1er septembre 2010
- Le Télégramme
Suite de notre série consacrée à la rentrée scolaire. Aujourd'hui, gros plan sur l'école maternelle et l'épineuse question de la
scolarisation dès deux ans.
En cette rentrée, 34% des enfants bretons entre deux et trois ans fréquenteront les bancs de l'école maternelle. C'est quasiment cinq
points de moins que l'an dernier. Et à la rentrée 2011, ils ne seront plus que 31%. La baisse de la scolarisation des enfants de deux ans se poursuit donc, inexorablement. La Bretagne, qui avait
le taux de scolarisation à deux ans le plus élevé de France, perd sa spécificité. En trois-quatre ans, il a été divisé presque par deux.
Aucun interlocuteur
«C'est une volonté d'exclure les enfants de deux ans de l'école, une volonté qui va contre l'attente des familles et des collectivités territoriales», assure
Jacques Brillet, secrétaire général adjoint du SNUipp-FSU et membre du collectif Maternelles en danger. Malgré une pétition signée par 20.000 familles et les délibérations de 660 conseils
municipaux, rien ne semble, en effet, devoir arrêter cette tendance.
«Nous n'avons aucun interlocuteur, ni le recteur, ni les préfets, ni le ministre ne veulent nous recevoir», déplore JacquesBrillet. Le recteur de l'académie de
Rennes, Alain Miossec, ne fait pas mystère de cet objectif de réduire sensiblement la scolarisation des enfants de deux ans. «Pour des raisons budgétaires et pédagogiques, nous ne pouvons plus
accueillir tous les enfants de deux ans», déclarait-il lors de la rentrée dernière, dans nos colonnes. L'ancien ministre de l'Éducation, Xavier Darcos, s'était, lui, placé sur un autre terrain
estimant que le rôle des enseignants n'était pas de «changer les couches». Forcément, les enseignants y ont vu un mauvais procès et du mépris. Et, surtout, une manière simpliste de mettre fin au
débat sur l'intérêt ou non d'une scolarisation des enfants dès deux ans.
Principe d'égalité
Ce débat, le collectif Maternelles en danger entend continuer à le porter. D'autant qu'aucune alternative n'est proposée aux familles. «C'est une question
importante. Ce n'est pas par hasard si ce sont les enfants des catégories les plus aisées qui sont les plus scolarisés dès deux ans. Ces familles savent qu'il y a un intérêt».
Un certain nombre de communes ont décidé de faire de la résistance. À Langonnet (56), pas question de refuser un enfant de deux ans s'il est propre. «C'est le maire
qui inscrit les enfants. Nous appliquons la loi et accueillons les enfants s'ils ont deux ans révolus. Il s'agit d'un principe d'égalité», explique Anne-Marie Gloaguen, adjointe. Pour l'heure,
l'élue reconnaît que la municipalité n'a pas été l'objet de pression de la part de l'Éducation nationale. Mais ce n'est, semble-il, pas le cas partout.
À suivre demain De nouveaux rythmes scolaires à l'essai
Note du blog:
Le gouvernement peut remercier les "spécialistes" qui matraquent depuis quelques années que les enfants de 2 ans sont trop petits pour aller en maternelle: "pas
assez socialisés". Alors que bien sûr la maternelle est précisément là pour les socialiser, leur faire oublier leur relation "tyrannique" à leur mère, leur faire accepter le partage, la
coopération avec d'autres petits "amis" et pas "ennemis".
Deuxio, en Bretagne, il y a un problème de "conflit linguistique". Celui entre le breton et le français est résolu par l'extinction du breton. Gagné! Mais le breton
n'a pas complètement disparu. Il reste l'accent et plein de traits spécifiques dans le "français populaire" de Bretagne. Sans compter les petits immigrés qui eux aussi n'entendent pas de français
standard à la maison. Or il est évident, quoiqu'on pense des patois, langues et dialectes, que parler autrement que le français standard est discriminant dans une société jacobine comme la
nôtre.
Tercio, le besoin d'école et particulièrement de maternelle est tout naturellement fort en Bretagne, que ce soit en pays "bretonnant" comme en pays "gallo".
L'instit est souvent le seul avec la télé, qui ne parle pas si bien que cela, à offrir aux enfants un niveau de langage conforme à ce que la société attend de l'enfant pour s'intégrer "par le
haut". (Ceci dit encore sans mépriser le parler populaire ou "relâché").
Or, les études ont prouvé que l'enfant, pour répéter un bon niveau de langage, doit être dans un petit groupe, sinon ce n'est pas le français de l'instit qu'il
réemploie, mais celui de ses copains! Non seulement il faut des maternelles, mais des petits effectifs, sinon pas de "bon français". Et donc pas d'intégration "valorisante" dans la vie
sociale et professionnelle. Ce qui est la cadet des soucis du gouvernement, j'en conviens!