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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 09:27

  Gaz-de-schiste2.jpg

Le cours du gaz n’a pas attendu l’explosion du deuxième réacteur de Fukushima pour décoller. Une tendance dont s’est félicité Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, affirmant que son corps de métier allait « probablement être plus pris en compte ».

 

« Le gaz est remonté de façon spectaculaire sur les marchés depuis trois jours parce que les Japonais achètent massivement », a déclaré le patron invité de l’Association des journalistes d’information sociale. Profitant du débat sur l’énergie nucléaire relancé par la catastrophe japonaise de Fukushima, Gérard Mestrallet s’est positionné pour un « mix énergétique » : « ni tout nucléaire, ni tout renouvelable, ni tout turbine à gaz, ni tout hydraulique ». « La france aujourd’hui n’a pas de pétrole, pas de gaz, pas de charbon, a analysé le PDG de GDF. On a le nucléaire. »


Titulaire de deux permis de prospection pour les gaz de schiste dans le Sud de la France, Mestrallet a néanmoins évoqué avec précaution la question : « s’il y a des réserves de gaz et que ces réserves de gaz peuvent être exploitées […] en protégeant à la fois le sous-sol et la nappe phréatique, ça peut peut-être être regardé. »


Toutes précautions mises à part, et selon le calendrier habituel de ce type de prospection, GDF devrait commencer à « regarder » les réserves de gaz du Sud de la France à coup de sondages sismiques dans les semaines à venir. En effet, le «moratoire » demandé par François Fillon sur la prospection de ces hydrocarbures ne porte que sur les forages et pas sur toutes les opérations préalables.

 

Source : Le Midi Libre.com

 

Les gaz de schiste pourraient bien concurrencer l’énergie nucléaire…

y compris pour la radioactivité !

 

Selon les documents que s’est procuré Ian Urbina, journaliste au New York Times, les rejets des puits de gaz de schiste de Pennsylvanie contiendraient des quantités effrayantes de matériau radioactif et ultrapolluant. Semées sur la carte d’Ouest en Est de cet état, les relevées de quantités de radium dans l’eau dépassent de 20, 100, 250 parfois même plusieurs milliers de fois les limites légales, atteignant des taux dangereux pour la santé.

 

Derrière ces chiffres, les formules secrètes des « liquides de fracturation » : non communiqués par les industriels, les produits chimiques injectés dans l’eau pour faciliter la destruction des couches de schiste renfermant le gaz et leur extraction comprendraient des substances ou dérivés de radium, uranium, benzène, etc. Dans les couches profondes de schiste, la moitié seulement reste emprisonnée, l’autre remontant à la surface pour être traitée.

 

Or, c’est là que le bât blesse : autour des zones d’extraction, les usines de retraitement des eaux n’ont guère été conçues pour filtrer des produits d’une telle toxicité. Selon l’enquête de Ian Urbina, ce n’est pas le fait du hasard, puisque la plupart des usines n’ont pas fait l’objet de mesure de la radioactivité depuis 2006, à la demande de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) de Pennsylvanie. En aval des usines de retraitement d’eau, les sources polluées coulent directement dans les réseaux d’adduction d’eau potable. Les eaux rejetées dans la Monongahela River alimentent ainsi 800.000 personnes, notamment autour de Pittsburgh, tandis que celles dirigées sur la Susquehanna River, abreuvent 6 millions d’habitants, dont une partie des riverains de Baltimore, et enfin, les quantités déversées dans la Delaware River arrivent au robinet de près de 15 millions de personnes, dont une bonne partie des habitants de Philadelphie.

 

Selon l’enquête, ce type de rejet concernerait au moins quatre autres états : Colorado, Ohio, Texas et Virginie occidentale.

 

Retrouvez tous nos articles sur les gaz de schiste sur OWNI.fr et OWNIpolitics.com ainsi que nos brèves sur le sujet en suivant OWNIlive.com.

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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 09:19

Nouvelle image-copie-1IMG 6243

 

140ème anniversaire de la Commune de paris:


Une trentaine de brestois-e-s, militant-e-s, élu-e-s de diverses sensibilités ont rendu hommage
à Nathalie Le Mel, née Duval ce 18 mars, jour du 140ème anniversaire du soulèvement de la Commune de Paris, dans la rue qui porte son nom à Brest.


Au cours de cet hommage, Pierre Le Goïc, historien, a rappelé que d'autres villes avaient aussi connu une "Commune", comme Montpellier et Brest, soulignant le rôle de syndicalistes courageux comme Constant Le Doré de l'arsenal de Brest.


Mélanie Thépault et Françoise Daunay ont ensuite rappelé la vie d'exception de la brestoise qui deviendra "communarde" et qui s'opposera aux préjugés anti-féministes. Miltante ouvrière, membre de la 1ère Internationale, révolutionnaire et féministe, elle a joué un rôle très actif dans la Commune de Paris.


Syndicaliste elle participa à des comités de grèves sous Napoléon III et arracha après une grève de relieurs et relieuses la parité des salaires féminins et masculins avec l'aide de son ami Eugène Varlin en 1865.


Elle crée avec Eugène Varlin le restaurant coopératif "La Marmite" qui se rendra célèbre durant le Siège en servant chaque jour des centaines de repas aux gens privés de ressources.


Durant la Commune elle est, avec Elizabeth Dmitrieff, la principale organisatrice de l'Union des Femmes au sein de laquelle elle s'occupe surtout de questions sociales. Pendant la semaine sanglante elle combat, entre autre, sur la barricade de la Place Pigalle.


Arrêtée, elle est condamnée à la déportation en Nouvelle-Calédonie où elle partagera le quotidien de Louise Michel. Rentrée à Paris, elle vit de divers petits travaux. A la fin de sa longue existence, ayant perdu tout soutien matériel, elle meurt en 1921, aveugle dans la misère à l'Hôpital d'Ivry, fidèle jusqu'à la fin à ses engagements.


L'hommage s'est conclu par le fleurissement du panneau portant le nom de Nathalie Le Mel 1826 - 1921, au dessus du portait de la révolutionnaire entouré d'un drapeau noir et d'un drapeau rouge.

* Bibliographie : Eugène Kerbaul : "Nathalie Le Mel, une communarde bretonne révolutionnaire et féministe" Ed Le Temps des cerises, Pantin, 2003.

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 12:54

 En principe le film passe sur ARTE le 22 mars  

 Veolia porte plainte contre le film documentaire „Water Makes Money“

 
Après Paris, Berlin?

Ceux qui portent plainte contre le film „Water Makes Money“ doivent affronter une tempête. A Berlin, Veolia ne peut plus cacher derrière des contrats secrets sa « machine à sous » qui lui a rapporté dans les 10 dernières années 1,3 milliard d’euros grâce à la distribution publique de l’'eau. Les habitants de Berlin ont décidé, par référendum, que ces contrats doivent être publiés. Et voilà qu'il arrive exactement la même chose que ce que le film montre avec l’exemple de Paris, Bordeaux et Toulouse : des juristes attentifs mettent le doigt sur les astuces juridiques et les coups-bas cachés dans le contrat du groupement, qui permettent aux acteurs mondiaux de générer des milliards grâce à la distribution communale de l’eau.
Selon le directeur de l’Institut pour le droit en matière d’'énergie et de la concurrence de l’Université Humboldt à Berlin, Hans-Peter Schwintowski, une évaluation juridique minutieuse de ces contrats amène forcément au constat de leur invalidité. La garantie de bénéfices serait, de fait, une subvention de la Communauté européenne qui aurait dû recevoir une autorisation, et l'appel d'offres pour l'’attribution du contrat n’aurait pas non plus été réalisé correctement. Donc, la privatisation partielle de la distribution de l’eau à Berlin serait entachée de nullité et la voie serait ouverte pour la remunicipalisation. Certes, il faudrait rembourser le prix d'’achat d’environ 1,8 milliard d’'euros à Veolia & Co, mais, en contrepartie, les bénéfices de 1,3 milliard d'’euros devront également être remboursés.

Nous n’en sommes pas encore là, à Berlin, mais le premier pas important sur la voie de la remunicipalisation est fait, comme à Paris et à Bordeaux il y a 5 ans…..
 
L’opinion publique s’éveille
Un grand merci à toutes celles et à tous ceux qui ont lu et envoyé notre article sur l'’action en justice de Veolia contre Water Makes Money ! C'’est tout simplement incroyable combien la société civile de libres penseurs et de gens prêts à agir responsablement a grandi en force et en influence. La nouvelle a déclenché une vraie vague de l'’attention publique, en France comme en Allemagne et dans les pays voisins. Les journaux Rue 89Tele PremiereTélérama en France, et Die TAZHamburger AbendblattStuttgarter ZeitungBerliner MorgenpostJunge WeltBadische Zeitung en Allemagne sont quelques exemples de l’'énorme écho qu'’a trouvé cette affaire dans la presse. Des chaînes de télévision ont également manifesté leur intention de traiter ce sujet. Et quand on regarde notre carte on constate qu'il y a énormément de nouvelles projections de notre film – c'’est magnifique!!!!!! 
 
Ils vont devoir montrer leurs cartes
Nous apprendrons seulement pendant le procès quels points concrets du film sont concernés par la plainte de Veolia, car le groupe n’'est pas obligé de montrer ses « cartes » avant le procès (chose impossible en droit allemand!). Mais sous la pression de l'’opinion publique, l'’avocat de VEOLIA a entre-temps donné quelques précisions : ils veulent obtenir des « dommages-intérêts justes » pour la diffamation du groupe. Ils veulent porter plainte contre l'’accusation de corruption, et surtout contre l’'utilisation du mot « corruption » dans le film.
La corruption active d’élus communaux, la nomination de représentants du groupe dans des organes de la Communauté européenne qui décident de l’'attribution de marchés au groupe même, les invitations de hauts représentants de l’'Etat et de membres de commissions sur des yachts à Saint-Tropez peu avant l’'attribution de contrats de plusieurs millions d’'euros… tous ces exemples relatés dans le film n’'auraient rien à voir avec de la « corruption »? 
 
Ils commencent à trembler
L’'attitude d'’ARTE dans cette situation est jusqu'’ici fantastique. Le directeur des programmes déclare dans une interview: « Nous soutenons le film ». ARTE France organise une grande conférence de presse le 23 février 2011 au sujet de « Water Makes Money » dans le centre du « pouvoir », à Paris !

Mais depuis que le PDG de Suez a appelé la présidente d'’ARTE pour protester contre la diffusion du film, on commence à trembler dans les bureaux de la chaîne. Certes, il n’'est pas déshonorant de trembler. Face au pouvoir des global players Veolia et Suez, on a raison de trembler ! Quand un boss d'’une entreprise mondiale n’'a rien de plus important à faire que d'’intervenir pour empêcher la diffusion de                                                   Water Makes Money, on peut bien évidemment parler d’'un grand honneur pour le film ! Mais cela montre aussi combien il est important pour ces grands groupes – chacun à sa manière – de bannir ce film de l’'espace public. Contrairement à la chaîne allemande NDR, pour laquelle selon les dires de Veolia il suffisait en 2006 d’'une intervention de l’'entreprise pour bannir du petit écran le film précédent « Wasser unterm Hammer » (« L'’eau aux enchères ») , ARTE et sa présidente soutiennent toujours Water makes Money et maintiennent la date prévue de diffusion le 22 mars 2011 à 20h40 ! Mais avant ce jour-là, il y aura certainement un autre coup de téléphone, une autre attaque. 
 

Apprendre du passé

Ce n'’est malheureusement pas un fait unique que les grands groupes du business mondial de l'’eau essaient d’'empêcher la diffusion de documentaires embarrassants. Ainsi, le film « Flow » avait été attaqué en justice par SUEZ après sa diffusion sur ARTE. En première instance, c'’est le film qui a gagné, mais Suez a déjà fait appel du jugement...

L'’exemple actuel de l'’auteur de Canal+, Denis Robert, montre également ce qui pourrait être possible dans le procès en diffamation avec demande de dommages-intérêts contre Water Makes Money. Lui aussi avait été attaqué pour diffamation et confronté à des réclamations énormes de dommages-intérêts quand il a dénoncé le blanchiment d'’argent chez Clearstream. Avec ce procès, l'entreprise l’a presque poussé au désespoir et à la faillite. 
                                                    
Il a perdu dans toutes les instances. Seulement maintenant, après 10 années de procédures judiciaires, la Cour de cassation a constaté que ces récits étaient, pour l’'essentiel, corrects !
Le traitement des journalistes par la justice française a été désapprouvé plus d'’une fois par les instances européennes.

 
L'’ouverture du procès contre « Water Makes Money » n’'interviendra peut-être que dans un an. N'’acceptez pas que Water makes Money devienne un nouveau « Clearstream »! 
Pour cette raison : Aidez-nous à diffuser ces informations !

Chaque nouvelle diffusion du film, chaque DVD commandé compliquent les projets de Veolia et Suez ! 
Informez vos amis et connaissances et tous les médias sur la date de diffusion sur ARTE : le 22 mars à 20h40 ! Plus il y a de gens qui attendent la diffusion, plus cette date sera sûre ! Et nous souhaitons que                             le 22 mars à 20h40 procure à ARTE le succès d’audimat que cette chaîne et ses collaborateurs ont d’ores et déjà mérité !

 
Un grand merci à toutes celles et tous ceux qui contribuent à ce que ce film ne soit pas oublié ! 
 
Si vous voulez vous inscrire sur notre liste de diffusion et recevoir nos actualités ou si vous avez des questions : écrivez-nous à film@watermakesmoney.org

 
Cordialement 
votre équipe de Water Makes Money
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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 12:37

16 mars par Yoko Akimoto


 


On voit sans cesse de nouveaux chiffres quand on allume la télévision… Il est bien clair que la centrale nucléaire de Fukushima est hors de contrôle... Tristement, le séisme nous a fait réfléchir à notre mode de vie. Compte rendu de Yoko Akimoto, du secrétariat d’ATTAC Japon

 

Tristement, avec le temps qui passe, la réalité nous fait ouvrir les yeux. On voit sans cesse de nouveaux chiffres quand on allume la télévision, ce qui doit malheureusement être aussi le cas de nos amis du Pakistan et d’Haïti qui souffrent toujours des conséquences des catastrophes naturelles qui se sont abattues sur eux.

 

Hier, le gouverneur de Miyagi a annoncé que le bilan dépasserait les 10 000 morts. Aujourd’hui, le réacteur n°3 de la centrale nucléaire de Fukushima a explosé, et maintenant (à 2h00 du matin heure locale dans la nuit du 14 au 15 mars) le cœur du réacteur n°2 est entré en fusion. Il est bien clair que la centrale nucléaire de Fukushima est hors de contrôle. Il y a quarante ans, nos membres luttaient contre la construction de centrales nucléaires, pointant du doigt les dangers qu’elles représentent dans ce pays si souvent frappé par des séismes. Malheureusement, leurs mises en garde n’ont pas été entendues ! Et le gouvernement a alors exproprié par la force les coopératives de pêcheurs et détruit la vie des communautés locales pour construire cette centrale nucléaire, affirmant en toute confiance qu’elle était sûre.

 

Aujourd’hui le gouvernement et la compagnie d’électricité japonaise Tokyo Electric Power (TEPCO) responsable de l’accident ne cessent de répéter qu’un tremblement de terre beaucoup plus fort que prévu a frappé le nord du Japon. Cependant, comme le fait remarquer Hiroaki Koide, professeur du Research Reactor Institute de l’université de Kyoto : « Le Japon étant un des pays où les séismes surviennent le plus fréquemment au monde, des séismes inattendus ne doivent jamais survenir si le gouvernement encourage la génération d’énergie nucléaire ». De nombreux Japonais peuvent donc conclure qui sont les responsables de cet accident. La compagnie TEPCO a commencé hier à instaurer des coupures de courant à Tokyo et dans quelques autres préfectures – lesquelles dureront jusqu’à la fin du mois d’avril –, en expliquant que l’accident nucléaire entraînait un manque d’électricité. En conséquence, de nombreux trains vont devoir être annulés. Tout au plus la moitié des lignes régulières étaient assurées hier.

 

Les magasins et supermarchés dans la métropole n’ont plus assez de nourriture à vendre. Le lait, l’eau, le pain et le riz commencent également à manquer. Certains rayons sont déjà vides. Ceci est essentiellement dû aux problèmes de distribution : certaines autoroutes sont bloquées, les poids-lourds à destination de Tokyo sont arrêtés sur le bord des routes. Les habitants de la zone métropolitaine de Tokyo bénéficient depuis longtemps de toutes les commodités. On pouvait facilement acheter et manger tout ce qu’on voulait à Tokyo, même si on ne savait pas que notre repas avait parcouru plusieurs centaines de kilomètres – voire plus – avant d’arriver dans notre assiette. On n’avait pas besoin de savoir qui avait produit notre nourriture, et ça nous allait bien comme ça. Mais tristement, un énorme tremblement de terre et la fusion d’un cœur de réacteur nous ont rappelé que la distribution était soutenue par un processus faible et tout cela nous a forcés à réfléchir à notre mode de vie. Comme la surproduction, la surconsommation et le surplus de déchets, le surplus de commodité est inévitablement néfaste pour la planète puisqu’il entraîne des émissions de carbone excessives ou inutiles et la destruction de notre chère Terre. Nous devons réfléchir à notre mode de vie et notre plus grande tâche est désormais de chercher à vivre sans détruire l’environnement.

 

Voilà, quatre jours sont passés depuis cette tragédie et les mauvaises nouvelles tombent les unes après les autres. Nous ne savons pas encore si tous nos membres sont sains et saufs dans les zones touchées. La contamination radioactive se répand. Il paraît même qu’elle aurait déjà atteint Tokyo. Nous sommes maintenant murés dans une anxiété invisible. Solidairement, avec espoir et amour.

Voir en ligne : http://www.ciranda.net/fsm-dacar-20...


Yoko Akimoto est membre Secrétariat d’ATTAC Japon

Traduction : Maxime Ferreol

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 12:21

 

Nicolas-Sarkozy Mouammar-Kadhafi-1-2

18 mars 2011

 

R. Shalom – Comment est constituée l’opposition libyenne ? Certains ont remarqué la présence de l’ancien drapeau monarchiste parmi les rebelles...


Gilbert Achcar – Le drapeau n’est pas utilisé comme un symbole de la monarchie mais comme celui de l’État libyen adopté après l’indépendance de l’Italie. Il est utilisé par l’insurrection pour rejeter le drapeau vert imposé par Kadhafi ainsi que son Livre vert, adopté au moment où il singeait Mao Zedong et son Petit livre rouge. Ce drapeau tricolore n’implique en aucun cas une nostalgie de la monarchie. Dans son interprétation la plus courante, il symbolise les trois régions historiques de Libye. Le croissant et l’étoile qui y figurent sont des symboles que l’on trouve également sur le drapeau algérien, tunisien et celui de la République turque, ce ne sont pas des symboles monarchiques.


Quelle est donc cette opposition ? Sa composition — comme pour toutes les révoltes qui secouent la région — est très hétérogène. Toutes ces forces disparates sont unies par un un rejet de la dictature, un désir de démocratie et de respect des droits de l’Homme. Au-delà, il y a de nombreux projets différents. En Libye plus particulièrement, il s’agit d’un mélange de militants pour les droits de l’Homme, d’intellectuels, de courants tribaux et de forces islamiques — un éventail assez large donc. La force politique la plus importante dans l’insurrection libyenne est l’organisation de la Jeunesse de la révolution du 17 février. Elle a une plate-forme démocratique qui réclame un État de droit, des libertés politiques et des élections libres. Le mouvement libyen comprend aussi des secteurs du gouvernement et des forces armées qui ont rompu avec le pouvoir et rejoint l’opposition — ce qui ne s’est pas passé en Tunisie et en Égypte.

Ainsi, l’opposition libyenne constitue bien un mélange de forces mais l’essentiel c’est qu’il n’y a aucune raison d’avoir avec elle une attitude différente de celle que nous devons avoir avec tous les soulèvements de masse de la région.

 

Kadhafi est-il, ou a-il été, un progressiste ?


Gilbert Achcar : Quand Kadhafi est arrivé au pouvoir en 1969, il représentait une manifestation tardive de la vague de nationalisme arabe qui a suivi la Seconde guerre mondiale et la Nakba de 1948. Il essayait d’imiter le dirigeant égyptien Gamal Abdel Nasser, en qui il voyait un modèle et une source d’inspiration. Il remplaçât la monarchie par une république, défendit l’unité arabe, imposa le retrait des Américains de la base aérienne de Wheelus en Libye et initia un programme de changements sociaux.

 

Puis le régime suivit son propre cours, sur le chemin d’une radicalisation inspirée par un maoïsme islamisé. Il y a eu d’importantes nationalisations à la fin des années 1970 — presque tout a été nationalisé. Kadhafi prétendit avoir institué la démocratie directe — il a changé par la suite le nom du pays qui, de République, est devenu État des masses (Jamahiriya). Il prétendit avoir accompli dans le pays l’utopie socialiste grâce à la démocratie directe, mais peu de libyens se sont laissés berner par ce discours. Les « comités révolutionnaires » ont joué en fait le rôle d’appareil dirigeant, contrôlant le pays avec les forces de sécurité.

 

En même temps, Kadhafi a joué un rôle particulièrement réactionnaire en revitalisant le tribalisme comme outil pour servir son pouvoir. Sa politique extérieure devint de plus en plus téméraire et imprudente et la plupart des Arabes finirent par le considérer comme fou.

 

Avec la fin de l’Union soviétique, Kadhafi a mis de côté ses prétentions socialistes et a réouvert son économie aux entreprises occidentales. Il affirmait que sa libéralisation économique irait de pair avec une libéralisation politique, singeant la perestroïka de Gorbatchev après avoir singé la révolution culturelle de Mao Zedong, mais son discours restait vide. Quand les États-Unis envahirent l’Irak en 2003, sous le prétexte de débusquer des « armes de destruction de masse », Kadhafi, qui avait peur d’être le prochain sur la liste, accomplit un soudain et surprenant volte-face en politique étrangère, passant spectaculairement d’État voyou à proche collaborateur des États occidentaux. Un collaborateur en particulier des États-Unis, à qui il a prêté main-forte dans la prétendue guerre contre la terreur, et aussi de l’Italie pour laquelle il a fait le sale travail de renvoyer les immigrants venant d’Afrique qui essayaient de rejoindre l’Europe.

 

Au cours de ces métamorphoses, le régime de Kadhafi est toujours resté une dictature. Quelles que soient les mesures progressistes qu’il puisse avoir fait au début, il n’est plus rien resté de progressiste ou d’anti-impérialiste dans les dernières phases de son régime. Son caractère dictatorial a pu se voir à la façon dont il a réagit aux mouvements de protestation : il a immédiatement décidé de les réduire par la force. Il n’y a eu aucune tentative de proposer une sortie démocratique quelconque à la population. Il a menacé les manifestants, dans un discours tragi-comique maintenant devenu célèbre : « Nous irons vous rechercher mètre par mètre, maison par maison, jusqu’à la moindre ruelle... jusque dans vos placards. Il n’y aura pas de grâce et nous serons sans pitié. » Tout cela n’est pas une surprise quand on sait que Kadhafi est le seul dirigeant arabe qui a condamné publiquement le peuple libyen pour avoir chassé son dictateur Ben Ali décrit comme le meilleur dirigeant que la Tunisie pouvait trouver.

 

Kadhafi a eu recours à des menaces et à une violente répression, affirmant que les manifestants étaient drogués par Al Qaeda qui déversait des hallucinogènes dans leur café. Dénoncer Al Qaeda comme responsable du soulèvement était sa façon d’essayer de mettre de son côté les pays occidentaux. Si il y avait eu une proposition d’aide provenant de Washignton ou de Rome, on peut être sûr qu’il l’aurait acceptée avec joie. Il a d’ailleurs exprimé sa déception de l’attitude de son pote le Premier ministre italien Sivio Berlusconi avec qui il participait à des parties privées. Il s’est aussi plaint de la trahison de ses autres « amis » européens. Ces dernières années, Kadhafi est devenu l’ami de plusieurs dirigeant occidentaux et d’autres personnalités marquantes qui, pour une poignée de dolars, n’ont pas hésité à se ridiculiser en lui faisant des embrassades. Anthony Gidens lui-même, le distingué théoricien de la « troisième voie » de Tony Blair, a suivi les pas de son disciple en rendant une visite à Kadhafi en 2007 et en décrivant dans le Guardian comment la Libye était sur la voie de la réforme et comment elle allait devenir la Norvège du Moyen-Orient.

 

Quel est votre point de vue sur la résolution 173 du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée le 17 mars ?


Gilbert Achcar : La résolution elle-même est rédigée d’une façon qui prend en compte — et semble répondre — à la demande d’établissement d’une zone d’interdiction aérienne. L’opposition a en effet demandé explicitement cette zone d’interdiction aérienne, à condition qu’aucune troupe étrangère ne soit déployée sur le territoire libyen. Kadhafi dispose de l’essentiel de l’élite des forces armées, avec des avions et des tanks, et une zone d’interdiction aérienne neutraliserait en effet son principal avantage militaire. Cette demande faite par ceux qui se sont soulevés est reflétée dans le texte de la résolution, qui autorise les États membres des Nation unies à « prendre toutes les mesures nécessaires […] pour protéger les civils et les zones habitées par les civils menacés par une attaque de la Jamahiriya arabe libyenne, y compris Benghazi, tout en excluant une occupation étrangère sous quelle que forme et en toute partie du territoire libyen. La résolution établit « une interdiction de tous vols dans l’espace aérien de la Jamahiriya arabe libyenne de façon à protéger les civils. »


Maintenant, il n’y a pas assez de garde-fous dans la rédaction de la résolution pour empêcher son utilisation avec des visées impérialistes. Même si le but de toute action est supposé être la protection des civils, et non pas un « changement de régime », le jugement pour savoir si une action a atteint son but ou bon est laissé à l’appréciation des puissances intervenantes et non pas au forces qui se sont soulevées ni mêm au Conseil de sécurité. La résolution est terriblement confuse. Mais, vu l’urgence qu’il y a à empêcher les massacres qui résulterait inévitablement d’un assaut donné sur Benghazi par les forces de Kadhafi et l’absence de tout autre moyen alternatif pour atteindre ce brut protecteur, personne ne peut raisonnablement s’y opposer. On peut comprendre les abstentions. Certains des cinq États qui se sont abstenus au Conseil de sécurité voulaient exprimer leur défiance ou leur mécontentement sur le manque de vue globale, mais sans aller jusqu’à prendre la responsabilité d’un massacre imminet.

 

La réponse occidentale a bien sûr un petit goût de pétrole. Les puissances occidentales craignent un conflit prolongé. S’il y a avait un important massacre, elles seraient contraintes d’imposer un embargo au pétrole libyen, ce qui maintiendrait le prix du baril à un haut biveau à un moment où, vu l’état actuel de l’économie mondiale, cela aurait des conséquences défavorables importantes. Certains pays, y compris les États-Unis, ont voté à contre cœur. Seule la France est apparue comme très en faveur d’une action ferme, ce qui pourrait bien avoir à voir avec le fait que la France — contrairement à l’Allemagne (qui s ’est abstenue sur le vote), la Grand-Bretagne et, surtout l’Italie — n’a pas pas beaucoup d’intérêt dans le pétrole libyen et espère certainement avoir une plus grosse part du gâteau avec un régime post-Kadhafi.

 

Nous connaissons tous les prétextes utilisés par les puissances occidentales et leur double langage. Par exemple, leur prétendu souci des civils subissant des bombardements aériens ne semble pas s’appliquer pour Gaza en 2008-2009, lorsque des centaines de civils non combattants ont été tués par des avions de guerre israéliens pour défendre une occupation illégale. Où le fait que les États-Unis autorise actuellement son régime protégé à Barhein, où il a une importante base navale, à réprimer violemment le soulèvement local, avec l’aide d’autres vassaux régionaux de Washington.

 

Il n’en reste pas moins que si Kadhafi était autorisé à poursuivre son offensive militaire et prenait Benghazi, il y aurait un énorme massacre. Nous sommes dans un cas où une population est vraiment en danger et où il n’y a pas d’autre alternative pour la protéger. L’attaque des forces de Kadhafi est une question d’heures ou de jours. On ne peut, au nom de principes anti-impérialistes, s’opposer à une action qui va empêcher le massacre de civils. Par exemple, même si l’on connaît la nature et le double langage des policiers dans un État bourgeois, on ne peut, au nom de principes anticapitalistes, condamner quelqu’un risquant un viol qui les appellerait s’il n’y a a pas d’autre moyens de stopper les violeurs.

 

Ceci dit, s’il ne faut pas s’opposer à la zone d’interdiction aérienne, nous devons exprimer notre défiance et appeler à une grande vigilance pour surveiller les actions de ces États, pour s’assurer qu’ils ne vont pas au-delà de la protection des civils, comme mandat leur en ai donné. En voyant à la télévision les foules à Baghazi qui se réjouissaient du vote de la résolution, j’ai vu une grosse affiche qui disait en arabe « Non à l’intervention étrangère ». Les gens là-bas font une distinction entre l’ « intervention étrangère » qui signifie pour eux des troupes au sol et une zone d’interdiction aérienne protectrice. Il s’opposent aux troupes étrangères. Ils sont conscients du danger et sagement ne font pas confiance aux puissance occidentales.

 

Ainsi, pour résumer, je pense que dans une perceptive anti-impérialiste on ne peut pas et ne doit pas s’opposer à la zone d’interdcition aérienne dans la mesure où il n’y pas d’alternative crédible pour protéger une population en danger. On signale que les Égyptiens fournissent des armes à l’opposition libyenne — et cela est bien — mais cela ne pourra suffire seul à sauver Benghazi à temps. Mais, une fois encore, on doit garder une attitude très critique sur ce que les puissance occidentales pourraient faire.

 

Que va-t-il se passer maintenant ?


Gilbert Achcar : C’est difficile à dire. La résolution des Nation Unies n’appelle pas à un changement de régime, mais seulement à protéger les civils. L’avenir du régime de Kadhafi est incertain. La question clé est de savoir si nous allons assister à la renaissance du soulèvement en Libye occidentale, dont Tripoli, ce qui conduirait à une désintégration des forces armées du régime. Si cela arrive, alors Kadhafi pourrait être chassé bientôt. Mais si le régime réussit à garder fermement le contrôlée de la région occidentale, il y aura alors une division de facto du pays — même si la résolution affirme l’intégrité territoriale et l’unité nationale de la Libye. C’est peut-être ce que le régime a choisi de faire car il vient d’annoncer son acceptation de la résolution de l’ONU et a proclamé un cessez-le-feu. Nous pourrions avoir alors aboutir à une impasse prolongée, avec Kadhafi contrôlant l’Ouest et l’opposition l’Est. Il faudra évidemment du temps pour que l’opposition incorpore les armes qu’elle reçoit d’Égypte ou via l’Égypte jusqu’au point où elle pourra infliger une défaite militaires aux forces de Kadhafi. Vu la nature du territoire libyen, cela ne pourra être qu’une guerre conventionnelle plutôt qu’une guerre populaire, une guerre de mouvement sur des vastes zones de territoire. C’est pour cela que l’issue est difficile à prédire. L’essentiel encore est que nous devons soutenir le mouvement démocratique libyen jusqu’à la victoire. Sa défaire dans les mains de Kadhafi serait un grave contrecoup négatif, affectant la vague révolutionnaire qui secoure actuellement le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.■

 

Gilbert Achcar. Interview réalisée par R. Shalom.



* Traduit par Jacques Radcliff pour Inprecor.

 

* Gilbert Achcar a passé son enfance au Liban et est actuellement professeur à l’Ecole d’études orientales et africaines (SOAS) de l’Université de Londres. Il est auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages, dont Le choc des barbaries (2002), L’Orient incandescent (2003), La guerre des 33 Jours (avec Michel Warschawski, 2007), et, avec Noam Chomsky, La poudrière du Moyen-Orient (2007), Les Arabes et la Shoah (2009).

Mis en ligne le 19 mars 2011
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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 12:12
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19 mars 2011

 

TOKYO CORRESPONDANT - « Finalement, il n’y a pas eu beaucoup de blessés. Surtout des morts... », constate laconiquement un médecin d’une équipe d’urgence opérant dans la région de Sendai.

 

Ceux qui souffrent le plus sont les personnes qui étaient malades avant le désastre et sont hospitalisées dans des établissements gravement endommagés, où elles se retrouvent pratiquement sans soins, faute de médicaments et d’équipements en état de marche. Parmi les sinistrés, bon nombre sont des personnes âgées, physiquement à bout.

 

Même pour des maladies banales - rhume, problèmes gastriques -, les médicaments manquent, et la situation sanitaire tend à se détériorer. Yohei Sato, gouverneur du département de Fukushima, a lancé, vendredi 18 mars, un « appel d’urgence » aux autorités centrales, demandant l’envoi d’équipes médicales, car il ne peut plus faire face aux problèmes sanitaires de la population, déjà affaiblie par le manque de nourriture.

 

Selon le docteur Shigeru Sakurai, chef du service d’épidémiologie de l’hôpital universitaire du département d’Iwate, cité par le quotidien Yomiuri, les risques d’épidémie se précisent. Le praticien vient de visiter quatre centres d’accueil situés dans des temples et des écoles de la commune d’Akahama, dans ce département où les sinistrés n’ont pas mangé de plat chaud depuis une semaine.

 

Dans les centres d’accueil, la promiscuité favorise les contaminations, et les effets post-traumatisme entraînent des insomnies. Des sinistrés disent qu’ils ne supportent plus ce « huis clos ». Ils ont pour seuls vêtements ceux qu’ils portaient au moment du désastre. Certains, sans nouvelles de leur famille, restent prostrés. D’autres s’affolent dès que la terre recommence à trembler, mais il n’y a pas de sédatifs pour les calmer.

Les plus âgés, qui vivaient souvent seuls, se sentent perdus, sans leurs repères, sans personne de leur connaissance. Ce fut le cas lors du séisme de Kobe, en 1995 : relogés dans de grands ensembles, ils ne se sont jamais remis du traumatisme.

 

Dans les hôpitaux qui tiennent encore debout, la situation est souvent dramatique : en dépit du dévouement du personnel, les malades souffrent de la pénurie d’antidouleur et des médicaments qu’ils recevaient avant la catastrophe. Dans certains -établissements, en raison du manque d’électricité, fournie uni-quement par des blocs électrogènes, les salles d’opération ne -fonctionnent plus.

 

« Le pire pour nous, dit une infirmière de l’hôpital de Sendai, est de devoir répondre aux patients qui souffrent que l’on ne peut rien faire et qu’ils doivent endurer la douleur. » Certains, s’ils peuvent se déplacer, préfèrent quitter l’hôpital pour laisser leur lit à une personne plus -atteinte. Dans les quatre jours qui ont suivi le séisme, les patients de l’hôpital universitaire de Sendai ont été nourris uniquement de -biscuits.

 

Comme les médecins et les infirmières, les malades de Sendai sont conscients qu’ils se trouvent dans un périmètre dangereux et que leur sort, comme le dit une infirmière, « dépend maintenant de la direction du vent ». Les membres du personnel hospitalier, qui n’ont pas quitté l’établissement depuis le désastre, ignorent souvent le sort de leurs proches.

 

Dans des agglomérations particulièrement touchées, les toilettes de fortune - des trous creusés dans le sol - commencent à poser des problèmes sanitaires, malgré le froid (la température est voisine de 0°C). En raison du manque de carburant, il est impossible d’acheminer des toilettes mobiles antiseptiques. L’eau manque également pour se laver les mains ou faire la vaisselle.

 

Dans le département de Miyagi, les quatre stations d’épuration d’eau sont arrêtées et une vingtaine de communes se trouvent privées d’eau. C’est également le cas, dans le département voisin, celui d’Iwate, de 74 000 foyers. A Obuchi, une agglomération de ce département, une dizaine de personnes souffrent de problèmes gastriques après avoir bu l’eau de la rivière. « Nous n’avons ni médecin ni médicaments. On ne peut rien faire », dit Aiko Kurosawa, une représentante de la mairie.

 

« Pour l’instant, il n’y a pas d’épidémie, mais le risque est là », estime le docteur Sakurai.

 

Philippe Pons


* Le Monde.fr, 19.03.11 | 13h12 • Mis à jour le 19.03.11 | 13h39.

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 12:04
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17 mars 2011

 

Appel à la solidarité financière envers les victimes et personnes déplacées à la suite du pire tremblement de terre/tsunami dans le nord-est du Japon et de la catastrophe nucléaire de Fukushima

Ligue communiste révolutionnaire du Japon (JRCL)
Conseil national des travailleurs internationalists (NCIW)


Le 17 mars 2011


Le 11 mars 2011, à 14h30 (JST), la vaste zone du Japon oriental comprenant les région du Nord-Est et de Kanto a été frappée par un tremblement de terre extrêmement violent, d’une magnitude 9. Ce séisme a donné naissance à un très puissant tsunami qui a dévasté de nombreuses agglomérations le long de la côte pacifique allant de la préfecture d’Aomori, au nord, jusqu’à la préfecture de Chiba, au sud. A la date du 17 mars, le nombre de morts et de personnes disparues approche déjà les 20.000, un chiffre qui ne cesse d’augmenter.

 

Tous les six réacteurs (du n° 1 au n° 6) de la centrale de Fukushima No. 1 – symbole du Japon comme « grande nation et puisance nucléaire » – appartenant à l’entreprise Tokyo Electric Power Co. (TEPCO), ont été endommagés et fragilisés. Tous les réacteurs sont devenus plus ou moins hors de contrôle et des situations terribles se sont succédée, tels qu’explosions de gaz, incendies de bâtiments d’habitation, fonte du noyau de réacteurs, fuites de radiation et épanchements. Le risque d’assister à une catastrophe de type Tchernobyl semble devenir de plus en plus possible. Les résidents ont déjà reçu l’ordre d’évacuation dans un périmètre de 30 km autour de la centrale.

Il y a maintenant 500.000 personnes évacuées qui ont perdu leurs maisons et/ou des proches aimés. Ils ont perdu logements et moyens d’existence, triplement victimes du tremblement de terre, du tsunami et de la catastrophe nucléaire. Carburant, nourriture, vêtements et médecine sont en quantité insuffisante et les réfugiés se retrouvent dans des centres d’évacuation sous une température très basse.

 

Dans ce Japon capitaliste riche et développé, il y avait des chômeurs et travailleurs précaires en nombre croissant. Les inégalités sociales se creusaient entre riches et pauvres. Les communautés rurales d’agriculteurs et et de pêcheurs se désintégraient. Les politiques néolibérales du capital détruisaient les protections sociales. Ce sont aujourd’hui les secteurs sociaux victimes de ces évolutions qui sont les plus frappés par le tremblement de terre et le tsunami.

Les dommages produits par le tremblement de terre/tsunami et la catastrophe nucléaire vont accentuer la crise structurelle du capitalisme japonais. Le régime capîtaliste dominant et ses forces sociales vont en conséquence poursuivre leurs attaques sociales, économiques et politiques contre la population souffrante et l’ensemble des masses laborieuses.

 

Dans la zone de Miyagi et Fukushima, frappée par le tremblement de terre/tsunami, nos camarades et leurs co-travailleurs syndicalistes ont déjà commencé à agir en aide aux populations souffrantes, pour défendre leurs vies et leurs droits sociaux. La priorité la plus pressante et de procurer nourriture, carburant et abris pour les victimes et d’assurer un emplois à celles qui ont perdu leurs lieux de travail. Nos camarades et leurs collègues s’engagent pour initier et étendre des initiatives populaires et autonomes au sein des masses laborieuses et les résidents locaux, toujours par leur auto-activité.

 

Nous appelons tous nos camarades et amis internationaux à apporter leur solidarité financière aux activités de nos camarades de Miyagi et Fukushima et de leurs co-travailleurs.

 

De plus, nous en appelons à nos camarades et amis dans le monde à se mobiliser contre le nucléaire.

La terrible catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima No. 1 démontre une nouvelle fois que l’énergie nucléaire provoque des dommages irréparables à l’environnement. Elle ruine l’agriculture et la pêche, et accélère en conséquence la crise de la production alimentaire. Elle met en danger fatal la survie de l’humanité sur la terre. Le caractère grossièrement mensonger de la propagande capitaliste sur « la génération de centrales nucléaires comme une source efficace et propre d’énergie » est définitivement prouvé. Le gouvernement japonais et la compagnie TEPCO cachent la vérité et aggravent plus encore la crise nucléaire.

 

Intensifiez s’il vous plaît les campagnes globales pour s’opposer à l’énergie nucléaire et pour abolir les centrales nucléaires. Vos succès en ce domaine apporteront certainement un encouragement aux Japonais en souffrance et aux personnes évacuées, ainsi qu’à la résistance des travailleurs et des masses populaires ici.

Avec nos remerciements pour vos encouragements et pour la solidarité que vous avez manifestez à notre égard.

 


Les dons internationaux peuvent être collectés via Europe solidaire sans frontières (ESSF) :

Chèques
chèques en euros seulement à l’ordre d’ESSF à être envoyés à :
ESSF
2, rue Richard-Lenoir
93100 Montreuil
France

Banque :
Crédit lyonnais
Agence de la Croix-de-Chavaux (00525)
10 boulevard Chanzy
93100 Montreuil
France
ESSF, compte n° 445757C

Coordonnées bancaires internationales :
IBAN : FR85 3000 2005 2500 0044 5757 C12
BIC / SWIFT : CRLYFRPP
Compte au nom de : ESSF

Pour voir l’appel international d’ESSF : Japon : un appel urgent à la solidarité financière


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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 12:01
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1er mars 2011

 

Les antinucléaires français ont sonné l’alarme le mois dernier pour demander la fermeture préventive de 34 réacteurs manifestant un inquiétant «  défaut de série  ».


L’info était enfouie sur le site de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) française  : EDF venait de «  découvrir  » que sur tous ses réacteurs de 900 MW, en cas de fuite importante du circuit primaire, le circuit d’injection d’eau de sécurité risquait d’être incapable d’empêcher la fusion du cœur.

 

L’ASN avertit que  : «  en situation accidentelle, pour certaines tailles de brèche du circuit primaire principal, l’injection de sécurité à haute pression pourrait ne pas permettre de refroidir suffisamment le cœur du réacteur.  » Le système d’injection d’eau de sécurité est le seul dispositif pour retarder une fusion du cœur nucléaire lors d’une fuite importante d’eau du circuit primaire. Son rôle : injecter massivement de l’eau borée dans ce circuit pour étouffer la réaction nucléaire et refroidir le cœur.

 

Mais, alors que le premier réacteur 900 MW date de 1977, EDF se découvre incapable de mesurer si l’eau injectée par ce système se répartit bien dans les boucles du circuit primaire de ces réacteurs. C’est ce qui «  pourrait ne pas permettre de refroidir suffisamment le cœur du réacteur.  »

 

Le cœur du problème


EDF a donc exploité 34 réacteurs atomiques, dont ceux de la centrale du Bugey dans l’Ain voisin, pendant un quart de siècle, sans s’assurer de l’efficacité du système principal de prévention de fusion du cœur. Pourquoi cette découverte tardive  ? Il est angoissant qu’un problème aussi grave ait été ignoré des décennies durant, d’autant que les risques sont multipliés par le nombre des réacteurs concernés.

 

Un accident lié à ces «  anomalies  » aurait des conséquences catastrophiques. Dans un contexte où les problèmes de sûreté se multiplient, cette éventualité devrait absolument être prise en compte. D’autant que 21 des réacteurs concernés tournent au MOX, un combustible à base de plutonium «  recyclé  » particulièrement dangereux.

La découverte de ces défaillances pose de manière criante la nécessité d’une transition énergétique rapide, pour sortir du risque nucléaire insensé imposé aux Français·e·s et à leurs voisins depuis des années. D’autant que les défaillances ne sont pas exceptionnelles… Pour preuve, la semaine suivant cette alerte, EDF se voyait obligée de révéler une autre anomalie sur 19 d’entre les réacteurs déjà fragilisés par le défaut non résolu sur les systèmes de refroidissement de secours.

 

C’était cette fois une usure prématurée des «  coussinets  » des groupes électrogènes de secours, qui peut entraîner leur défaillance. Or, ces groupes doivent prendre le relais en cas de perte d’alimentation électrique extérieure, pour assurer les «  fonctions vitales  » des centrales. La perte d’alimentation d’un réacteur est un facteur de risque d’accident nucléaire majeur.

 

50 ans de subventions abusives


Pendant que se déroulait, dans l’Hexagone, ce feuilleton de dysfonctionnements nucléaires, c’est des USA qu’est venu fin février un rapport de la respectée «  Union of Concerned Scientists  » (UCS), sur les aspects économiques du nucléaire. Analysant 50 ans d’histoire de l’énergie atomique aux USA, le rapport révèle que toutes les étapes du cycle nucléaire  : des mines d’uranium au stockage des déchets, plus d’une trentaine, ont bénéficié de subventions massives et non remboursables dépassant au total largement la valeur de l’énergie produite.

 

Sans parler du fait que le coût de cette technologie grimpe toujours, malgré ce subventionnement massif, tant aux centrales existantes que projetées. Les récentes propositions budgétaires d’Obama fourniraient à l’industrie atomique de nouvelles garanties fédérales pour des prêts à hauteur de 36 milliards de dollars pour la construction de nouveaux réacteurs, conduisant le total de ces prêts, dont le contribuable répond, en dernière instance, à une soixantaine de milliards. Bref tous les risques du nucléaire sont pris en charge par les citoyen·ne·s, une distorsion grotesque de la prétendue «  concurrence  » sur le marché entre l’atome et des technologies alternatives et renouvelables…

 

Pendant ce temps, en Suisse, des citoyen·ne·s votaient. En effet, dans le demi canton de Nidwald, la question du stockage de déchets nucléaires radioactifs au Wellenberg était reposée au peuple pour la quatrième fois ! A trois contre un, il livrait un NON sonnant à une proposition déjà refusée lors des scrutins antérieurs.

 

Mais que faisait donc David Hiler  ?


Moins glorieux est le vote de Berne, ce même 13 février… En effet, le scrutin consultatif sur la construction d’une nouvelle centrale à Mühleberg a vu le OUI passer la rampe, de justesse, à 51,2 %. Loin du «  signal fort  » en faveur de l’atome dont se félicitent les FMB, ce résultat, sur le fil, peut même être interprété comme «  en progrès  », puisqu’en 2003 le canton de Berne, fort «  arrosé  » par l’argent du nucléaire, votait à 32 % seulement pour en sortir…

Quoi qu’il en soit, ce résultat indique l’effort à faire pour gagner le scrutin national décisif en 2013. Un NON bernois aurait été bienvenu dans ce sens. Pour l’obtenir, il aurait fallu que 0,6 % des votant·e·s penchent de l’autre côté… De ce point de vue, le mutisme – avant le vote bernois – d’un Canton de Genève, pourtant consulté lui-même et tenu constitutionnellement par l’art. 160E d’employer «  tous les moyens juridiques et politiques  » pour contrer le nucléaire est une forfaiture.

 

Une forfaiture attribuable au penchant pronucléaire du libéral Mark Muller qui préside le gouvernement genevois et à l’inaction volontaire de sa coreligionnaire Isabel Rochat, en charge des questions énergétiques. Ils auraient dû - avec les moyens de l’Etat de GE – construire et adresser à nos combourgeois bernois un message présentant toutes les raisons de refuser Mühleberg II, comme le fait Genève. C’est bien le diable s’ils n’auraient pas réussi à déplacer un gros demi-point de l’opinion bernoise  ! Et, pendant ce temps, les deux Verts au Conseil d’Etat s’occupaient d’autre chose. Déplorable  !

 

Pierre Vanek


* Paru en Suisse dans « solidaritéS » n°184 (10/03/2011), p. 12.

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 11:59
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16 mars 2011

 

NB : la CRIIRAD confirme qu’il n’y a toujours pas d’inquiétude à avoir, ce mercredi 16 mars, ni pour la France métropolitaine, ni pour la Polynésie française. Son laboratoire cible pour l’instant ses analyses sur les réseaux de balises japonais.

 

Cependant, en fonction de l’évolution des conditions météorologiques, les recensements seront élargis aux réseaux de mesures étrangers (américains notamment) qui donneront une situation intermédiaire, avant que le territoire français ne soit touché. La France est à plus de 10 000 km de distance, ce qui favorise évidemment la baisse des concentrations, du fait des phénomènes de dilution et des dépôts progressifs de radioactivité sur les sols et les océans, dépôts qui appauvrissent d’autant les masses d’air contaminé. Si la situation devait se dégrader, des bulletins d’information seraient aussitôt publiés.


A la centrale nucléaire de FUKUSHIMA DAIICHI, les interventions sont de plus en plus désespérées : après l’injection d’eau de mer et l’abandon de la salle de commande du réacteur n°1, la décision a été prise de déverser de l’eau sur les installations à l’aide d’hélicoptères ! [1]

Les quelques 50 travailleurs encore présents sur le site sont exposés à des doses potentiellement mortelles et ont dû être provisoirement évacués avant de revenir sur site, mettent leur santé et leur vie en péril pour essayer de limiter les conséquences de l’aggravation continue de la situation.

Depuis plusieurs jours, l’augmentation des niveaux de rayonnements à 100, 200 km, voire 300 km de la centrale nucléaire de Fukushima traduit le passage des masses d’air contaminé :

- Multiplication par 1 000 du débit de dose le 13 mars à 120 km au nord-nord-ouest ; valeurs encore 100 fois supérieures à la normale hier 15 mars ;

- Multiplication par 100 du débit de dose à 75 km au sud (villes de la préfecture d’Ibaraki ;

- Multiplication par 16 du débit de dose à Tokyo, à 270 km au sud.

Ces augmentations s’expliquent par la présence de produits radioactifs (gaz, halogènes, aérosols…) que les personnes présentes incorporent en respirant.

Or aucune information n’a été publiée sur l’activité volumique (en Bq/m3) des radionucléides présents (césium 137, iode 131…). L’absence de toute donnée chiffrée sur le niveau de contamination de l’air, paramètre clef de la gestion de crise, empêche d’évaluer le niveau de risque réellement encouru par la population.

Cette carence est d’autant plus préoccupante que les élévations des débits de dose peuvent correspondre – correspondent très probablement - à des niveaux de contamination de l’air qui n’ont rien de négligeables (contrairement aux différentes déclarations entendues jusqu’à présent) et qui nécessitent des mesures de précaution. Les habitants ont droit à cette information. Les habitants vivent depuis plusieurs jours sous la menace d’une catastrophe nucléaire et ne savent quasiment rien des niveaux de radioactivité auxquels ils sont exposés.

- Centrale nucléaire de FUKUSHIMA DAIICHI : des doses de radioactivité potentiellement mortelles :

- Rejets radioactifs et contamination de l’air : toujours pas de données alors que les niveaux n’ont certainement rien de négligeables !

- L’augmentation des débits de dose prouve le passage des masses d’air contaminé

http://www.criirad.org/actualites/d...

[1] À Tchernobyl, 1.125 pilotes d’hélicoptères sont intervenus sur le réacteur (I.B. Ushakov, B.I. Davydov et S.K. Soldatov, A Man in the Sky of Chernobyl. A Pilot and a Radiation Accident. Rostov University publishing House, Rostov at Don -1994 ; UNSCEAR 2000 – Volume II – Annexe J – paragraphe 82 ). Durant la période critique, les débits de doses au-dessus du réacteur étaient tels que le vol stationnaire était impossible.

CRIIRAD : Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité


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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 11:57
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17 mars 2011

Des résultats nous parviennent d’heure en heure et confirment les éléments ci-dessous.
Nous essaierons de publier une mise à jour en fin de journée


Suivre en temps réel l’ordre de grandeur de la contamination de l’air est indispensable


Depuis 5 jours, de la radioactivité s’échappe de la centrale nucléaire de FUKUSHIMA DAIICHI sans que l’on puisse évaluer les risques encourus par les populations. On n’a en effet aucune idée des quantités de produits radioactifs relâchées dans l’environnement et aucune cartographie des activités volumiques de l’air n’a été publiée.

Seuls des relevés dosimétriques (débits de dose en µGy/h ou µSv/h) sont disponibles et seulement pour certains secteurs géographiques. Les plus exposés – la Préfecture de Fukushima notamment – sont très peu documentés [la situation est en train de changer]. Ces résultats ne rendent compte que de l’exposition externe et peuvent donc sous-évaluer considérablement les niveaux de risques.

 

En situation accidentelle, il est indispensable de disposer, en temps réel, des ordres de grandeurs de la contamination de l’air qui 1/ détermine le risque encouru par inhalation de gaz et d’aérosols radioactifs ; 2/ conditionne – en association avec les paramètres météorologiques - l’intensité des dépôts au sol et par conséquent les niveaux de contamination de la chaîne alimentaire.

 

Tout un cocktail de produits radioactifs dans l’air de Tokyo


Le laboratoire de la CRIIRAD a pu accéder aux mesures effectuées par le Tokyo Metropolitan Industrial Technology Research Institute [1] sur les poussières atmosphériques prélevées à Tokyo, dans l’arrondissement de Setagaya, sur la période du mardi 15 mars minuit au mercredi 16 mars 18h (heures locales), soit 42 heures de suivi.

Les résultats publiés concernent 4 radionucléides (produits radioactifs) : iode 131, iode 132, césium 134 et césium 137. Moyennées sur les 42 heures de suivi, les activités sont les suivantes :

- Iode 131 : 14,9 Bq/m3

- Iode 132 : 14,5 Bq/m3

- Césium 134 : 3,4 Bq/m3

- Césium 137 : 3,2 Bq/m3


Accéder aux tableaux de résultats :
1. Mise en forme CRIIRAD
2. Originaux de l’Institut de Recherche de Tokyo : 15-03-11 ; 16-03-11 ; 17-03-11

En situation normale, le seul radionucléide que l’on s’attend à mesurer dans l’atmosphère est le césium 137. Du fait des essais nucléaires militaires et de la catastrophe de Tchernobyl, subsiste en effet une contamination résiduelle mais heureusement très faible : de l’ordre de quelques µBq/m3. (1µBq = 10-6 Bq) Une valeur moyenne de 3,4 Bq/m3 représente une augmentation considérable du niveau de radioactivité : de l’ordre de 1 million de fois.

Précision importante : l’air contient nécessairement d’autre radionucléides : probablement des gaz rares radioactifs comme le krypton 85 et le xénon 133 mais également du tritium, du tellure 132, des isotopes du ruthénium, du tellure, du strontium. Il faudrait également savoir si l’air contient des transuraniens, des émetteurs alpha très radiotoxiques comme les plutoniums 238,239 ou 240 ou encore l’américium 241.

Si l’on considère l’évolution des concentrations dans le temps, on constate que le niveau de radioactivité de l’air a très fortement augmenté sur Tokyo le 15 mars, entre 10h et 12h, avec un pic de radioactivité sur les poussières prélevées à 11h :

- Iode 131 : 241 Bq/m3

- Iode 132 : 281 Bq/m3

- Césium 134 : 64 Bq/m3

- Césium 137 : 60 Bq/m3 (soit plus de 10 millions de fois le niveau antérieur aux accidents nucléaires)

Accéder au graphique établi par la CRIIRAD (résultats actualisés au 17 mars)

A partir d’une activité moyenne en iode 131 de 15 Bq/m3, nous avons calculé les doses équivalentes à la thyroïde qu’ont pu recevoir en 48 heures les enfants habitant Tokyo. Les résultats restent inférieurs au milliSievert (mSv) et par conséquent au seuil d’intervention de 10 mSv défini par l’OMS pour l’adminis- tration de comprimés d’iode stable.

Il faut cependant souligner que les chiffres utilisés pour les calculs sous-évaluent très probablement l’activité réelle de l’air. L’air a, en effet, été échantillonné à partir de filtres à poussières. Pour obtenir un bilan complet, il faudrait disposer de résultats sur des filtres à charbon actif capables de piéger les gaz, et notamment les formes moléculaires et organiques de l’iode. Elles peuvent représenter une part importante, voire majoritaire, de l’iode présent. Cette information doit être obtenue d’urgence.

Que se passe-t-il plus au nord ?

Le plus préoccupant est que Tokyo n’est pas le secteur le plus touché par le passage des masses d’air contaminé. L’analyse des relevés de débits de dose disponibles le montre clairement. Ces quelques éléments très – trop – lacunaires nous conduisent à nous interroger sur les niveaux d’exposition des personnes résidant à moindre distance de la centrale de FUKISHIMA DAIICHI (Tokyo est situé à 230 km au sud). A quels niveaux de contamination ont été exposés les habitants de la Préfecture de Fukushima (l’évacuation est limitée à un rayon de 20 km) ou encore ceux du secteur d’ONAGAWA où les débits de dose ont été multipliés par 100, voire par 1 000 (à Tokyo, l’augmentation n’aurait été que d’un facteur 16) ? Et qu’en est-il des habitants de la Préfecture d’IBARAKI où l’élévation du niveau de rayonnement ambiant est un peu supérieure à celle de Tokyo et surtout bien plus prolongée ?

La CRIIRAD ne souhaite qu’une chose, c’est d’être rassurée sur les niveaux d’exposition de la population. Si les autorités considèrent que les niveaux de risques sont minimes, elles doivent le démontrer, chiffres à l’appui.

Si l’on se base sur les informations publiées par l’AIEA, jusqu’au mercredi 16 mars, l’ordre d’administrer des comprimés d’iode stable à la population n’avait pas été donné. L’AIEA indique que dès le 14 mars dernier, les autorités japonaises avaient distribué 230 000 tablettes de comprimés d’iode stable aux centres d’évacuation mais sans donner l’ordre de les administrer aux habitants. Or, la zone d’évacuation était encore hier limitée à un rayon de 20 km autour de FUKUSHIMA DAIICHI et consigne était donnée aux personnes résidant dans un rayon de 30 km de se confiner chez elles.

Le problème, c’est que le confinement ne peut apporter qu’une protection très provisoire : une habitation n’a rien d’une enceinte étanche : en quelques heures tout le volume d’air intérieur est renouvelé. On gagne un peu de temps en calfeutrant toutes les ouvertures mais le confinement n’est absolument pas adapté à une contamination qui persiste sur plusieurs jours. L’aide internationale doit se mobiliser pour apporter la logistique nécessaire à l’évacuation des personnes sur un périmètre bien plus large. Ceci aurait dû être fait bien plus tôt. En attendant, il faut limiter les risques et l’iode stable est un moyen efficace – s’il est pris à temps ! – de limiter l’irradiation de la glande thyroïde et donc la survenue ultérieure de cancers ou d’autres pathologies thyroïdiennes. Rappelons également que l’iode stable n’est pas la panacée : il ne protège ni de l’irradiation externe, ni de la contamination par les autres radionucléides.

Dépôts au sol et contamination des aliments

La radioactivité présente dans l’air se dépose progressivement au sol et sur les végétaux. Les dépôts secs sont intensifiés par la pluie qui lessive les masses d’air contaminé et précipite au sol les particules radioactives (aérosols) et les gaz solubles (iode notamment).

Il faut disposer au plus vite d’une cartographie des activités surfaciques (Bq/m2 de sol) permettant de recenser les zones à risque et de cibler les mesures à prendre pour le retrait des aliments contaminés ou les mesures de prévention (alimentation du bétail en fourrage non contaminé par exemple).

Concernant la contamination de la chaîne alimentaire, il faut rappeler que depuis 5 jours, des quantités très importantes de produits radioactifs sont rejetées à la mer. Il faut donc vérifier l’impact de ces rejets sur les produits de la mer dans les zones proches et en fonction des courants.

Le fait de connaître les niveaux de contamination des paramètres clefs de l’environnement n’est certes pas une garantie de protection. Il est en revanche certain que l’absence de données ne peut qu’empirer les choses. L’opacité n’a jamais profité à la défense des intérêts sanitaires de la population. Tchernobyl l’a clairement démontré.

REPERES

CONTAMINATION DE L’AIR : _ comparaison avec la situation de la France au moment de Tchernobyl

Les chiffres qui suivent sont des chiffres officiels relatifs à la contamination de l’air dans le sud-est de la France, une des régions les plus touchées par les retombées radioactives consécutives à l’explosion du réacteur n°4 de Tchernobyl. Les activités sont des valeurs moyennes pour la période du 1er au 3 mai 1986.

Césium 137 : de 0,3 à 0,9 Bq/m3 à comparer à la concentration moyenne sur 2 jours de 3,2 Bq/m3 à Tokyo

Iode 131 : de 0,6 et 4,2 Bq/m3 à comparer à la concentration moyenne sur 2 jours de 14,9 Bq/m3 à Tokyo.

CRIIRAD
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Mardi 7 mai

 Yves-Marie Le Lay,

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