500 gendarmes contre 500 "irréductibles" du bocage. L'opération d'évacuation des squatteurs de Notre-Dame-des-Landes a été lancée ce matin, six jours
après la manifestation qui a réuni près de 40.000 opposants au projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes (44). Six jours mis à contribution par les sqatteurs pour reconstruire un
immense "lieu de vie", fait de constructions collectives, de "lotissements", de barricades et de tranchées...
Jean-Marc Ayrault, le faux gentil de Matignon
9H25. José Bové appelle à la mobilisation
"J'appelle à la mobilisation et je relance un appel solennel au président de la République, Monsieur François Hollande, pour qu'on mette en place une médiation pour
remettre l'ensemble du dossier à plat", a déclaré José Bové, quelques heures après le début de l'opération de la gendarmerie sur le site du futur aéroport nantais."On appelle les gens à se
mobiliser à la fois à Notre-Dame-des-Landes et aussi partout en France où c'est possible", a ajouté le militant écologiste depuis le plateau du Larzac.
"Le gouvernement, en menant cette action, a dérapé et est en train de se mettre dans un très mauvais pas", a observé José Bové. "On va se retrouver dans une
situation qui va être inextricable. Le gouvernement va se trouver confronté à une larzaquisation du conflit", a-t-il averti, en référence au mouvement de défense du site du Larzac dans les années
1970.
A propos de la possibilité d'une médiation, José Bové a dit réfléchir "avec d'autres personnes pour faire une proposition qui puisse être acceptable des deux
parties". "Aujourd'hui, du côté des habitants de Notre-Dame-des-Landes, des associations, l'Acipa, ils sont en accord avec le principe. Ce que j'essaye
maintenant, c'est de convaincre le président de la République et son gouvernement d'accepter cette idée. Ce n'est pas baisser son pantalon que d'accepter une médiation, c'est se grandir", a-t-il
estimé.
09h16. Les CRS démontent les 10 cabanes "planche par planche, clou par clou" (journaliste de Mediapart)
09h03. Opération d'évacuation : "Désolant", selon EELV
"C'est désolant. C'est la réponse à la mobilisation citoyenne de samedi dernier. Monsieur Hollande a invoqué la force du droit mais c'est la force qui répond", a
estimé le porte-parole national d'Europe Ecologie-Les Verts, Jean-Philippe Magnen.
"C'est d'autant plus désolant que nous avions proposé une sortie par le haut avec la nomination d'un médiateur pour réinstaurer un dialogue", a ajouté le
porte-parole, qui est également vice-président du conseil régional des Pays de la Loire. Il avait l'intention de se rendre sur place vendredi, en compagnie de plusieurs élus EELV de
Loire-Atlantique.
Le sénateur EELV de Loire-Atlantique Ronan Dantec a pour sa part estimé que "ce n'est pas la bonne méthode, ce n'est pas la bonne réponse à près de 40.000 personnes
en majorité de gauche qui ont manifesté samedi dernier".
08H45. L'Acipa appelle à un rassemblement à 9h à La Vache rit
Le Rosier et le site d'implantation des cabanes étant pris d'assaut, l'Acipa appelle à un rassemblement au local syndical en face de la mairie
de Notre Dame des Landes : "Pour les gens du Sud Loire, se rassembler à Vigneux de Bretagne, au parking du Miron (ancien Unico), en bas de l'église, route de Notre Dame des Landes" poursuit
l'organisation des opposants.
07H15. L'acipa en direct Quelque 500 gendarmes mènent donc
ce vendredi matin une "importante opération" d'évacuation de squatteurs opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes en
Loire-Atlantique. L'information a été rendue publique par le ministère de l'Intérieur. Et en effet, d'importantes forces de l'ordre sont arrivées dès l'aube surel site de Notre-Dame-des-landes. Depuis, indique un témoin sur place, "ça attaque de partout".
JEUDI 22 NOVEMBRE
"C'était bien qu'ils nous expulsent, ça a resserré les liens entre les
différents opposants : tout ce qui a été détruit a été refait... en double", se félicite Jérôme, un militant anti-aéroport installé depuis plus de trois ans sur la Zad, la zone d'aménagement différée réservée au futur aéroport. De quelque 150 "zadistes" qui habitaient déjà début octobre l'"un des plus grands squats
à ciel ouvert d'Europe" selon leurs propres termes, les effectifs ont bondi à au moins 500 à la suite de la mobilisation qui rassemblé le 17 novembre sur place entre 13.000 (préfecture) et 40.000
personnes (organisateurs), venues de toute la France.
Visions bucoliques et militants encagoulés
Le long des routes, plus d'une centaine de véhicules de toutes sortes cohabitent : caravanes ou cars habitables, utilitaires d'entrepreneurs,
voitures individuelles redécorées de motifs de lutte anti-nucléaire ou capitaliste, ou petites voitures de ville propres. Dans plusieurs champs, des campements de tentes, dont certains en
comptent plusieurs dizaines.
En se promenant de lieu en lieu, à condition de ne pas prendre de photo pour les journalistes, on passe de la vision bucolique d'un chalet en voie d'achèvement au
fond d'un bois, à celle, nettement moins paisible, du jeune cagoulé de noir surveillant un hélicoptère de gendarmerie qui tente de survoler une assemblée générale en plein air...
Entrepreneurs du BTP, étudiants en architecture...
Un groupe de quatre hommes d'une quarantaine d'année avance, le sourire au lèvres, dans le chemin
boueux qui mène à l'un des nouveaux "lotissements", dans la "Lande de Rohanne". Dans une première clairière où se dressent trois grands chalets de bois parfaitement réalisés, ils déposent une
table et une grande bâche, "pour aider", puis cherchent à se rendre utiles. Ils sont paludiers à Guérande. Dans une autre clairière, des étudiants en architecture sont venus apporter leurs
connaissances et leurs bras.
Dans les chantiers où résonnent les coups de marteaux, on entend aussi des visseuses électriques et un groupe électrogène tourne. Aux commandes, visiblement, des
"vrais" entrepreneurs du bâtiment. "Oui, certains ont pris deux semaines de vacances pour venir nous aider", reconnaît Michel Tarin, figure historique de la lutte.
Sur internet, les tenants de la "Zone à défendre" font leurs courses...
Plus d'une dizaine de barricades
Les marteaux résonnaient aussi jeudi au fond du "bois de Rohanne", où se déroulait, il y a à peine deux semaines, une lutte acharnée entre les
gendarmes chargés d'évacuer et de détruire une dizaine de cabanes dans les arbres, et leurs occupants. On pouvait dénombrer au moins autant de cabanes dans les arbres qu'avant, avec également une
nouvelle maison sur deux étages. Tout autour, dans les arbres, équipés de matériel d'escalade, des "constructeurs" habillés de noir s'affairaient à une dizaine de mètres au-dessus du sol.
Pour autant, la reconstruction n'a pas concerné que les maisons: plus d'une dizaine de barricades, dont certaines très difficiles à escalader, se sont érigées en
plusieurs point du bocage. Un tronçon de route "stratégique", proche des nouvelles zones de construction, est désormais barré de barricades. Même s'ils ont compliqué la donne des pouvoirs publics
sur le plan juridique, les opposants savent que ces derniers peuvent ordonner à tout moment au moins l'évacuation d'une vieille ferme, le "Rosier", premier "squat" du mouvement à avoir été
investi. Du coup, il est défendu aussi bien par les "zadistes", que par les agriculteurs qui y ont disposé leurs tracteurs tout autour.
Un militant se fait saisir ses ordinateurs
Accusé d'avoir participé aux dégradations de permanences PS, en protestation au projet de Notre-Dame-des-Landes, un blogueur
anonyme a reçu la visite de la police pour éplucher ses données informatiques.
http://www.letelegramme.com/informations/notre-dame-des-landes-les-irreductibles-se-reinstallent-22-11-2012-1916497.php