle de réception de l'hôtel de ville. Face à Bernard Poignant, maire, entouré de deux adjointes et accompagnés de membres de services municipaux, une soixantaine de personnes.Très majoritairement des parents d'enfants scolarisés aux écoles des Pommiers et Jules-Ferry. L'ambiance n'a pas mis longtemps à chauffer : rien à voir avec les indignations convenues d'un conseil municipal. Les parents sont venus nombreux, certains avec leurs enfants malgré l'heure tardive (20 h) et le froid à l'extérieur. Ils sont conscients que leur combat se joue maintenant.
« Une ville-musée ? »
Après avoir reconnu que la communication municipale n'avait pas été à la hauteur de l'enjeu (« Je veux bien faire amende honorable »), le maire a rapidement rappelé le projet et son contexte : pas de carte scolaire à Quimper, des effectifs en forte baisse et des postes d'enseignants qui deviennent rares. Il se montre rassurant sur le devenir du personnel, sur le maintien des bâtiments dans le domaine scolaire. « L'accompagnement scolaire et l'enseignement seront les mêmes ailleurs. Seul le lieu change. Le socle de la vie scolaire de vos enfants n'est pas bouleversé. »
« Le problème est politique ! Oui ou non voulez-vous conserver des écoles dans l'hypercentre ? » lance un papa. Ailleurs des maires ont été aux côtés des parents pour sauver les écoles. Vous avez été élu pour revitaliser le centre-ville et réveiller la Belle endormie. Ce projet ne va pas dans ce sens ! »
Les parents ont pris la parole. Ils ne vont pas la lâcher facilement. Interrompant par leurs questions l'exposé du représentant de l'Inspection académique. Repoussant la projection de documents détaillant le projet. Ils veulent se faire entendre. « Voulez-vous une ville-musée ? Avec l'organisation que vous proposez, et mon choix d'utiliser les transports en commun, vous me prenez une heure de vie avec mes enfants ! » Enfin, Denise Cariou, adjointe chargée des affaires scolaires, est rudement mise sur la sellette.
Le débat se poursuit jusqu'à 20 h 45. Faute de pouvoir se faire entendre, les parents en colère ont rapidement quitté la salle. Ce soir, les élus plancheront devant les parents du Petit-parc. Tout aussi déterminés. Si ce n'est davantage...